Ignace et Polycarpe

Aux Magnésiens

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Ἰγνάτιος, ὁ καὶ Θεοφόρος, τῇ εὐλογημένῃ ἐν χάριτι θεοῦ πατρὸς ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ τῷ σωτῆρι ἡμῶν, ἐν ᾧ ἀσπάζομαι τὴν ἐκκλησίαν τὴν οὖσαν ἐν Μαγνησίᾳ τῇ πρὸς Μαιάνδρῳ καὶ εὔχομαι ἐν θεῷ πατρὶ καὶ ἐν Ἰησοῦ Χριστῷ πλεῖστα χαίρειν.

Ignace, appelé aussi Théophore, à l’église de Magnésie du Méandre, bénie par la grâce de Dieu le Père en Jésus-Christ notre Sauveur, au nom duquel je salue cette église, et lui souhaite, en Dieu le Père et en Jésus-Christ, toutes les prospérités.

Chapitre 1

1.1 Γνοὺς ὑμῶν τὸ πολυεύτακτον τῆς κατὰ θεὸν ἀγάπης, ἀγαλλιώμενος προειλόμην ἐν πίστει Ἰησοῦ χριστοῦ προσλαλῆσαι ὑμῖν.

J’ai appris le parfait esprit de discipline qui conduit votre charité dans les voies de Dieu : aussi, dans ma joie, ai-je résolu de vous adresser quelques paroles inspirées par la foi en Jésus-Christ.

1.2 καταξιωθεὶς γὰρ ὀνόματος θεοπρεπεστάτου, ἐν οἷς περιφέρω δεσμοῖς ᾄδω τὰς ἐκκλησίας, ἐν αἷς ἕνωσιν εὔχομαι σαρκὸς καὶ πνεύματος Ἰησοῦ χριστοῦ, τοῦ διὰ παντὸς ἡμῶν ζῆν, πίστεώς τε καὶ ἀγάπης, ἧς οὐδὲν προκέκριται, τὸ δὲ κυριώτερον Ἰησοῦ καὶ πατρός · ἐν ᾧ ὑπομένοντες τὴν πᾶσαν ἐπήρειαν τοῦ ἄρχοντος τοῦ αἰῶνος τούτου καὶ διαφυγόντες θεοῦ τευξόμεθα.

Honoré du titre le plus glorieux, dans les fers que je promène, je chante les églises : je leur souhaite l’union avec la chair et l’esprit de Jésus-Christ, notre éternelle vie ; (l’union) dans la foi et la charité, cette charité que rien n’égale ; (l’union), bien plus importante encore, avec Jésus et le Père : car c’est avec l’aide de Jésus que nous repousserons victorieusement tous les assauts du prince de ce monde, pour jouir enfin de Dieu.

Notes

1.2 ὀνόματος θεοπρεπεστάτου — Quel est ce nom glorieux ? On a supposé qu’il s’agissait ici du nom du Christ, des titres de θεοφόρος, de martyr, d’évêque ; mais, le plus vraisemblable, c’est le titre de δέσμιος, qu’Ignace porte en commun avec saint Paul, et auquel semblent faire allusion les paroles suivantes : ἐν οἷς περιφέρω δεσμοῖς. — Saint Paul se donne à lui-même ce titre de δέσμιος dans quatre passages : Éphésiens 3.1 ; 4.1 ; Philémon 1.1, 9.

Chapitre 2

2.1 Ἐπεὶ οὖν ἠξιώθην ἰδεῖν ὑμᾶς διὰ Δαμᾶ τοῦ ἀξιοθέου ὑμῶν ἐπισκόπου καὶ πρεσβυτέρων ἀξίων Βάσσου καὶ Ἀπολλωνίου καὶ τοῦ συνδούλου μου διακόνου Ζωτίωνος, οὗ ἐγὼ ὀναίμην, ὅτι ὑποτάσσεται τῷ ἐπισκόπῳ ὡς χάριτι θεοῦ καὶ τῷ πρεσβυτερίῳ ὡς νόμῳ Ἰησοῦ χριστοῦ.

J’ai eu l’honneur de vous voir en la personne de Damas, votre saint évêque, en celles des dignes presbytres Bassus et Apollonius, et du diacre Zotion, mon compagnon de service. Puissé-je jouir de lui ! Car il est soumis à l’évêque comme à la grâce de Dieu, et au presbytérium comme à la loi de Jésus-Christ.

Notes

2.1 οὗ ἐγὼ ὀναίμην, puissé-je jouir de lui ! Le sens de cette expression nous est donné par un passage de la lettre aux Éphésiens, 2.1, où, parlant du diacre Burrhus, Ignace dit : εὔχομαι παραμεῖναι αὐτὸν, je désire le garder auprès de moi.

Chapitre 3

3.1 Καὶ ὑμῖν δὲ πρέπει μὴ συγχρᾶσθαι τῇ ἡλικίᾳ τοῦ ἐπισκόπου, ἀλλὰ κατὰ δύναμιν θεοῦ πατρὸς πᾶσαν ἐντροπὴν αὐτῷ ἀπονέμειν, καθὼς ἔγνων καὶ τοὺς ἁγίους πρεσβυτέρους οὐ προσειληφότας τὴν φαινομένην νεωτερικὴν τάξιν, ἀλλ᾿ ὡς φρονίμους ἐν θεῷ συγχωροῦντας αὐτῷ, οὐκ αὐτῷ δέ, ἀλλὰ τῷ πατρὶ Ἰησοῦ χριστοῦ, τῷ πάντων ἐπισκόπῳ.

La jeunesse de votre évêque ne doit pas être pour vous le prétexte d’une trop grande familiarité ; c’est la puissance même de Dieu le Père que vous devez pleinement révérer en lui. Telle est, je le sais, la conduite de vos saints presbytres : ils n’ont point abusé de son apparente jeunesse ; mais, s’inspirant de la sagesse même de Dieu, ils lui sont soumis ; ou plutôt ce n’est pas à lui (que va leur soumission), mais au Père de Jésus-Christ, à l’évêque universel.

3.2 εἰς τιμὴν οὖν ἐκείνου τοῦ θελήσαντος ἡμᾶς πρέπον ἐστὶν ἐπακούειν κατὰ μηδεμίαν ὑπόκρισιν · ἐπεὶ οὐχ ὅτι τὸν ἐπίσκοπον τοῦτον τὸν βλεπόμενον πλανᾷ τις, ἀλλὰ τὸν ἀόρατον παραλογίζεται. τὸ δὲ τοιοῦτον οὐ πρὸς σάρκα ὁ λόγος, ἀλλὰ πρὸς θεὸν τὸν τὰ κρύφια εἰδότα.

C’est donc par respect pour ce Dieu qui nous aime, que votre obéissance doit être exempte de toute feinte : car, en trompant l’évêque visible, c’est à l’évêque invisible qu’on tente de mentir ; dans ces cas-là, ce n’est pas à la chair qu’on a affaire, mais à Dieu qui connaît les choses cachées.

Notes

3.1 φαινομένην νεωτερικὴν τάξιν — On a donné de ce passage un assez grand nombre d’interprétations différentes. Mais φαινομένην montre qu’il s’agit ici du jeune âge de l’évêque et τάξις, dans ce passage, signifie condition, rang, classe. — Le sens est donc celui-ci : à ne regarder que l’extérieur (φαινομένην), Damas appartient à la classe des jeunes gens (νεωτερικὴν τάξιν) ; mais ce n’est là qu’une apparence, car il possède une sagesse bien supérieure à son âge.

Chapitre 4

4.1 Πρέπον οὖν ἐστιν μὴ μόνον καλεῖσθαι Χριστιανούς, ἀλλὰ καὶ εἶναι · ὥσπερ καί τινες ἐπίσκοπον μὲν καλοῦσιν, χωρὶς δὲ αὐτοῦ πάντα πράσσουσιν. οἱ τοιοῦτοι δὲ οὐκ εὐσυνείδητοί μοι εἶναι φαίνονται διὰ τὸ μὴ βεβαίως κατ᾿ ἐντολὴν συναθροίζεσθαι.

Soyez donc chrétiens, non seulement de nom, mais de fait, et ne ressemblez pas à ces gens qui prodiguent à leur chef le titre d’évêque (surveillant), mais qui font tout en dehors de lui. Il est évident pour moi que la conscience de ces gens-là n’est pas droite : car, contrairement à l’ordre du Christ, ils tiennent des assemblées qui ne sont pas légitimes.

Notes

4.1 βεβαίως, validement, légitimement, et, pour ainsi dire officiellement. — Le sens de ce mot nous est expliqué par Smyrn.8.1 : ἐκείνη βεβαία εὐχαριστία ἡγείσθω, ἡ ὑπὸ ἐπίσκοπον οὖσα La présence, ou du moins l’autorisation de l’évêque, était nécessaire pour la validité de ces assemblées. Les gens dont il est ici question, au lieu de venir aux assemblées officielle de l’église, tenaient à part des conventicules non autorisés.

Chapitre 5

5.1 Ἐπεὶ οὖν τέλος τὰ πράγματα ἔχει καὶ πρόκειται τὰ δύο ὁμοῦ, ὅ τε θάνατος καὶ ἡ ζωή, καὶ ἕκαστος εἰς τὸν ἴδιον τόπον μέλλει χωρεῖν ·

Toutes choses ont une fin : la mort et la vie sont également proposées à notre choix, et chacun ira « dans le lieu qui lui convient. »

5.2 ὥσπερ γὰρ ἐστιν νομίσματα δύο, ὃ μὲν θεοῦ, ὃ δὲ κόσμου, καὶ ἕκαστον αὐτῶν ἴδιον χαρακτῆρα ἐπικείμενον ἔχει, οἱ ἄπιστοι τοῦ κόσμου τούτου, οἱ δὲ πιστοὶ ἐν ἀγάπῃ χαρακτῆρα θεοῦ πατρὸς διὰ Ἰησοῦ χριστοῦ, δι᾿ οὗ ἐὰν μὴ αὐθαιρέτως ἔχωμεν τὸ ἀποθανεῖν εἰς τὸ αὐτοῦ πάθος, τὸ ζῆν αὐτοῦ οὐκ ἔστιν ἐν ἡμῖν.

Il y a, pour ainsi dire, deux espèces de monnaies : celle de Dieu et celle du monde, et chacune d’elles a son effigie particulière ; les infidèles portent l’effigie de ce monde ; les fidèles que la charité anime, portent, sous les traits de Jésus-Christ, l’effigie de Dieu le Père. Si nous ne sommes tout prêts, avec l’aide de Jésus-Christ, à courir à la mort pour imiter sa passion, sa vie n’est pas en nous.

Notes

5.2 χαρακτῆρα θεοῦ πατρὸς διὰ Ἰησοῦ χριστοῦ. — C’est Jésus-Christ qui est lui-même ce χαρακτῆρα de Dieu (Hébreux 1.3) : par son union avec Jésus-Christ, le chrétien porte en lui l’effigie de Dieu le Père.

Chapitre 6

6.1 Ἐπεῖ οὖν ἐν τοῖς προγεγραμμένοις προσώποις τὸ πᾶν πλῆθος ἐθεώρησα ἐν πίστει καὶ ἠγάπησα, παραινῶ, ἐν ὁμονοίᾳ θεοῦ σπουδάζετε πάντα πράσσειν, προκαθημένου τοῦ ἐπισκόπου εἰς τόπον θεοῦ καὶ τῶν πρεσβυτέρων εἰς τόπον συνεδρίου τῶν ἀποστόλων, καὶ τῶν διακόνων τῶν ἐμοὶ γλυκυτάτων πεπιστευμένων διακονίαν Ἰησοῦ χριστοῦ, ὃς πρὸ αἰώνων παρὰ πατρὶ ἦν καὶ ἐν τέλει ἐφάνη.

Dans les personnes que j’ai nommées au début de cette lettre, la foi m’a fait voir et embrasser votre communauté tout entière ; aussi je vous en conjure, accomplissez toutes vos actions dans cet esprit de concorde qui plaît à Dieu, sous la présidence de l’évêque, qui tient la place de Dieu ; des presbytres, qui représentent le sénat des Apôtres ; des diacres, objets de ma particulière affection, chargés du service de Jésus-Christ, qui était auprès du Père avant les siècles, et qui s’est révélé à la fin (des temps).

6.2 πάντες οὖν ὁμοήθειαν θεοῦ λαβόντες ἐντρέπεσθε ἀλλήλους καὶ μηδεὶς κατὰ σάρκα βλεπέτω τὸν πλησίον, ἀλλ᾿ ἐν Ἰησοῦ Χριστῷ ἀλλήλους διὰ παντὸς ἀγαπᾶτε. ἐταπεινοφρονεῖτε ἔστω ἐν ὑμῖν, ὃ δυνήσεται ὑμᾶς μερίσαι ἀλλ᾿ ἑνώθητε τῷ ἐπισκόπῳ καὶ τοῖς προκαθημένοις εἰς τύπον καὶ διδαχὴν ἀφθαρσίας.

Réglant donc tous votre conduite sur celle de Dieu, respectez-vous les uns les autres : ce n’est pas avec les yeux de la chair que vous devez considérer votre prochain, c’est en Jésus-Christ qu’il faut avoir les uns pour les autres une charité constante. Ne souffrez chez vous aucune cause de division, mais que votre union avec votre évêque et avec vos chefs soit un exemple et une leçon d’incorruptibilité.

Notes

6.1 ἠγάπησα, ici signifie les témoignages extérieurs d’affection, et nous l’avons traduit par embrasser.

6.2 εἰς τύπον καὶ διδαχὴν ἀφθαρσίας — on peut encore traduire : une image et une démonstration de la vie éternelle. Dans ce cas l’union avec l’évêque est l’image de la vie éternelle, qui consiste dans l’union avec Dieu ; elle en est en même temps la démonstration (διδαχὴν), en ce sens que le beau spectacle qu’elle présente est de nature à inspirer à ceux qui en sont témoins la croyance à la vie éternelle. Cependant ἀφθαρσία, chez Ignace, désigne ordinairement, non la vie éternelle, l’immortalité, mais l’incorruptibilité morale, qui d’ailleurs, dans la pensée d’Ignace, entraîne comme conséquence providentielle l’immortalité.

Chapitre 7

7.1 Ὥσπερ οὖν ὁ κύριος ἄνευ τοῦ πατρὸς οὐδὲν ἐποίησεν, ἡνωμένος ὤν, οὔτε δι᾿ ἑαυτοῦ οὔτε διὰ τῶν ἀποστόλων · οὕτως μηδὲ ὑμεῖς ἄνευ τοῦ ἐπισκόπου καὶ τῶν πρεσβυτέρων ἐταπεινοφρονεῖτε πράσσετε · μηδὲ πειράσητε εὔλογόν τι φαίνεσθαι ἰδίᾳ ὑμῖν, ἀλλ᾿ ἐπὶ τὸ αὐτὸ μία προσευχή, μία δέησις, εἷς νοῦς, μία ἐλπὶς ἐν ἀγάπῃ, ἐν τῇ χαρᾷ τῇ ἀμώμῳ, ὅ ἐστιν Ἰησοῦς Χριστός, οὗ ἄμεινον οὐδέν ἐστιν.

De même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père, avec lequel il n’est qu’un, ne faites rien, vous non plus, en dehors de l’évêque et des presbytres. C’est en vain que vous essaieriez de faire passer pour louable une action accomplie en votre particulier il n’y a de bon que ce que vous faites en commun : une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animée par la charité, dans une joie innocente : tout cela c’est Jésus-Christ, au-dessus duquel il n’y a rien.

7.2 πάντες ὡς εἰς ἕνα ναὸν συντρέχετε θεοῦ, ὡς ἐπὶ ἓν θυσιαστήριον, ἐπὶ ἕνα Ἰησοῦν Χριστόν, τὸν ἀφ᾿ ἑνὸς πατρὸς προελθόντα καὶ εἰς ἕνα ὄντα καὶ χωρήσαντα.

Accourez tous vous réunir dans le même temple de Dieu, au pied du même autel, c’est-à-dire en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un, tout en lui restant uni, et qui est retourné à lui.

Notes

7.2 προελθόντα καὶ εἰς ἕνα ὄντα καὶ χωρήσαντα : ces trois mots se rapportent à l’Incarnation, et en marquent les trois moments : le Fils est sorti du Père (προελθόντα) au moment où il s’est fait homme ; néanmoins, pendant tout le temps de sa mission terrestre, il lui est resté uni (ὄντα) ; enfin, en quittant la terre, il est retourné vers le Père (χωρήσαντα) Cf. Jean 16.28 : Ἐξῆλθον παρὰ τοῦ πατρός, καὶ ἐλήλυθα εἰς τὸν κόσμον: πάλιν ἀφίημι τὸν κόσμον, καὶ πορεύομαι πρὸς τὸν πατέρα. — Nous avons gardé ici la traduction un peu trop littérale : en Jésus-Christ un, sorti du Père un, à cause de l’évidente préoccupation de l’auteur de souligner l’unité en toutes choses, comme la loi nécessaire du chrétien.

Chapitre 8

8.1 Μὴ πλανᾶσθε ταῖς ἑτεροδοξίαις μηδὲ μυθεύμασιν τοῖς παλαιοῖς ἀνωφελέσιν οὖσιν. εἰ γὰρ μέχρι νῦν κατὰ Ἰουδαϊσμὸν ζῶμεν, ὁμολογοῦμεν χάριν μὴ εἰληφέναι.

Ne vous laissez séduire ni par les doctrines étrangères, ni par ces fables surannées, qui ne servent de rien. Car suivre encore aujourd’hui les préceptes du judaïsme, c’est avouer que nous n’avons pas reçu la grâce.

8.2 οἱ γὰρ θειότατοι προφῆται κατὰ Χριστὸν Ἰησοῦν ἔζησαν. διὰ τοῦτο καὶ ἐδιώχθησαν, ἐνπνεόμενοι ὑπὸ τῆς χάριτος αὐτοῦ, εἰς τὸ πληροφορηθῆναι τοὺς ἀπειθοῦντας, ὅτι εἷς θεός ἐστιν, ὁ φανερώσας ἑαυτὸν διὰ Ἰησοῦ Χριστοῦ τοῦ υἱοῦ αὐτοῦ, ὅς ἐστιν αὐτοῦ λόγος ἀπὸ σιγῆς προελθών, ὃς κατὰ πάντα εὐηρέστησεν τῷ πέμψαντι αὐτόν.

Les divins prophètes eux-mêmes ont vécu selon le Christ Jésus : voilà pourquoi ils ont souffert la persécution. C’est sa grâce qui les inspirait, pour persuader aux incrédules qu’il n’y a qu’un Dieu, et que ce Dieu s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils, qui est son Verbe sorti du silence, et l’exécuteur fidèle de toutes les volontés de celui qui l’a envoyé.

Notes

8.2 εὐηρέστησεν, ici, ne signifie pas précisément que Jésus-Christ a plu à son Père mais qu’il a fait en toutes choses ce qui était agréable à son Père. — A rapprocher de Jean 8.29 : ἐγὼ τὰ ἀρεστὰ αὐτῷ ποιῶ πάντοτε.

Chapitre 9

9.1 Εἰ οὖν οἱ ἐν παλαιοῖς πράγμασιν ἀναστραφέντες εἰς καινότητα ἐλπίδος ἦλθον, μηκέτι σαββατίζοντες, ἀλλὰ κατὰ κυριακὴν ζῶντες, ἐν ᾗ καὶ ἡ ζωὴ ἡμῶν ἀνέτειλεν δι᾿ αὐτοῦ καὶ τοῦ θανάτου αὐτοῦ, ὅν τινες ἀρνοῦνται, δι᾿ οὗ μυστηρίου ἐλάβομεν τὸ πιστεύειν, καὶ διὰ τοῦτο ὑπομένομεν, ἵνα εὑρεθῶμεν μαθηταὶ Ἰησοῦ χριστοῦ τοῦ μόνου διδασκάλου ἡμῶν ·

Ceux qui vivaient sous l’ancien ordre de choses ont embrassé la nouvelle espérance, et n’observent plus le sabbat, mais le dimanche, jour où (l’astre de) notre vie s’est levé grâce au Seigneur et à sa mort. Ce mystère, nié par plusieurs, est la source de notre foi, et par là même de la patience avec laquelle nous souffrons pour devenir de vrais disciples de Jésus-Christ, notre unique maître :

9.2 πῶς ἡμεῖς δυνησόμεθα ζῆσαι χωρὶς αὐτοῦ, οὗ καὶ οἱ προφῆται μαθηταὶ ὄντες τῷ πνεύματι ὡς διδάσκαλον αὐτὸν προσεδόκων ; καὶ διὰ τοῦτο, ὃν δικαίως ἀνέμενον, παρὼν ἤγειρεν αὐτοὺς ἐκ νεκρῶν.

comment donc pourrions-nous vivre sans lui, quand les prophètes eux-mêmes, ses disciples en esprit, l’attendaient comme leur maître ? voilà pourquoi celui qui était l’objet de leur juste espérance les a ressuscités d’entre les morts au jour de sa venue.

Notes

9.1 ἐν παλαιοῖς πράγμασιν — Le sens est celui-ci ; si les Juifs, en embrassant le christianisme, cessaient d’observer le sabbat, à plus forte raison les Païens convertis doivent-ils s’abstenir des rites du judaïsme.

9.2 ἤγειρεν — S’agit-il ici d’une résurrection proprement dite, de cette résurrection d’un grand nombre de justes dont parle Matthieu 27.52 ? Ou bien ces mots font-ils allusion à la descente du Christ aux enfers pour en tirer les justes de l’ancienne loi, et les faire entrer au ciel ? Il paraît plus probable qu’Ignace a en vue cette délivrance des justes de l’Ancien Testament (Philad.9.1).

Chapitre 10

10.1 Μὴ οὖν ἀναισθητῶμεν τῆς χρηστότητος αὐτοῦ. ἐὰν γὰρ ἡμᾶς μιμήσηται καθὰ πράσσομεν, οὐκέτι ἐσμέν. διὰ τοῦτο, μαθηταὶ αὐτοῦ γενόμενοι, μάθωμεν κατὰ Χριστιανισμὸν ζῆν. ὃς γὰρ ἄλλῳ ὀνόματι καλεῖται πλέον τούτου, οὐκ ἔστιν τοῦ θεοῦ.

Ne restons donc pas insensibles à sa bonté. Car s’il vient à régler sa conduite sur la nôtre, c’en est fait de nous. Apprenons donc, à son école, à vivre selon le christianisme : quiconque, à son titre de chrétien, en ajoute un autre, est étranger à Dieu.

10.2 ὑπέρθεσθε οὖν τὴν κακὴν ζύμην, τὴν παλαιωθεῖσαν καὶ ἐνοξίσασαν, καὶ μεταβάλεσθε εἰς νέαν ζύμην, ὅ ἐστιν Ἰησοῦς Χριστός. ἁλίσθητε ἐν αὐτῷ, ἵνα μὴ διαφθαρῇ τις ἐν ὑμῖν, ἐπεὶ ἀπὸ τῆς ὀσμῆς ἐλεγχθήσεσθε.

Rejetez le mauvais levain, vieilli et aigri, pour vous transformer en un levain nouveau, qui est Jésus-Christ. Qu’il soit le sel qui vous préserve tous de la corruption, car c’est à l’odeur qu’on vous jugera.

10.3 ἄτοπόν ἐστιν, Ἰησοῦν Χριστὸν λαλεῖν καὶ ἰουδαΐζειν. ὁ γὰρ Χριστιανισμὸς οὐκ εἰς Ἰουδαϊσμὸν ἐπίστευσεν, ἀλλ᾿ Ἰουδαϊσμὸς εἰς Χριστιανισμόν, ᾧ πᾶσα γλῶσσα πιστεύσασα εἰς θεὸν συνήχθη.

Quelle absurdité d’avoir sur les lèvres (le nom de) Jésus-Christ, et de vivre en Juifs ! Car ce n’est pas le christianisme qui a cru au judaïsme, mais le judaïsme au christianisme, dans lequel sont venus se réunir les peuples de toute langue qui croient en Dieu.

Notes

10.3 Χριστιανισμὸς — Premier exemple connu de l’emploi de ce mot. Se rappeler que c’est à Antioche que fut forgé le nom de chrétien (Actes 11.26).

Chapitre 11

11.1 Ταῦτα δέ, ἀγαπητοί μου, οὐκ ἐπεὶ ἔγνων τινὰς ἐξ ὑμῶν οὕτως ἔχοντας, ἀλλ᾿ ὡς μικρότερος ὑμῶν θέλω προφυλάσσεσθαι ὑμᾶς, μὴ ἐμπεσεῖν εἰς τὰ ἄγκιστρα τῆς κενοδοξίας, ἀλλὰ πεπληροφορῆσθαι ἐν τῇ γεννήσει καὶ τῷ πάθει καὶ τῇ ἀναστάσει τῇ γενομένῃ ἐν καιρῷ τῆς ἡγεμονίας Ποντίου Πιλάτου · πραχθέντα ἀληθῶς καὶ βεβαίως ὑπὸ Ἰησοῦ χριστοῦ, τῆς ἐλπίδος ἡμῶν, ἧς ἐκτραπῆναι μηδενὶ ὑμῶν γένοιτο.

Si je vous parle ainsi, mes bien-aimés, ce n’est pas que je croie aucun de vous dans ces sentiments ; mais, bien qu’étant le plus petit d’entre vous, je désire vous voir en garde contre les hameçons des vaines doctrines, et fermement convaincus de la naissance du Sauveur, ainsi que de sa passion et de sa résurrection arrivées sous le gouvernement de Ponce-Pilate. Ces faits ont été véritablement et réellement accomplis par Jésus-Christ, notre espérance, à laquelle Dieu veuille qu’aucun de vous ne soit jamais infidèle.

Chapitre 12

12.1 Ὀναίμην ὑμῶν κατὰ πάντα, ἐάνπερ ἄξιος ὦ. εἰ γὰρ καὶ δέδεμαι, πρὸς ἕνα τῶν λελυμένων ὑμῶν οὐκ εἰμί. οἶδα ὅτι οὐ φυσιοῦσθε · Ἰησοῦν γὰρ Χριστὸν ἔχετε ἐν ἑαυτοῖς · καὶ μᾶλλον, ὅταν ἐπαινῶ ὑμᾶς, οἶδα, ὅτι ἐντρέπεσθε, ὡς γέγραπται, ὅτι ὁ δίκαιος ἑαυτοῦ κατήγορος.

Puissé-je trouver en vous toutes sortes de consolations, si toutefois j’en suis digne ! Car, bien que je sois dans les fers, et que, vous, vous soyez libres, je ne suis pas à comparer à un seul d’entre vous. Vous ne vous laissez pas enfler par l’orgueil, je le sais : car vous avez Jésus-Christ en vous-mêmes ; je sais au contraire que mes louanges vous font rougir, selon cette parole de l’Écriture : « Le juste est son propre accusateur. »

Notes

12.1 εἰ γὰρ καὶ δέδεμαι : malgré la dignité que me confère ma qualité de prisonnier de Jésus-Christ.

Chapitre 13

13.1 Σπουδάζετε οὖν βεβαιωθῆναι ἐν τοῖς δόγμασιν τοῦ κυρίου καὶ τῶν ἀποστόλων, ἵνα πάντα, ὅσα ποιεῖτε, κατευοδωθῆτε σαρκὶ καὶ πνεύματι, πίστει καὶ ἀγάπῃ, ἐν υἱῷ καὶ πατρὶ καὶ ἐν πνεύματι, ἐν ἀρχῇ καὶ ἐν τέλει, μετὰ τοῦ ἀξιοπρεπεστάτου ἐπισκόπου ὑμῶν καὶ ἀξιοπλόκου πνευματικοῦ στεφάνου τοῦ πρεσβυτερίου ὑμῶν καὶ τῶν κατὰ θεὸν διακόνων.

Ayez donc soin de vous tenir fermement attachés aux préceptes du Seigneur et des apôtres, et vous « réussirez en tout ce que vous entreprendrez » selon la chaire et l’esprit, dans la foi et la charité, avec le Fils, le Père et l’Esprit, du commencement à la fin, en union avec votre vénérable évêque, avec la précieuse couronne spirituelle de votre presbytérium, et avec vos saints diacres.

13.2 ὑποτάγητε τῷ ἐπισκόπῳ καὶ ἀλλήλοις, ὡς Ἰησοῦς Χριστὸς τῷ πατρὶ κατὰ σάρκα καὶ οἱ ἀπόστολοι τῷ Χριστῷ καὶ τῷ πατρὶ ἵνα ἕνωσις ᾖ σαρκική τε καὶ πνευματική.

Soyez soumis à l’évêque et les uns aux autres, comme Jésus-Christ, dans sa chair, le fut à son Père, et comme les Apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit, et qu’ainsi votre union soit à la fois extérieure et intérieure.

Notes

13.1 σαρκὶ καὶ πνεύματι, πίστει καὶ ἀγάπῃ — Le sens est celui-ci : le succès couronnera toutes vos entreprises temporelles et spirituelles ; car vous y serez soutenus, du commencement à la fin, par la foi et la charité, par le Père, le Fils et l’Esprit, et par votre union, etc.

13.2 κατὰ σάρκα : c’est selon la chair, c’est-à-dire en tant qu’homme, non en tant que Verbe, que Jésus-Christ est soumis à son Père. — L’authenticité de ces deux mots, qui manquent dans la version arménienne, est contestée.

Chapitre 14

14.1 Εἰδώς, ὅτι θεοῦ γέμετε, συντόμως παρεκέλευσα ὑμᾶς. μνημονεύετέ μου ἐν ταῖς προσευχαῖς ὑμῶν, ἵνα θεοῦ ἐπιτύχω, καὶ τῆς ἐν Συρίᾳ ἐκκλησίας, ὅθεν οὐκ ἄξιός εἰμι καλεῖσθαι · ἐπιδέομαι γὰρ τῆς ἡνωμένης ὑμῶν ἐν θεῷ προσευχῆς καὶ ἀγάπης, εἰς τὸ ἀξιωθῆναι τὴν ἐν Συρίᾳ ἐκκλησίαν διὰ τῆς ἐκκλησίας ὑμῶν δροσισθῆναι.

Vous sachant pleins de Dieu, je ne vous ai adressé qu’une courte exhortation Dans vos prières, souvenez-vous de moi, pour que j’arrive à Dieu ; souvenez-vous aussi de l’église de Syrie, dont je ne suis qu’un membre indigne. J’ai besoin en effet de l’union sainte de vos prières et de votre charité pour que votre église fasse tomber sur celle de Syrie la rosée (de la grâce divine).

Chapitre 15

15.1 Ἀσπάζονται ὑμᾶς Ἐφέσιοι ἀπὸ Σμύρνης, ὅθεν καὶ γράφω ὑμῖν, παρόντες εἰς δόξαν θεοῦ, ὥσπερ καὶ ὑμεῖς οἳ κατὰ πάντα με ἀνέπαυσαν ἅμα Πολυκάρπῳ, ἐπισκόπῳ Σμυρναίων. καὶ αἱ λοιπαὶ δὲ ἐκκλησίαι ἐν τιμῇ Ἰησοῦ χριστοῦ ἀσπάζονται ὑμᾶς. ἔρρωσθε ἐν ὁμονοίᾳ θεοῦ, κεκτημένοι ἀδιάκριτον πνεῦμα, ὅς ἐστιν Ἰησοῦς Χριστός.

Les Éphésiens qui sont à Smyrne vous saluent : c’est de cette ville que je vous écris ; ils y sont venus, comme vous, pour glorifier Dieu ; de concert avec Polycarpe, l’évêque de Smyrne, ils m’ont prodigué toutes sortes de consolations. Les autres églises vous saluent aussi en l’honneur de Jésus-Christ. Adieu ! je vous souhaite cette sainte concorde, et cette inébranlable fermeté d’esprit, qui est Jésus-Christ.

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