Foi et guérison

7. Jusqu’au bout

« Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance, en sorte que vous ne vous relâchiez point, et que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance héritent des promesses. »

Hébreux 6.11-12

J’ai lu quelque part ce qui suit.

Un chrétien, plongé dans ses rêves, se voit arrivant au ciel. Dès son entrée dans ce lieu de lumière, son regard ébloui se porte vers une immense étagère sur laquelle s’entassent d’innombrables paquets de différentes formes et de toutes dimensions. Certains même sont très volumineux, ce qui l’intrigue beaucoup. Timidement, il interroge l’ange sans doute préposé à la garde de ces précieux colis :

– Puis-je savoir ce que représentent ces paquets, là sur cette étagère ? Pourquoi de telles choses en ce lieu ?

– Mais volontiers ! Eh bien voilà ! Chaque fois que tu as demandé quelque chose au Seigneur, à l’instant même nous avons ficelé le paquet. Mais comme tu n’en as plus reparlé, nous l’avons laissé là, persuadé que son contenu ne t’intéressait plus…

Qu’il serait dommage de trouver dans l’au-delà des “cadeaux” non expédiés portant notre nom et notre adresse… terrestre. La Bible ne nous incite-t-elle pas à persévérer dans la prière, elle qui nous recommande d’imiter « ceux qui, par la foi et la persévérance (ou : l’attente patiente) héritent des promesses » ? (Hébreux 6.12). Notez bien : La foi et la persévérance. Pressés que nous sommes de recevoir sans délai la chose demandée, nous faisons fi de cette deuxième condition ; nous la négligeons, convaincus que Dieu obtempère toujours à l’instant même, tel un valet à nos ordres 24 heures sur 24. En vérité, les réponses d’en-haut sont rarement immédiates ; d’ailleurs, elles ne peuvent l’être que très occasionnellement car nous serions enclins à faire du Seigneur l’agent de notre volonté. Trop de chrétiens n’obtiennent pas la réalisation de leurs prières parce qu’ils se contentent de formuler une seule et brève requête comme s’ils avaient déjà en poche la chose demandée. D’après eux, un simple acte de foi en la promesse devrait mettre Dieu dans l’obligation de répondre promptement : « Seigneur », disent-ils avec assurance, « selon ta parole, tu m’as exaucé. Je le crois. Merci de m’avoir donné ce que j’ai réclamé ! Amen. » Point final.

Le comportement de Paul vaut la peine d’être considéré avec attention. Pleinement persuadé que Dieu va accorder la délivrance – c’est l’attitude à adopter – il fait monter sa demande avec détermination. On l’imagine aisément à genoux, peut-être dans les larmes et le jeûne, priant le Seigneur sans désemparer toute la nuit (Actes 20.31). Il sait que Dieu veut le meilleur pour lui, c’est pourquoi il supplie, supplie encore avec ténacité, sans faiblir. Totale est sa confiance en Celui qu’il sert avec passion. Dieu répondra !

Comme nous l’avons signalé, Paul est revenu à la charge à trois reprises (2 Corinthiens 12.8). Donc, il n’a pas lâché prise après quelques minutes de prière, en disant comme d’aucuns : « Seigneur, me fondant sur ta promesse, je crois que tu m’as exaucé. J’ai reçu la guérison ; je suis guéri ! Alléluia ! » Une telle déclaration serait pur escamotage et preuve d’incrédulité. Qui persévère et va jusqu’à ce que, possède la foi véritable.

Premier assaut. Le valeureux apôtre lutte une première fois, sans doute toute la nuit, sans discontinuer. Au matin, pas de guérison ! L’écharde est toujours là ; comment en douter et oser proclamer : « je suis guéri » lorsqu’elle le tourmente encore ? Que faire ? Imiter ceux qui, déçus, simulent la soumission en disant : « Seigneur, puisque tu n’as pas répondu, je cesse de t’importuner. Je discerne qu’il n’est pas dans ton plan d’enlever l’écharde qui m’éprouve pourtant journellement… »

Pas du tout ! Ce langage n’est pas celui de Paul qui n’en démord pas ; il tient bon et refuse de céder au découragement, assuré que Dieu répond toujours… à sa manière et le moment venu. Pas de doute, la voix d’en-haut se fera entendre… aussi assiégera-t-il une deuxième fois le trône céleste avec la même vigueur et la même foi.

Le deuxième assaut n’aboutit pas davantage. Aucune voix ne vient du ciel. Ce silence ne parvient pas à ébranler l’apôtre ni à freiner son ardeur. Lorsqu’on s’appelle Paul, on ne capitule pas, on ne fait pas chorus avec les lâcheurs qui camouflent leur incrédulité en prétextant, avec des accents de piété : « Eh bien, c’est clair, Seigneur, j’abandonne : Ta grâce me suffit… » Trop de croyants ont trouvé dans cette formule bien mal comprise un nouveau prétexte pour baisser les bras et cesser de crier à Dieu. Ils se veulent spirituels mais en réalité ils décrochent parce qu’ils regardent du mauvais côté ; ils se polarisent sur la guérison – la guérison qui ne vient pas – alors qu’ils devraient, comme le vaillant évangéliste, fixer les yeux sur Jésus, le Fidèle qui « s’est chargé de nos maladies ».

Troisième assaut. Qui donc a parlé de grâce suffisante (2 Corinthiens 12.9) ? Sûrement pas l’apôtre. Il n’a pas usé de l’expression : « Ta grâce me suffit » pour suspendre la lutte. Il va revenir à la charge une troisième fois sans le moindre complexe, à l’instar de la veuve plaidant sans relâche devant le juge inique. Avec autant d’audace, l’apôtre serait allé à la quatrième, à la cinquième… à la énième reprise – donc jusqu’au bout – si le ciel était resté sans voix. Infatigable lutteur, il est de la lignée des hommes de foi qui persévèrent jusqu’à ce que Dieu intervienne. Il croit envers et contre tout que la réponse viendra. La promesse du Fils de Dieu est pour lui : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir » (Marc 11.24). Pas de doute, à la première demande de l’apôtre le paquet a été posté. Il est donc en route et bientôt il sera livré à domicile. C’est sûr ! Et c’est justement durant cet intervalle, c’est-à-dire entre l’instant où je “crois l’avoir reçu” et le moment où “je le vois s’accomplir” que grande est la tentation de se décourager et de lâcher prise.

L’infatigable évangéliste jeûne et prie de nouveau avec instance ; il ne désarme pas, soutenu par une foi sans faille : « Seigneur, pour la gloire de ton nom, veuille me délivrer de cette écharde ! Tu as fait la promesse… aussi je veux croire que tu m’as accordé ta guérison et, selon ta parole, je la verrai s’accomplir… » Et il en est ainsi ! Le ciel, enfin, daigne parler. Enfin, la voix de Dieu se fait entendre. Enfin la réponse est donnée : Ma grâce te suffit. Ma grâce te suffit.

La persévérance de Paul a payé ; il obtient la guérison demandée, une délivrance au delà de ce qu’il escomptait (ce sera le sujet du prochain chapitre). “C’est par la foi et la persévérance que l’on reçoit l’héritage promis” (Hébreux 6.12) déclare avec raison l’auteur de l’épître aux Hébreux.

Questions :

  1. Etes-vous persévérant dans la prière ? Savez-vous aller “jusqu’à ce que”, sans pour autant manquer de respect envers Celui qui sauve et guérit ?
  2. En méditant le récit de l’écharde, n’êtes-vous pas étonné de constater que Paul n’est nullement déçu par la réponse reçue de Dieu ?
  3. Acceptez-vous de réfléchir sur cette parole : « Ma grâce te suffit » ? Pouvez-vous en discerner la signification ?

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