Théologie Systématique – IV. Sotériologie et Eschatologie

Section II : De la consommation de l’humanité

Le but final du gouvernement de l’humanité est de la partager en deux classes tranchées, appelées les justes et les injustes, en supprimant tous les mélanges qui existent encore au cours de l’histoire, Matthieu 13.47-50 ; 1 Timothée 4.1-3 ; 2 Timothée 2.13 ; Apocalypse 22.11. C’est dans ce sens que nous admettons avec l’Ecriture un progrès dans l’histoire morale de l’humanité, mais dans une double direction : des uns dans la voie du bien et de la vie, des autres dans celle du mal et de la perdition.

La consommation de l’histoire de l’humanité ne sera que la manifestation universelle et définitive du triage qui dès le commencement du monde se poursuit dans l’ordre spirituel, et n’est apparu jusqu’ici à la surface que par intervalles.

Le moyen par lequel ce double effet se produit chez les nations de la terre comme dans l’humanité tout entière, effet de salut pour les uns, d’endurcissement pour les autres (2 Corinthiens 2.16), est la prédication de l’Evangile qui, poursuivie de siècle en siècle, doit être achevée, avons-nous dit, au terme de cette économie, et avant l’avènement du Seigneur. La preuve qu’il en est bien ainsi, et que nous ne devons pas placer cette phase de l’histoire du salut après la parousie, se tire des passages : Matthieu 24.14 ; Marc 13.10 ; comp. Luc 21.24, qui tous supposent l’antériorité de l’œuvre d’évangélisation des Gentils par rapport aux derniers événements. Dans Apocalypse 14.6, elle précède le versement des sept dernières coupes (ch. 15).

Nous sommes sur ce point en désaccord avec Auberlen, qui pense au contraire que l’évangélisation du monde ne s’achèvera que pendant le millénium, et avec le concours du peuple juif converti. « Au commencement du Règne de mille ans, dit-il, l’humanité sera dans un état tout pareil à celui où elle se trouvait au commencement de l’histoire de l’Eglise après l’ascension du Seigneur. Elle se composera des trois mêmes éléments : Israël, les peuples païens, et, en face d’eux, une Eglise chrétienne désireuse de les gagner à l’Evangile. Seulement toutes choses alors seront bien plus mûreso. »

oLe prophète Daniel et l’Apocalypse ; trad. Rougemont ; page 367.

Il a été prétendu qu’il suffirait que l’écho de la parole évangélique eût retenti dans chaque pays pour que le vœu de la prophétie fût satisfait. Nous ne pensons pas que la mention d’un procédé aussi mécanique eût trouvé place dans les tableaux de l’avenir du peuple de Dieu. Les paraboles déjà interprétées du grain de semence de moutarde et du levain (Luc 13.18-21) nous donnent d’ailleurs des indications toutes différentes ; et les progrès gigantesques accomplis sous nos yeux tant par la mission que par la colonisation chrétiennes, autorisent de la part de l’Eglise des ambitions plus hautes.

La consommation de l’humanité se décomposera donc par la nature des choses en deux éléments : la consommation de la révolte, d’un côté ; la consommation de la foi et du salut, de l’autre.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant