Moïse ayant dit aussi : « Adam n’avait pas d’auxiliaire qui fût de son espèce ; Dieu donc lui envoya une extase et l’endormit, puis il prit une de ses côtes et remplit sa place de chair. Alors, le Seigneur remania la côte qu’il avait prise à Adam pour qu’elle devînt une femme. »
Platon, sans comprendre dans quelle intention ce récit a été écrit, paraît évidemment en avoir eu connaissance. C’est dans la bouche d’Aristophane qu’il le met, lequel, à titre d’auteur comique, était en possession de dire des bouffonneries et avait peu de respect pour les choses saintes. Voici comme il le met en scène dans le Banquet.
« Il faut d’abord que vous appreniez ce qu’est la nature de l’homme, ainsi que les changements qu’elle a subis. Car dans le principe, notre nature n’était pas telle que nous la voyons maintenant, mais tout autre. Premièrement, il y avait trois genres dans l’homme et non deux comme aujourd’hui, le masculin et le féminin. Il y avait en surcroit un troisième qui participait des deux autres, et dont le nom est resté lorsque la chose a disparu ; il y avait donc alors un Androgyne de nom et de fait, formé des deux autres, le mâle et la femelle. »
Ensuite, ayant raillé suivant son habitude, il continue :
« En disant ces mots, Jupiter coupa les hommes en deux, comme on coupe les sorbes quand on veut les saler, ou comme ceux qui coupent les œufs avec des cheveux ; et à mesure qu’il les coupait, il ordonnait à Apollon de tourner le visage et la moitié du col vers la section amputée, afin que l’homme, en voyant l’autre portion de lui-même, fût moins irrité ; et il lui prescrivit de cicatriser le reste. »