Demeurez en Christ

Vingt et unième jour

DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN D'AVOIR DE LA PUISSANCE DANS LA PRIÈRE

« Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ». Jean 15.7

La prière est à la fois l'un des moyens et l'un des fruits de notre union avec Christ. En tant que moyen, son importance est incommensurable. Tout ce qui concerne la foi, tous les élans de nos désirs, tous nos soupirs vers un plus parfait abandon, tous nos aveux d'échec ou de péché, tous les efforts de l'âme pour abandonner le moi et s'attacher à Christ — tout trouve son expression dans la prière. Dans chaque méditation sur le fait de demeurer en Christ, nous avons pu saisir quelque nouvel aspect de ce que l'Ecriture nous enseigne concernant cette vie bénie. Et à chaque fois, le premier mouvement du croyant est de se tourner vers le Père, d'épancher son cœur dans le sien et de lui demander une pleine compréhension et une pleine appropriation  de ce qu'on lui a fait apercevoir dans la Parole. Le croyant qui va véritablement croître et se fortifier en Christ, est celui qui ne se contente pas d'exprimer tout simplement son espérance mais qui prend le temps d'attendre, en secret, dans la prière, jusqu'à ce qu'il ait reçu et saisi ce qu'il a découvert. Si une âme habite en Christ, si imparfaitement que ce soit, sa prière sera entendue et elle trouvera dans la prière l'un des meilleurs moyens d'y demeurer plus abondamment. Mais ce n'est pas seulement un moyen. Le Seigneur en parle aussi, dans la parabole de la vigne, comme fruit de notre habitation en Lui. Il ne pense pas tellement à la prière — ce qu'hélas nous faisons trop souvent — comme au moyen d'obtenir une bénédiction pour nous-mêmes, mais comme l'un des canaux par lesquels les bénédictions de la rédemption vont être déversées sur le monde, au travers de nous qui sommes ouvriers avec Dieu. En plaçant devant lui et devant nos yeux la gloire du Père par l'extension de son royaume, il nous montre pour quelle raison il a fait de nous des sarments et il nous certifie que, si seulement nous demeurons en lui, nous sommes des Israëls, vainqueurs dans la lutte avec Dieu et avec les hommes (Gen. 32.29). Notre prière sera la prière agissante du juste, d'une grande efficacité, comme celle d'Elie en faveur de sa nation infidèle (Ja. 5.16-17). Une telle prière est le fruit de notre habitation en Christ et le moyen pour nous de porter beaucoup de fruit.

Chez le chrétien qui ne demeure pas pleinement en Jésus, les difficultés liées à la prière sont parfois telles qu'elles le privent du réconfort et de la force que la prière pourrait lui apporter. Avec une apparence d'humilité, il se demande comment quelqu'un d'aussi indigne que lui pourrait avoir quelque influence sur le Dieu très saint. Il pense à la souveraineté de Dieu, à la perfection de sa sagesse et de son amour et il ne voit pas comment sa prière pourrait jamais avoir quelque effet réel. Il prie, mais c'est surtout parce que, sans la prière, il n'a pas le repos. Il ne prie pas avec amour et foi en l'exaucement de sa prière. Mais l'âme qui vraiment demeure en Christ est délivrée de toutes ses questions et perplexités. Quelle bénédiction ! Elle comprend de mieux en mieux que, si nous sommes acceptés et écoutés, c'est parce que nous sommes en réalité spirituellement un avec Christ. L'union avec le Fils de Dieu est une union vivante : nous sommes littéralement un avec lui et notre prière monte à Dieu comme sa prière. C'est parce que nous demeurons en lui que nous pouvons demander ce que nous voulons et que cela nous est donné.

Il y a beaucoup de raisons pour qu'il en soit ainsi. L'une d'elles est que, si nous demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous, nous apprenons à prier en accord avec la volonté de Dieu. Dans cette habitation en Christ, notre volonté propre est maîtrisée,  les pensées et les désirs naturels sont rendus captifs des pensées et désirs de Christ ; notre esprit devient de plus en plus semblable à l'esprit de Christ — tous nos « vouloir et faire » s'harmonisent avec les siens. Notre cœur se sonde souvent à nouveau lui-même pour vérifier si la soumission est vraiment totale. Notre prière fervente à l'Esprit qui sonde les cœurs, c'est que rien ne soit conservé par devers nous. Tout est livré à la puissance de sa vie en nous afin qu'il puisse, par son influence, sanctifier jusqu'aux désirs et aux souhaits les plus ordinaires. Son Esprit Saint souffle sur tout notre être et, sans que nous sachions comment, nos désirs, tels le souffle de la vie divine, sont en conformité avec la volonté de Dieu et sont exaucés. Demeurer en Christ renouvelle et sanctifie notre volonté : nous demandons ce que nous voulons et cela nous est accordé. Voici une autre pensée en relation avec la première : le croyant qui demeure en Christ apprend à ne rechercher dans la prière que la gloire de Dieu. Quand il promet d'exaucer la prière, la seule pensée de Christ est celle-ci (voir Jean 14.13) : que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand il intercède sur terre (Jn. 17), c'est aussi son unique désir, sa seule requête. Quand il intercède au ciel, c'est toujours ce qu'il a en vue. Quand le croyant demeure en Christ, le Sauveur insuffle ce désir en lui. Cette pensée : « POUR LA SEULE GLOIRE DE DIEU » devient la dominante d'une vie cachée en Christ. Tout d'abord, l'âme subjuguée, apaisée, redoute presque d'éprouver un désir, de peur qu'il ne soit pas à la gloire de Dieu. Mais quand la royauté de Christ a été acceptée, que tout lui a été soumis, cette suprématie se manifeste puissamment pour élever et élargir notre cœur, lui faire découvrir le vaste champ qui nous est ouvert pour glorifier Dieu. Quand nous demeurons en Christ, l'âme apprend, non seulement à désirer mais aussi à discerner spirituellement ce qui servira à la gloire de Dieu ; la première condition pour que notre prière soit agréée est remplie lorsque notre pensée tout entière est en harmonie parfaite avec celle du Fils de Dieu disant : « Père, glorifie ton nom » — et cela, c'est le fruit de notre union avec Christ.

Plus encore, c'est en demeurant en Christ que nous pouvons vraiment nous prévaloir du nom de Christ. Demander au nom de quelqu'un d'autre signifie que cette autre personne m'y a autorisé, qu'elle m'a envoyé demander quelque chose et veut être considérée comme demandant elle-même : c'est elle qui désire ce que nous demandons. Bien souvent les croyants essayent de penser au nom de Jésus et à ses mérites afin de se persuader eux-mêmes qu'ils vont être exaucés, tout en ressentant douloureusement qu'ils ont bien peu de foi en son nom. Ils ne vivent pas pleinement dans le nom de Jésus.

C'est seulement quand ils commencent à prier qu'ils cherchent à s'emparer de ce nom pour s'en servir. Cela ne peut se faire. La promesse : « Tout ce que vous demanderez en mon nom » (Jn. 14.13) ne peut pas être séparée du commandement : « Quoi que vous fassiez ... faites tout au nom du Seigneur Jésus » (Col. 3.17). Pour pouvoir disposer entièrement du nom de Christ afin de m'en réclamer pour tout ce que je désire, il faut nécessairement que je me sois d'abord mis moi-même entièrement à sa disposition pour qu'il me gouverne librement et totalement. C'est le fait de demeurer en Christ qui donne le droit d'utiliser son nom avec confiance et d'en voir la puissance. A Christ, le Père ne refuse rien. Quand je demeure en Christ, je viens au Père en étant un avec lui. Sa Justice est en moi, son Esprit est en moi, le Père voit le Fils en moi et accède à ma demande. Ce n'est pas — comme beaucoup le pensent — par une sorte d'attribution que le Père nous regarde comme si nous étions en Christ alors que nous ne le serions pas. Non. Le Père veut nous voir vivre en lui. C'est alors que notre prière aura réellement de la puissance et comptera pour quelque chose. Le fait de demeurer en Christ, non seulement renouvelle notre volonté et nous amène à prier de la bonne façon, mais encore nous assure la possession totale de Ses mérites.

Ajoutons encore ceci : demeurer en Christ produit en nous la foi qui seule peut obtenir une réponse : « Qu'il vous soit fait selon votre foi » (Mat. 9.29), telle est l'une des lois du royaume. « ... croyez que vous l'avez reçu et cela vous sera accordé » (Marc 11.24). La foi repose sur la Parole et s'y enracine, mais c'est quelque chose de très supérieur à un simple raisonnement logique : Dieu a promis, donc j'obtiendrai. Non. La foi est un acte spirituel qui dépend de paroles habitant en nous comme une puissance vivante. Elle est liée à l'état de toute notre vie intérieure. Sans le jeûne et la prière (Marc 9.29), sans l'humilité et la vie spirituelle (Jn. 5.44), sans une application de tout le cœur à faire ce qui Lui est agréable (1Jn. 3.22), il ne peut y avoir cette foi vivante. Mais quand l'âme demeure en Christ et que grandit la conscience de son union avec Lui, qu'elle découvre à quel point c'est par Lui seul qu'elle-même et sa prière peuvent être agréées de Dieu, alors elle ose réclamer l'exaucement parce qu'elle sait n'être qu'un avec Lui. C'est par la foi qu'elle a appris à demeurer en Lui, et si elle peut accéder à une foi plus grande en tout ce que Dieu a promis d'être et de faire, c'est encore là un fruit de cette foi. Elle apprend à murmurer sa prière avec une certitude profonde, paisible, confiante : « Nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé »

D'autre part, demeurer en Christ nous maintient sur le terrain où l'exaucement peut nous être accordé. Certains croyants demandent la bénédiction avec ferveur mais, quand Dieu vient les chercher pour les bénir, il ne les trouve plus. Il ne leur est jamais venu à l'idée qu'il ne suffit pas de demander une bénédiction mais qu'il faut l'attendre et la recevoir dans la prière. Demeurez en Christ — c'est là que vous recevrez l'exaucement. Hors de lui, cela pourrait être un danger pour nous : nous pourrions tout dépenser pour nos passions (Ja.4.3). La plupart des riches exaucements — grâces spirituelles, puissance pour travailler et pour être en bénédiction à d'autres — ne peuvent venir que sous forme d'une expérience plus profonde de ce que Christ a été fait pour nous, de par Dieu. La plénitude est EN LUI ; demeurer en Christ est la condition de la puissance dans la prière parce que l'exaucement est conservé précieusement pour être accordé en lui.

Croyant, demeure en Christ, car c'est là l'école de la prière, de la prière puissante, efficace, suivie d'exaucement. Demeure en lui et tu apprendras ce qui est caché à tant d'autres : le secret de la prière de la foi, c'est la vie de la foi — une vie qui réside en Christ seul.

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