LA RÉVOLUTION DE LA CROIX

Introduction

Le voilà, Néron, ce mystère d'iniquité, cet antipode de Jésus.

Ernest RENAN

Le 1er siècle de notre ère fut le cadre d'une révolution invisible. Elle a concerné deux civilisations sans que nul n'en prît conscience.

Jésus de Nazareth et Néron ne se sont jamais rencontrés : le premier est mort en 30, le second né en 37. Or c'est sous le règne de Néron que la révolution de la Croix a pris son élan.

Au-delà de bien d'autres, deux villes sont en cause, l'une en Occident, l'autre en Orient. A Rome, Néron règne sur le plus vaste empire qui ait, jusque-là, existé. Ses crimes d'Etat et ses crimes privés lui ont forgé une réputation qui, aujourd'hui encore, entache sa mémoire. A Jérusalem, au lendemain de la crucifixion de Jésus, une poignée de Juifs inconnus prépare à obéir à l'ordre reçu de lui d'aller enseigner les nations. L'homme de Rome est tout, ceux de Jérusalem ne sont rien.

Croire à un face-à-face entre une religion aux racines plusieurs fois séculaires et un autre qui n'existe pas encore ne présente apparemment aucun sens.

Pourquoi y ai-je songé si souvent ? Pourquoi me suis-je posé tant de questions ? Pourquoi ai-je interrogé sans relâche la littérature inégale — abondante chez les latins, fragmentaire chez les chrétiens — propre à éclairer le siècle de Néron qui est aussi celui de saint Pierre ?

Le présent livre est le résultat de cette obsession[1].

A. D.

[1] Je n'ai pas souhaité paraphraser les récits des historiens latins ou chrétiens. Il m'a semblé que mieux valait laisser parler des textes originaux, connus certes des spécialistes, mais largement ignorés par le public. Peut-être le lecteur me saura-t-il gré de faire de lui un familier du génial Tacite aussi bien que de Luc et de Flavius Josèphe. J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop de l'entraîner, d'un chapitre à l'autre, de l'Occident en Orient — et vice versa.

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