Théologie Systématique – III. Prolégomènes et Cosmologie

Article II
Des limites de la connaissance de Dieu dans la révélation préparatoire en Israël

Jéhova s’était révélé aux patriarches comme le Dieu fort (Exode 6.3), tout en refusant à Jacob de lui faire connaître son nom suprême (Genèse 32.29). Dieu s’est révélé cinq siècles plus tard à Moïse comme Jéhova, le Dieu des temps, de l’histoire et du salut. Les attributs les plus éminents de Dieu sont proclamés aux oreilles attentives et étonnées du Médiateur de l’Ancienne alliance, de cette Alliance dite de mort, en ces termes : « Jéhova, Jéhova, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à la colère, abondant en miséricorde et en vérité ! » (Exode 34.6). Moïse, le premier, parle avec Dieu bouche à bouche ; il voit Dieu sans représentation (Nombres 12.8). Il semble que ce soit là le degré culminant de la connaissance de Dieu ; et cependant une scène ultérieure nous apprend que lorsque Moïse, poussé par la même curiosité que Jacob, demanda à Dieu de contempler sa gloire, cette demande intempestive et indiscrète dut à son tour être repoussée (Exode 33.18-23).

La connaissance acquise par Moïse dans ses longues fréquentations de l’Être suprême, si avancée et intime qu’elle fût déjà, n’était point encore adéquate à l’essence divine elle-même, mais encore extrinsèque à elle, réduite aux derniers rayonnements de cette gloire : « Tu me verras par derrière, est-il dit au Médiateur de la Loi, mais ma face ne se verra point (v. 23) ; car nul homme ne peut me voir et vivre (v. 20). » Et le plus grand des prophètes à son tour n’a pu voir la gloire de Jéhova environné de séraphins voilés, sans s’écrier : Malheur à moi ! (Ésaïe 6.5)

Cette norme est restée constante durant toute l’économie de l’Ancienne alliance (comp. Deutéronome 5.20 ; Juges 13.22), jusqu’au jour où la gloire divine personnifiée est venue habiter une chair humaine (Jean 1.14). Jésus-Christ est le premier qui a osé dire à la fois : « Nul ne connaît le Fils que le Père ; nul ne connaît le Père que le Fils (Matthieu 11.27). — Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14.9). L’Etre qui seul a habité le sein de Dieu, étant le seul qui ait véritablement vu Dieu, est le seul aussi qui a pu nous le faire connaître. (Jean 1.18).

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant