Avec Christ à l'école de la prière

PRÉFACE

Le volume excellent que nous publions a déjà eu en français une première édition il y a 42 ans. Elle est épuisée depuis longtemps. Nous croyons très utile d’en donner une seconde édition. Sans doute nous avons depuis vingt ans en français l’excellent ouvrage de S. D. Gordon : « Les simples entretiens sur la prière », dont je ne saurais; dire trop de bien et par le moyen duquel j’ai reçu d’inexprimables bénédictions, mais Andrew Murray et S. D. Gordon se complètent. Murray met en lumière certaines vérités que Gordon ne mentionne pas. De là notre vif désir de publier le présent volume tout en bénissant Dieu des cinq mille exemplaires du livre de Gordon qui circulent dans nos pays de langue française.

Cela dit, essayons de définir la prière.

Qu’est-ce que prier ? Prier c’est demander à Dieu une grâce précise, la demander avec foi, avec persévérance, avec insistance, peut-être pendant des jours et des nuits, à certaines époques.

Prier, c’est tout d’abord reconnaître notre dépendance de Dieu. « Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel ». (Jn 3.27) Nous n’avons rien qui ne nous vienne de Dieu. « C’est Lui qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait descendre au sépulcre et qui en fait remonter, il appauvrit et il enrichit, il abaisse et il élève ». (1Sa 2.6,7)

Et comme ce monde ne peut nous satisfaire et qu’il nous faut plus que tout ce que le soleil peut nous donner, notre âme a faim et soif de Dieu. Sans Lui je meurs de faim. La possession du monde entier et même de toutes les splendeurs matérielles de l’univers n’est rien pour nous sans Dieu. C’est Lui qu’il nous faut. Ce qui nous viendrait sans Lui, en dehors de Lui, nous éloignerait de Lui. « Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien », c’est ma richesse, c’est ma vie. Force et vie, secours et consolation, paix et pardon, espérance et victoire, tout me vient de toi, mon Dieu.

Tel est l’acte grandiose de la prière. « Le passereau a bien trouvé une maison et l’hirondelle un nid où elle abrite ses petits... Tes autels, ô Eternel, mon Roi et mon Dieu ! » À tes pieds je dépose toute indépendance, toute prétention, toute crainte, tout fardeau, tout péché, et je répète le cri de Jacob : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni ».

Prier, c’est plus encore : c’est reconnaître que, par un mystère insondable, Dieu veut dépendre de nous.

La prière, en effet, est un moyen d’agir sur Dieu. Elle ne suppose pas seulement notre faiblesse, notre pauvreté, mais aussi notre dignité royale, notre puissance, notre parenté avec Dieu. Ce n’est pas seulement l’amour, la sainteté, la patience de Dieu qui doivent se retrouver dans notre vie pour que nous ressemblions à notre Père céleste, mais aussi sa puissance. C’est une part de sa royauté qu’Il nous confère quand Il nous invite à prier. Il veut que par la prière, nous travaillions à notre création morale et spirituelle afin que les perfections du Créateur se retrouvent dans ses créatures et que le caractère du Père se retrouve dans ses enfants.

Rien ne nous est donné sans que nous le demandions. « Vous qui rappelez le souvenir de l’Eternel, point de repos pour vous, et ne lui donnez aucun relâche ». (Esa 62.7) Il faut demander, frapper, persévérer, importuner en s’appuyant sur les promesses de Dieu et l’œuvre expiatoire accomplie par Jésus-Christ.

Ainsi, au nom du Christ, en réclamant de Dieu ce que notre Sauveur nous a obtenu de grâces, en les réclamant, non pour notre propre satisfaction, mais pour la gloire de Dieu, pour que Sa volonté se lasse, pour que Jésus soit glorifié, nous entrons, comme notre Rédempteur. en possession de la toute puissance au ciel et sur la terre. (Ac 1.8) Si Dieu a donné à l’homme le sceptre de l’intelligence pour régner sur la terre, Il lui donne aussi le sceptre de la prière pour régner sur les puissances morales de l’univers.

Il n’y a rien de plus grand et de plus sacré que la prière. Pour contempler Dieu dans la gloire de ses perfections, s’entretenir avec Lui, lui exposer tous nos besoins, nous remettre entre ses mains, il faut le recueillement de tout notre être. On ne peut agir puissamment sur Dieu, saisir ses grâces, s’emparer de la plénitude de sa bénédiction sans l’effort de toutes nos énergies pour n’être plus rien et nous abandonner entre ses mains. « Je ne puis rien faire de moi-même » a dit le Fils unique, et il se prosternait devant le Père pour tout recevoir.

L’influence de la prière vraie, sérieuse, sur notre vie est immense, car prier c’est cesser de nous nourrir de nous-mêmes, pour puiser notre vie en Dieu, la source unique de tout bien.

La prière purifie l’âme, elle l’élève et lui communique des forces divines. Elle est la grande source de découvertes spirituelles, elle nous ouvre les yeux sur nous-mêmes et sur Dieu. Elle rend vivantes dans nos âmes les vérités qui y étaient mortes. À genoux, Dieu devient la grande, la seule réalité, la Bible un livre vivant et vivifiant. J’entends Dieu dans les pages sacrées. La prière m’arrache à toutes les ténèbres, à tous les esclavages, à toutes les erreurs, elle m’enrichit de convictions inébranlables, d’espérances surhumaines, d’expériences sublimes, elle m’arrache à la terre et me porte au ciel, elle me livre tout entier à Dieu, elle le fait descendre en moi, vivre en moi et elle lui donne la possibilité de travailler par moi en mettant ma volonté en pleine conformité avec la sienne.

La prière fortifie la foi. En face des dangers, des devoirs surhumains, des situations exceptionnelles, je me réfugie en Dieu. Lorsque Guillaume le Taciturne soulevait les Pays-Bas contre l’Espagne et qu’on cherchait à le décourager, il répondit : « J’ai fait alliance avec le plus puissant des Potentats ».

L’influence sanctifiante de la prière est une première grâce infiniment précieuse, mais elle est suivie d’une grâce encore plus excellente : c’est l’exaucement. Nous demandons dans le but de recevoir ce que nous demandons. Or la volonté de Dieu est de donner, de donner tout ce que Jésus-Christ nous a acquis par son sacrifice expiatoire. Mais cette volonté de Dieu peut être arrêtée, empêchée par notre attitude morale. Dieu me voit égoïste, orgueilleux, confiant en moi-même. Il voudrait m’accorder certaines bénédictions, mais elles nourriraient mon orgueil, mon égoïsme. Il ne peut. Sa volonté absolue cède à sa volonté temporaire : « l’Eternel attend pour faire grâce », il attend que je sois prêt. (Esaïe 30)

Il y a plus encore. Derrière le mystère des exaucements, il y a un mystère insondable: le Dieu infini a donné l’existence à des êtres distincts de lui, différents de lui, de peu inférieurs à lui-même. (Ps 8.6) En nous créant à, son image, à sa ressemblance, il a limite-provisoirement au moins sa liberté et sa puissance pour nous en donner une partie. C’est le sceau de notre grandeur. Il y a en nous une puissance qui peut s’opposer à Dieu et borner sa puissance, il y a en nous une volonté qui peut s’opposer à la volonté de Dieu. Nous sommes les frères du Seigneur Jésus, les enfants du même Père. Quand il est venu sur la terre, il n’est pas venu chez des étrangers, mais chez les siens. (Jean 1)

Aussi l’auteur de l’épître aux Hébreux (Heb 2.11) nous dit-il que « celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous sortis d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères ». En nous créant si grands et en se limitant en notre faveur, Dieu s’est montré infini en amour. Sans doute notre action a ses limites, mais par la prière elle est pourtant extraordinairement puissante. Nous sommes les collaborateurs de Dieu pour le salut du monde. Quel honneur ! « On me donnerait un trône pour que je ne prie pas, a dit un chrétien, que je refuserais le trône ; on me conduirait à l’échafaud si je prie encore que je préférerais l’échafaud ».

Ici de nombreuses questions se posent :

Comment Dieu a-t-il pu accorder un tel pouvoir aux hommes ? Comment la prière peut-elle s’harmoniser avec la volonté et les décrets arrêtés de Dieu ? Comment concilier la souveraineté de Dieu et la prière ? la liberté de Dieu et la nôtre ? Comment concilier les perfections de Dieu, son indépendance absolue, avec la prière ? A. Murray répond clairement à ces questions.

N’oublions pas, d’ailleurs, que la prière ne change pas et n’a pas pour but de changer la volonté de Dieu, mais de purifier notre volonté et de l’amener à vouloir uniquement ce que Dieu veut. Dieu ne change pas, il est toujours le même. C’est nous qui changeons.

L’Eternel fait annoncer à Ninive qu’elle sera détruite dans quarante jours. La ville se repent et Dieu lui fait grâce parce que Ninive a changé. La prière a pour but de mettre notre volonté en harmonie avec la volonté de Dieu, nos pensées avec ses pensées, nos vues avec ses vues, notre cœur avec son cœur. « Esclaves par nature de nos passions, nous en sommes affranchis par la prière » a dit J.-J. Rousseau. La prière vraie fait tomber tous les murs qui nous séparent de Dieu. Dans chaque soupir que nous faisons monter vers le ciel, il y a une force pour rejeter tout ce qui n’est pas de Dieu. Dieu est lumière et la lumière chasse les ténèbres.

La créature humaine qui veut Dieu tout entier et à tout prix, est transportée des ténèbres dans la lumière, du royaume du monde et de Satan dans le royaume de Dieu. La prière nous transporte dans l’atmosphère spirituelle dont les semences divines, déposées en nous, ont besoin pour germer. Les semences matérielles ne germent pas dans tous les terrains, à toutes les températures ni à toutes les altitudes. Des millions de graines périssent chaque année parce que les conditions nécessaires de température ne leur ont pas été fournies. On ne sème pas en hiver. Si ce point est délicat pour une plante, il est encore plus délicat pour la semence spirituelle. Celle-ci peut aussi se flétrir et périr complètement. Pour que les semences de vérité déposées en nous ne se flétrissent pas, il faut leur créer par la prière une atmosphère convenable, car la prière ouvre notre âme à l’action de Dieu, à l’esprit de la vérité, elle nous communique une répulsion instinctive pour tout ce qui est erreur.

Au sein d’un monde agité et troublé, sans sécurité et sans espérance, la prière de la foi, appuyée sur la Parole de Dieu, nous fait vivre dans le calme et le repos, elle nous met eh communion avec le Maître du monde, elle nous fait prendre part au plan de Dieu et à ses moyens d’action. En face des problèmes les plus obscurs, les plus troublants, les plus angoissants, elle nous garde dans le repos, car nous avons la conviction que tout va bien, puisque Dieu veille. La prophétie antique se réalisera: la tête du serpent sera écrasée !

Nous travaillons tous les jours à la formation et à la déformation de notre caractère, nous y avons déjà fait allusion. Si nous voulons reproduire le caractère de Jésus-Christ, prions beaucoup en veillant sans cesse sur nos pensées, nos paroles et notre humeur. « Je ne veux mépriser aucun genre de travail, a dit Adolphe Monod mourant, mais si je devais revivre, j’emploierais moins de temps au travail et plus de temps à la prière ». Soyons convaincu que ce que nous faisons pour Dieu n’a de valeur que dans, la mesure où notre vie de prière a, elle aussi, de la valeur.

Jean Baptiste, dit Jésus, était une lampe qui brûlait et qui éclairait Jean. (Jn 5.35) D’abord brûler, puis éclairer. Pour éclairer il faut avoir du feu en nous. Le feu est en Dieu, il est Dieu. « L’Eternel est un soleil ». Nous en prenons possession par la prière.

Disons enfin que la prière engendre la pensée, l’éclaire et la rend vivante. Un chrétien ne sait que ce qu’il a appris à genoux. C’est là seulement que nous recevons des révélations divines et que les forces divines prennent possession de nous. Il y a des voiles qui nous cachent la bonté de Jésus-Christ, il y a en lui des richesses que nous ignorons et qui nous appartiennent. C’est en priant que nous en prenons possession et que le Saint-Esprit prend possession de nous. Alors nous allons de découverte en découverte, de visions sublimes en visions plus sublimes encore. Alors nos bras, nos pieds, notre intelligence, nos lèvres, notre cœur, notre volonté servent d’instruments à Dieu pour se révéler et travailler ici-bas.

Parce que Georges Muller a prié, sans parler de ses besoins aux hommes, Dieu lui a envoyé par des milliers de canaux, trente-sept millions de francs; il a pu recueillir des milliers d’orphelins et être l’instrument béni de nombreux milliers de conversions.

Parce que Hudson Taylor a prié avec foi, des centaines de milliers de Chinois sont déjà entrés glorieusement dans l’Eternité et des millions sont évangélisés.

À cause des prières de foi de ces chrétiens qui s’appellent Georges Fox, Zinzendorf, Bengel, Richard Baxter, Irving, Dorothée Trudel, Joséphine Butler, des pécheurs sont venus à la repentance et à la foi, des femmes perdues ont été sauvées, des malades ont été guéris, des aveugles ont recouvré la vue, des sourds-muets ont recouvré l’ouïe, des montagnes ont été jetées dans la mer. La prière de la foi met la puissance de Dieu dans les mains de l’homme ; c’est pourquoi rien ne lui est impossible.

Pour éprouver le besoin d’avoir une vie de foi et de prière, songeons que nous vivons à une époque tragique. Le bolchévisme avec sa haine de toute morale et de toute religion, et sa passion de supprimer Dieu pour diviniser le prolétariat, nos sociétés de libre-penseurs athées, le chômage qui s’accentue dans tous les pays du monde, les peuples armés jusqu’aux dents les uns contre les autres, au sein de chaque peuple les partis qui se font une guerre acharnée, tout nous parle d’une humanité que Dieu semble avoir abandonnée à l’aveuglement et à la folie, après dix-neuf siècles de christianisme.

À ces maux universels et profonds, un seul peuple, le plus grand des peuples, le peuple chrétien, peut apporter un remède efficace par la prière de la foi accompagnée de l’action de la foi, car la prière de la foi est l’unique source de la lumière, de la vie spirituelle, de la puissance qui transporte les montagnes. Celui qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces a vécu cette vie de prière victorieuse pour nous rendre capables de la vivre.

La vie du Seigneur Jésus, en effet, a été une vie de foi absolue et de prière continuelle. C’est là le secret de sa puissance. Suivez-le pendant son ministère dans sa vie de prière et vous serez frappé de sa vie de dépendance de Dieu, si profondément humaine. « Pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui ». (Lu 3.21) « Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva et sortit pour aller dans un lieu désert où il pria ». (Mr 1.35) « Jésus se retirait dans les déserts et priait » nous dit. (Lu 5.15) Il avait l’habitude d’agir ainsi.

Avant de choisir ses 12 apôtres, « il se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier ». (Lu 6.12)

Après le miracle de la multiplication des pains, « il monta sur la montagne à l’écart afin de prier; et comme le soir était venu, il était là seul ». (Mt 14.23)

Le résultat de ces heures-peut-être de cette nuit de prière se manifestait par une puissance illimitée. « Les gens le prièrent de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui le touchèrent furent guéris ».

La prière de la foi est la plus grande puissance que Dieu ait confiée à l’homme. Elle est une lutte contre notre moi, un dépouillement de toute confiance en nous, de toute vie propre, une immolation de notre volonté propre. Prier avec sérieux, avec vérité, c’est se quitter pour prendre possession de Dieu. Je ne me veux plus, je veux Dieu.

Rendons-nous bien compte que la toute puissance de Jésus reposait sur son impuissance volontaire à ne rien faire de lui-même, en un mot sur sa dépendance absolue de Dieu.

« Son pouvoir miraculeux, qui est une réponse à ses prières, est dans chaque circonstance un emprunt fait par l’indigence et par la fidélité humaines à la richesse divine ».

La puissance de Jésus a été absolument humaine; elle était le résultat de ses prières pleines de foi et de sa parfaite obéissance. Que dans notre humanité, Dieu rencontre des créatures dont la volonté soit tout entière prosternée devant Sa volonté, des êtres qui ne vivent et ne prient que par le Saint-Esprit, et Dieu se réjouira de les associer aussi complètement que possible à sa puissance. Et ainsi sera réalisée la pensée éternelle de Dieu.

La puissance dont Jésus prenait possession par la prière et qui se manifestait par de nombreux miracles se transformait peu à peu en la toute puissance réellement possédée. Aussi a-t-il pu dire à ses disciples avant de monter au ciel : « tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez. Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du temps ».

C’est une parole de triomphe. Jésus se proclame le roi de l’univers. Tout genou fléchira devant lui. C’est la récompense de sa vie sainte et de sa mort expiatoire. Dans sa personne l’abîme qui séparait le fini de l’infini est comblé par un membre de notre race. En Jésus nous voyons l’homme vrai tel que Dieu l’a toujours voulu.

Pour nous l’affirmation royale du Seigneur Jésus est une parole lumineuse qui nous ouvre des horizons infinis, car cette toute puissance que Jésus possède, il l’a acquise pour nous, croyants ; il ne peut l’exercer que par nous, comme le cep ne peut porter de fruits que par les sarments. Et c’est parce qu’il ne peut porter de fruits ici-bas que par nous, qu’il ne peut exercer son pouvoir que par nous, qu’il nous initie au secret de sa toute-puissance en nous disant : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même », c’est-à-dire avant de parler j’écoute dans le recueillement et la prière, ensuite je répète ce que le Père m’a dit. Et ce qui est vrai de mes paroles est vrai de mes œuvres, elles sont les œuvres-clé Dieu : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même. Le Père qui demeure en moi, c’est Lui qui fait les œuvres ». Et celui qui voudra vivre la même vie de foi, d’obéissance, d’immolation de toute vie propre, verra ma toute-puissance s’exercer par lui. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je m’en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez, quelque chose en mon nom, je le ferai ».

Mais cette promesse si extraordinaire, qui met entre nos mains, si nous sommes des hommes de foi absolue, la toute puissance du Sauveur au ciel et sur la terre, l’a-t-on jamais réellement vue se manifester par le moyen de créatures humaines? Certainement. « L’Ecriture ne peut être anéantie », (Jn 10.35) a dit le Sauveur du monde. Les promesses faites par Jésus et conservées pour nous dans les Evangiles, nous les voyons expérimentées par les apôtres dans les Actes.

« Vous ferez des œuvres plus grandes » a dit le Sauveur. Et le jour de la Pentecôte un seul discours de Pierre produit plus de résultats que tous les discours de Jésus pendant son ministère terrestre. Avec la même puissance, Paul fonde des loyers de lumière au sein des plus épaisses ténèbres du paganisme.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais ». Et Pierre adresse une parole royale à un impotent de naissance : « Je n’ai ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. Et à l’instant l’impotent se leva, marcha, sauta et loua Dieu ». Un peu plus tard, le même apôtre dira à un homme nommé Enée, couché sur un lit depuis huit ans, et paralytique : « Enée, Jésus-Christ te guérit ; lève-toi et arrange ton lit. Et aussitôt Enée se leva ». À la même époque, Pierre ressuscite Dorcas.

« Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s’augmentait de plus en plus; en sorte qu’on apportait les malades dans les rues et qu’on les plaçait sur des lits et des couchettes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrit quelqu’un d’eux. La multitude accourait aussi des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris ». (Ac 5.12-16)

Paul affirme que « les preuves de son apostolat ont éclaté au milieu des Corinthiens par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles ». (2Co 12.12) Il écrit à l’Eglise de Rome : « Je n’oserais mentionner aucune chose que Christ n’ait pas faite par moi pour amener les païens à l’obéissance par la parole et par les actes, par la puissance des miracles et des prodiges, par la puissance de l’Esprit de Dieu ». (Ro 15.18)

Le livre des Actes nous affirme que « Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu’on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps et les maladies les quittaient ». (Ac 19.11)

Dans ce temps-là on priait et Dieu agissait ; on priait avec foi et on transportait des montagnes d’impossibilités. Dieu était rendu visible.

Le temps des miracles n’a pas pris fin avec le siècle apostolique. Depuis 19 siècles l’histoire de l’Eglise nous montre que ceux qui ont cru d’une foi vivante et agissante ont fait les mêmes œuvres que le Seigneur Jésus et de plus grandes encore.

L’histoire de la véritable Eglise de Dieu, est d’une monotonie sublime. L’époux divin a vécu sur la terre une vie parfaite, ne se nourrissant que de la volonté de son Père. « Il a été la vérité et la vie, l’amour et la sainteté, l’humilité et la compassion ». Son épouse a marché sur ses traces malgré les plus dures épreuves, elle a enduré courageusement son sanglant calvaire.

Je ne puis retracer, même à vol d’oiseau, cette histoire surnaturelle. La vie de prière, de foi et de puissance s’est répétée des milliers de fois dans les grands évangélistes de l’âge apostolique et dans les siècles suivants jusqu’à nos jours. Jésus-Christ s’est incarné dans les Patrick et les Valdo, dans les Jean Huss et les Luther, dans les Farel et les Calvin, dans les Zinzendorf et les Wesley, dans Dos grands missionnaires du XVIIIe et du XIXe siècles, dans ces femmes sublimes qui s’appellent Elisabeth Fry, Joséphine Butler, Catherine Booth, et le monde a vécu de leur vie depuis 19 siècles. Ah ! si tous les chrétiens de nom avaient vécu de cette vie-là, que de détresses matérielles et morales qui n’existeraient pas! Le monde, qui vivrait du Christ incarné dans tous les professants, meurt de son absence. Les hommes et les femmes pleins de foi ont seuls été sur la terre des puissances de régénération et de vie.

Mais ils ne se sont pas contentés de prier et de croire. Derrière la prière de la foi une autre force s’est manifestée: l’action de la foi chez tous les vrais hommes de Dieu, l’action de la foi, c’est-à-dire le sacrifice personnel poussé jusqu’à l’héroïsme, a accompagné la prière de la foi. Tout le secret de la puissance est là. Cette action de la foi, réalisée d’une façon parfaite dans l’abaissement du Fils de Dieu et ses souffrances rédemptrices, est le ressort intime de tous les efforts faits sur la terre pour glorifier Dieu et sauver les âmes. Prier et agir, prier et travailler à l’exaucement de nos prières, prier et s’immoler pour ne vivre que la vie du Saint-Esprit, c’est le secret de la toute puissance.

À quiconque se plaint de manquer de puissance et de ne pas voir ses prières exaucées, Dieu répond en l’invitant à payer le prix :

« Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes pour qu’il y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel, et vous verrez si je ne répands pas sur vous la bénédiction en telle abondance que vous n’y pourrez suffire ».

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