Avec Christ à l'école de la prière

18. LA PRIÈRE D’ACCORD AVEC LA DESTINÉE DE L’HOMME

Ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ? (Mt 22.20)

Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. (Ge 1.26)

« De qui est cette effigie ? » Jésus, par cette question, déroute ses ennemis, au moment où ils espéraient le prendre en défaut, et les met en face de leur devoir en ce qui concerne les impôts. Le principe mis en lumière par ce récit est d’une application universelle et, nulle part, d’une manière aussi frappante.

L’image que l’homme porte en lui-même décide de sa destinée ; si c’est celle de Dieu, il appartient à Dieu.

Plus nous méditons sur la prière et sur la puissance merveilleuse qu’elle exerce sur Dieu, plus nous sommes poussés à nous demander ce qu’est l’homme pour qu’une pareille place dans les conseils de Dieu ait pu lui être départie. Le péché l’a amené à un, tel état de dégradation que nous ne pouvons absolument pas nous former une idée, par ce qu’il est devenu, de ce qu’il devait être. Pour bien nous rendre compte du but que Dieu s’est proposé, revenons au récit qu’Il nous a fait lui-même de la création de l’homme et nous verrons quels dons Il lui avait conférés pour qu’il pût répondre à cette vocation.

L’homme était destiné à remplir la terre, à se l’assujettir et à dominer sur tout ce qu’elle contient. (Ge 1.28)

Ces trois expressions nous montrent qu’il a été créé pour gouverner le monde comme représentant de Dieu. Assujetti lui-même à Dieu, il devait s’assujettir toutes choses pour le service de Dieu.

Tout devait s’accomplir par le travail de l’homme sur la terre, l’avenir de la création était entièrement remis entre ses mains.

Sa destinée était donc en harmonie avec la position qu’il devait occuper et la puissance mise à sa disposition. Quand un souverain envoie un vice-roi dans une province éloignée, il va de soi que celui-ci se réserve de donner son avis sur la politique à suivre et de demander que l’on agisse d’après son conseil. Le vice-roi a la liberté de réclamer les secours et les moyens nécessaires pour mettre en œuvre les ordres du souverain et maintenir la dignité de son empire.

S’il ne remplit pas ses fonctions d’une manière satisfaisante, il est rappelé, sa place est donnée à un autre qui, mieux que lui, saura comprendre et exécuter la volonté de son maître. Tant qu’il a la confiance du souverain, on suit ses conseils.

Tout donc sur la terre devait s’accomplir par la volonté de l’homme. À sa demande le ciel aurait répandu ses bénédictions sur la terre ; la prière aurait été le canal naturel par lequel les relations entre le Roi des cieux et son fidèle serviteur, seigneur de la création, auraient été maintenues.

Au moment de la chute de l’homme, tout sur la terre, subit un terrible changement : le péché fit tomber la création tout entière sous le poids de la malédiction.

La rédemption fut le commencement d’une glorieuse restauration. Dès que Dieu, en appelant Abraham, se fut mis à part un peuple, peuple d’où devait sortir non seulement des rois, mais le Roi des rois, nous voyons quelle fut la puissance de la prière du fidèle serviteur de Dieu sur les destinées de ceux qui sont en rapport intime avec le Tout-Puissant. Abraham nous fait comprendre que la prière est non seulement le moyen d’obtenir une bénédiction personnelle, mais qu’elle est encore l’exercice d’une prérogative royale, qui a une influence positive sur les destinées de l’homme et sur la volonté du Dieu qui les gouverne.

Nous ne voyons jamais Abraham prier pour lui-même : ses prières pour Sodome, pour lot, pour Abimélec, pour Ismaël, prouvent la puissance que possède l’ami de Dieu, et montrent que c’est entre ses mains qu’est confiée la destinée de ceux qui l’entourent. Tel a été le sort de l’homme dès le commencement. Non seulement l’Ecriture nous le dit, mais elle nous enseigne comment il se peut que Dieu ait appelé l’homme à une pareille vocation. C’est parce qu’Il l’a fait à son image et selon sa ressemblance.

Dieu n’a pas formé l’homme à son image sans le douer en même temps des qualités morales nécessaires pour porter dignement cette ressemblance. Il existait entre Dieu et lui une harmonie intime qui mettait la créature en état d’être le médiateur entre le Créateur et la création. L’homme était créé pour être prophète, prêtre, roi, pour interpréter la volonté de Dieu, pour intercéder, pour recevoir et dispenser les munificences de Dieu.

C’est parce qu’il a été créé selon la ressemblance de Dieu que l’homme peut comprendre les vues de Dieu, accomplir ses plans, et que le Père céleste lui a confié ce merveilleux privilège. Quoique le péché ait modifié pour un temps les plans de l’Eternel, la prière reste ce qu’elle est en principe. Elle est pour nous la preuve de notre ressemblance primitive avec Dieu, le véhicule de nos relations avec le pouvoir, par lequel nous tenons la main qui dirige l’univers. La prière n’est pas seulement le cri du su pliant qui veut obtenir miséricorde ; c’est l’expression la plus élevée de la volonté de l’homme qui, se sachant d’origine divine, se sent capable d’exécuter avec une entière liberté les décisions de l’Eternel.

La grâce a rétabli ce que le péché avait détruit. Ce que le premier Adam avait perdu, le second Adam l’a retrouvé.

Par Christ, l’homme peut être rétabli dans sa position primitive, et l’Eglise, demeurant en lui hérite de la promesse.

« Demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ». (Jn 15.7)

Cette promesse ne se rapporte pas seulement aux bénédictions que nous réclamons pour nous-mêmes, mais elle nous rappelle que, comme des sarments attachés au cep divin, nous devons porter des fruits et vivre uniquement à la gloire du Père. Cette promesse est faite à ceux qui, ayant renoncé à eux-mêmes, demeurent en Christ, et ne veulent plus d’autre vie que celle de l’obéissance. Ils savent que ce n’est qu’en perdant leur vie qu’ils la retrouveront en lui.

Ce n’est que par la nouvelle naissance que nous sommes ramenés à notre origine première, parce qu’elle nous rend l’image et la ressemblance de Dieu.

Ceux qui ont compris cette vérité ont réellement le pouvoir d’obtenir les bénédictions d’en haut, pour les répandre sur ceux qui les entourent. Ils expriment leurs désirs avec une sainte hardiesse, ils vivent comme les prêtres de Dieu en sa présence, et en tant que rois, ils peuvent disposer des puissances du monde à venir. Pour eux commence déjà à s’accomplir cette promesse : « Demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé ». (Jn 15.7)

Eglise du Dieu vivant ! Ta vocation est plus élevée, plus sainte que tu ne t’en doutes. C’est par tes membres, comme rois et sacrificateurs, que Dieu veut gouverner le monde ; leurs prières accordent ou retiennent les bénédictions du ciel !

Par les élus qui ne se contentent pas seulement d’être sauvés, mais qui consacrent leur vie à Dieu, le Seigneur révèle quelles magnifiques destinées auraient été celles de l’homme sans la chute. C’est par ses élus qui crient à lui jour et nuit, qui s’approchent de lui au nom du Fils, que le Père accomplit son « conseil admirable ». (Esa 28.29)

Maintenant que l’homme est racheté, sa dignité première commence de lui être rendue. Il entre dans les desseins de Dieu que son peuple accomplisse sa volonté sur la terre en y établissant son royaume. Ceux qui demeurent en Christ ne seront-ils pas prêts à prendre leur place auprès de lui, le grand sacrificateur-roi, et ne feront-ils pas monter leurs prières où ils exprimeront hardiment ce qu’ils désirent que Dieu fasse ? L’homme racheté doit, comme porteur de l’image de Dieu et son représentant sur la terre, se rappeler que, par ses prières, il est chargé de décider des destinées humaines.

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

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