Avec Christ à l'école de la prière

4. LA PRIÈRE MODÈLE

Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! (Mt 6.9)

Tout instituteur connaît la force de l’exemple. Il ne dit pas seulement à l’enfant ce qu’il doit faire et comment il faut le faire, mais encore il lui montre comment il peut le faire.

Comprenant notre faiblesse, notre céleste Instituteur nous fournit les termes mêmes avec lesquels nous pouvons nous approcher du Père.

Dans l’Oraison dominicale nous avons une formule de prière qui comprend toute la plénitude de la vie éternelle; elle est si simple qu’un enfant peut la bégayer, et si divinement riche qu’elle renferme tout ce que Dieu peut nous donner.

Ce modèle doit inspirer toutes nos prières. Il restera toujours l’expression par excellence des besoins de notre âme devant Dieu.

Notre Père qui es aux cieux !

Pour donner à ce terme d’adoration sa juste valeur, répétons ici qu’aucun des saints de l’Ancienne Alliance n’a jamais osé s’adresser à Dieu comme, à, son Père. Ce début nous révèle d’emblée la merveilleuse dispensation que le Fils est venu nous apporter, en nous montrant son Père comme notre Père. Cette invocation renferme le mystère de la Rédemption! -Christ nous délivrant de la malédiction afin que nous devenions enfants de Dieu ; — le mystère de la Régénération — l’Esprit nous donnant, par la nouvelle naissance, une vie nouvelle; le mystère de la Foi — la Parole préparant les disciples à la bienheureuse expérience par laquelle ils auront à passer, avant que la Rédemption soit accomplie !

Ces mots sont la clef de toute prière. Il ne faut pas moins de la vie entière pour les étudier et de l’éternité pour les comprendre. Apprendre à connaître Dieu comme notre Père, nous emparer de son amour pour nous, voilà la première leçon, bien simple, mais si élevée que nous ne pouvons la saisir complètement qu’à l’école de la prière.

Ce n’est que lorsque cet amour paternel de Dieu nous est révélé par le Saint-Esprit, et que nous entrons-en communion personnelle avec Dieu que la puissance de la prière prend son plein développement. D’autre part, la prière s’épanouit dans une sainte joie, dans la contemplation de l’amour, de la tendresse, de la compassion et de la patience infinis du Père. Laissons le Saint-Esprit réaliser, en nous ces paroles: Notre Père qui es aux cieux, de telle sorte qu’elles remplissent notre cœur et transforment notre vie, par elles nous pénétrerons dans le heu très saint en dedans du voile.

Ton nom soit sanctifié.

Une remarque avant tout. Dans nos prières habituelles, ne sont-ce pas nos besoins, nos désirs qui passent en première ligne, et seulement après que nous nous préoccupons des intérêts du règne de Dieu ? Ici le maître intervertit l’ordre que nous avons établi. Tout d’abord : Ton nom ! Ton règne ! Ta volonté !

En second lieu : Donne-nous ! pardonne-nous! conduis-nous ! délivre-nous !

Cette leçon a plus d’importance que nous ne le pensons. Dans toute adoration sincère, Dieu a droit à la première place. Plus nous nous oublierons nous-mêmes pour que Lui seul soit glorifié, plus ses bénédictions descendront, riches et abondantes, sur nous. Qui a jamais perdu quoi que ce soit pour avoir fait un sacrifice au Père ?

Il y a deux sortes de prières. La prière personnelle et. celle d’intercession. Convenons-en, cette dernière nous prend peu de temps et nous y mettons peu d’ardeur. Christ veut former à son école des intercesseurs capables, par leur foi, de faire descendre la bénédiction d’en haut sur son œuvre ici-bas. Si nous résistons à cet enseignement-là, point de développement possible dans la prière.

Un petit enfant demande d’abord à son Père ce qu’il désire pour lui, mais bientôt il arrive à dire : « Donne-m’en aussi pour ma sœur ». Le fils ayant atteint l’âge d’homme, s’il se préoccupe avant tout des intérêts de son père, en obtiendra facilement ce qu’il lui demandera pour lui-même. Jésus veut nous former à cette vie de consécration dans laquelle nos intérêts personnels sont subordonnés à la volonté de Dieu. Que cette œuvre bénie se fasse en chacun de nous, à la, gloire de Dieu !

Ton nom soit sanctifié.

Quel nom ? le nom béni de Père ! Le mot saint est le mot central de l’Ancien Testament, celui de Père est le mot central du Nouveau.

Toute la gloire et la sainteté de Dieu se révèlent dans ce nom d’amour. Et comment sera-t-il sanctifié ? Par Dieu lui-même.

« Je sanctifierai mon grand nom que vous avez profané. » (Eze 36.23)

Notre union avec Dieu par la prière devrait être de telle nature que nous proclamions par notre vie au milieu monde la sainteté et la grandeur du nom Père. Que ce soit notre être tout entier qui répète :

Notre Père... que ton nom soit sanctifié !

Ton règne vienne.

Le Père est un Roi, il possède donc un royaume. Le prince-héritier d’un roi de la terre n’a pas d’ambition plus haute que la gloire du royaume de son père. En temps de guerre ou de danger public, cette ambition devient sa passion dominante, et il n’a plus d’autre pensée.

Les enfants du Père céleste sont ici-bas sur une terre ennemie où le royaume des cieux n’est pas encore manifesté. Quoi de plus naturel, lorsqu’ils ont appris à sanctifier le nom du Père que de les entendre crier avec un enthousiasme mêlé d’impatience : « Ton règne vienne ! » La venue du règne de Dieu, n’est-ce pas la révélation de la gloire du Père, la sanctification de ses enfants et le salut du monde ? La venue du règne de Dieu dépend de nos prières ! Y avons-nous songé ? Joignons donc nos voix au cri ardent des rachetés.

« Ton règne vienne ! »

Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel.

Que de fois en notre vie n’avons-nous appliqué cette prière qu’à subir la volonté de Dieu, oubliant qu’au ciel la volonté de Dieu est faite et non subie, demandons l’esprit d’adoration, de soumission et d’obéissance, par lequel nous pouvons faire cette volonté. Le bonheur des anges est de l’accomplir. Plus nous ferons la volonté du Père, plus, le royaume des cieux sera réalisé en nous. Dès que la foi a accepté l’amour du Père, l’obéissance accepte sa volonté.

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.

Si nous sommes entièrement soumis au Père, notre premier soin sera de sanctifier son nom, d’avancer son règne et de faire sa volonté. Alors, mais seulement alors, nous aurons la liberté de demander notre pain quotidien. Un maître prend soin de la nourriture de son serviteur, un général de celle de ses soldats, un père de celle de ses enfants. Le Père céleste ne prendra-t-Il pas soin de l’enfant qui, dans sa prière, s’est préoccupé avant toutes choses de ses intérêts à lui ?

Nous pourrons dire avec une parfaite assurance :

« Père, je ne veux travailler que pour toi, je ne veux vivre que pour t’honorer, je sais que tu prendras soin de moi ».

En nous consacrant entièrement au service de Dieu, et en ne voulant plus que ce qu’Il veut, nous aurons une liberté merveilleuse pour lui demander les choses de la vie présente.

Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

Le pain est la nourriture essentielle du corps, le pardon des offenses est le premier besoin de l’âme. La promesse est aussi certaine pour l’un que pour l’autre. Avant d’être enfant du Père, nous sommes des pécheurs ; C’est le sang précieux de Christ, versé pour nous, qui nous a acquis le droit de nous présenter devant le Père, et de lui demander son pardon.

Prenons garde que cette demande ne devienne une simple formule: ce ne sont que les fautes réellement confessées qui sont réellement pardonnées. Acceptons le pardon qui nous est promis, avec foi, comme une vérité spirituelle. C’est la porte par laquelle nous pénétrons dans les privilèges des enfants de Dieu, mais n’oublions pas la condition imposée.

Il est impossible de faire une expérience complète du pardon si nous ne l’exerçons pas envers notre prochain. La relation de l’enfant de Dieu avec son Père s’exprime par le mot pardonne, celle de l’homme avec son frère par le mot pardonnons. Il faut que le chrétien arrive à dire avec sincérité qu’il n’est plus personne qu’il ne puisse aimer d’un amour chrétien.

Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal.

Les trois demandes de notre pain quotidien, du pardon de nos offenses, de la délivrance du mal et de la tentation renferment tout ce qui nous est nécessaire.

Pourrions-nous prier avec efficace si nous n’étions convaincus que Dieu peut nous garder de la puissance du malin ?

Enfants de Dieu ! Voilà dans quel esprit Jésus veut que nous priions notre Père qui est aux cieux.

Que son nom, son règne, sa volonté tiennent la première place dans nos requêtes, et, nous pouvons être assurés que Dieu pourvoira à nos besoins temporels, nous pardonnera nos péchés et nous préservera de tout mal.

La prière nous révèle ainsi que pour l’enfant de Dieu, le Père est tout, oui, tout, et que ce qui est à lui appartient aussi à son enfant. Que notre prière soit une véritable communion entre lui et nous, et qu’elle nous ramène constamment aux pieds de Celui qui est le commencement et la fin.

Car c’est à toi qu’appartiennent dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire, Amen.

Fils du Père, enseigne-nous à dire « Notre Père ! »

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

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