La bénédiction de la Pentecôte dans sa plénitude

IX. COMMENT CETTE GRÂCE ATTEINT SON PLEIN ÉPANOUISSEMENT

Je fléchis les genoux devant le Père... afin qu'Il vous accorde d'être puissamment fortifiés par Son Esprit dans l'homme intérieur... En sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi... Afin qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance ; en sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. (Eph. 3.14-19)

Toute bénédiction divine, nous l'avons vu, est comme un grain de semence renfermant un germe de vie impérissable. Il ne faut donc pas s'imaginer qu'une fois rempli de l'Esprit, on ait atteint la perfection. Ce serait commettre une grave erreur. C'est après avoir été rempli de l'Esprit à Son baptême que le Seigneur Jésus dut aller au désert pour y être encore perfectionné par les tentations et par l'apprentissage de l'obéissance. Et si la Pentecôte arma les disciples, ce fut pour les rendre capables de lutter victorieusement contre le péché en eux-mêmes et autour d'eux. Ce n'est que pas à pas que l'Esprit de vérité nous conduit dans toute la vérité, nous dévoile le dessein éternel de Dieu et nous apprend à connaître Christ, et le secret de la vraie sainteté et de la communion intime avec Dieu. La plénitude de l'Esprit ne fait que nous rendre aptes à une vie digne de Dieu.

Voilà pourquoi tout enfant de Dieu doit absolument aspirer à cette grâce et cela d'autant plus qu'il s'en sent indigne. Aussi Paul adresse-t-il à Dieu la prière ci-dessus mentionnée en faveur de tous les croyants indistinctement. Il ne s'agit pas à ses yeux de quelque chose d'exceptionnel, d'une sorte de luxe bon seulement pour des chrétiens éminents. Non, il prie pour tous ceux qui ont reçu le Saint-Esprit à leur conversion, pour que, sous une action toujours plus puissante de cet Esprit, Dieu les amène à l'état normal, c'est-à-dire à être « remplis de toute la plénitude de Dieu ». Chacun voit dans cette prière une des plus glorieuses descriptions de ce que doit être la vie chrétienne. Il vaut la peine de l'étudier de près.

1. Que le Père nous accorde d'être puissamment fortifiés par l'Esprit.

Les destinataires de l'Epître avaient reçu le Saint-Esprit depuis qu'ils avaient cru (Eph. 1.13 ; 4.30). Mais savent-ils tout ce que l'Esprit peut faire pour eux ? Savent-ils que leur ignorance risque d'enrayer leurs progrès ? Il fléchit donc les genoux et prie sans cesse pour eux, afin que le Père les fortifie puissamment par son Esprit dans l'homme intérieur, autrement dit, les remplisse de l'Esprit, ce qui est la condition indispensable d'une vie féconde et prospère.

Ce que Paul demande, c'est quelque chose de nouveau et de précis; il demande que Dieu l'accorde « selon les richesses de Sa gloire ». Il ne s'agit pas d'une bagatelle, mais bien plutôt d'un miracle venant du ciel.

Ainsi notre vie dépend jour après jour de la volonté de Dieu, de Sa grâce toute-puissante. Si Dieu n'agit pas, ne nous fortifie pas de moment en moment par Son Esprit, nous ne saurions vivre de manière à Lui être agréables. De même que toute créature périrait à l'instant où Dieu cesserait de veiller sur sa vie naturelle, de même, en nous donnant Son Saint-Esprit, Dieu s'engage à faire Lui-même en nous constamment, tout ce qui est nécessaire. A nous d'apprendre à connaître et à aimer cette absolue dépendance, et à nous attendre d'heure en heure à l'action puissante de l'Esprit.

Si Paul écrit à ses lecteurs la teneur de sa prière, c'est pour qu'ils sachent de quoi ils ont besoin et pour qu’ils le demandent aussi eux-mêmes. Mettons la leçon à profit attendons aussi de Dieu, à genoux, qu'Il déploie en notre faveur les richesses de Sa gloire et nous fortifie puissamment par Son Esprit, par cet Esprit qui est en nous déjà, mais comme une semence encore engourdie par le sommeil. Redisons-nous sans cesse avec une ferme assurance : « Dieu veut me remplir de Son Esprit, me rendre participant de Sa nature ».

2. En sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi.

Tel est le glorieux résultat de l'action de l'Esprit dans l'homme intérieur. Manifester le Fils, voilà le dessein éternel du Père. Ce n'est que dans le Fils que se réalise pleinement le bon plaisir du Père ; ce n'est que par Lui qu'Il peut avoir communion avec la créature. Il ne trouve sa joie en nous que pour autant qu'Il peut y voir Son Fils. Aussi son œuvre principale, dans la rédemption, est-elle de révéler en nous Son Fils, et d'obtenir ainsi qu’il établisse Sa demeure en nous, tellement que notre vie devienne l'expression visible de la vie de Jésus.

Si donc Il nous fortifie par Son Esprit, c'est pour que Christ habite par la foi dans nos cœurs.

Lorsque quelqu'un habite une maison, il ne s'identifie pas pourtant avec elle. Christ, au contraire, en prenant possession de nos cœurs, les pénètre et les imprègne en quelque sorte de Sa vie. L'Esprit inspire notre volonté et l'amène à un parfait accord avec celle du Père, comme l'est celle de Jésus, en sorte que, prosternés comme Lui devant le Père, nous nous abandonnons humblement à Lui, n'ayant plus d'autre ambition que de Le glorifier. Notre cœur devient ainsi le sanctuaire dans lequel l'Esprit nous apprend à chercher notre Sauveur, devenu un avec nous.

C'est en vous, mon frère, que Dieu désire retrouver Son Fils. Il ne demande qu'à agir puissamment en vous pour que Christ habite dans votre cœur. Et Jésus Lui-même vous aime d'un amour tel qu'Il ne se donnera pas de repos avant d'avoir fait de votre cœur Sa demeure. Telle est la bénédiction suprême que vous apporte la plénitude de l'Esprit.

C'est « par la foi » qu'on reçoit le Saint-Esprit et qu'on Le sait à l'œuvre ; c'est « par la foi » qu'on ouvre son cœur à Jésus, et qu'on Le sait, présent. Croyez seulement qu'Il est en vous, et que vous pouvez jouir de Sa communion constante, mieux encore que Ses disciples aux jours de Sa chair, parce que cette communion est plus intime. Priez donc le Père d'ouvrir votre cœur et de vous rendre capables de vous approprier réellement cette plénitude de l'Esprit.

3. Afin qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance.

Tel est le fruit magnifique de l'habitation de Christ dans un cœur l'amour de Dieu est répandu dans ce cœur par le Saint-Esprit, l'amour même dont Dieu aime Son Fils. Nous apprenons ainsi que, pour Dieu, vivre, c'est aimer ; que la vie de Christ en nous n'est qu'amour. Nous voilà ainsi enracinés et fondés dans l'amour, dans un amour céleste, qui devient comme la sève dont nous vivons. L'amour est l'élément suprême de notre vie spirituelle, le principal de ces fleuves d'eau vive qui jaillissent de notre sein.

Nous comprenons alors mieux l'importance de certaines vérités : l'amour est l'accomplissement de la loi; l'amour ne fait point de mal au prochain (Rom. 13.10) l'amour ne cherche point son intérêt (1Cor. 18.5) ; l'amour donne sa vie pour les autres (1 Jean 3.16). Notre cœur va s'élargissant sans cesse. Amis et ennemis, enfants de Dieu et enfants du monde, ceux qui sont aimables et ceux qui sont haïssables, rachetés et perdus, tous, collectivement et individuellement, tous sont enveloppés dans l'amour de Dieu. Nous découvrons que le bonheur se trouve dans le sacrifice de notre amour-propre, de notre avantage et de nos aises, en faveur des autres. L'amour sacrifie sans calculer : c'est son bonheur d'aimer et de se dévouer ; il ne peut faire autrement : c'est sa vie. C'est que le Père agit puissamment en nous par Son Esprit ; et que le Fils, l'Amour crucifié, Lui « qui m'a aimé et qui s'est donné Lui-même pour moi », demeure en nous et remplit notre cœur de Lui-même. Plongeant nos racines dans l'amour, en Dieu, qui est amour, comment n'aurions-nous pas pour fruit l'amour ?

« Vous puissiez connaître l'amour qui surpasse toute connaissance », pas seulement avec l'intelligence, mais avec le cœur débordant de bonheur à cause de la présence de Jésus; connaître cet amour comme quelque chose d'inconnaissable pour le cœur réduit à ses propres lumières ; et le connaître de telle façon que Dieu puisse vous remplir, vous submerger de Son amour, chétifs vases de terre que vous êtes.

Rappelez-vous que « Dieu est Amour » Il a fait tout ce qu'il fallait pour que vous puissiez connaître pleinement l'amour. Nous allons donc nous mettre avec une ardeur nouvelle à demander au Père de nous remplir de l'Esprit, de telle sorte que nous puissions connaître l'amour insondable de Christ.

4. En sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu.

Oh ! mystère insondable ! oh ! félicité divine ! Qui pourra jamais nous dire tout ce que renferment ces mots ? Nous voyons cependant dans la personne de Jésus un homme rempli de Dieu, rendu parfait par la souffrance et par l'obéissance, un homme rempli de toute la plénitude de Dieu : dans une existence humaine tout ordinaire, faite d'isolement et de pauvreté, Il a montré ce que peut être ici-bas la vie des habitants du ciel, qui sont remplis, eux, de toute la plénitude de Dieu. On pouvait aisément voir que Sa vie était d'aimer et de glorifier Dieu, de Lui obéir et de Le servir : Dieu était tout pour Lui.

Le monde a été créé pour manifester la sagesse, la puissance et la bonté de Dieu. Et l'œil du croyant aperçoit en effet Dieu partout. « Toute la terre est pleine de Sa gloire », chantent les séraphins. Créé à l'image de Dieu, l'homme aurait dû n'être qu'un reflet, un portrait vivant de Dieu, manifestant la gloire de Dieu par toute sa vie. Dieu aurait dû être tout pour lui, et tout en lui; il aurait dû être tout rempli de Dieu.

Mais la chute vint bouleverser ce plan divin au lieu d'être rempli de Dieu, l'homme ne fut plein que de lui-même et du monde ; et nous sommes aveuglés par le péché à un tel point qu'il semble incroyable qu'on puisse encore être rempli de Dieu. Que de chrétiens même, hélas ! n'aperçoivent rien de désirable dans cet idéal ! Et c'est pourtant afin qu'il s'accomplisse en nous que Christ est venu nous racheter et que Dieu désire agir puissamment en nous par Son Esprit.

« Remplis de toute la plénitude de Dieu ». Voilà bien la raison d'être de la Pentecôte, de sorte que nous sommes en droit de nous attendre au Saint-Esprit pour qu'Il nous mette en possession de cette bénédiction. Il saura nous inspirer cette parfaite humilité qui faisait dire à Jésus : « Je ne puis rien faire de Moi-même » ; « Je ne fais pas Ma volonté » ; « Les paroles que Je dis, Je ne les dis pas de Moi-même » (Jean 5.30 ; 6.38 ; 12.49 ; 14:10). Plus nous serons débarrassés de notre MOI et de notre confiance en nous-mêmes, mieux Il pourra nous faire constater que Dieu est réellement tout pour l'âme qui consent à n'être rien. Ce Jésus rempli de Dieu deviendra notre vie. Enracinés avec Lui dans l'amour, nous mettrons au-dessus de toute la gloire de Dieu, Sa volonté et Son amour.

Ce serait faire injure à l'amour de Dieu que d'alléguer votre indignité et de prétendre que cette expérience ne saurait être pour vous, alors que, de fait, elle est la volonté de Dieu à votre égard : Il l'a ordonnée et l'a promise. A Lui de la réaliser. En toute humilité donc, mais avec la hardiesse de la foi, faites de ce mot : « rempli de toute la plénitude de Dieu », la devise de votre vie. Vous verrez quel levier puissant ce sera pour vous faire sortir de votre complaisante recherche de vous-même et pour vous enraciner dans l'amour de Dieu, tellement que, recevant tout de Lui, vous Lui rapporterez aussi tout. Vous comprendrez que seule la présence de Christ dans votre cœur pourra maintenir en vous cette plénitude d'amour divin, et que seule l'action de l'Esprit pourra vous garder dans cette étroite communion avec votre Sauveur. Vous serez poussé à prier sans cesse, à puiser dans « les richesses de Sa gloire », décidé à obtenir ce bien suprême d'être « rempli de toute la plénitude de Dieu », puisque vous aurez compris que c'est à votre égard la volonté de Dieu.

En face de cette glorieuse perspective, redisons avec l'apôtre : « A Celui qui, par la puissance qui agit surabondamment en nous peut faire infiniment au delà que tout ce que nous demandons ou pensons à Lui soit la gloire dans l'Eglise (donc dans chacun de nous) et en Jésus-Christ, dans toutes les générations aux siècles des siècles » (Eph. 3.20, 21). Ne désirons rien de moins que ces richesses de la gloire de Dieu. Commençons aujourd'hui à nous approprier cette plénitude de l'Esprit comme la puissance capable de faire de nous des êtres remplis de toute la plénitude de Dieu.

En disant à Abraham : « Je suis le Dieu tout-puissant » (Gen. 17.1), Dieu voulait l'amener à se confier en Sa toute-puissance pour l'accomplissement de Sa promesse. En consentant à la croix, Jésus comptait sur la puissance de Dieu pour Le faire sortir du tombeau. Cette même toute-puissance n'attend que notre foi pour agir aussi en nous. Que nos cœurs redisent donc : « A Celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut faire infiniment, surabondamment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, à Lui soit la gloire ! » Amen.

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