Comme Christ

DEUXIÈME JOUR
Lui-même nous y appelle

« Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » Jean 13.15.

C'est Jésus-Christ, le Rédempteur de notre âme, qui parle ainsi. Il venait de s'abaisser à faire le service d'un esclave, il venait de laver les pieds de ses disciples. Par là, dans sa charité, il avait rendu au corps le service voulu pour que chacun d'eux pût prendre place à la table du souper. Par là il avait aussi symbolisé son œuvre de purification pour l'âme. Par là, il avait résumé, à la veille de les quitter, toute l'œuvre de sa vie, tout ce qu'avait été son ministère et pour le corps et pour l'âme. Puis en se remettant à table il leur dit : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». Tout ce qu'ils lui ont vu faire, tout ce qu'ils ont reçu de lui, devient ainsi la règle de leur vie : comme je vous ai fait, faites-le, vous aussi.

Cette parole de notre adorable Sauveur s'adresse à nous. A chacun de ceux qui se savent lavés par Jésus, s'adresse ce même commandement, d'autant plus impressif et plus touchant qu'il est une des dernières paroles de celui qui allait mourir pour nous. Faites comme je vous ai fait. Jésus-Christ demande réellement à chacun de nous de l'imiter. Ce qu'il a fait pour nous, ce qu'il fait encore chaque jour pour nous, nous devons le faire aux autres. Son amour plein de support, de pardon et du désir de sauver les hommes est notre modèle, et chacun de nous doit être la fidèle image du Maître.

Aussitôt nous éprouvons ce regret : Hélas ! que j'ai peu vécu ainsi ! Que j'ai même peu compris que je devais vivre ainsi ! Et pourtant Jésus est mon Seigneur et mon Dieu, il m'aime et je l'aime. Je ne puis donc admettre la pensée de vivre autrement qu'il ne l'attend de moi. Que puis-je faire, sinon ouvrir mon cœur à sa parole, et regarder à lui comme à mon modèle, jusqu'à ce que sa puissance divine m'amène à m'écrier : Seigneur, je veux, moi aussi, faire ce que tu as fait !

La puissance de l'exemple dépend soit de l'attrait même de cet exemple, soit de l'influence individuelle de celui qui donne l'exemple. De quelle puissance est ici l'exemple de notre Seigneur ! Et pourtant y a-t-il vraiment un si grand attrait dans l'exemple de notre Seigneur ? Je le demande sérieusement, parce « qu'à en juger par la conduite d'un grand nombre de ses disciples, on pourrait croire que non. Oh ! veuille le Saint-Esprit nous ouvrir les yeux et nous faire voir toute la céleste beauté du Fils de Dieu !

Nous savons qui est le Seigneur Jésus. Il est le Fils du Dieu de gloire, il est un avec le Père, soit par sa nature même, soit par sa gloire et sa perfection. Quand il était sur la terre, on pouvait dire de lui : « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était avec le Père et qui s'est manifestée à nous ». (1 Jean 1.2). En lui, nous voyons Dieu. En lui, nous voyons comment Dieu agirait à notre place sur la terre. En lui, tout ce qui est beau, aimable et parfait dans le monde céleste nous est révélé dans l'exemple d'une vie terrestre. Si nous voulons savoir ce qui est noble et glorieux dans le ciel, si nous voulons voir ce qui est réellement divin, nous n'avons qu'à contempler Jésus, car dans tout ce qu'il fait se révèle la gloire de Dieu.

Mais quel aveuglement chez les enfants de Dieu ! Pour plusieurs d'entre eux, cette beauté céleste n'a aucun attrait : « Il n'y a rien en lui à le voir qui le leur fasse désirer ». (Esa. 53.2).

L'influence d'un roi de la terre et de sa cour se fait sentir dans tout son royaume. Tous ceux qui appartiennent à la noblesse et aux classes élevées s'empressent d'imiter l'exemple donné en si haut lieu, mais pour l'exemple du roi des cieux qui est venu habiter un corps de chair et nous enseigner à vivre ici-bas d'une vie divine, hélas, qu'il trouve peu d'imitateurs ! Quand nous considérons Jésus, son obéissance à la volonté du Père, son abaissement jusqu'à se faire le serviteur de tous, son amour allant jusqu'au plus entier dévouement, jusqu'au, sacrifice de lui-même, nous voyons là ce que le ciel a de plus merveilleux, de plus glorieux à nous montrer. Dans le ciel même nous ne verrons rien de plus grand, de plus resplendissant. Un exemple aussi attrayant ne devrait-il pas nous engager à le suivre ? N'y a-t-il pas là de quoi émouvoir à sainte jalousie tout ce qui a vie en nous, et nous faire accueillir avec joie cette parole de Jésus : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ! »

Ce n'est pas tout. La force de l'exemple ne dépend pas seulement de son excellence intrinsèque, mais aussi des rapports personnels qui s'établissent entre celui qui le donne et celui qui le reçoit. Jésus n'avait pas lavé les pieds à d'autres devant ses disciples. C'est après leur avoir lavé les pieds à eux-mêmes qu'il dit : « Comme je vous ai fait, vous devez aussi faire de même ». C'est donc la certitude d'être en relation directe avec Christ qui m'impose l'obligation de faire ce qu'il a fait. C'est l'expérience de ce que Jésus a fait pour moi qui me donne la force de faire de même aux autres. Jésus ne me demande pas de faire plus qu'il n'a fait pour moi, mais je ne dois pas faire moins non plus : « Comme je vous ai fait ». Il ne me demande pas de m'abaisser plus bas que lui comme serviteur, et pourtant il n'eût pas été étrange qu'il le demandât d'un pauvre ver comme moi ; mais non, il veut seulement que je sois et que je fasse précisément ce que lui, le roi, a été et a fait. Il s'est abaissé aussi bas que possible pour m'aimer et me bénir, et il a trouvé là son plus grand honneur, son plus grand bonheur. Maintenant il m'invite à prendre part à ce même honneur, à ce même bonheur, en aimant et en servant comme lui. En vérité, si je comprends bien de quel amour il m'enveloppe, et par quelle humiliation cet amour a dû passer pour m'atteindre, si je comprends quelle est la puissance de purification qui m'a lavé, rien ne saurait m'empêcher de m'écrier : Oui, mon Sauveur ! Ce que tu as fait pour moi, je veux le faire aussi! La céleste beauté de l'exemple donné, la divine beauté de celui qui donne l'exemple se réunissent ici pour donner à cet exemple un attrait irrésistible.

N'oublions pas qu'il ne s'agit pas seulement ici du souvenir de ce que Jésus a fait une fois pour nous, mais que c'est l'expérience de ce qu'il est à présent même pour nous qui nous donnera la force d'agir comme lui. Ce n'est qu'en réalisant moi-même par le secours du Saint-Esprit ce que Jésus fait pour moi, et comment il le fait, et que c'est bien lui qui le fait, qu'il me devient possible de faire pour les; autres ce qu'il fait pour moi.

« Que vous fassiez comme je vous ai fait ». Quelle précieuse parole ! Quelle glorieuse perspective ! Jésus veut manifester en moi le divin pouvoir de son amour pour que je puisse à mon tour le manifester à d'autres. Il me bénit pour que je puisse être en bénédiction à d'autres. Il m'aime pour que je puisse aimer les autres. Il se fait mon serviteur pour que je devienne le serviteur des autres. Il me sauve et me sanctifie, pour que je puisse en amener d'autres à être également sauvés et sanctifiés. Il se donne entièrement pour moi et à moi, pour que je puisse me donner entièrement aussi pour d'autres et à d'autres. Je n'ai qu'à faire pour les autres ce qu'il fait pour moi, rien de plus, et c'est précisément parce qu'il le fait en moi que je puis le faire aussi. Ce que je fais n'est donc pas autre chose que le reflet, que la manifestation de ce que je reçois de lui.

Quelle grâce d'être appelé à suivre le Seigneur dans ce qui constitue sa plus grande gloire ! Quelle grâce que celle qui, en nous appelant à faire ces choses, nous donne en même temps le nécessaire pour les accomplir, puisque c'est Jésus qui opère avant tout en nous ce que nous devons être à notre tour pour les autres ! De tout notre cœur ne répondrons-nous pas à son appel par un joyeux : Oui, Seigneur, ce que tu as fait pour moi, je veux aussi le faire pour d'autres.

Dieu de grâce, que puis-je faire sinon te louer et t'adorer ? Mon cœur ne peut suffire à saisir l'offre merveilleuse que tu me fais de me révéler tout ton amour, toute ta puissance, si je veux consentir à les faire passer de moi à d'autres. J'en suis écrasé, et si c'est avec crainte et tremblement, c'est pourtant aussi avec gratitude et adoration, avec joie et confiance que je voudrais accepter ton offre et te dire : Me voici. Montre-moi combien tu m'aimes et je le montrerai aux autres en les aimant de même.

Mais pour que je le puisse, ô mon Dieu, accorde-moi par ton Saint-Esprit une plus ample connaissance de ton amour pour moi. Oui, que je puisse savoir combien tu m'aimes, savoir que tu prends plaisir à m'aimer et à faire en moi tout ce que je devrais faire. Accorde-le moi, Seigneur. Je saurai alors comment aimer les autres, et vivre pour les autres, ainsi que tu le fais pour moi.

Accorde-moi encore, chaque fois que je me sens si peu d'amour pour mes semblables, de bien comprendre que ce n'est pas par le faible amour de mon misérable cœur que je puis accomplir ton commandement d'aimer comme toi, mais uniquement par ton amour venant en moi. Ne suis-je pas ton sarment, ô mon divin Cep ? C'est donc la plénitude de ta vie et de ton amour qui doit se répandre en amour et en bénédiction sur ceux qui m'entourent. C'est ton Esprit qui me révèle ce que tu es pour moi, et qui me donne la force d'être pour les autres ce que je dois, être en ton nom. Voilà ce qui me permet de dire : Amen, Seigneur, ce que tu fais pour moi, je le ferai aussi. Oui, amen.

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