« Quant à dire et à connaître la génération des autres dieux, c’est au-dessus de nos forces. Croyons donc ceux qui ont parlé avant nous, puisqu’ils descendent, à ce qu’ils disent, des dieux eux-mêmes, et que certes, ils doivent avoir bien connu les auteurs de leurs jours. Il est impossible de refuser sa foi aux enfants des dieux ; quand bien même ils ne fourniraient pas des preuves plausibles de ce qu’ils avancent, nous devrions les croire par obéissance à la loi. En conséquence, admettons et déclarons, que la génération des dieux est telle qu’ils la disent.
« L’Océan et Téthys durent la naissance à la Terre et au Ciel : de ceux-ci sortirent Phorcys, Saturne et Rhéa, et tous ceux qui naquirent après eux : de Saturne et de Rhéa sont issus Jupiter, Junon, et tous ceux que nous reconnaissons tous pour leurs frères, puis enfin les autres descendants de ceux-ci, »
D’après ce. système, on doit croire à toutes les fables concernant les dieux, à tous les poètes inventeurs de ces fables, comme descendants des dieux. Toutefois, cette recommandation, par laquelle il dit d’abord que les poètes sont les enfants des dieux, me paraît tenir de la dérision ; car les dieux dans ce cas, seraient des hommes dont la nature ressemblerait à celle de leurs progénitures. D’ailleurs, en poursuivant, il ne dissimule pas son envie de flétrir les théologiens du paganisme, qu’il dit fils des dieux, lorsqu’il ajoute :
« Quand bien même, ils parleraient sans fournir des preuves plausibles et nécessaires de ce qu’ils avancent. »
Ce qu’il fait suivre de cette observation :
« A ce qu’ils disent. »
Ne semble-t-il pas se moquer, lorsqu’il déclare qu’il est impossible de refuser sa foi aux enfants des dieux ; et parler contre sa conviction, en disant qu’on doit les croire à cause des lois. Or, pour convaincre que telle était sa pensée, écoutez-le, lorsqu’à haute et intelligible voix, il attaque tous les théologiens à la fois, elles met en pièces dans l’Epinomide.