Comme Christ

VINGT-DEUXIÈME JOUR
Semblable à lui dans sa mort

« Car si nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection... Car s'il est mort, il est mort une seule fois pour le péché... Vous aussi, mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Rom. 6.5, 10, 11.

C'est à la mort de Christ que nous devons notre salut. Plus nous comprendrons tout ce que signifie cette mort, plus aussi nous en éprouverons toute la vertu. Notre texte nous apprend ce que c'est que d'être un avec Christ dans sa mort. Que ceux donc qui veulent réellement être comme Christ dans leur vie, cherchent à bien comprendre ce qu'est la conformité à sa mort.

Christ avait une double œuvre à accomplir dans sa mort : opérer notre justification, et nous obtenir la vie. Quand l'Ecriture parle de la première partie de cette œuvre, elle se sert de ces mots : « Christ est mort pour nos péchés » (1 Cor. 15.3). Il a pris sur lui nos péchés, il en a subi le châtiment. Par là il les a expiés et nous a acquis une justice qui nous permet de nous présenter devant Dieu. Quand l'Ecriture parle de la seconde partie de cette œuvre, elle dit : « Il est mort au péché » (Rom. 6.10) ([3]). Mourir pour les péchés se rapporte à son caractère de substitut. Dieu a fait venir sur lui nos péchés (Esa. 53.6), et sa mort en a fait l'expiation. Mourir au péché désigne la rupture de tout rapport avec le péché. Par sa mort Christ a rompu tout rapport entre lui et le péché. Pendant sa vie le péché avait le pouvoir de lui susciter des luttes et des souffrances. Sa mort y mit fin. Le péché n'eut plus le pouvoir alors ni de le tenter, ni de le faire souffrir. Il était hors de son atteinte. La mort avait fait séparation complète entre lui et le péché. Christ mourut au péché.

Comme Christ, le pécheur est mort au péché puisqu'il est un avec Christ « par la conformité à sa mort ». Ainsi que, pour notre justification, il est indispensable de savoir que Christ est mort pour nos péchés ; de même, pour notre sanctification, il est indispensable de savoir que Christ et nous-mêmes avec lui, nous sommes morts au péché. Cherchons à le bien comprendre.

C'est comme étant le second Adam que Christ est mort. Issus du premier Adam, nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort. Adam est mort et nous sommes condamnés à mourir comme lui; la puissance de sa mort agit en nous ; nous sommes donc réellement morts en lui, aussi bien qu'il est mort lui-même. Nous comprenons ceci. Il en est précisément de même de notre mort en Christ : Nous avons été faits « une même plante avec lui, par la conformité à sa mort ». Christ est mort au péché, et nous avec lui, et maintenant l'efficacité de sa mort opère en nous. Nous sommes donc morts au péché, aussi certainement qu'il l'est lui-même.

Par notre première naissance, nous avons part à la mort d'Adam ; par notre seconde naissance, nous avons part à la mort du second Adam. Tout croyant qui accepte Christ participe à la puissance de sa mort et par là il est mort au péché. Mais le croyant peut posséder beaucoup sans le savoir. La plupart des croyants sont, à leur conversion, si occupés de la mort de Christ pour le péché, de leur justification par Christ, qu'ils ne cherchent pas à saisir le sens de ces mots : qu'en lui ils sont morts au péché. Ce n'est que lorsqu'ils sentent le besoin de son secours pour leur sanctification que s'éveille en eux le désir de comprendre cette conformité à sa mort, et qu'ils trouvent là le secret de la sainteté, reconnaissant, que comme Christ, ils sont, eux aussi, morts au péché.

Le chrétien qui ne comprend pas encore ceci se figure toujours que le péché est trop fort pour lui, que le péché a encore domination sur lui, et que parfois il doit lui obéir. C'est parce qu'il ne sait pas encore que, comme Christ, il est mort au péché. S'il le croyait, s'il comprenait le sens de ces mots, il dirait : « Christ est mort au péché. Le péché ne lui peut plus rien. Pendant sa vie et sa mort le péché a exercé son pouvoir sur lui ; c'est le péché qui a causé ses souffrances sur la croix et qui l'a fait passer par l'humiliation du sépulcre ; mais à présent il est mort au péché. Le péché a perdu ses droits sur lui. Il est à jamais délivré de sa puissance. Pour moi aussi, comme croyant, il en est de même. La Vie nouvelle qui est en moi est la vie de Christ ressuscité des morts ; c'est une vie renouvelée par la mort, une vie qui est entièrement morte au péché ». Le croyant, devenu une nouvelle créature en Jésus-Christ, peut donc s'écrier : Comme Christ, je suis mort au péché. Le péché n'a plus ni droits, ni domination sur moi ; j'en suis affranchi, et par là même je ne suis plus obligé de pécher.

Si le croyant pèche encore, c'est parce qu'il n'use pas du privilège de vivre comme quelqu'un qui est mort au péché. Par ignorance, par manque de vigilance ou par incrédulité, il perd de vue le sens et la force de ces mots : « par la conformité à sa mort », et alors il pèche. Mais s'il retient ferme ce que signifie le fait qu'il a partagé la mort de Christ, il peut surmonter le péché. Il remarque bien qu'il n'est pas dit : Le péché est mort. Non, le péché n'est pas mort, le péché vit et agit dans la chair. Mais lui-même est mort au péché et vit à Dieu, par conséquent le péché ne peut avoir aucune domination sur lui sans son consentement. S'il pèche encore, c'est parce qu'il permet au péché de régner sur lui et qu'il consent à lui obéir.

Bien-aimé chrétien, qui cherchez à ressembler à Christ, que votre conformité à sa mort vous soit la plus précieuse partie de la vie que vous souhaitez atteindre. Appropriez-vous-la par la foi. Tenez pour certain que vous êtes vraiment mort au péché. Que ce soit pour vous une affaire réglée ; Dieu le dit à chacun de ses enfants, même au plus faible; dites-le aussi : Comme Christ je suis mort au péché. Ne craignez pas de le dire ; c'est la vérité. Demandez que le Saint-Esprit vous éclaire quant à cette partie de votre union avec Christ, en sorte qu'elle ne vous soit pas seulement une doctrine, mais qu'elle soit en vous réalité et force.

Cherchez à mieux saisir ce qu'il nous est dit de la vie du croyant mort au péché, à saisir que par sa participation à la mort de Christ, il a été affranchi de la puissance du péché, et qu'ainsi commence pour lui une vie de victoire par Jésus-Christ. Quand vous aurez bien compris que vous avez eu part à la mort de Christ, saisissant cette vérité par la foi, vous deviendrez conforme aussi à ce qu'il est devenu lui-même par sa mort ; graduellement, progressivement vous vous approprierez les conséquences de cette mort, à mesure que Christ en fera passer en vous toute la puissance victorieuse ([4]).

Pour recueillir tout le bienfait de la mort de Christ, remarquez encore ceci : D'abord l'obligation qu'elle vous impose : « Nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ? » (Rom. 6.2). Cherchez à mieux pénétrer le sens de cette mort de Christ en laquelle vous avez été baptisé. Voici ce que signifie sa mort : Plutôt mourir que pécher, consentir à mourir, afin de vaincre le péché, être mort, et par là affranchi du pouvoir du péché. Saisissez-vous de ces mots : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ nous avons été baptisés eh sa mort ? » Que le Saint-Esprit vous baptise plus complètement « en sa mort », jusqu'à ce que la force de ces mots « mort au péché », jusqu'à ce que votre conformité à la mort de Christ se voient dans toute votre conduite et votre vie.

Voici en outre ce qu'est pour vous la conformité à la mort de Christ. Non seulement c'est une nécessité, c'est aussi une force. Vous, chrétien, qui désirez ressembler à Christ, s'il est une chose dont vous ayez surtout besoin, c'est de connaître l'immense puissance de la force de Dieu qui agit en vous. C'est par cette puissance éternelle que Christ a lutté dans sa mort contre les puissances de l'enfer et qu'il en a triomphé. En Christ vous avez part à sa mort ? et par là vous avez part à toute la puissance qui le rendit vainqueur. Consentez donc joyeusement avec un cœur plein de confiance à réaliser mieux votre conformité à la mort de Christ, et nécessairement alors vous lui deviendrez semblable.

O mon Dieu, que j'ai peu compris ta grâce ! Souvent j'ai lu ces mots : « Par la conformité à sa mort, nous avons été faits une même plante avec lui » ; souvent j'ai lu que toi, Seigneur, tu es mort au péché et qu'il est dit aux croyants : « De même vous aussi » ; mais je n'en ai pas saisi la force. Il en est résulté que ne me sachant pas conforme à toi en ta mort, je ne me savais pas non plus affranchi de la puissance du péché et vainqueur du péché. Seigneur, tu m'ouvres là une glorieuse perspective. Pour l'homme qui accepte avec foi la conformité à ta mort et qui selon ta Parole, se tient pour être mort au péché, le péché n'aura plus de domination sur lui. Il acquiert ainsi la force de vivre pour Dieu.

Seigneur ! Que ton Saint-Esprit me révèle plus parfaitement ces choses. Je veux recevoir avec foi ta Parole et prendre la place que tu m'assignes, me tenant pour mort au péché. Seigneur, en toi je suis mort au péché, apprends-moi à le saisir par la foi, ou plutôt à te recevoir toi-même jusqu'à ce que toute ma vie prouve que je suis bien mort au péché. O Seigneur, maintiens-moi en communion avec toi, afin que demeurant eh toi, je puisse réaliser en toi la mort au péché et vivre pour Dieu. Amen

(Voir la note 7e).

[3] La version anglaise dit : « Il est mort au péché. »

[4] Dans Rom. VI, la conformité à la mort de Christ précède la conformité à sa résurrection. Nul ne peut être vivant en Christ sans avoir d'abord consenti à mourir avec lui. Si dans Phi. 3.10, la conformité à la mort de Christ suit l'expérience de sa puissance de résurrection,c'est parce que plus cette vie de résurrection se développe en nous, plus elle nous confirme dans cette mort. Il y a continuellement là action et réaction.

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