L'Esprit du Christ

22. Spirituel ou charnel

« Pour moi, frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. » 1Co 3.1-3

Dans le chapitre précédent nous avons vu que Paul met en parallèle le croyant devenu spirituel avec l’homme naturel non encore régénéré, en d’autres termes l’homme de l’Esprit avec l’homme d’âme. (1Co 2.14, 15). Il complète ici ce qu’il voulait dire. Il explique aux Corinthiens que quoiqu’ils eussent l’Esprit, il ne pouvait pas dire d’eux qu’ils fussent spirituels, parce qu’il ne suffit pas pour l’être d’avoir reçu l’Esprit, mais qu’il faut encore le laisser prendre possession du cœur et régler toute la vie. L’homme passe par trois phases successives: L’homme non régénéré : c’est l’homme naturel qui n’a pas encore reçu l’Esprit de Dieu ; l’homme régénéré qui est encore un petit enfant en Christ, soit parce qu’il n’est que tout nouvellement converti, soit parce qu’il est resté stationnaire : c’est l’homme charnel qui subit encore l’influence de la chair ; le croyant qui est entièrement sous la domination de l’Esprit : c’est l’homme spirituel. Tout ce passage est riche d’enseignements quant à la vie de l’Esprit au-dedans de nous.

Il est triste de devoir reconnaître qu’un grand nombre de chrétiens restent toujours de « petits enfants en Christ », comme les Corinthiens, tandis qu’ils devraient « tendre à la perfection », et « parvenir à l’état d’homme fait » (2Co 13.11 ; Eph 4.13). La racine du mal se trouve dans la répugnance des chrétiens à renoncer au moi, à « crucifier la chair ». A tous Jésus adresse ces mots: « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même ». (Mat 16.24). L’Esprit n’est envoyé qu’à ceux qui obéissent; il ne peut faire son œuvre que dans le cœur de ceux qui veulent renoncer au moi et le vouer à la mort.

Il est facile de comprendre que la vie charnelle avec ses actes et l’esprit charnel avec ses connaissances réagissent l’un sur l’autre. Tant que nous laissons libre cours à la chair, nous ne pouvons pas recevoir des lumières spirituelles sur la vérité. Nous pourrons « connaître tous les mystères et la science de toutes choses », et ne pas avoir la charité, cet amour que l’Esprit communique à notre vie intérieure; tout cela n’est que « science qui enfle » et qui « ne sert de rien ».

Tout chrétien est appelé de Dieu à être « un homme spirituel ». Le but de la rédemption par Christ était en effet d’ôter tout obstacle à ce que l’Esprit de Dieu pût faire du cœur et de la vie de l’homme une demeure digne du Dieu qui est Esprit. La rédemption ne manqua pas son but. Le Saint-Esprit vint inaugurer une nouvelle économie, celle de la vie divine venant demeurer en l’homme avec puissance. La promesse et l’amour du Père, la puissance et la gloire du Fils, la présence de l’Esprit-Saint sur la terre nous sont garants de la possibilité de ce changement. De même que l’homme naturel peut devenir un homme régénéré, l’homme régénéré, mais encore charnel, peut devenir un homme spirituel.

Pourquoi donc n’en est-il pas toujours ainsi ? Cette question nous ramène au grand et impénétrable mystère de la liberté de l’homme, à la faculté que Dieu lui a laissé d’accepter ou de refuser ses offres, de saisir ou de rejeter la grâce qu’il lui accorde. C’est le Saint-Esprit qui fait de l’homme un être spirituel. Lui seul le peut et il le fait très certainement chaque fois qu’on se livre entièrement à lui. Etre entièrement pénétré et sanctifié par le Saint-Esprit, placer sous son contrôle l’esprit d’abord, puis l’âme avec sa volonté, ses sentiments et ses facultés intellectuelles, et lui soumettre le corps aussi, voilà ce qui rend l’homme spirituel, et ce qui prouve qu’il l’est. Répétons-nous ces mots qui seront la force de notre vie: Le Saint-Esprit demeure en moi; c’est dans mon esprit qu’est son sanctuaire invisible.

A mesure que notre foi saisira mieux ce qu’il est et ce qu’il veut faire, à mesure aussi que nous verrons mieux qu’il ne l’a pas encore fait, nous voudrons savoir ce qui l’en empêche, et nous découvrirons que c’est la chair et nous rejetterons de notre vie tout ce qui est charnel.

C’est là l’obéissance qui nous est demandée. Dès que nous croyons au Saint-Esprit qui est en nous, nous savons que nous avons la force nécessaire pour « marcher par l’Esprit » ; nous n’avons qu’à nous abandonner à son action puissante et recevoir de lui « le vouloir et le faire selon le bon plaisir de notre Dieu ». (Phi. 2.13).

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