Le servir dans sa présence

EN MON ESPRIT

Ses serviteurs le serviront et verront sa face.

Apocalypse 22.4

Une parole de Paul, qui passe généralement inaperçue, a retenu mon attention : Dieu que je sers en mon esprit dans l’annonce de l’Evangile (Romains 1.9). L’expression Dieu que je sers en mon esprit, unique dans l’Ecriture, surprend au premier abord et soulève plusieurs interrogations : A quel service l’apôtre fait-il allusion ici ? Pourquoi : en mon esprit ? Celui qui annonce l’Evangile est-il nécessairement au service de Dieu comme le laissent entendre certaines traductions récentes ?

Pour aider à la compréhension de cette expression, imaginons le fait suivant : Daniel se rend au bureau de poste situé à un kilomètre environ de son domicile. D’ordinaire, toujours pressé, il oublie son Seigneur et pense à n’importe quoi. Aujourd’hui, au contraire, il s’intéresse aux inconnus qu’il croise ici et là. Et, parce qu’il est dans la présence de Dieu, il dialogue avec lui et prie pour ceux qu’il côtoie : « Seigneur, bénis ce couple, ce jeune homme, cette fillette. Attire-les à toi ! » Dans sa joie, il rend grâces pour le soleil, pour ses yeux, pour la santé et les forces qu’il possède. Passant devant une maison amie, il confie au Seigneur le frère qu’il y sait dans la peine et projette de le visiter le lendemain. etc. Il est vrai que personne, hormis Dieu, n’a entendu les prières ou les actions de grâces de Daniel. Ce service — car c’en est un — est resté caché. Mais pas aux yeux de Dieu qui a vu et entendu et qui s’en est réjoui. Au jour des rétributions, il en sera tenu compte selon la promesse de Jésus Le Père te le rendra (Matthieu 6.6).

Pour quiconque vit en communion vivante avec Dieu, le travail ne manque pas. Que d’occasions, au contraire, de le servir auprès des autres ! Il ne fait aucun doute que ce service caché, tout intérieur — en son esprit — est celui dont fait mention l’apôtre au début de son épître.

Reprenons maintenant l’expression telle qu’elle apparaît en Romains 1.9.

1) Dieu que je sers en mon esprit dans l’annonce de l’Evangile. Et d’abord, pourquoi : en mon esprit ? Il est clair qu’il ne s’agit pas ici du Saint-Esprit mais de l’esprit de l’homme qui est le siège de l’intelligence (sa capacité de comprendre et de raisonner) ainsi que de la pensée (sa capacité de méditer, de choisir, et de se déterminer lucidement). C’est l’organe par lequel le chrétien communique avec Dieu : Le Saint-Esprit rend témoignage (affirme) à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Romains 8.16).

C’est à ce niveau que s’établit le dialogue entre Dieu et son enfant, et c’est à ce niveau-là, c’est-à-dire en son être intérieur, qu’il peut Le servir en lui rendant un culte qui l’honore. Le Saint-Esprit et l’esprit du croyant sont – ou devraient être – comme deux amis qui aiment à se rencontrer, qui se recherchent jusqu’à ne plus vouloir se quitter tant ils désirent dialoguer ou simplement se trouver ensemble dans une atmosphère de louange et d’amitié. Ajoutons que si Dieu s’adresse « à notre esprit » c’est qu’il tient à parler à des gens lucides et attentifs à Sa voix.

A l’inverse, Satan cherche constamment à nous faire « descendre » au niveau de l’âme afin de nous embourber dans le marais des sentiments, des émotions et des impressions changeantes, c’est-à-dire dans le domaine du flou qui perturbe et fait de nous des êtres instables et inquiets. C’est le but recherché par l’Adversaire. Aussi, l’esprit de l’homme est-il sa cible favorite. Il fera tout pour l’occuper fut-ce par d’excellentes choses qui rendront inaudible la voix de Dieu. Quand les pensées s’agitent en foule dans notre esprit, tout dialogue avec le Seigneur est impossible (Psaume 94.19).

2. Dieu que je sers en mon esprit (1.9). A quel service l’apôtre fait-il allusion ici ? Est-ce celui d’annoncer l’Evangile aux païens ? Quiconque prêche la Bonne Nouvelle de Jésus, est-il nécessairement au service de Dieu ?

Contrairement à ce que certaines traductions modernes laissent croire, Paul ne dit pas : « Dieu que je sers lorsque j’annonce l’Evangile » ; En effet, même le plus brillant des orateurs proclamant avec fougue la Bonne Nouvelle, n’est pas nécessairement au service du Maître. Il suffit de penser à ces prédicateurs qui, à Rome, prêchaient le Christ « par envie » pour discréditer et isoler l’apôtre (Philippiens 1.15-17). Qui oserait les ranger parmi les authentiques serviteurs de Dieu (1) ?

(1) Dans le sermon sur la montagne Jésus n’est guère tendre à l’égard de certains de ceux qui prétendent le servir : Plusieurs me diront en ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? » Alors, je leur dirai ouvertement : ‘Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité’. (Matthieu 7.22). Hélas ! On peut prêcher le Christ tout en étant de piètres chrétiens. Toutefois, il est réconfortant de savoir que le Maître de la moisson consent à utiliser le message de ceux-là même qui prêchent l’Evangile pour des motifs impurs puisque Paul s’exclame avec confiance : De toutes manières, Christ est annoncé et je m’en réjouis (Philippiens 1.16-17).

Dans l’expression qui nous occupe (Romains 1.9), l’apôtre veut dire plutôt : « tandis que j’annonce l’Evangile, je sers mon Dieu en esprit », autrement dit : tout en exhortant les païens, je continue à Lui offrir mon culte car mon esprit est toujours en relation étroite avec l’Esprit divin. C’est DEVANT DIEU, en tête-à-tête avec Lui et revêtu de Son autorité, que l’apôtre parle, exhorte, témoigne, évangélise. Il est en communion avec le ciel lorsqu’il prêche. C’est, dit-il, devant Dieu, en Christ, que nous parlons (2 Corinthiens 12.19). Il n’y a pas de vrai service pour Dieu qui ne soit fait devant lui, pour sa gloire. Et c’est dans sa présence que nous le servons vraiment (2).

(2) Le servir dans sa Présence. Zacharie, le père de Jean-Baptiste, a prophétisé que Dieu accomplirait le serment fait à Abraham de nous accorder la faveur de le servir (litt. de lui rendre un culte) dans sa présence tous les jours de notre vie (Luc 1.73-75).

Si nous ne sommes pas tous des évangélistes, nous pouvons tous « le servir en notre esprit » ! En effet, à l’instar de l’apôtre, une ménagère chrétienne en communion avec son Seigneur peut déclarer avec certitude et joie : « Lorsque je manipule des casseroles, que j’épluche mes carottes ou lave la vaisselle, je sers Dieu ‘en mon esprit’. La preuve  ! Je dialogue avec Lui tout en travaillant. Je prépare les repas et m’occupe de ma famille pour lui plaire ; et c’est dans une atmosphère de reconnaissance, de louange et de joie que j’accomplis ma tâche. » De même, le plombier en train de souder, le menuisier de raboter, l’un et l’autre peuvent tenir un langage analogue s’ils sont en relation vivante avec leur Seigneur. La même action peut être « service de Dieu » — ou non — suivant qu’elle est accomplie « devant lui » ou non. Cette pensée devrait nous alerter si nous tenons à Le bien servir et à bâtir avec de l’or, de l’argent et des pierres précieuses (1 Corinthiens 3.12).

Dans la pensée biblique, avons-nous dit, il n’existe pas de cloison étanche entre la tâche quotidienne et le culte que nous devons rendre à Dieu. Ce qu’il nous demande et attend, c’est qu’à tout instant et dans les moindres tâches, nous l’exaltions, l’esprit tourné vers lui, soucieux de lui plaire. Tel devrait être notre désir le plus cher. Toutefois, si cet objectif n’est pas atteint, ne perdons pas notre temps à nous culpabiliser. Revenons à Lui sans délai si nous L’avons oublié. L’essentiel est que Dieu nous voie déterminés à vivre « pour lui » chaque instant de notre vie. Celui qui vous a appelé est fidèle et c’est Lui qui le fera (1 Thessaloniciens 5.24).

Suite à l’affirmation de Paul, certains objecteront : « mais, peut-on — à la fois — annoncer l’Evangile et être en relation étroite et consciente avec Dieu ? Peut-on parler aux hommes et, en même temps, dialoguer avec le ciel ? Le prédicateur ne doit-il pas au contraire se concentrer, en quelque sorte s’isoler, s’il veut se donner tout entier à la vérité qu’il proclame ? » Pour justifier mes propos je fais appel à un souvenir de mes premiers pas dans le ministère.

J’avais été invité à prêcher dans une paroisse dont le pasteur passait pour libéral. Inutile de dire que sa présence me complexait, moi, jeune évangéliste sans expérience. Lors de la dernière rencontre — dite d’évangélisation —, je m’efforçai de contrôler mes propos afin de ne pas décevoir ou agacer cet homme par des affirmations qu’il pourrait juger excessives, contraires à ses idées. Etait-il d’accord avec ma façon d’évangéliser ? Ainsi, j’étais à la fois attentif aux paroles que j’exprimais et très conscient de cette présence qui exerçait sur moi une réelle influence. A la fin de mon exposé, et contre mon habitude, je renonçai à lancer une vibrante invitation à accepter le Christ comme Sauveur et Seigneur.

La réunion terminée, le pasteur s’approcha de moi pour me dire son étonnement :

« Monsieur Adoul, je ne vous comprends pas ! Vous avez jeté le filet, il fallait le retirer. Je m’attendais à ce que vous adressiez à vos auditeurs un appel à la conversion, les pressant de suivre le Christ dès aujourd’hui… »

Quelle leçon !

Humilié, je dus reconnaître que j’avais cédé à la crainte de l’homme ; je l’avais soupçonné de je ne sais quoi alors qu’il était ouvert et bienveillant à mon égard.

Certes, cet exemple est imparfait car, non seulement la présence de Dieu influence heureusement notre comportement et nos propos, mais plus encore elle confère au prédicateur l’autorité qui devrait accompagner tout message délivré en son nom.

Il est bon de noter que Paul ne dit pas : Dieu que je sers « par la prière » mais « en mon esprit ». L’apôtre sait fort bien que les lèvres peuvent remuer, exprimer l’adoration, chanter les louanges du Créateur alors que les pensées folâtrent loin de Dieu, hors de sa communion. C’est pourquoi, avant de prier, prenons le temps de nous assurer, dans le silence (Ecclésiaste 5.1), que nous avons réellement audience auprès de notre Seigneur, que nous avons accès jusqu’en sa présence même, que nos pensées sont tendues vers Lui, bref, que « notre esprit » est réellement en relation vivante avec Lui afin de ne pas courir le risque de multiplier les phrases en songeant à toute autre chose.

Lors de son entretien avec la Samaritaine, Jésus à déclaré que le Père demandait des adorateurs « en esprit » et en vérité. Donc, il s’attend à ce que nous lui rendions hommage et lui exprimions notre reconnaissance en toute circonstance. Cette adoration en esprit — c’est-à-dire ce dialogue intérieur en l’honneur de Dieu — ne s’encombre pas de cérémonies extérieures ou de rites qui n’ont aucune vertu en eux-mêmes. Elle est le fruit d’une communion vivante avec Dieu.

En terminant ce chapitre, nous vous proposons de lire et de méditer les textes suivants tirés de l’Ecriture ; ils sont autant d’impératifs qu’il importe d’observer pour plaire à notre Seigneur.

Faites tout pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10.31).

Quoi que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui, à Dieu le Père (Colossiens 3.17).

Rendez continuellement grâce à Dieu le Père pour toutes choses au nom de notre Seigneur Jésus-Christ (Ephésiens 5.20-21).

QUESTIONS

  1. Etes-vous conscients d’avoir négligé ce service intérieur que Dieu attend de vous ?
  2. Seriez-vous déterminés à lui donner la première place dans votre vie ?
  3. Apprendre par cœur la parole de Jésus : Matthieu 22.37-40.

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