Un livre pour les femmes mariées

Chapitre III

L'orgueil va devant l'écrasement
(Concerne Clémence Giraud)

Clémence avait eu plusieurs fois le désir de monter au château, son cœur sentait le besoin des consolations de Mme Dubois, son âme soupirait après l'eau vive des paroles chrétiennes ; mais sa fierté redoutait une leçon, même un conseil ; les jours passaient, les semaines aussi, et Clémence restait chez elle.

Un jour que Giraud avait quitté la ferme pour se rendre à une foire des environs, que Clémence, tristement assise devant sa porte, pensait avec un certain regret à Mme Dubois, qui suivant ses calculs, devait alors se trouver à Paris, celle-ci entra dans la cour. Clémence rougit beaucoup.

– Je reviens, mon enfant, dit affectueusement Mme Dubois, en se dirigeant avec elle vers le jardin, solitaire à cette heure. Je reviens, au risque de vous ennuyer, de vous fâcher peut-être !

– Oh ! Madame !...

– Asseyons-nous, Clémence... Vous souffrez, l'état de votre pauvre âme offre du danger, je me sens pour vous des entrailles de mère ; ne vous défendez pas contre ma sollicitude : je ne veux pas pénétrer indiscrètement vos secrets, mais je vous vois en péril, mon enfant, et je vous prie de m'ouvrir votre cœur.

– Eh bien ! oui, dit Clémence dont les yeux, depuis longtemps séchés par l'orgueil, laissèrent tout à coup échapper un torrent de larmes ; je suis malheureuse, profondément malheureuse ! Dieu me punit, il fait bien... et voilà tout.

– Clémence, Dieu est amour ; s'Il châtie, Il le fait dans sa tendresse ; laissez le regard si miséricordieux du Seigneur s'abaisser sur vous.

– Oh non ! c'est fini, reprit Mme Giraud d'une voix oppressée ; je ne sais s'il y a un pardon pour moi dans le ciel, mais du bonheur, de la paix sur la terre, il n'y en a plus. J'ai su ce que je faisais, Madame ; j'ai sacrifié ma foi, celle de mes enfants ; je ne l'ai pas fait par entraînement, par amour, non, car je n'aimais pas Giraud, je ne l'aimerai jamais ; je l'ai fait à tête, reposée, par calcul, par orgueil ... et je le paie. C'est juste, mais c'est cruel !

Ici les pleurs coupèrent sa parole.

– Voyons, ma chère enfant, dit Mme Dubois en prenant les mains de Clémence, pleurez, soulagez votre cœur, vous en avez besoin, et puis calmez-vous et nous causerons en amies... Là, vous sentez-vous mieux ?

– Oui, murmura Clémence après un assez long intervalle.

– Vous me parlez de punition, et moi je veux vous parler d'amour. Voyez-vous... et Mme Dubois ouvrit une petite Bible ; voyez-vous ce que le Seigneur vous dit là, mon enfant : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai. » (Matthieu 11.28)

– Cela n'est pas pour moi, balbutia la fermière.

– Non !... pour qui donc ? Pour les justes : « Ceux qui sont en santé n'ont pas besoin de médecin (dit Jésus), mais ceux qui se portent mal ; je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs. (Marc 2.17) – Pour ceux qui cherchent le Seigneur : « Je me suis fait trouver par ceux qui ne me cherchaient point, » (Esaie 65.1) (dit l'Éternel). Pour de certains pécheurs peut-être, et pas pour d'autres : « Dieu a tant aimé le monde (dit la Parole), qu'Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse Point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16)

Clémence poussa un gros soupir.

– Ah ! ma chère enfant, si vous vouliez puiser vous-même dans ce riche trésor, votre âme, peu à peu, reviendrait à la vie.

– J'essaierai, dit très-bas Clémence.

Après un moment de silence :

– Mon enfant, reprit Mme Dubois, vous qui êtes aimée du Seigneur, pourquoi fermeriez-vous votre cœur à l'affection ?... il est si doux de donner, même sans espérance de recevoir.

– Aimer, Madame... aimer qui ?... un homme que tout sépare dé moi !... Je puis accomplir mes devoirs envers lui !... - ici Clémence se redressa avec fierté, - mais l'aimer, non ! ...

– Oh ! quant à remplir vos devoirs sans que le cœur s'en mêle, détrompez-vous, ma chère Clémence c'est chose impossible.

– Cependant, Madame, il n'y a pas besoin d'aimer un mari pour lui rester fidèle, pour lui obéir, pour tenir sa maison, pour blanchir son linge, pour soigner ses porcs ou sa basse-cour, répliqua Clémence, chez qui l'esprit mordant reprenait le dessus.

– Eh si ! mon enfant, il faut de l'affection, non pas pour faire, mais pour bien faire tout cela.

Quand on est indifférent, plutôt quand on hait à un degré quelconque (appelons les choses par leur nom), on ne remplit ses obligations qu'à moitié ; on n'est pas adultère, mais on songe à d'autres unions qu'on eût pu contracter, qu'on pourrait former encore si on était libre... on les regrette, bientôt on les désire. On a de la soumission ; oui, juste ce qu'il en faut pour ne pas désobéir : on blanchit le linge, on soigne les porcs, je le veux bien... on le fait de mauvaise grâce, avec ennui, pour se débarrasser d'une tâche pénible, et le linge, les porcs, tout s'en ressent.

Et puis, le secours moral que nous devons à tout époux, l'influence que nous pouvons exercer sur lui en bien ou en mal, cette union qui nous est ordonnée, qu'en faites-vous, mon enfant ?

– De l'union ! avec Giraud ! S'écria Clémence en haussant les épaules ; Madame, on voit bien que vous ne le connaissez pas : Giraud n'a aucun besoin d'affection, il ne sait pas même ce que c'est ; s'il le savait il s'en rirait. Giraud, Madame, est arrivé à 60 ans sans éprouver de l'amitié pour qui que ce soit ; il m'a épousée parce qu'il voulait avoir des héritiers ; son plaisir est de calculer, d'amasser, cela seul lui convient ; moi, je ne suis ici que sa première servante.

– Si au lieu d'être, comme vous le dites, sa première servante, vous deveniez vraiment sa femme ; s'il trouvait en vous, non pas les exigences de l'affection, mais l'affection elle-même, des soins partant du cœur, un peu de bienveillance, de l'intérêt pour ses affaires...

– Ses affaires ! interrompit Clémence qui revenait tout à fait à sa nature orgueilleuse ; qui les connaît ?... pas moi assurément : tout est mystère avec Giraud. Il se défie de sa femme plus que de personne. Madame, le croiriez-vous, devant les domestiques de campagne, devant les ouvriers, devant ma petite servante, il me fait la honte de renfermer jusqu'aux provisions du ménage. Oh ! il n'y a pas de confusion, il n'y a pas de douleur que je n'aie soufferte, Giraud me refuse même une robe, même un bonnet. Il dit que les femmes trouvent toujours le moyen de se procurer ce dont elles ont besoin aux dépens des récoltes ; il m'enseigne lui-même ce que j'ai à faire.... et j'en profite.

– Clémence, ne tenez pas un pareil langage, il me fait mal. Voulez-vous que je vous parle en toute franchise ? J'admets que votre mari soit un de ces hommes qui aiment mieux fermer les yeux sur les friponneries d'une femme, (pourvu que ces friponneries n'aillent pas trop loin) que de lui donner ce qui lui est nécessaire pour son entretien ; l'avarice d'un tel homme autorise-t-elle les mauvaises manœuvres de sa femme ? Vendre en cachette quelques cocons, quelques boisseaux de blé ou de haricots, quelques mesures de lait, quelques livres de pain ; comment nommez-vous cela, Clémence ?

Clémence baissa la tête.

– Moi, je l'appelle voler.

À votre place, je voudrais renoncer à tout gain déshonnête, c'est là que je mettrais ma fierté ; je voudrais renoncer aussi à des parures, qu'une femme comme vous ne se procure qu'au moyen de ruses indignes d'une âme droite ; J'informerais mon mari de cette résolution solennellement prise, et je ne recevrais que de lui, l'argent qu'il me faudrait pour être chétivement, pauvrement vêtue même. En agissant de la sorte, je ne tromperais pas mon prochain, je n'offenserais pas Dieu, je ne dégraderais pas mon âme.

– Ce n'est pas seulement l'âme qui se dégrade ici, s'écria Clémence rouge de confusion, on y perd toute dignité. Ne faut-il pas que moi, la femme du plus riche fermier de la contrée, je travaille comme une pauvresse, pendant que mes amies passent doucement leur temps à ne rien faire.

– Si vous parveniez à voir le service de Christ au travers du service de l'homme, Clémence ! si vous pesiez la valeur de ces mots : « Faites tout pour la gloire de Dieu ! » (1 Corinthiens 10.31) si vous compreniez qu'en effet on peut glorifier Dieu en se livrant aux plus humbles travaux ; oui, en balayant les étables, en cousant avec activité, en arrachant les mauvaises herbes de son jardin, en se montrant soigneusement économe ; si vous vous persuadiez que ce moyen est peut-être le plus sûr pour toucher votre mari, pour faire naître en lui un nouveau cœur !... oh ! Clémence ! j'en suis certaine, vous ne vous épargneriez pas ; vous forceriez votre cœur à se courber, vous vous soumettriez aux habitudes de Jean-François, même à ses défauts ; vous le feriez respecter, parce que vous le respecteriez vous-même, et vous finiriez par l'aimer pour l'amour du Seigneur !

– Plût à Dieu que son avarice ne me causât que des humiliations, reprit Clémence, qui cherchait à conserver intactes sa rébellion, son inimitié et ses souffrances ; mais elle m'a arraché le seul bonheur que je pusse goûter encore.

J'avais une fille, Madame, une petite fille de trois ans, jolie, gentille... et de ma religion, celle-là. Elle amusait Giraud, mais il ne l'aimait pas... ce n'était pas un héritier ; il n'y tenait guère. Madame, mon enfant tombe malade... c'était ma vie que cette petite fille. L'enfant toussait, respirait difficilement ; je crois reconnaître le croup ; je le dis à Giraud :

« Bah ! ce n'est rien, » répond-il avec indifférence. J'attends quelques heures, le mal augmente ; je prends courage ; j'ose parler de médecin, et mon mari, cet homme qui, lorsqu'un de ses bœufs manque d'appétit ou qu'un de ses mulets a la jambe enflée, envoie quérir le vétérinaire, y court lui-même au besoin, mon mari se moque de moi. La nuit passe ; mon enfant ne pouvait plus tousser, elle étouffait. J'appelle Giraud ; je le conduis vers le lit de sa fille ; cette fois il reconnaît qu'il y a du danger ; il en est triste... mais savez-vous ce qu'il me répond, Madame, savez-vous ce qu'il me répond, lorsque je le conjure de faire monter à cheval et courir chez le docteur ? « Bah ! c'est trop lard ! » Alors moi, je quitte ma pauvre petite, je m'élance comme une folle dans le chemin ; au bout d'une heure, je reviens avec le médecin ; mais Giraud avait raison... il était trop tard.

Croyez-vous qu'on puisse oublier cela, Madame ?... croyez-vous qu'on puisse pardonner au père qui a, pour ainsi dire, tué son enfant ?...

Il y avait encore plus d'exaspération que de douleur chez Clémence.

– Et vous, Clémence, demanda doucement Mme Dubois, croyez-vous que Jésus puisse vous pardonner une telle question, de tels sentiments ?...

Oh ! Clémence, quittons, quittons les dettes à notre prochain, si nous ne voulons pas, à l'heure dernière, rencontrer un créancier sans miséricorde ! (Matthieu 18.21)

Mon enfant, le triste fait que vous venez de me raconter n'est pas l'histoire exceptionnelle d'une avarice exceptionnelle aussi ; c'est le désolant, mais très-commun, très-fréquent résultat d'un calcul odieux et général.

Courir au vétérinaire dès qu'une bête de somme ou de labour a quelque mal ; n'appeler le médecin que lorsque tout espoir est perdu : voilà l'habitude de la plupart des habitants de nos campagnes. On veut sauver la bête, parce que la bête a coûté de l'argent, parce qu'elle en rapporte, parce qu'il en faudra pour la remplacer ; on se résigne, vite à perdre la femme ou l'enfant, parce qu'ils coûtent à nourrir, à vêtir, parce qu'ils coûteraient plus à guérir, parce qu'on en retrouve d'autres sans bourse délier. C'est un crime mais un crime, qui n'est pas particulier à Giraud. Il faut en rougir, il faut en pleurer, mais il faut nous en accuser tous, car il a sa rapine dans un égoïsme que nous trouvons au fond de tous nos cœurs : dans le mien, dans le vôtre, comme dans celui de votre mari.

Clémence, dont cette conclusion froissait l'orgueil, poursuivit avec véhémence :

– Et les enfants qui me restent, Madame, quelle jouissance me donnent-ils. Je le sais, (et son ton redevint sec et froid), je mérite toutes les peines qu'ils me causeront ; je m'y attends, je m'y soumets d'avance.

– C'est justement ce qu'il ne faut pas faire ! s'écria Mme Dubois.

– Eh, Madame ! comment voulez-vous que je m'y prenne ? L'exemple de leur père peut-il leur enseigner quelque chose de bon ? Jean-François s'occupe-t-il d'eux autrement que pour rire quand Thomas joue au plus fin avec lui ; autrement que pour tirer les oreilles de Pierre quand il l'attrape ; autrement que pour les gronder tous deux quand, au lieu d'aider lés ouvriers, l'un court vers les frères, et l'autre se sauve à travers champs.

L'aîné, Thomas, n'a point de confiance en moi ; il ne me témoigne aucune tendresse ; il ne m'appartient déjà plus. Et le cadet, le cadet, lorsque je le réprimande, me répond : « Je sais de la religion de mon père, moi ! » ; et quand son père le querelle : « Je n'aime ni vos curés ni vos messes ; je suis de la religion de ma mère ! » De religion ! ce malheureux enfant n'en a point. Où la prendrait-il ?

– Où la prendrait-il ! répéta Mme Dubois. Mon enfant, avez-vous essayé de lire, de prier avec lui ?

– Une fois ou deux ; mais cela l'ennuie ; il se plaint à son père, et Giraud se fâche contre moi, au lieu de prendre mon parti.

– Clémence, vous avez un grand devoir à remplir envers vos enfants, celui de leur présenter la vérité, de la leur présenter dans vos paroles et dans votre conduite. Pour la leur offrir, il faut la posséder. Commencez donc par retourner vous-même à la lecture sérieuse de la Bible ; agenouillez-vous devant Dieu, avouez-lui de plein cœur vos péchés ; demandez au Saint-Esprit de vous éclairer ; regardez à votre Sauveur, qui a souffert pour vous, dont vous êtes l'enfant, et vous vous sentirez alors une nouvelle créature. Vous n'aurez rien de plus pressé que d'inspirer à vos enfants de l'amour pour Christ ; vous ne leur ferez plus de leçons fastidieuses, que l'un n'écouterait pas, qui mettraient l'autre en défiance ; vous leur raconterez les belles vies des patriarches l'histoire du peuple de Dieu ; vous leur direz les paraboles du Sauveur, et vous leur en ferez chercher le sens avec vous. Le soir, avant leur sommeil, vous vous mettrez à genoux près de leur lit, et vous recommanderez leurs âmes au bon Sauveur, non par le moyen de prières. récitées, mais en parlant au Seigneur comme un ami parle à son ami, de manière a ce que vos enfants prennent intérêt a ce que vous dites, et peu à peu s'y joignent de cœur. Vous ne ferez rien de tout cela en cachette ; tout au grand jour ; et qui sait, Clémence, qui sait si, avec la grâce de Dieu, ces paroles, cet exemple, n'attendriront point Giraud ? Qui sait si, lorsque l'âme renouvelée par l'assurance de votre pardon, pleine de bonne volonté, ayant trouvé le bonheur, et désireuse de le répandre autour de vous, vous userez envers lui de support, dé respect, de confiance et d'affection ; qui sait, Clémence, si le Seigneur ne vous accordera pas l'immense joie de voir naître aussi dans ce cœur glacé une vraie, une forte foi ?.. Qui sait si, un jour, vous ne prierez pas avec votre mari ?..

– Jamais ! jamais ! fit Clémence d'une voix étouffée et le cœur serré ; non, c'est fini. Pour nos enfants, oui, il peut y avoir encore quelque espoir ; oui, j'essaierai de faire quelque chose... mais Giraud, c'est inutile ; il me répéterait ce qu'il me dit lorsque je lui adresse un reproche : « Tu as la religion, j'ai la mienne ! laisse-moi en paix. »

– Ce n'est pas de reproches que je vous parle, ma chère Clémence, c'est de tendresse, c'est de dévouement.

– Madame, non, cela ne se peut pas. Ce que j'ai à faire, ce que j'ai fait, ce que je ferai, c'est de me renfermer en moi-même, de laisser Giraud agir de son côté, et de rester dans mon coin, au moins mes sentiments, mes pensées seront libres.

– Libre de pécher, vous le serez ; libre d'accroître votre malheur, libre de rendre insupportable le peu de rapports que vous serez obligée de soutenir avec votre mari, oui, encore ; mais quoi que vous fassiez, vous serez sa femme ; il restera des devoirs à remplir, il y aura des heures où il faudra voir Giraud, lui obéir, le servir ; vous traînerez toujours à votre pied un bout de chaîne.

Croyez-moi, Clémence, cette chaîne si lourde vous pèserait moins si vous la preniez à deux mains, avec le loyal désir de la porter sans murmure.

Etes-vous soulagée, mon enfant, lorsque vous vous retirez à part, lorsque vous ne montrez à votre mari que fierté, que sécheresse ; lorsque vous cachez, sous une apparente indifférence, le chagrin que vous causent ses moqueries, lorsque, vous repentant d'une repentance orgueilleuse, et non chrétienne, de la faute que vous avez faite en l'épousant, vous vous irritez contre lui, vous vous exagérez les torts qu'il a, vous lui en cherchez qu'il n'a pas ? Cela vous donne-t-il du courage ?

Cela diminue-t-il vos peines ? cela vous aide-t-il à remplir vos devoirs ?

– Non, murmura Clémence ; puis elle ajouta, secrètement poussée par sa conscience : Il me semble alors qu'un serpent me ronge le cœur.

– Clémence, soyez-en sûre, ce qui trouble ainsi, ce qui dévore ainsi, vient du malin. point d'alliance avec le démon, Clémence : la guerre, une franche, une persévérante guerre dans laquelle Jésus lui-même combattra pour vous.

Clémence soupira.

– Mon enfant, ce n'est pas de haine que votre cœur a besoin, c'est d'amour. Aimez Dieu qui vous a donné son Fils ; aimez Jésus qui, toute méchante que vous êtes, vous a aimée jusqu'à mourir pour vous. Quand vous en serez là, Clémence, vous limerez celle pauvre âme méchante aussi, mais pas plus que la vôtre, pas plus que la mienne ; vous sentirez qu'une grande responsabilité pèse sur vous, que de grandes obligations vous sont imposées, vous vous appuierez sur la main du Sauveur, et vous ne reculerez pas.

En prononçant ces dernières paroles, Mme Dubois se leva ; lorsqu'elle fut arrivée vers là. porte, Clémence dit presque bas, mais d'une voix émue.

– Je lirai la Bible et je prierai.

– Que Dieu, qui vous donne le vouloir, vous donne aussi l'exécution.

Mme Dubois embrassa Clémence, lui laissa son adresse pour Paris, la pria de lui écrire, et s'en fut.

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