Le servir dans sa présence

LE CONNAÎTRE pour LE SERVIR

Croissez par (ou dans) la connaissance de Dieu.

Colossiens 1.10

Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.

2 Pierre 3.18

S’adressant à ses enfants spirituels, l’apôtre apporte, dans ses propos, une rectification qui n’est pas sans intérêt : Maintenant que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous… (Galates 4.9). De fait, si les chrétiens de Galatie ont une connaissance de Dieu (1), c’est à Dieu seul qu’ils le doivent, Lui qui les a connus et choisis d’avance alors qu’ils étaient encore dans l’ignorance et le péché. C’est le Dieu souverain qui, par exemple, a pris l’initiative…

(1) Il est intéressant de noter dans cette parole (Galates 4.9) que Paul relève à la fois l’initiative de l’homme (vous avez connu Dieu) et l’initiative du Dieu souverain qui précède celle de l’homme, laquelle est nécessaire cependant. L’initiative divine implique, de Sa part, l’amour, l’adoption (1 Corinthiens 8.2-3 ; Jean 10.14-15).

Acceptées, même si elles nous déconcertent, ces vérités nous rendront humbles, soumis et reconnaissants, puisque nous devons tout à notre Seigneur. « A notre époque férue d’humanisme, nous nous imaginons volontiers que c’est l’homme qui prend l’initiative et Dieu qui lui répond. Mais l’initiative part du Christ vivant au dedans de nous et c’est la réponse qui vient de nous. Dieu, le Dieu qui aime, qui accuse, qui révèle la lumière et les ténèbres nous presse : Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Et tout ce que nous prenions pour notre propre initiative est déjà une réponse attestant Sa Présence qui travaille secrètement en nous » (T. Kelly).

On objectera sans doute que l’apôtre Jacques s’inscrit en faux contre ces affirmations lorsqu’il déclare : Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. Ce serait au chrétien d’entamer le dialogue avec son Seigneur, de le précéder en quelque sorte ! Pas du tout. S’approcher n’est-ce pas se rendre vers la porte où — déjà — se tient celui qui frappe, afin de lui ouvrir et de se présenter devant lui humblement, avec un cœur bien disposé pour Lui permettre de se révéler à nous, de nous parler. Pensez à Marie de Béthanie qui, bravant la désapprobation de sa sœur, vient s’asseoir aux pieds du Maître… d’un Maître qui s’est — déjà — approché d’elle en venant dans sa maison... Une fois installée devant Lui, elle se garde de bavarder, ce qui l’empêcherait d’entendre et de recevoir. Toute son attention se porte sur Jésus ; suspendue à ses lèvres, elle ne voudrait perdre aucune de ses bonnes paroles. Et c’est là, dans sa présence et dans le silence, qu’elle peut bénéficier de son enseignement, puis lui ouvrir son cœur et l’interroger à son tour. Imitons-la. Après tout c’est le Seigneur qui nous pousse à le rechercher au début de nos journées pour Lui rendre le culte qu’il attend des siens. Une fois à genoux devant Lui — ou assis, qu’importe ! — à l’instar de Marie, nous gagnerons à rester silencieux un instant pour laisser à l’Esprit Saint le temps et le soin de capter nos pensées et de communiquer avec notre esprit. Nous ne parlerons à Dieu que lorsqu’il nous aura parlé ou parce qu’il nous aura parlé. Il est bon d’attendre en silence le secours de l’Eternel.

Dans la Bible, le terme connaître a un contenu plus dense que dans notre langage ordinaire. Celui qui s’exclame : « Oh ! Untel, je le connais pour l’avoir rencontré plusieurs fois, je me sens capable de le reconnaître dans la rue si je le croise »… devrait avouer, qu’en réalité, il sait fort peu de choses de la personne qu’il prétend connaître ; il ignore tout de son caractère n’ayant jamais eu l’occasion de la fréquenter et de converser avec elle. Il faudrait qu’il fût d’elle un familier, un cher ami, pour bénéficier de ses confidences et avoir quelque idée de ses habitudes, de ses préférences, de ses travers ou de ses qualités… Même dans le couple le plus uni, les conjoints ne se connaissent pas totalement ; il y a toujours une partie de soi que l’orgueil occulte et s’oppose à dévoiler. Dieu exige que « l’écran-orgueil » soit enfin levé, c’est-à-dire que l’homme consente à se tenir comme « nu » devant Celui qui sonde les reins et les cœurs. Alors le Seigneur se fait réellement connaître à sa créature et l’introduit — c’est toute son œuvre — dans une relation d’amour filial qui est véritablement connaissance de Dieu.

Il est vrai que le Seigneur se révèle à celui qui médite l’Ecriture avec humilité et soumission. Il n’empêche que cette connaissance, aussi fidèle soit-elle, cette découverte de Dieu au travers même de sa Parole peut n’être qu’intellectuelle, donc superficielle. Il est possible d’apprendre avec exactitude beaucoup de choses sur le Rédempteur et de vivre cependant bien éloigné de lui. Le chrétien qui a de lui une connaissance superficielle le recherche surtout pour son propre bonheur et sa propre satisfaction, en quelque sorte pour son confort, ce qui n’est qu’une forme de mondanité. Il est friand de merveilleux et d’expériences surnaturelles dont il pourrait tirer gloire. Il en va tout autrement de celui qui expérimente une vraie relation d’amitié avec son Dieu. Ce chrétien-là se plaît à découvrir Ses perfections pour les refléter, à admirer Sa grandeur et à énumérer Ses bontés pour lui rendre hommage et le proclamer avec passion devant les hommes. Lorsque la personne divine se communique à l’un des siens, elle devient le centre, le pôle de cette relation. Et quand Dieu « prend l’initiative » de visiter son enfant, — n’évacuons pas le côté émotionnel de cette amitié pourvu qu’il ne soit pas recherché — c’est la reconnaissance et l’émerveillement qui envahissent aussitôt son cœur. C’est le « Donateur » et non le don reçu qui est l’objet de sa recherche et de son admiration. Vivre dans une relation de profonde intimité avec le Père c’est cela le connaître.

« Alors pourquoi tant de médiocrité et de compromis dans le vécu des chrétiens… ? Certainement parce que la plupart d’entre eux n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la vraie ‘connaissance’ de Dieu. Sans doute ont-ils réduit cette connaissance à sa seule dimension intellectuelle, davantage préoccupés de poursuivre une bonne et juste théologie que de connaître Sa Personne intimement avec le cœur, l’âme et les sentiments ».

Mais revenons à la « rectification » signalée au début de ce chapitre. Maintenant que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu… (Galates 4.9). Voilà qui est clair. Puisque le Père est déjà là dans le lieu secret lorsque nous cherchons sa face (Matthieu 6.6), c’est bien la preuve qu’il a pris l’initiative de vivre avec nous ces instants d’intimité. Avez-vous soif de Le connaître et de vivre en étroite communion avec lui ? Alors bénissez Dieu avec une pleine assurance : cette soif vient de Lui et atteste qu’il s’est approché de vous. Il a pris les devants pour créer ce désir de le rechercher de tout votre cœur. A lui seul la gloire.

Il nous arrive souvent de gémir en considérant nos échecs, nos chutes et nos lâchetés. Notre tristesse est grande d’avoir eu honte de Jésus-Christ dans telle circonstance, d’avoir manqué à notre parole ou mal parlé d’un frère… Et ces chutes répétées nous font croire que les relations avec Dieu sont gravement compromises, alors qu’il frappe inlassablement à la porte de notre cœur pour nous accorder « maintenant même » la faveur d’un tête-à-tête (je souperai avec lui et lui avec moi Apocalypse 3.20). « Il entrera » dès que nous consentirons à lui ouvrir la porte (si quelqu’un ouvre la porte, j’entreraiApocalypse 3.20) tant il lui tarde de se faire connaître à nous dans de nouvelles relations. Rien de ce qui nous afflige ne le rebute.

Ouvrir la porte, c’est répondre à sa présence. Les yeux du Seigneur ne se sont jamais détournés de nous, nos égarements ne l’ont, ni arrêté, ni découragé, car il nous regarde toujours avec espérance et c’est pour cette raison qu’il ne cesse de prendre les devants pour nous attirer plus près de lui. C’est lui qui crée et renouvelle notre soif de le connaître plus intimement et de vivre plus étroitement uni à sa Personne. Surtout, ne cherchons pas des prétextes pour renvoyer à demain ces moments bénis de communion, en disant, par exemple : « Si je suis fidèle et en tout point obéissant, Dieu m’’accordera cette intimité à laquelle j’aspire ». Ce serait donner à notre fidélité une valeur méritoire et faire de cette précieuse communion une récompense et non un don gratuit de Dieu à saisir sur le champ. Si Dieu n’accordait ses faveurs et ses biens qu’à des hommes parfaitement fidèles, grande et permanente serait notre indigence. C’est pourquoi, venons à Lui tels que nous sommes… « sans argent, sans rien payer » (Esaïe 55.1). Maintenant même.

Il est des croyants donneurs de leçons, habitués à juger, qui tranchent sans appel : « Si tu prends telle décision, ou accomplis telle chose… alors Dieu ne pourra pas te bénir. » Ne serait-il pas plus juste d’avertir ainsi celui qui s’égare : « En te conduisant de la sorte tu attristes le Seigneur » ? Car on n’obéit pas à Dieu pour être béni mais pour lui plaire. Le Créateur ne nous doit rien ; mais parce qu’il est plein de miséricorde, il continue de nous avertir et de nous combler de ses biens malgré nos incartades. Ne fait-il pas lever son soleil sur les méchants comme sur les bons ? Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle déclare l’apôtre (2 Timothée 2.13) ; parole précieuse qui nous réconforte, bien qu’elle n’encourage nullement l’inconduite sous prétexte que là où le péché abonde, la grâce surabonde. Il n’y a pas de « grâce » permissive pour quiconque est né de nouveau. Ceci dit, et en dépit de mes chutes que je regrette, je me plais à affirmer que le Père ne cesse de m’attirer à Lui. Et comme le ferait un père humain qui aime son enfant et pourvoit jour après jour à ses besoins même lorsqu’il se rebelle, Dieu, malgré mes infidélités, me cherche inlassablement tant il voudrait me « nourrir » des joies de sa présence. C’est pourquoi, approchons-nous avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans tous nos besoins (Hébreux 4.16).

Peut-être une question se pose-t-elle à votre esprit : « La qualité de notre service pour Dieu dépend-elle de notre connaissance de Celui que nous servons ? » Sans aucun doute. Qui suit son propre chemin et néglige de fréquenter le Seigneur ne peut être au fait de sa volonté ; alors comment pourrait-il pratiquer — puisqu’il les ignore — les bonnes œuvres préparées à l’avance et dont Dieu lui confie la réalisation (Ephésiens 2.10) ? D’où l’instante prière de l’apôtre à ses amis de Colosses : Nous ne cessons de prier pour vous et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu (Colossiens 1.9-10). Concluons : Plus nous le connaîtrons, plus nous serons aptes à le bien servir.

QUESTIONS

  1. Avez-vous compris que Dieu veut se faire connaître à vous dans une relation nouvelle et cela sans retard ? Le croyez-vous ?
  2. Avez-vous pris conscience de l’impossibilité de vivre une vie chrétienne en Christ, de suivre la direction du Saint-Esprit sans une communion étroite et quotidienne avec Dieu ?
  3. Avez-vous soif de vivre instant après instant dans l’intimité du Seigneur ? Relisez Jean 7.37… et bénissez Celui qui frappe à la porte de votre cœur. Laissez-le entrer — maintenant — par un acte tout simple d’abandon et de foi.

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