Vie de Saint Antoine

HAINE DE SAINT ANTOINE POUR LES HÉRÉTIQUES ET LES SCHISMATIQUES

Son attachement à la foi et son zèle pour la religion étaient admirables ; jamais il ne voulut avoir de communications avec les méliciens schismatiques, car il connaissait la persécution qu’ils avaient montrée dès l’origine et il savait comment ils s’étaient séparés de l’Église ; jamais il n’eut de relation amicale avec aucun hérétique, sinon pour tâcher de le ramener au bien, car il croyait et répétait que la fréquentation de tels hommes est la ruine des âmes et la perte du salut. Il avait particulièrement en horreur l’hérésie des ariens ; il exhortait tous les chrétiens à éviter leur société et à fuir leurs erreurs. Quelques-uns des ariens étant allés un jour le voir, Antoine les reconnut, découvrit leur impiété et les chassa de sa montagne en disant que leurs paroles étaient pires que le venin des serpents. Les ariens ayant publié faussement qu’Antoine partageait leurs sentiments, il manifesta la plus vive indignation contre cette imposture ; ensuite étant descendu de la montagne sur l’exhortation des évêques et de tous les frères, il alla à Alexandrie, condamna publiquement les ariens, les appelant les derniers des hérétiques et les avant-coureurs de l’antéchrist ; il enseignait au peuple que le Fils de Dieu n’est point une créature, mais le Verbe et la sagesse éternelle du Père. Tous les peuples entendaient avec joie un si grand homme anathématiser l’hérésie ennemie du Christ, et tous les habitants de la ville s’empressaient en foule d’aller voir Antoine. Les païens eux-mêmes et ceux qu’ils appelaient leurs prêtres venaient à l’Église en disant : Nous voulons voir l’homme de Dieu ; car c’est ainsi que tout le monde l’appelait. Le Seigneur, en effet, délivra en cet endroit plusieurs personnes qui étaient possédées du démon, et il en guérit d’autres qui avaient perdu la raison. Beaucoup de païens même désiraient toucher seulement le saint vieillard, persuadés que cet attouchement leur porterait bonheur ; ce qui est certain, c’est que, dans ce peu de jours, un plus grand nombre d’infidèles embrassèrent la religion chrétienne qu’on n’en avait vu dans toute une année.

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