Demeurez en Christ

Quinzième jour

DEMEUREZ EN CHRIST
EN CE MOMENT

« Voici MAINTENANT le temps vraiment favorable, voici MAINTENANT le jour du salut. » 2Co. 6.2

Cette conception de la vie vécue moment après moment est d'une telle importance, dans l'optique qui est la nôtre de l'habitation en Christ, que nous désirons en parler encore une fois. Et à tous ceux qui désirent apprendre l'art béni de ne vivre qu'un moment à la fois, nous voulons dire : le moyen de l'apprendre, c'est de s'entraîner à vivre dans le moment présent. Chaque fois que votre attention peut s'attacher en toute liberté à la pensée de Jésus — que ce soit pour un temps de méditation et de prière ou pour quelques brèves secondes — que votre première pensée soit : maintenant, en ce moment, j'habite en Jésus. N'employez pas ce temps en vains regrets sur les insuffisances de votre communion avec Christ ou en craintes, encore plus nocives, de ne pas pouvoir continuer à demeurer en lui, mais saisissez immédiatement cette position que le Père vous a donnée : « Je suis en Christ, c'est la place que Dieu m'a donnée. Je l'accepte et je m'y repose. J'habite réellement en Jésus » ; même le plus faible d'entre nous peut à tout moment dire, s'il consent à occuper sa place en tant que sarment dans la vigne : « Oui, j'habite réellement en Jésus ». Ce n'est pas une affaire de sentiment, ce n'est pas une question de croissance ou de puissance dans la vie chrétienne — il s'agit seulement de savoir si, en ce moment présent, votre volonté désire et accepte la place que vous avez en votre Seigneur. Si vous êtes un croyant, vous êtes en Christ. Si vous êtes en Christ et désirez y rester, votre devoir est de dire, ne serait-ce que pour un court instant : « Sauveur béni, en ce moment je suis en toi, tu me gardes maintenant ».

On a dit très justement que dans ce seul mot : maintenant, reposent les plus profonds secrets de la vie de la foi. A la fin d'une conférence sur la vie spirituelle, un pasteur expérimenté se leva et prit la parole. « Je ne sais pas, dit-il, si j'ai appris quelque vérité que je ne connaissais pas auparavant, mais j'ai appris à utiliser convenablement ce que je sais. J'ai appris que j'ai le privilège de dire à tout moment, quelles que puissent être les circonstances : Jésus me sauve maintenant ». C'est vraiment le secret du repos et de la victoire. Si je peux dire : « Jésus est pour moi, en ce moment, tout ce que Dieu lui a donné d'être : vie, puissance et paix », il me suffit alors, tandis que je dis cela, de rester réellement dans le calme et le repos. Et pour ce moment-là, j'ai tout ce dont j'ai besoin. Tandis que ma foi discerne que je suis en Christ de par Dieu, qu'elle prend en lui la place que le Père a préparée pour moi, alors mon âme peut déclarer tranquillement : maintenant je demeure en Christ.

Croyant, quand tu t'efforces de découvrir le moyen de demeurer en Christ, moment après moment, rappelle-toi que le point de départ c'est : demeure en lui en ce moment même. Au lieu de gaspiller tes forces à essayer d'atteindre un état qui puisse durer, rappelle-toi seulement que c'est Christ lui-même, le Seigneur vivant qui t'aime, qui seul peut te garder et qui désire le faire. Commence tout de suite et mets ta foi en lui pour ce moment présent : c'est le seul moyen d'être gardé pour le moment suivant. On ne parvient généralement pas d'un seul coup à une vie d'habitation parfaite et constante en Christ, et cela n'est pas donné comme une chose qu'on posséderait pour toujours ; cela vient le plus souvent graduellement. Saisis donc chaque occasion d'exercer ta confiance pour le moment présent. Chaque fois que tu t'inclines dans la prière, que la première expression de ta piété soit : « Père, je suis en Christ, en ce moment, j'habite en lui ». Chaque fois que tu as l'occasion, dans la multiplicité de tes tâches absorbantes de te recueillir un moment, il faut que cette pensée te vienne spontanément : « Je repose en Christ, je demeure en lui maintenant ». Même si tu as été vaincu par le péché et que ton cœur, au dedans de toi, est troublé et agité, oh ! lève les yeux en haut et dis : « Père, j'ai péché et cependant je viens à toi — bien que je rougisse de dire cela —comme un de ceux qui sont en Christ. Père, c'est là que je suis, je ne peux pas être ailleurs. Par Dieu je suis en Christ ; maintenant, je demeure en Christ ». Oui, chrétien, en toute circonstance imaginable, à tout moment du jour, la voix t'appelle : « Demeure en moi, fais-le maintenant ». Et en ce moment même, tandis que tu lis ces lignes, oh ! viens tout de suite et entre dans cette vie bénie d'habitation permanente, fais-le tout de suite, maintenant.

Dans la vie de David, il y a un passage remarquable qui va nous aider à rendre cette idée plus claire (2Sam. 3.17-18). David a reçu l'onction comme roi de Juda. Les autres tribus obéissent encore à Ichbochet, le fils de Saul. Abner, chef des armées de Saul, résolut d'amener les tribus d'Israël à se soumettre à David, le roi désigné par Dieu pour toute la nation. Il dit aux anciens d'Israël : « Vous avez toujours voulu avoir David comme roi. Agissez maintenant car l'Éternel a dit de lui : c'est par l'intermédiaire de David mon serviteur que je sauverai mon peuple d'Israël de la main des Philistins et de la main de tous ses ennemis ». Et ils ont agi ; ils ont oint David une seconde fois afin qu'il soit roi dorénavant de tout Israël comme il l'avait d'abord été de Juda seulement (2Sam. 5.3). Cela illustre de façon très instructive la voie par laquelle une âme est conduite à vivre dans l'abandon  complet,  la  soumission  sans  partage, à demeurer pleinement en Christ.

Tout d'abord, nous voyons le royaume divisé. Juda est fidèle au roi désigné par Dieu mais Israël s'accroche encore au roi qu'il a choisi lui-même. Il en résulte une nation divisée contre elle-même et impuissante à vaincre ses ennemis. C'est l'image d'un cœur partagé. Jésus est accepté comme roi de Juda, le lieu de la montage sainte, la chambre la plus intime de l'âme, mais le territoire environnant, la vie quotidienne, n'ont pas encore fait leur soumission ; plus de la moitié de la vie est encore gouvernée par la volonté propre et ce qu'elle entraîne avec elle. Ainsi, il n'y a ni paix, ni puissance contre les ennemis.

Le désir longtemps insatisfait se manifeste ensuite : « Vous avez toujours voulu avoir David comme roi ». Il y avait un temps où, David ayant vaincu les Philistins, tout Israël croyait en lui, mais on les avait égarés. Abner en appelle à la connaissance qu'ils ont de la volonté de Dieu : c'est David qui doit régner sur eux tous. Ainsi le croyant, quand on Ta amené à Jésus, a vraiment désiré faire de lui le Seigneur de tout son être, et espéré qu'il serait son seul roi. Mais hélas ! l'incrédulité, la volonté propre, se manifestent ensuite et Jésus n'a pas pu asseoir son autorité sur la vie entière. Et le chrétien n'est pas satisfait. Combien il aspire à des jours meilleurs — souvent sans oser espérer que cela puisse arriver !

Vient alors la promesse de Dieu. Abner proclame : « l'Eternel a dit : c'est par l'intermédiaire de David mon serviteur que je sauverai mon peuple de la main de tous ses ennemis ». Il en appelle à la promesse de Dieu : comme David a vaincu les Philistins, les plus proches ennemis dans le passé, lui seul pourra vaincre aussi les ennemis plus lointains. Il sauvera Israël de tous ses ennemis. Belle image de la promesse par laquelle l'âme est invitée maintenant à faire confiance à Jésus pour vaincre tous ses ennemis et la faire vivre dans une communion que rien ne vient troubler. « L'Eternel a dit » — c'est là notre seule espérance. Sur ces paroles repose notre sûre attente. « Comme il en avait parlé ..., selon le serment qu'il a juré à Abraham notre père, ainsi nous accorderont-il, après avoir été délivrés de la main de nos ennemis, de pouvoir sans crainte lui rendre un culte dans la sainteté et la justice, en sa présence, tout au long de nos jours » (Luc 1.70-75). David régnant sur chaque parcelle du pays et conduisant, de victoire en victoire, un peuple uni et obéissant, c'est l'image de ce que Jésus promet de faire pour nous aussitôt que, par la foi en la promesse de Dieu, nous lui soumettons toutes choses et abandonnons notre vie entière pour qu'il nous garde en lui. « Vous avez toujours voulu avoir David comme roi » dit Abner, et il ajoute « Agissez maintenant ». Agissez maintenant, voilà le message que cette histoire apporte à chacun de ceux qui désirent donner à Jésus la suprématie sans partage. Quel que soit le moment présent, si peu préparé que tu sois à ce message, si triste que puisse être l'état de ta vie, divisée, désespérée, je viens pourtant te transmettre l'appel urgent de Christ à une soumission immédiate, en ce moment même. Je sais bien qu'il faudra du temps pour que le Sauveur béni établisse son pouvoir et réorganise tout en toi selon sa volonté — du temps pour vaincre les ennemis, te former pour son service en utilisant toutes tes possibilités. Cela ne se fait pas en un instant. Mais il y a des actes qui se font en un instant. Par exemple, abandonner toutes choses à Jésus, t'abandonner toi-même pour vivre entièrement en lui. A mesure que le temps passe et que, l'exercice aidant, ta foi est devenue plus forte et plus éclatante, cet abandon deviendra plus précis et plus intelligent. Mais n'attends pas d'en être là. La seule manière d'y parvenir jamais est de commencer tout de suite. Agis maintenant. Abandonne-toi en ce moment même pour habiter pleinement en Jésus, en lui seul, pour toujours. Cela peut se faire en un instant. Et c'est en un instant aussi que Christ va t'accepter à nouveau. Sois assuré que tu es à lui et qu'il te considère comme sien. Chaque fois que tu redis : « Jésus, j'habite réellement en toi », cela suscite, de la part du Dieu invisible, une réponse immédiate et chaleureuse. Aucun acte de foi n'est accompli en vain. Tout à nouveau, Dieu nous saisit et nous attire tout près de lui. Mais chaque fois que ce message te parvient, chaque fois que l'appel de Jésus « Demeure en moi » te revient à l'esprit, chaque fois aussi entends ce murmure : « Fais-le tout de suite, fais-le maintenant ».

Que chaque chrétien commence ainsi et il expérimentera vite que la bénédiction du moment présent se transmet facilement au suivant. Jésus est toujours le même et c'est à lui qu'il est encordé. C'est la puissance de la vie divine dans sa continuité sans défaut qui s'est emparée de lui. La parole actuelle « agis maintenant » — bien que cela semble peu de chose — n'est rien de moins que le commencement actuel de l'éternel présent qui est le mystère glorieux de l'éternité. C'est pourquoi, chrétien, demeure en Christ, fais-le maintenant.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant