Jésus guérit les malades

QUATRIÈME JOUR
L’onction au nom du Seigneur

« Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les anciens de l’Eglise et que les anciens prient pour lui en l’oignant au nom du Seigneur. » (Jas 5.14)

« L’oignant au nom du Seigneur. » Ces mots ont donné matière à controverse. On a voulu en inférer que bien loin de prescrire le recours à la prière de la foi seule et sans remèdes, saint Jacques avait au contraire mentionné l’onction d’huile comme un remède à employer, et que « oindre au nom du Seigneur » n’avait d’autre signification que celle d’enduire et de frictionner le malade avec de l’huile. Mais comme cette prescription s’étend à toute espèce de maladie, l’huile acquerrait par là une vertu miraculeuse sur tous les maux. Voyons ce que nous dit l’Écriture de l’onction d’huile et quel sens elle attache à ces deux mots.

Les orientaux avaient la coutume de s’oindre d’huile au sortir du bain ; dans un climat brûlant c’était là un moyen de se rafraîchir. Nous voyons aussi que tous ceux qui étaient appelés au service de Dieu devaient être oints d’huile, en signe de leur consécration à Dieu et des grâces qu’ils devaient recevoir de lui pour accomplir leur tâche; aussi l’huile qui servait à oindre les prêtres et le tabernacle était-elle considérée comme très sainte (Ex 30.22-32) et chaque fois que la Bible parle de l’onction d’huile, c’est comme emblème de sanctification et de consécration. Nulle part nous ne trouvons dans la Bible la preuve que l’huile ait servi de remède.

Une fois, sans doute, il est fait mention de l’onction d’huile à propos de la maladie, mais il est évident qu’elle figure là comme cérémonie religieuse et non comme remède. Dans, (Mr 6.13) nous lisons que les douze « chassaient beaucoup de démons, oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient. » Ici la guérison des malades va de pair avec celle des possédés, l’une et l’autre résultant d’une vertu miraculeuse. C’était là le mode de mission que Jésus avait prescrit à ses disciples en les envoyant deux à deux. « Il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. » (Mt 10.1) C’était donc le même pouvoir qui leur permettait soit de chasser les démons, soit de guérir les malades.

Mais cherchons à découvrir ce que symbolisait l’onction administrée par les douze disciples. Dans l’Ancien Testament, l’huile était le symbole du don de l’Esprit-Saint. « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint. » (Esa 61.1) Dans le Nouveau Testament, il est dit du Seigneur Jésus : « Dieu l’a oint du Saint-Esprit et de force, » (Ac 10.38) et des fidèles il est dit aussi : « Vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint. » (1Jn 2.20) Parfois l’homme a besoin qu’un signe visible, parlant à ses sens, vienne à son aide pour lui faire saisir le sens spirituel et appuyer sa foi. L’onction devait donc symboliser pour le malade l’action du Saint-Esprit qui opérait sa guérison.

Et nous, avons-nous encore besoin de l’onction jointe à la prière de la foi ? L’Écriture la prescrit, et c’est pour se conformer à ce qu’elle nous en dit, que la plupart de ceux qui demandent la guérison, reçoivent l’onction, non qu’ils la tiennent pour indispensable, mais pour se montrer disposés à se soumettre en toutes choses à la Parole de Dieu. Dans les dernières promesses que fit Jésus, c’est l’imposition des mains et non l’onction qu’il prescrit comme devant accompagner la communication de la vertu de guérison. (Mr 16.18) Lorsque Paul circoncit Timothée et contracta un vœu pour son propre compte, c’était montrer qu’il n’avait pas d’objection à observer les institutions de l’ancienne Alliance tant que la liberté de l’Évangile ne devait pas en souffrir ; de même Jacques, à la tête de l’Eglise de Jérusalem, fidèle à conserver autant que possible les institutions de ses pères, a continué l’usage de l’onction, le faisant sans doute sous l’inspiration du Saint-Esprit. Nous aussi, nous devons donc l’envisager, non comme un remède, mais comme un gage de la vertu puissante de l’Esprit, un moyen d’appuyer la foi, un point de contact et de communion entre le malade et les membres de l’Eglise appelés à l’oindre d’huile.

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