Avec Christ à l'école de la prière

31. UNE VIE DE PRIÈRE

« Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses : c’est là ce que Dieu demande de vous en Jésus-Christ. » (1Th 5.16-18)

Notre Seigneur a prononcé la parabole, du juge inique et de la pauvre veuve pour nous enseigner que l’homme « doit prier toujours et ne point se relâcher ». (Lu 18.1 et suivants)

La veuve persévère à demander une chose définie et positive, et il semblerait que la parabole a en vue la prière persévérante qui réclame une bénédiction spéciale que souvent Dieu n’accorde pas tout de suite.

Les épîtres qui nous parlent de la vigilance associée à la prière constante, faite toujours selon l’Esprit, semblent se rapporter plutôt à une vie qui serait entièrement consacrée à la prière. Si notre âme est remplie de l’ardent désir que, la gloire de Dieu se manifeste en nous, autour de nous et par nous, avec l’assurance qu’Il entend la prière de ses enfants, notre vie intérieure fera de continuels progrès dans la foi et la confiance.

En terminant ces méditations, il ne nous est pas difficile de comprendre ce qu’il faut pour mener une vie de prière. La première condition est, sans aucun doute, le sacrifice complet de notre vie à la gloire de Dieu.

Celui qui cherche à prier sans cesse seulement parce qu’il veut être pieux et bon, n’y arrivera jamais. Notre cœur ne peut s’élargir que si nous nous oublions nous-mêmes. Nous arriverons alors à considérer toutes choses à la lumière divine. Nous reconnaîtrons pour tout ce qui nous entoure la nécessité du secours et de la bénédiction de Dieu. Nous y verrons une occasion de le glorifier.

Quand tout dans notre vie est envisagé et jugé au seul point de vue de la gloire de Dieu; quand nous aurons découvert que cela seul qui vient de lui peut réellement être à sa gloire, notre vie entière deviendra une aspiration vers le ciel, un cri du cœur pour que Dieu prouve sa puissance et son amour en manifestant sa gloire. Notre conscience se réveillera ; nous comprendrons que nous sommes des sentinelles avancées sur les murs de Sion, chargées de célébrer la mémoire du Seigneur. Notre appel touchera réellement le Roi des cieux, nous aurons une influence positive sur lui pour l’engager à faire ce qu’Il n’aurait pas fait sans nos prières. Ces exhortations de Saint-Paul deviendront une réalité pour nous :

« Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance et priez pour tous les saints. Priez pour moi ». (Eph 6.18)

« Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces. Priez en même temps pour nous ». (Col 4.2-3)

Renoncer à soi-même, vivre pour Dieu et sa gloire parmi les hommes, voilà donc le chemin qui conduit à prier sans cesse. Cette vie consacrée à Dieu doit être accompagnée d’une confiance entière dans l’efficacité de notre prière. Nous avons vu notre bien-aimé Sauveur, dans ses enseignements, insister particulièrement sur la foi au Père, le Dieu trois fois saint, qui accorde certainement ce que nous lui demandons « Demandez et vous recevrez ». (Mt 8.7) L’exaucement certain de nos prières est pour Jésus le commencement et la fin de son enseignement.

Si nous possédons vraiment cette assurance et que nous soyons convaincus que nos prières ont une influence indiscutable auprès de Dieu, nous ne négligerons plus la merveilleuse puissance qu’Il nous a accordée. Notre âme se tournera complètement vers Dieu et notre vie deviendra une vie de prière. Le Seigneur prend le temps nécessaire pour nous répondre parce que nous et tout ce qui nous entoure, sommes des créatures du temps, soumises à la loi du progrès. Mais si nous croyons qu’aucune prière offerte avec foi ne peut être perdue, nous croyons aussi qu’il y a des moments où il faut que nos requêtes s’accumulent au pied du trône de Dieu jusqu’à ce qu’elles atteignent, par leur persévérance, une force irrésistible.

Ce n’est pas en Dieu, ni dans sa secrète volonté, mais en nous seulement que se trouve l’obstacle à l’exaucement de nos prières.

C’est quand nous ne sommes pas ce que nous devons être que nous n’obtenons pas la réalisation de la promesse.

Les Paroles de notre Père contenues dans sa sainte Ecriture nous sonderont, nous humilieront, nous relèveront, nous fortifieront et finalement nous donneront le bonheur.

Pour la foi qui sait qu’elle obtient ce qu’elle demande, la prière n’est plus un travail ou un fardeau, mais une joie et un triomphe ; elle deviendra pour nous une nécessité et une seconde nature.

Cette union de ferveur et de ferme assurance n’est au fond que la vie du Saint-Esprit en nous. Le Saint-Esprit habite en nous. Il se cache dans les replis les plus secrets de notre cœur. Tantôt Il se manifeste par des soupirs qui ne se peuvent exprimer ; tantôt par une foi claire et consciente; tantôt par des demandes spéciales, distinctes, pour que Christ se révèle plus complètement à nous; tantôt par des supplications pour une âme en particulier, pour une œuvre, pour l’Eglise, pour le monde. N’importe ! C’est toujours le Saint-Esprit seul qui met dans le cœur la soif de Dieu, la soif de sa révélation, la soif de sa gloire.

Lorsque l’enfant de Dieu marche et vit réellement selon l’Esprit, lorsqu’il ne veut plus de l’existence de la chair, mais qu’il cherche avant tout la vie spirituelle et qu’il veut être un instrument entre les mains de Dieu pour révéler Christ autour de lui, alors la vie d’intercesseur du Fils bien-aimé ne peut que devenir nôtre et se refléter dans tous nos actes.

C’est donc par l’Esprit que tout obstacle sera aplani et que l’harmonie entre Dieu et nous sera parfaite. Mais la chose principale qu’il nous faut pour une vie de prière incessante, c’est la conviction que Jésus nous enseigne à prier. C’est la communion de la propre vie de Jésus qu’il nous faut. C’est la vie de Jésus en prière qui a poussé les disciples à lui demander de leur enseigner à prier. Il en est de même pour nous, c’est la vue de Jésus priait sans cesse qui nous enseigne véritablement à prier. Nous en savons la raison, Celui qui prie de la sorte est notre chef, notre vie. Tout ce qu’Il possède devient notre propriété, si nous lui appartenons complètement. Par son sang répandu pour nous, Il nous fait entrer en la présence immédiate de Dieu. Le lieu très saint est notre demeure; nous avons le droit d’y habiter. Ceux qui vivent en Dieu et qui sentent qu’ils ont été amenés à cette nouvelle vie pour être en bénédiction à ceux qui ne la connaissent pas encore, ne peuvent faire autrement que de prier.

Christ nous rend participants avec lui à sa vie de prière et à la force qui en découle. C’est ce qui nous fait comprendre que le vrai but de notre vie ne doit pas être seulement de travailler beaucoup et de prier assez pour que notre œuvre n’en souffre pas, mais de prier beaucoup et de travailler assez pour que la force et la bénédiction obtenues par la prière retombent sur nos compagnons de route par notre moyen.

Non seulement Christ, qui sauve et qui règne, nous inspire notre vie de prière, mais Il nous la conserve toujours, si nous nous confions en lui. Il se fait le garant de notre prière incessante. Christ est tout : c’est lui qui nous donne la vie et la force, afin que nous priions constamment et sans nous lasser. C’est l’intercession continuelle de Christ, présente à notre cœur, qui nous rendra capables de prier sans cesse. C’est parce que la sacrificature de Jésus est l’emblème de la puissance que doit avoir la vie nouvelle, que prier sans cesse peut devenir pour nous la joie vivante et réelle du ciel dès ici-bas. « Soyez toujours joyeux ». « Priez sans cesse ». « Rendez grâces en toutes choses ». (1Th 5.16-18)

La joie éternelle, la louange éternelle, la prière éternelle, n’est-ce pas là la manifestation de la vie éternelle, du ciel enfin, où Jésus prie éternellement ? L’union entre le cep et le sarment n’est en réalité que l’union par la prière. La conformité entière avec Christ, la participation bénie à la gloire de sa vie divine est réalisée par la part que nous prenons à son œuvre d’intercession. Lui et nous, nous vivrons pour prier toujours.

À mesure que nous ferons l’expérience de notre union avec lui, prier sans cesse deviendra une possibilité, une réalité, le but essentiel et le résultat béni de notre communion avec Dieu. Notre demeure permanente est en dedans du voile, en la présence même du Père ; ce que le Père dit, nous le faisons; ce que le Fils dit, le Père le fait.

Prier sans cesse, c’est le ciel descendant jusqu’à nous. C’est l’avant-goût de cette vie céleste où nul ne s’arrête, ni jour ni nuit, dans le chant de la louange et dans l’adoration.

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

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