Dans le commencement de rétablissement de l’univers, nous trouvons des paroles mystérieuses de Moïse, où il nous dit que Dieu fit un paradis ; et que dans ce lieu, l’homme fut séduit par la femme, qui l’avait été par le serpent. Or, maintenant écoutez comment Platon, n’ayant fait autre chose que de changer les expressions de ce récit, le reproduit sous forme d’allégorie dans son banquet. Au lieu du paradis de Dieu, il le nomme le jardin de Jupiter ; au lieu du serpent et de la fourberie qu’il a mise en œuvre, il suppose que c’est la pauvreté (πενία) qui est auteur de cette séduction ; au lieu du premier homme, que le conseil de Dieu (Μῆτις) et sa providence divine avait créé comme un fils nouvellement né, nous trouvons le fils du conseil, de (Μῆτις), qu’il nomme Poros (l’industrie) : au lieu de dire « Lorsque l’univers fut mis en ordre, il dit : Lorsque Vénus naquit : indiquant allégoriquement l’univers, par le nom de la beauté qui y est généralement répandue. Voici enfin les termes dont il fait usage : « Lorsque Vénus naquit, les dieux se réunirent dans un banquet, et entre autres Poros, fils de la Métis, y prit place. Le festin étant terminé, Penia se présenta en mendiante, comme cela a lieu dans les réjouissances, et se tenait à la porte. Cependant, Poros s’étant enivré de nectar (car le vin était inconnu alors), il se retira dans le jardin de Jupiter pour céder à l’accablement du sommeil. Penia donc lui tendit un piège, poussée par le désir impérieux de concevoir un enfant de Poros. En effet elle s’approcha de lui et donna naissance à ‘Ερως (l’Amour). » C’est de cette manière que, dans toute cette fable, Platon fait une allusion constante au récit de Moïse.