Théologie Systématique – III. Prolégomènes et Cosmologie

3. De l’organisation des anges déchus

Les anges déchus sont constitués en un Royaume des ténèbres, rival du Royaume de Dieu, et dont Satan, appelé aussi plusieurs fois dans le quatrième Evangile le Prince de ce monde, ὁ ἄρχων τοῦ κόσμου τούτου, est le chef suprême : Luc 11.17-18.

Au-dessous de ce chef, les démons forment une hiérarchie de puissances malfaisantes correspondant à celle des bons anges, et dont les degrés sont désignés par saint Paul par les termes de ἀρχαὶ, ἐξουσίαι, etc. (Éphésiens 6.12).

Dans Marc 9.29, Jésus nous révèle qu’il y a des catégories différentes d’esprits malins, dont les uns sont plus réfractaires que d’autres à l’action thérapeutique ; et les récits évangéliques de guérisons de démoniaques supposent également que certains de ces esprits portent atteinte à telle faculté, de préférence à telle autre ; qu’il y a donc chez eux, à l’instar de ce qui se passe dans le règne de la grâce, diversité d’aptitudes malignes et de facultés malfaisantes, Luc 13.16 ; Marc 9.25.

Mais toutes ces diversités restent subordonnées à l’unité qui préside à l’organisme ; pas plus dans la collectivité de ces êtres que chez chaque individualité particulière, il n’y a division de forces, mais convergence absolue de toutes les actions mauvaises, comme dans le Royaume rival, dont le Royaume des ténèbres n’est que la contrefaçon, il y a union absolue des volontés saintes.

Ce Royaume situé dans la région intermédiaire entre le ciel et la terre, n’est pas, comme le pensent certains théoriciens, une quantité négative ; il représente une puissance active, immense et surnaturelle, qui, bien que prêtée et constamment dépendante de Dieu, subsiste par l’énergie usurpée du mal se concentrant tout entière dans l’opposition au bien. Il a son histoire ; il est le théâtre d’activités dérobées au service de Dieu ; il s’y réalise des fins contraires à celles de Dieu ; il s’y déploie des forces rebelles et malfaisantes, qui par là même sont frappées d’impuissance morale, mais n’en existent pas moins :σταθήσται (Luc 11.18).

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