L’Ecriture des Hébreux, nous présentant Moïse pour la première fois, nous le fait voir comme demandant à Dieu d’éloigner de lui le soin de conduire son peuple. Voici comme il répond à la voix divine qui l’en charge. « Je vous supplie Seigneur, chargez-en un autre plus capable que moi, que vous députerez vers le peuple. » Ensuite elle nous montre Saül se cachant pour ne pas accepter la royauté, et le prophète Jérémie cherchant à se soustraire. Ecoutez maintenant en quels termes Platon appuie sur la bienséance d’un pareil refus, en disant : « Il est donc évident, ô Thrasymaque, qu’il n’existe point d’art ni de magistrature qui prépare ce qui doit lui être utile ; mais ce que nous avons déjà dit depuis longtemps, elle prépare et commande ce qui doit être utile à ceux qui lui sont subordonnés ; ne considérant que l’intérêt des inférieurs et non celui des supérieurs. C’est pourquoi, comme je le disais tout à l’heure, ô mon cher Thrasymaque, personne ne doit, de gaîté de cœur, s’offrir pour commander, et pour corriger les fautes des autres, en prenant le maniement des affaires ; ou bien il doit demander un salaire, parce que celui qui se propose d’exercer convenablement un art, dans les injonctions qu’il fera relativement à cet art, n’envisagera jamais l’avantage qui en résulterait pour lui, mais pour ceux à qui il commande. Telle est, à ce qu’il me semble, la raison pour laquelle une rémunération doit être assignée à ceux qui consentiront à accepter une magistrature, soit en argent, soit en honneur, ou bien une peine sera attachée au refus de la prendre. »