« Le douzième livre de la Préparation Evangélique destiné à compléter ce qui manquait au précédent en citations prises çà et là dans Platon pour prouver l’accord des doctrines avec les oracles des Hébreux, fera d’abord retentir les sons harmonieux de sa lyre pour nous justifier du reproche qui nous est adressé par tant de personnes sur notre foi.
« Nous réserverons pour un autre entretien la question de savoir si c’est avec raison ou non qu’on fait ce reproche aux gouvernements de Sparte et de Crète, quoique j’aie, peut-être plus qu’aucun de vous deux, les notions nécessaires pour connaître ce qu’en disent les gens du vulgaire ; car si dans vos lois il en est une qui ait le mérite d’une véritable convenance, ce sera sans doute celle par laquelle il est défendu aux jeunes gens de se permettre aucune investigation pour juger si les fois sont bien ou mal faites, quand tous, d’une voix et d’une acclamation unanime, doivent affirmer qu’il n’est rien en elles qui ne soit bien entendu, puisqu’elles ont été données par des Dieux ; et si quelqu’un des jeunes gens parlait autrement, on ne devrait nullement souffrir que ses discours fussent écoutés. Quant aux vieillards s’il en est parmi vous qui aient médité sur leur dispositif, ils peuvent confier, leurs observations l’un magistrat de leur âge, mais hors de la présence de tout homme encore jeune.
« Ce que vous prescrivez là, ô étranger, est de la plus parfaite raison. »
L’écriture des Hébreux l’avait devancé avec· beaucoup de convenance lorsque, faisant précéder par la foi toutes les études théoriques des saintes écritures, elle dit : « Si vous n’avez la foi, vous n’aurez pas l’intelligence » puis : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. » C’est de là que dérive cet usage établi parmi nous, de ne permettre qu’une lecture plus superficielle des saintes écritures aux néophytes dont le caractère n’est pas encore formé ; et ce n’est encore qu’après qu’ils ont été pénétrés d’une foi sincère, que les paroles et les exhortations qu’on leur adresse sortent de la bouche de Dieu.
Nous ne concédons le droit d’en approfondir et d’en discuter l’esprit qu’à ceux dont le caractère est mûri et qui ont de là blanchi dans l’étude. Les Hébreux se plaisent à désigner ces hommes privilégiés sous le nom de Deutérotes, comme étant traducteurs, interprètes du sens des Ecritures.