Christ notre vie

V. GARDÉS PAR LA PUISSANCE DE DIEU

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon Sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi, pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps. » {1Pi 1.5}

« Vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut. » Ces paroles seront le sujet de notre méditation d’aujourd’hui.

Nous trouvons exprimées ici deux vérités merveilleuses concernant la manière dont un croyant est gardé pour le salut. La première vérité est celle-ci : « Vous êtes gardés par la puissance de Dieu. » Et voici la seconde : « Vous êtes gardés par la foi. »

Nous voulons considérer les deux côtés : le côté de Dieu qui, par Sa puissance, offre d’être notre gardien à chaque moment de la journée ; et le côté humain : la foi, par laquelle nous devons laisser Dieu agir et accomplir Son œuvre en nous sans que nous ayons autre chose à faire que de croire. Vous avez été régénérés pour un héritage qui vous est réservé dans les cieux ; et ici, sur la terre, vous êtes gardés par la puissance de Dieu. Un héritage nous est réservé dans le ciel, et ici-bas, sur la terre nous sommes gardés par la puissance de Dieu.

Au sujet de l’héritage qui nous est réservé dans les cieux, nous n’avons aucun doute, et aucune question ne se pose à notre esprit. Dieu nous garde cet héritage d’une manière parfaite et absolument merveilleuse, et cet héritage nous attend là-haut d’une façon certaine. Et ce même Dieu, qui garde l’héritage, me garde aussi pour cet héritage. C’est là ce que je dois comprendre. Ce serait une action insensée, de la part d’un père, de se donner de la peine pour laisser un héritage à ses enfants, et de prendre grand soin de leur conserver cet héritage, s’il ne s’occupait pas en même temps ; de garder ses enfants pour cet héritage. Que penseriez-vous d’un homme qui emploierait tout son temps et qui ferait tous les sacrifices possibles pour amasser de l’argent, et quand il aurait amassé une fortune considérable et que vous lui demanderiez pourquoi il a fait tant de sacrifices, il vous répondrait : « Je désire laisser à mes enfants un riche héritage, et je garde ma fortune pour eux », que penseriez-vous de cet homme-là si vous appreniez d’autre part que cet homme ne s’occupe pas de l’éducation de ses enfants, qu’il les laisse courir dans la rue, et les abandonne à leurs mauvais instincts ? Ne diriez-vous pas : « Le pauvre homme ! Il garde son héritage pour ses enfants, mais il ne s’occupe pas de garder ses enfants et de les préparer à recevoir cet héritage ? » Et pourtant il y a bien des chrétiens qui pensent : « Dieu m’a réservé un héritage dans les cieux », mais qui ne peuvent croire : « Dieu me garde pour cet héritage. » La même puissance, le même amour, le même Dieu accomplit ce double travail.

Je voudrais maintenant vous parler de ce que Dieu fait pour nous : Il nous garde pour l’héritage. Nous venons de voir que nous sommes en présence de deux vérités très simples ; la première, qui est le côté divin : Nous sommes gardés par la puissance de Dieu ; l’autre, qui est le côté humain : Nous sommes gardés par la foi.

Tout d’abord, regardons le côté divin : Nous sommes gardés par la puissance de Dieu.

De quelle façon sommes-nous gardés ? Nous sommes gardés d’une façon absolue. Quelle partie de notre être est gardée ? Notre être tout entier. Est-ce que Dieu garde une partie de notre être et pas l’autre ? Nom. Certaines personnes ont l’idée que Dieu les garde d’une manière vague, que Dieu les garde simplement de façon à ce qu’ils aillent au ciel après leur mort. Mais ils n’appliquent pas ces mots : « Vous êtes gardés » à leur être tout entier. Et cependant, c’est ce que Dieu veut faire.

J’ai une montre. Supposez que j’aie emprunté cette montre à un ami, et que celui-ci m’ait dit : « Quand vous irez en Europe (André Murray était pasteur en Afrique du Sud), je vous prêterai ma montre ; mais je vous prie d’en prendre soin et de me la rapporter. » Supposez que j’aie abîmé la montre, que les aiguilles aient été cassées, le cadran défoncé, le ressort et quelques-uns des rouages abîmés, et que je rapporte la montre dans cet état, et que je la donne à mon ami. Celui-ci me dirait : « Mais je vous ai prêté cette montre à condition que vous la gardiez ! »

— Mais je l’ai gardée ! La voilà.

— Mais je désirais que vous en preniez soin, et non pas que vous la gardiez de telle sorte que vous me rapportiez seulement le boîtier, ou les débris de la montre ! Je comptais que vous prendriez soin de toutes les parties de la montre.»

De même Dieu n’a pas l’intention de nous garder seulement d’une façon générale, de telle sorte qu’à la fin, d’une manière ou d’une autre, nous soyons sauvés du feu et puissions entrer au ciel. Mais. Dieu, dans Son amour, garde toutes les parties de notre être.

Certaines personnes pensent que Dieu les gardera dans, le domaine spirituel, mais, non dans le domaine temporel. Dieu, disent-ils, ne s’occupe pas des choses matérielles, ce n’est pas dans Son plan. Dieu vous envoie travailler dans le monde, mais Il ne vous dit pas : « Je vous laisse aller gagner votre vie et subvenir vous-même à vos besoins. » Il sait que vous êtes incapables de vous garder vous-mêmes. Mais Dieu dit : « Mon enfant, quel que, soit le travail que tu as à faire, quelle que soit l’affaire dans laquelle tu es engagé, quelles que soient les dépenses que tu aies à faire, Je prends toutes ces choses sous Ma garde. » Dieu ne s’occupe pas seulement des choses spirituelles, il s’occupe aussi des choses temporelles. La partie la plus importante de la vie de bien des chrétiens doit souvent être passée, jusqu’à huit, neuf ou dix heures par jour, au milieu des occupations et des tentations des affaires ; mais Dieu vous gardera là aussi. « Il vous gardera en toutes choses. »

Il y a d’autres personnes qui pensent : « Ah ! dans les jours d’épreuve, Dieu me garde, mais à l’époque de la prospérité je n’ai pas besoin d’être gardé par Lui ; alors je l’oublie et je m’éloigne de Lui. » D’autres, au contraire, tiennent le raisonnement opposé. Ils pensent : « Dans la prospérité, quand tout est calme et facile, je suis capable de m’attacher à Dieu, mais quand les épreuves surviennent, ma volonté se révolte d’une façon ou d’une autre, et Dieu ne me garde pas. » Sachez que dans la prospérité comme dans l’adversité, dans les jours ensoleillés comme dans les jours sombres, notre Dieu est prêt à nous garder constamment. Enfin certaines personnes raisonnent de cette manière : « Dieu me gardera d’accomplir de grands péchés, mais je ne puis espérer que Dieu me préservera des petits péchés. Par exemple, le péché de la colère. Je ne puis espérer que Dieu me donnera la victoire sur un péché de ce genre. » Quand vous entendez parler d’un homme qui a succombé à la tentation et qui est devenu un ivrogne, ou un criminel, vous remerciez Dieu de vous avoir préservé de tels péchés. « Je pourrais moi aussi avoir fait comme cet homme, dites-vous, si Dieu ne m’avait pas gardé. » Et vous croyez qu’il vous a préservé de l’ivrognerie et du crime. Alors, pourquoi ne croyez-vous pas que Dieu peut vous préserver de vous mettre en colère ? Vous pensez que c’est moins important. Vous ne vous rappelez pas que le grand commandement du Nouveau Testament est : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés. » Et quand votre tempérament violent, votre esprit de jugement et vos paroles blessantes se donnent libre cours, vous péchez contre la loi suprême, la loi de l’amour de Dieu. Et cependant vous dites : « Dieu ne me délivrera pas, Dieu ne peut pas ; non, vous ne dites point : Dieu ne peut pas ; mais vous dites : Dieu ne me préservera pas de ce péché. Vous dites peut-être : Il le peut ; mais il y a quelque chose en moi qui fait que je ne puis y arriver, et dont Dieu ne me délivre pas. Je voudrais vous poser une question : Les chrétiens peuvent-ils vivre Une vie plus sainte que les autres ? Les chrétiens peuvent-ils faire l’expérience du pouvoir de Dieu, être gardés par ce pouvoir toute la journée, et être préservés du péché par ce pouvoir ? Les chrétiens peuvent-ils être constamment en communion avec Dieu ? Je vous apporte ici le message de la Parole de Dieu : « Vous êtes gardés par la puissance de Dieu. » Si vous vous fiez entièrement et absolument à la puissance de Dieu, Il mettra Son plaisir à vous garder.

Certaines personnes pensent qu’elles ne pourront jamais arriver à ce que chaque parole qui sort de leur bouche soit à la gloire de Dieu. C’est pourtant là ce que Dieu attend d’eux. Dieu veut mettre une garde à la porte de leur bouche, et si Dieu veut faire cela, ne peut-Il pas garder aussi leur langue et leurs lèvres ? Il le peut ; et c’est là ce que Dieu fera pour ceux qui s’attendent à Lui. Dieu nous garde tout entiers, et je voudrais que tous ceux qui désirent-vivre une vie sainte s’approchent de Dieu, aujourd’hui et réfléchissent à leurs besoins, à toutes leurs faiblesses, à tous leurs manquements, à tous leurs péchés, et disent délibérément : « Y a-t-il un seul péché dont Dieu ne peut pas me préserver ? » Et leur cœur répondra : « Non. Dieu peut me garder de n’importe quel péché. »

En second lieu, si vous voulez comprendre de quelle façon Dieu nous garde, rappelez-vous que non seulement Dieu nous garde tout entiers, mais aussi qu’il nous garde d’une façon toute-puissante. Je voudrais que cette vérité brûle dans mon âme, je voudrais adorer Dieu jusqu’à ce que mon cœur tout entier soit rempli de la pensée de Sa Toute-Puissance. Dieu est Tout-Puissant, et le Dieu Tout-Puissant offre de travailler Lui-même en mon cœur, et de me garder, et je désire être lié par Sa Toute-Puissance, ou plutôt être lié au Tout-Puissant, au Dieu vivant, et être placé dans le creux de Sa main. Vous lisez les psaumes ; pensez aux merveilleuses expressions employées par David ; par exemple, quand il parle de Dieu comme étant : notre Dieu, notre Forteresse, notre Refuge, notre Forte Tour, notre Force et notre Salut. David avait une vision merveilleuse de la façon dont l’Eternel est Lui-même le refuge de l’âme croyante, et de la façon dont Il prend le croyant et le garde dans le creux de Sa main, dans le secret de Sa tente, à l’ombre de Ses ailes, sous Ses plumes. C’est là que vivait David. Et nous, nous qui connaissons Jésus-Christ, et Son sang versé pour nous, et le Saint-Esprit envoyé du ciel, pourquoi savons nous si peu ce que c’est que de marcher pas à pas avec le Tout-Puissant qui nous garde ?

Avez-vous jamais pensé que pour chaque action de grâce qui monte de votre cœur vous avez la Toute-Puissance de Dieu à votre disposition ? Si quelqu’un me fait un don, un don de 100 livres par exemple, je prends cet argent et je l’emporte. Cette personne m’a donné une partie de sa fortune ; mais elle garde le reste à sa disposition. Il n’en est pas ainsi de la puissance de Dieu. Dieu ne peut pas donner une partie de Sa puissance, et je ne puis faire l’expérience du pourvoir et de la bonté de Dieu que si je suis en contact et en communion avec Lui ; et quand je me mets en contact et en communion avec Lui, j’entre en contact et en communion avec la Toute-Puissance de Dieu qui me vient en aide chaque jour. Un homme peut avoir un père très; riche, et au moment où cet homme va entreprendre une affaire, son père lui dit : « Tu peux avoir autant d’argent que tu en voudras pour ton entreprise. » Tout ce que possède le père est à la disposition du fils. Dieu, le Dieu Tout-Puissant, agit de même envers nous. Vous pouvez à peine réaliser cela. Vous vous sentez comme un vermisseau ! La Toute-Puissance de Dieu est-elle nécessaire pour garder un vermisseau ? Oui, sa Toute-Puissance est nécessaire pour garder chaque vermisseau qui vit dans la poussière, et aussi pour garder l’univers, et Sa Toute-Puissance est encore plus nécessaire pour garder votre âme et la mienne du pouvoir du péché. Oui, si vous voulez croître dans la grâce, apprenez à commencer par là ; dans tous vos jugements, dans toutes vos méditations, dans toutes vos pensées, dans tous vos actes, dans toutes vos interrogations, vos études et vos prières, apprenez à être gardé par le Dieu Tout-Puissant. Qu’est-ce que le Dieu Tout-Puissant n’est pas disposé à faire pour l’enfant qui se confie en Lui ? La Bible dit : « Infiniment au delà de tout ce que nous pouvons demander ou penser. » Vous devez apprendre à connaître la Toute-Puissance de Dieu et à y croire, et alors vous vivrez comme un chrétien doit vivre. Combien peu nous avons appris à connaître Dieu, combien peu nous avons: compris qu’une vie pieuse est une vie remplie de Dieu, une vie qui aime Dieu et s’attend à Lui, et croit en Lui, et Lui permet de bénir ! Nous ne pouvons pas faire la volonté de Dieu sauf par la puissance de Dieu. Dieu nous donne la première expérience de Sa puissance afin de nous préparer à désirer davantage et à venir réclamer tout ce qu’il peut faire. Que Dieu nous aide à placer notre confiance en Lui chaque jour !

Non seulement Dieu nous garde tout entiers par Sa Toute-Puissance, mais, encore Il nous garde d’une manière constante et ininterrompue. Certaines personnes disent parfois : « Dieu m’a gardé d’une façon merveilleuse pendant une semaine ou un mois ; j’ai vécu dans la Lumière de Sa Présence, et je ne puis dire quelles joies j’ai éprouvées dans la communion avec Lui. Il m’a béni dans mon travail pour les autres. Il m’a donné la joie de voir des âmes se convertir, et par moments j’ai eu l’impression d’être transporté au ciel sur des ailes d’aigle. Mais cela n’a pas continué. C’était trop bon ; cela ne pouvait pas durer. » Et quelques-uns ajoutent : « Il était nécessaire que je fasse une chute pour rester dans l’humilité. » D’autres disent : « Je sais que c’est ma faute ; mais quoi qu’il en soit, on ne peut pas toujours vivre sur les hauteurs. »

O bien-aimés, pourquoi ? Existe-t-il une raison pour laquelle Dieu ne nous garderait pas d’une façon continuelle et ininterrompue ? Réfléchissez. La vie est ininterrompue. Si ma vie s’arrêtait une demi-heure, je serais mort, et la vie m’aurait abandonné. La vie est une chose continuelle, et la vie de Dieu est la vie de Son Eglise, et la vie de Dieu, c’est Son pouvoir Tout-Puissant agissant en nous. Et Dieu vient à nous comme le Tout-Puissant et sans aucune condition. Il m’offre d’être mon gardien, et de me garder jour après jour, moment après moment.

Si je vous posais cette question : « Croyez-vous que Dieu est capable de vous garder de toute transgression pendant une journée entière ? », quelques-uns répondraient : « Non seulement je sais qu’il est capable de le faire, mais je pense qu’il l’a fait. Il y a eu des jours pendant lesquels Il a gardé mon cœur dans Sa sainte présence, des jours pendant lesquels, bien que ma nature soit pécheresse, Il m’a gardé de toute transgression, de tout péché conscient. » Si Dieu peut le faire pour une heure ou pour une journée, pourquoi pas pour deux jours ? Oh ! que la Toute-Puissance de Dieu telle qu’elle nous est révélée ! dans Sa parole; soit la mesure die ce que nous attendons de Lui. Dieu n’a-t-il pas; dit dans Sa Parole : « Moi, l’Eternel, je la garde et je l’arrose à chaque moment ? » {1}. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que « chaque moment » signifie : chaque moment ? Dieu a-t-il promis ; qu’il arroserait cette vigne à chaque montent pour que la chaleur du soleil et le vent brûlant ne puissent la dessécher ?

Oui. En Afrique du Sud, on fait quelquefois une bouture de vigne, et au-dessus on attache une bouteille pleine d’eau, de façon à ce que de temps à autre il puisse tomber une goutte pour humecter ce qu’on a planté. De cette façon, on entretient une humidité constante jusqu’à ce que la bouture ait pris et puisse résister à la chaleur du soleil. Notre Dieu, dans son; tendre amour envers nous, ne nous gardera-t-Il pas à chaque moment, comme Il a promis de le faire ? Oh ! si nous nous emparons, de cette assurance : « Ma vie chrétienne tout entière est le résultat de l’action de Dieu—c’est Dieu qui crée en nous le vouloir et le faire selon Son bon plaisir—quand nous avons ; la foi d’attendre cela de Dieu, Dieu l’accomplit pour nous.

Dieu nous garde d’une façon ininterrompue. Chaque matin Dieu vous rencontrera à votre réveil. Il n’y a pas à se poser la question : « Si j’oublie de penser à Lui le matin en m’éveillant, qu’arrivera-t-il ? » Si vous confiez votre réveil à Dieu, Dieu vous rencontrera le matin à votre réveil, Il s’approchera de vous avec Son soleil et Son amour divin, et Il vous rendra, conscient de cette réalité : « Aujourd’hui, Dieu se charge de moi continuellement avec Son pouvoir tout-puissant. » Et Dieu vous rencontrera le lendemain, et tous les jours ; si dans la pratique de la communion avec Dieu il y a parfois des manquements, ne vous en inquiétez pas, mais maintenez votre position! et dites : « Seigneur, je compte sur Toi et je sais que Tu agiras selon Ta puissance, et je veux me confier en Toi jour après jour afin que Tu me gardes d’une façon absolue. » Alors votre foi deviendra de plus en plus forte et vous connaîtrez la puissance de Dieu pour garder les siens d’une façon ininterrompue.

Et maintenant voyons l’autre côté : la foi. Vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi.

En premier lieu, permettez-moi de vous dire que la foi implique notre complète impuissance devant Dieu. A la base de la foi, il y a un sentiment de complète impuissance. Si j’ai quelque affaire à traiter, par exemple si j’ai à acheter une maison, le notaire chargé de l’affaire s’occupera de faire le transfert de la propriété à mon nom, et prendra toutes les mesures nécessaires. Je ne puis le faire moi-même, et en confiant l’affaire à un notaire, j’avoue par là que j’en suis incapable. Ainsi la foi implique toujours l’impuissance. Dans bien des cas, la confiance signifie ceci : « Je puis le faire moi-même, avec beaucoup de difficultés, mais un autre peut le faire mieux que moi. » Mais dans la plupart des cas, la confiance implique l’impuissance absolue : « Un autre doit le faire à ma place. » C’est là le secret de la vie spirituelle. Le chrétien doit apprendre à dire : « J’abandonne tout ; j’ai essayé, j’ai désiré, j’ai pensé et j’ai prié, mais j’ai échoué. Dieu m’a béni et m’a aidé, mais cependant, dans cette longue course, il y a eu beaucoup de péché et de tristesse. » Quel changement se produit alors, quand un homme ainsi brisé et réalisant son impuissance totale, désespère de lui-même et dit : « Je ne puis rien faire ! »

Rappelez-vous de l’apôtre Paul. Il vivait une vie bénie, il fut enlevé au troisième ciel, mais il avait une écharde dans la chair, « un envoyé de Satan pour le souffleter ». Et qu’arriva-t-il ? Paul ne pouvait pas comprendre la raison de cette épreuve, et il pria le Seigneur, à trois reprises, de l’en délivrer ; mais le Seigneur lui répondit, en fait : « Non; tu pourrais t’enorgueillir, et c’est pourquoi je t’ai envoyé cette épreuve afin que tu restes faible et humble. » Et Paul apprit alors une leçon qu’il n’oublia jamais, et cette leçon était celle-ci: se réjouir dans ses infirmités. Il dit que plus il était faible, mieux cela valait pour lui, car lorsqu’il était faible, il était fort en Christ.

Désirez-vous entrer dans ce que certaines personnes appellent « la vie supérieure » ? Alors descendez un degré plus bas. Le docteur Boardmann racontait qu’un jour il fut invité par un monsieur à venir voir certains travaux. Ce monsieur désirait emmener le docteur Boardmann au sommet de la tour où travaillaient les ouvriers. Le docteur pénétra dans la tour et commença à gravir l’escalier ; mais son guide l’appela et lui dit : « Vous vous trompez de chemin ; cet escalier est barré ; il faut descendre par ici. » Ils descendirent un certain nombre de marches, au bas desquelles ils trouvèrent un ascenseur qui les emmena au sommet de la tour. Et le docteur Boardmann disait, en racontant cette histoire : « Cela m’a appris une leçon : c’est que la meilleure manière de monter est souvent de descendre. » Ah ! certes, Dieu aura à nous amener très bas ; nous aurons à éprouver une sensation de vide, de néant et de désespoir. C’est quand nous sombrerons dans l’impuissance que l’Eternel Dieu nous révélera Lui-même Son pouvoir, et que nos cœurs apprendront à se confier en Dieu seul.

Qu’est-ce qui nous empêche de nous confier en Lui parfaitement ? Beaucoup disent : « Je crois ce que vous dites, mais il y a une difficulté. Si ma confiance était parfaite, si ma foi ne défaillait jamais, tout serait bien, car je sais que Dieu honore toujours la confiance que nous plaçons en Lui. Mais comment puis-je obtenir cette confiance ? » Ma réponse est celle-ci : « Par la mort du Moi ». Le grand obstacle à la confiance, c’est l’effort personnel. Aussi longtemps que je possède ma propre sagesse, mes propres pensées, ma propre force, je ne puis me fier entièrement à Dieu. Mais quand Dieu vous brise, quand tout se trouble autour de vous et que vous ne comprenez rien, alors Dieu s’approche, et si vous voulez vous incliner devant Lui avec le sentiment de votre néant et vous attendre à Lui, Il deviendra tout. Aussi longtemps que nous sommes quelque chose, Dieu, ne peut pas être tout, et Sa Toute-Puissance ne peut pas accomplir toute son œuvre. Voilà le commencement de la foi: désespérer complètement de soi-même, cesser de compter sur l’homme et sur les choses de la terre, et placer son espérance en Dieu seul.

Ensuite, nous devons comprendre que la foi, c’est le repos. Au commencement de la vie de la foi, la foi est un combat; mais aussi longtemps que la foi est un combat, la foi n’a pas atteint sa force. C’est seulement quand la foi, en luttant, parvient au bout d’elle-même, et se jette dans les bras de Dieu et se repose en Lui, c’est seulement alors que viennent la joie et la victoire.

Peut-être puis-je rendre ceci plus clair en vous racontant de quelle manière la Convention de Keswick commença.

Canon Battersby était depuis plus de 20 ans pasteur de l’Eglise anglicane ; c’était un homme d’une piété profonde, mais il n’avait pas le sentiment du repos de la foi et de la victoire sur le péché, et souvent il se sentait profondément triste à la pensée de ses défaillances, de ses échecs, et de ses manquements. Quand, il entendit parler de la possibilité de la victoire, il sentit que c’était là une chose désirable, mais il éprouvait le sentiment qu’il ne pouvait y parvenir. Il eut l’occasion d’entendre un message sur ce sujet : « Repos et Foi. », d’après l’histoire de l’officier qui vint de Capernaüm à Cana pour demander à Jésus de guérir son enfant. Celui qui présentait ce message montrait que l’officier croyait que Jésus pouvait l’aider d’une façon générale, mais que c’était en grande partie pour expérimenter sa puissance qu’il était venu à Lui. Il espérait que Christ lui viendrait en aide, mais il n’en avait pas la certitude. Or, qu’arriva-t-il ? Quand Christ lui dit : « Va, ton fils vit », cet homme crut à la parole de Jésus ; il se reposa sur cette assurance. Il n’avait pas de preuve de la guérison) de l’enfant, et il avait un voyage de sept heures à faire pour revenir à Capernaüm. Sur le chemin du retour, il rencontra ses serviteurs qui venaient à sa rencontre, et il apprit que son enfant était mieux, que la fièvre l’avait quitté la veille, à l’heure même où Jésus lui avait donné l’assurance de la guérison de l’enfant. Ce père s’était appuyé sur la parole de Jésus, il était descendu à Capernaüm et avait trouvé son enfant guéri ; il loua Dieu et devint, avec toute sa maison, un croyant et un disciple, de Jésus. Oh ! mes amis, ceci est la véritable foi ! Quand Dieu vient à moi et promet de me garder, je lui dis : « Ta parole me suffit : Gardés par la puissance de Dieu. » C’est là la foi, c’est là le repos.

Quand Canon Battersby eut entendu ce message, il retourna chez lui, et cette nuit-là il trouva le repos. Il s’appuya sur la parole de Jésus. Et, le matin suivant, dans les rues d’Oxford, il dit à un ami : « J’ai trouvé. » Puis il alla le dire à d’autres et leur proposa d’organiser une Convention chrétienne à Keswick, où lui et d’autres rendraient simplement témoignage de ce que Dieu avait fait.

C’est une grande chose quand un homme en vient à se reposer sur la Toute-Puissance de Dieu à chaque instant de sa vie, en vue des tentations ! de toute nature qui peuvent l’assaillir : l’orgueil, la colère, le manque d’amour, le péché. C’est une grande chose de faire alliance avec le Dieu Tout-Puissant, en se basant non point sur ce qu’un homme peut dire, ni sur ce que mon cœur éprouve, mais sur la force de la Parole de Dieu : « Gardés par la puissance de Dieu, par la foi ». Oh ! disons à Dieu que nous allons le mettre à l’épreuve jusqu’au bout ! Disons-Lui : « Nous ne te demandons rien de plus que ce que Tu peux donner, mais nous ne voulons rien de moins.» Disons-Lui : « Mon Dieu, fais que ma vie soit une preuve de ce que le Dieu Tout-Puissant peut faire. » Que nos âmes, chaque jour, soient dans cette double disposition : profonde impuissance, confiance enfantine.

Ceci m’amène à mon dernier point : La foi implique la communion avec Dieu. Beaucoup de gens désirent prendre Dieu au mot et croire à Sa promesse, et ils font l’expérience qu’ils ne peuvent pas croire à cette promesse. Vous ne pouvez séparer Dieu de Sa parole. Vous ne pouvez recevoir aucune puissance, aucune bénédiction si vous; n’êtes pas en communion avec Dieu; et si vous avez le désir d’obtenir cette vie de sainteté, vous devez prendre le temps d’entrer en communion avec Dieu.

Certaines personnes me disent parfois : « Ma vie est une telle bousculade que je n’ai pas de temps pour vivre en communion avec Dieu. » Un cher missionnaire me disait : « Les gens ne se rendent pas compte de quelle façon les missionnaires, sont tentés. Je me lève à cinq heures du matin, et les indigènes sont déjà là, attendant mes ordres pour le travail. Ensuite je dois aller à l’école et y passer des heures ; ensuite c’est un, autre travail, et seize heures se passent de la sorte, et j’ai à peine le temps d’être un moment seul avec Dieu. » Ah ! c’est là ce qui manque ! Je vous en prie, souvenez-vous de deux choses. Je ne vous ai pas dit de croire à la puissance de Dieu comme à une chose, et je ne vous ai pas dit de croire à la Parole de Dieu, comme à un livre, mais je vous ai dit d’aller au Dieu Tout-Puissant, au Dieu de la Bible. Confiez-vous en Dieu comme cet officier a eu confiance en Christ vivant. Pourquoi a-t-il été capable de croire la parole que Christ lui avait dite ? Parce que dans le regard et l’accent de Jésus, le Fils de Dieu, il avait vu et entendu quelque chose qui lui avait fait sentir qu’il pouvait croire en Lui. C’est là ce que Dieu peut faire pour vous et pour moi. N’essayez pas de créer la foi dans votre propre cœur. Combien souvent j’ai essayé de le faire, et j’ai agi comme un fou! Vous ne pouvez pas tirer la foi des profondeurs de votre cœur. Laissez votre cœur, et regardez la face de Christ, et écoutez ce qu’il vous dit. Regardez la face de votre Père qui vous aime, et prenez du temps, chaque jour, pour être avec Lui; commencez une vie nouvelle avec le vide profond et la pauvreté d’un homme qui ne possède rien, et qui s’attend à Lui pour toutes choses ; avec le sentiment profond de repos qu’éprouve celui qui se repose sur le Dieu vivant, le Dieu Tout-Puissant ; mettez Dieu à l’épreuve, et vous, verrez s’il n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux pour vous verser une bénédiction si abondante que vous n’aurez pas de place pour la recevoir.

Robert Murray M Cheyne dit quelque part : « O Dieu, rends-moi aussi saint qu’un pécheur pardonné peut l’être ! » Si chacun de vous, dans son cœur, disait cela, et le disait avec ferveur, si cette prière est dans votre cœur, alors venez et faites alliance avec l’Eternel et Tout-Puissant Jéhovah, et, dans un état d’impuissance totale, mais dans un profond sentiment de repos, placez vos mains dans les siennes. Entrez dans cette alliance en adressant à Dieu une seule prière : que vous puissiez croire pleinement que le Dieu Tout-Puissant sera votre compagnon, et tiendra votre main à chaque instant ; qu’il sera votre Gardien, veillant sur vous constamment ; votre Père, mettant Sa joie à se révéler dans votre âme. Il a le pouvoir de faire que le soleil de Son amour soit avec vous toute la journée. Ne craignez pas, parce que vous êtes dans les affaires, que vous ne puissiez pas avoir Dieu avec vous toujours. Apprenez cette leçon : le soleil brille sur vous toute la journée, et vous : jouissez de sa lumière, et où que vous alliez cette lumière brille sur vous; Dieu en prend soin. De même Dieu prendra soin que Sa divine lumière brille sur vous, et que vous habitiez dans cette lumière, si vous vous confiez en Lui.

Voilà la Toute-Puissance de Dieu, et voilà la foi à la mesure de cette puissance. Ne dirons-nous pas: Tout ce que la puissance de Dieu peut faire, je me confie en Dieu pour qu’il le fasse ? Les deux aspects de cette vie céleste ne sont-ils pas merveilleux ? La Toute-Puissance de Dieu me couvre, et ma volonté dans sa petitesse se repose avec joie sur cette Toute-Puissance.

Jour après jour, gardé par Son amour, Jour après jour à l’abri sous Son aile, C’est le repos et la vie éternelle. Je t’appartiens, ô Sauveur, pour toujours !

{1} Parabole de la vigne. {Esa 27.3}

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