« Le discours me paraît retourner, pour la troisième ou quatrième fois, au point de départ : savoir, que l’éducation est un entraînement et une impulsion donnée aux jeunes gens, vers tout ce que la loi déclare être de la droite raison et vers ce qui passe pour tel dans l’esprit des hommes les plus estimables et qui ont le plus vieilli dans la pratique des affaires. Afin donc que l’âme de l’enfant n’ait point de penchant contraire à la loi, et afin qu’elle ne s’habitue pas à chercher ses plaisirs et ses peines en dehors de ce que la loi nous engage à mettre en pratique ; mais pour qu’elle règle ses joies et ses tristesses sur ce qui, dans la vieillesse, doit faire son bonheur ; nous avons recours à ce que nous nommons des chants, pour qu’ils soient comme des enchantements de ces âmes novices ; lesquels chants ont été composés avec soin pour produire en elles une heureuse harmonie. Et attendu que ces jeunes âmes ne seraient pas de force à soutenir des discussions sérieuses, il a fallu appeler chants et amusements, ce dont on a fait usage pour les gagner. De même que, dans les traitements des corps malades et affaiblis par les souffrances, les médecine ont soin de mêler les remèdes qu’ils savent, par expérience devoir leur être utiles, à des aliments ou à des boissons qui semblent agréables ; tandis qu’ils assaisonnent par des condiments désagréables ce qui pourrait leur nuire, pour qu’ils s’accoutument à aimer ou à haïr avec convenance, de même le législateur habile, ou persuadera le poète, ou bien il le contraindra à défaut de persuasion, de célébrer, en vers pompeux et dignes de louanges, les actions mémorables des hommes modestes, valeureux, et qui présentent l’ensemble de toutes les vertus. En chantant de pareils sujets, dans des stances rythmiques ou dans des harmonies lyriques, ils feront un noble usage de la poésie. »
C’est, en conséquence, par une parfaite convenance que nous avons habitué les enfants à apprendre les odes composées par les prophètes divins, et à essayer de composer des hymnes en l’honneur de Dieu.