Demeurez en Christ

Vingt-sixième jour

DEMEUREZ EN CHRIST
ET DANS L'AMOUR ENVERS LES FRÈRES

« Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Jean 15.12

« COMME le Père m'a aimé, MOI AUSSI je vous ai aimés ; COMME je vous ai aimés, VOUS AUSSI aimez-vous les uns les autres ». Dieu s'est fait homme. L'amour divin a commencé à couler au travers d'un cœur humain et est devenu ainsi l'amour d'un être humain pour un autre. L'amour qui remplit le ciel et l'éternité va désormais pouvoir être vu quotidiennement ici-bas, dans la vie terrestre et temporelle.

« Voici mon commandement », dit le Sauveur, « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Il a parlé plusieurs fois des commandements, mais l'amour qui est l'accomplissement de la Loi (Rom. 13.10) les inclut tous et c'est pourquoi il l'appelle « mon commandement », un commandement nouveau. Cela va devenir la grande réalité mise en évidence par la Nouvelle Alliance, la puissance de la vie nouvelle révélée en Jésus Christ.

Cela va devenir la marque indiscutable et persuasive du disciple. « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples » (Jean 13.35) « Qu'eux aussi soient un afin que le monde croie ... » (Jean 17.21) « qu'ils soient parfaitement un et que le monde connaisse ... que tu les as aimés comme tu m'as aimé » (Jean 17.23). Pour le croyant qui aspire à demeurer en Christ, le fait de garder ce commandement est la preuve immédiate et bénie de ce qu'il demeure en Lui et cela le conduit à une union plus entière et plus parfaite encore.

Essayons de comprendre comment cela se fait. Nous savons que Dieu est amour et que Christ est venu nous le révéler, non comme une doctrine mais en vivant cet amour. Sa vie, dans son merveilleux abaissement jusqu'au sacrifice de soi, fut par dessus tout l'incarnation de l'amour divin. Il a montré aux hommes comment Dieu les aimait par des manifestations tellement humaines qu'ils pourraient enfin comprendre. En aimant les indignes et les ingrats, en se dépouillant lui-même pour marcher parmi les hommes comme un esclave, en devenant obéissant jusqu'à la mort, il a vécu en mettant simplement en pratique l'amour divin qui était dans le cœur de Dieu. Il a vécu et il est  mort  pour  nous  montrer  l'amour  du  Père.

Et désormais, tout comme Christ a mis en évidence l'amour de Dieu, il faut que les croyants mettent en évidence pour le monde l'amour du Christ. C'est à eux de prouver au monde que Christ aime les hommes et qu'en aimant, il les remplit d'un amour qui n'est pas de cette terre. C'est à eux d'être les témoins perpétuels de l'amour qui s'est donné jusqu'à la mort, en vivant et en aimant comme il Va fait. Il a tant aimé le monde que, même les Juifs, se sont écriés, à Béthanie : « Voyez comme il l'aimait » (Jean 11.36). Il faut que les chrétiens vivent de telle manière que les gens soient obligés de dire : « Voyez comme ces chrétiens s'aiment les uns les autres ». Dans leurs rapports mutuels de tous les jours, les chrétiens sont en spectacle à Dieu, aux anges et aux hommes. C'est dans la mesure où leur amour mutuel ressemble à celui de Christ qu'on saura de quel esprit ils sont. Dans toute la diversité des caractères, des cultures, des langages ou des situations, ils ont à démontrer que l'amour a fait d'eux les membres d'un seul corps, qu'ils sont membres les uns des autres, qu'ils ont appris à s'oublier eux-mêmes et à se sacrifier pour le bien des autres. Leur vie d'amour est la meilleure façon de prouver au monde qu'ils sont des chrétiens, que Dieu a réellement envoyé Christ, et qu'il a répandu en eux l'amour même dont il les a aimés. C'est ce qui prouve de la manière la plus puissante et la plus convaincante que l'on est chrétien.

Cet  amour  des  disciples  de  Christ  les uns pour les autres se place entre leur amour pour Dieu et leur amour pour les hommes. C'est tout d'abord un gage de l'amour pour « Dieu qu'on ne voit pas » (1Jn. 4.20). L'amour pour quelqu'un qu'on ne voit pas peut si facilement n'être que pure sentimentalité ou imagination ; dans les relations entre enfants de Dieu, l'amour pour Dieu est réellement appelé à l'action et il se manifeste par des actes que le Père agréera comme s'il en était lui-même l'objet. C'est le seul moyen de prouver que cet amour est véritable. L'amour pour les frères, c'est la fleur et le fruit d'une racine cachée au fond du cœur : l'amour pour Dieu. Et ce fruit devient à son tour une semence d'amour pour tous les hommes. Les relations entre chrétiens sont l'école où les croyants sont exercés et fortifiés pour aimer les autres hommes, ceux qui n'appartiennent pas encore à Christ. Cet amour n'est pas seulement une amitié qui repose sur des points communs, mais un saint amour qui accepte l'être le plus indigne et supporte le plus désagréable pour l'amour de Jésus. L'amour des uns pour les autres en tant que disciples est toujours mis en évidence comme le maillon qui relie l'amour pour Dieu seul et l'amour pour les hommes en général.

Dans les relations de Christ avec ses disciples, nous trouvons la règle de conduite de cet amour fraternel. Si nous étudions son indulgence et son pardon envers ses amis, dont la limite va jusqu'à soixante dix fois sept fois (Mat. 18.22), si nous regardons sa patience inlassable, son humilité infinie, si nous contemplons sa douceur et l'abaissement avec lequel il cherche à gagner une place de serviteur, entièrement dévoué au service des siens, alors nous accepterons joyeusement cet ordre : « faites comme moi je vous ai fait » (Jean 13.15). Selon son exemple, chacun de nous ne vit plus pour lui-même mais pour les autres. Une loi de bonté règne sur la langue car l'amour a fait vœu de ne jamais laisser une parole désobligeante franchir ses lèvres. L'amour refuse non seulement de dire, mais même d'entendre ou de penser du mal de quelqu'un ; il est plus jaloux de l'honneur et de la réputation de ses frères que des siens propres. Je puis abandonner au Père le soin de ma réputation, mais celle de mon frère m'est confiée. L'amour divin a été répandu dans le cœur des chrétiens afin qu'il rayonne, comme il a rayonné dans la vie de Jésus, sous tous ses aspects : l'amabilité, l'affection, la courtoisie, la générosité, le sacrifice de soi, les bienfaits de toutes sortes : une vie de bénédiction et de beauté.

Chrétien ! Que penses-tu de ce glorieux appel à aimer comme Christ ? Ton cœur ne bondit-il pas à la pensée de ce privilège inexprimable d'être ainsi rendu semblable à l'Amour éternel ? Ou vas-tu  encore  te  mettre  à  soupirer  en  considérant comme inaccessible le degré de perfection auquel tu es appelé à t’élever ? Mon frère, cesse de soupirer car tel est en vérité le but suprême de l'amour du Père : il nous appelle à être semblables à Christ dans notre amour, tout comme Christ a été semblable au Père dans son amour. Comprends enfin que  celui  qui  t'a  donné  cet ordre, étroitement lié à son enseignement sur la Vigne et à son invitation à demeurer en lui, te donne par cela même l'assurance qu'il te suffit de demeurer en lui pour être capable d'aimer comme lui. Accepte ce commandement comme une nouvelle motivation pour demeurer plus parfaitement en Christ. Considère plus  que jamais  que  demeurer  en  Christ,  c'est demeurer  dans  son  amour ;  enraciné  et  fondé quotidiennement  dans  un  amour  qui  surpasse toute  connaissance,  tu  recevras  de  sa plénitude et  tu  apprendras  à  aimer.  Quand Christ habite en  toi,  le Saint Esprit répand l'amour de Dieu dans ton cœur (Rom. 5.5) et tu aimes les frères, même ceux qui sont difficiles à supporter et peu aimables, d'un amour qui n'est pas le tien mais celui de Christ en toi. Alors le commandement d'aimer nos frères n'est plus un fardeau mais une joie si tu l'associes, comme Jésus l'a fait, à son propre amour pour toi : « Demeurez dans mon amour ; aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

« Voici  mon  commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Quand Jésus a annoncé que nous porterions davantage de fruit, n'est-ce pas aussi de cela qu'il parlait ? — Oui, c'est en vérité une grappe de ces raisins d'Echkol par laquelle nous apportons aux autres la preuve de ce que la Terre promise est vraiment un bon pays (Nb. 13.23). Essayons donc, en toute simplicité et honnêteté, de traduire pour ceux qui nous entourent, le langage de la foi sublime et de l'enthousiasme céleste en une prose toute simple que chacun puisse comprendre : celle du comportement de tous les jours. Que notre caractère soit gouverné par l'amour de Jésus. Il n'est pas seulement capable de le soumettre, mais il peut aussi nous rendre aimables et patients. Déposons à ses pieds avec confiance le vœu qu'on n'entende jamais aucune parole blessante sortir de notre bouche. Que nos rapports avec tous soient marqués de cette affabilité qui ne s'offense de rien, excuse tout, pense et espère toujours ce qu'il y a de meilleur. Que notre but, en demeurant en Jésus, soit l'amour qui ne cherche pas son intérêt mais qui est toujours prêt à laver les pieds des autres, et même à donner sa vie pour eux. Que notre vie soit une vie d'oubli de soi, recherchant toujours le bien des autres et trouvant sa plus grande joie à être pour eux une bénédiction. Et, tandis que nous apprenons l'art divin de faire du bien, abandonnons-nous, comme des élèves obéissants, à la conduite du Saint Esprit. Par sa grâce, la vie la plus banale peut être transfigurée et acquérir l'éclat d'une beauté céleste, parce que l'amour infini inhérent à la nature divine rayonnera au travers de notre frêle condition humaine. Mon frère, louons Dieu ! Nous sommes appelés à aimer comme Jésus aime, comme Dieu aime.

« Demeurez dans mon amour et aimez comme je vous ai aimés ». Béni soit Dieu, c'est possible. La nouvelle et sainte nature que nous avons reçue et qui se fortifie tandis que nous demeurons en Christ, notre Vigne, peut aimer comme lui. Chaque fois que nous découvrirons la méchanceté de notre vieille nature, chaque fois que nous désirerons ardemment obéir à l'ordre du Seigneur, chaque fois qu'aimer de l'amour de Christ nous aura apporté puissance et bénédiction, nous nous sentirons pressés d'accepter avec une foi nouvelle l'ordre béni : « Demeurez en moi, et moi en vous » ; « Demeurez dans mon amour ».

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