« Anaximandre déclare que la mer n’est que le résidu d’une substance aqueuse dont le feu a desséché la plus grande partie, et ce qui en est resté a été dénaturé par l’effet de l’ébullition.
« Anaxagore dit que l’élément humide fut un lac dans le principe ; mais qu’ayant été échauffé par la marche circulaire du soleil, et les molécules grasses s’étant exhalées, le reste avait tourné à la salure et à l’amertume.
« Empédocle dit que la mer n’est que la sueur de la terre brûlée par le soleil et amenée par lui à une concentration toujours plus intime.
« Antiphon dit que l’eau n’est que la sueur de l’élément chaud dont le surplus d’humidité s’est séparé après avoir été salé par l’action du feu ; ce qui arrive dans toute espèce de sueur.
« Métrodore pense qu’après avoir été distillée à travers la terre, l’eau a conservé une partie de sa crasse, comme lorsqu’on fait passer de l’eau à travers la cendre.
« Les sectateurs de Platon disent que l’eau élémentaire s’est partagée, de sorte que celle qui est sortie de l’air, par l’effet du refroidissement, est devenue douce ; celle qui s’est exhalée de la terre, par torréfaction, est salée. »
Voici ce qu’ils ont dit de la mer. Je vais maintenant vous apprendre, d’après les propres paroles dont ils se sont servis, à quel point s’ignoraient eux-mêmes ces hommes qui se sont arrogés de pouvoir disserter sur l’univers entier, sur les corps célestes, sur les substances éthérées, en promettant de nous faire comprendre ce que sont toutes ces choses.