« Ils saluent du nom de Dieu l’univers entier avec toutes ses parties : ils disent que le monde est unique, qu’il est borné, qu’il est animé, qu’il est éternel, qu’il est Dieu. C’est en lui que se trouvent renfermés tous les corps ; il n’y a point de vide dans son étendue.
« Ce qui a tiré le monde de la matière universelle se nomme Dieu, qui, après l’arrangement que nous lui voyons, en conserve la direction. C’est pourquoi, suivant la première définition, ils disent que le monde est éternel ; il ne devient naissant et changeant que dans l’acception de l’ordre établi et suivant des révolutions infinies, passées et futures.
« Ainsi ce qui a tiré de la matière universelle le monde est éternel et s’appelle Dieu. On appelle simplement monde l’ensemble du ciel, de l’air, de la terre et de la mer, ainsi que des productions naturelles qui y sont renfermées. On nomme encore monde la demeure des dieux et des hommes et de ce qui a été créé pour eux. Comme le mot ville a deux acceptions, l’habitation des citoyens, et l’agglomération de ceux qui habitent avec les citoyens : ainsi le monde est comme une ville formée de la réunion des Dieux et des hommes, dans laquelle les Dieux ont l’autorité et les hommes leur sont soumis. Il y a société entre eux par l’intermédiaire du langage qui est la loi de la nature. Tout le reste n’a d’existence que dans l’intérêt de ceux-ci ; et, en conséquence, on doit penser que Dieu, qui gouverne tout ce monde, exerce une providence à l’égard des hommes dont il est le bienfaiteur, l’ami par excellence, qu’il est juste et qu’il réunit toutes les vertus. Voici pourquoi le monde se nomme Ζεύς ; c’est parce qu’il est cause de notre vie ἀπὸ τοῦ Ζῇν. De même que, par la raison des conséquences εἱρομένῳ λόγῳ, il est nommé Destin, Εἱμαρμένη, parce que, de toute éternité, il gouverne toutes choses, sans que rien puisse lui résister. On le nomme encore Ἀδράστεια (Adrastée), parce que rien ne peut lui échapper (ἀπὸ τπῦ διδράσκειν). On le nomme Providence, parce qu’il gouverne tout pour le mieux.
« Cléanthe a choisi le soleil pour le suprême directeur Ἡγεμονικόν de l’univers, parce qu’il est le plus grand des astres, parce qu’il apporte le principal concours à l’ordre de l’univers, attendu qu’on lui doit la succession du jour et de la nuit et celle des saisons de l’année. Il a semblé, au contraire, à quelques philosophes de cette même secte, que c’était à la terre qu’on devait concéder cette suprématie de l’univers. Chrysippe la plaçait dans l’éther comme le plus pur, le plus diaphane, le plus mobile des éléments, qui dirige le mouvement constant du système du monde. »
Je bornerai là l’extrait que je me proposais de donner d’Arius Didyme. Quant à la notion de Dieu dans les idées des Stoïciens, il suffira de citer ce qu’en dit Porphyre dans le livre opposé à celui de Boéthus sur l’âme. Voici ses propres paroles :