Jésus guérit les malades

SEIZIÈME JOUR
Pardon et guérison

« Or afin que vous sachiez que le fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit et va dans ta maison. » (Mt 9.6)

L’homme réunit en lui deux natures. Il est à la fois esprit et matière, ciel et terre, âme et corps. Par là-même d’un côté il est fils de Dieu, de l’autre il est voué à la destruction à cause de la chute ; dans son âme le péché, dans son corps la maladie sont là pour témoigner du droit que la mort a sur lui. C’est cette double nature qui a été rachetée par la grâce divine. Quand le psalmiste fait appel à tout ce qui se trouve en lui pour célébrer les bienfaits de l’Éternel, il s’écrie : « Mon âme, bénis l’Éternel ; c’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies. » (Ps 103.3) Quand Esaïe prédit la délivrance de son peuple, il ajoute : « Aucun habitant ne dit : Je suis malade ! Le peuple de Jérusalem reçoit le pardon de ses iniquités. » (Esa 33.24)

Cette prédiction s’est accomplie au delà de toute prévision, lorsque Jésus, le Rédempteur, est descendu sur la terre. Que de guérisons il opéra, lui qui était venu fonder sur la terre le royaume des cieux. Soit par ses actes, soit par les ordres qu’il laissa ensuite à ses disciples, ne nous montre-t-il pas clairement que la prédication de l’Évangile et la guérison des malades s’alliaient ensemble dans le salut qu’il apportait ? L’une et l’autre sont présentées comme la preuve évidente de sa mission de Messie. « Les aveugles voient, les boiteux marchent... et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. » (Mt 11.5) Jésus qui a revêtu l’âme et le corps de l’homme, les affranchit également des suites du péché.

Cette vérité n’est nulle part plus évidente et mieux démontrée que dans l’histoire du paralytique. Le Seigneur commence par lui dire : « Tes péchés te sont pardonnés, » après quoi il ajoute : « Lève-toi et marche. » Le pardon des péchés et la guérison de la maladie vont de pair, car aux yeux de Dieu qui voit l’ensemble de notre nature, le péché et la maladie sont aussi étroitement unis que l’âme et le corps. D’accord avec les Écritures, notre Seigneur Jésus a envisagé le péché et la maladie tout autrement que nous. Pour nous, le péché rentre dans le domaine spirituel, nous le savons sous la réprobation de Dieu, et justement condamné par lui, tandis que la maladie nous paraît au contraire faire partie de l’état actuel de notre nature et n’avoir rien à faire avec la réprobation de Dieu et sa justice. On va même parfois jusqu’à dire de la maladie qu’elle est une preuve de l’amour et de la grâce de Dieu.

Jamais, ni les Écritures, ni Jésus lui-même n’en parlent dans ce sens-là ; jamais ils ne nous présentent la maladie comme une bénédiction, une preuve de l’amour de Dieu, qui doit être supportée avec patience. Le Seigneur a parlé à ses disciples des diverses souffrances qu’ils auraient à subir, mais quand il parle de la maladie c’est toujours comme d’un mal causé par le péché, par Satan, et dont il faut être délivré. Il a solennellement prédit à ses disciples que chacun d’eux aurait à porter sa croix, mais jamais il n’a recommandé à aucun malade de se résigner à être malade. Partout Jésus à guéri les malades, partout il a fait de la guérison une des grâces que procure le royaume des cieux. Le péché dans l’âme, et la maladie dans le corps témoignent l’un et l’autre de la puissance de Satan, et « le Fils de Dieu a paru pour détruire les îuvres du diable. » (1Jn 3.8)

C’est pour faire connaître l’amour du Père, que Jésus est venu délivrer les hommes et du péché et de la maladie. Dans ses actes, dans ses enseignements à ses disciples, dans l’œuvre du Saint-Esprit, et enfin dans les paroles de ses apôtres, le pardon et la guérison se trouvent toujours ensemble. L’un ou l’autre pouvait sans doute paraître plus en relief selon le développement ou la foi de ceux auxquels s’adressaient ces grâces. Tantôt c’était la guérison qui frayait la voie à l’acceptation du pardon, tantôt c’était le pardon qui précédait la guérison, celle-ci venant ensuite en sceller la certitude. Dans la première partie de son ministère, Jésus à guéri beaucoup de malades, les trouvant prêts à croire à la possibilité de la guérison. Il voulait par là disposer les cœurs à le recevoir lui-même comme celui qui peut pardonner les péchés. Lorsqu’il vit que le paralytique pouvait recevoir tout de suite le pardon, il commença par là, par ce qui avait le plus d’importance, après quoi vint la guérison pour mettre le sceau au pardon accordé.

Nous voyons par les récits des Évangiles que la foi au pardon des péchés était alors plus difficile aux Juifs que la foi à la guérison divine. Aujourd’hui c’est tout le contraire. L’Église chrétienne a tellement entendu prêcher le pardon des péchés, que l’âme altérée de salut reçoit facilement ce message de grâce ; mais il n’en est pas de même de la foi à la guérison divine. On n’en parle plus guère, et ils sont rares les croyants qui en ont fait l’expérience. Il est vrai que la guérison n’est pas accordée aujourd’hui, comme en ces temps-là, à des foules que Christ guérissait sans conversion préalable. Il faut pour la recevoir commencer par confesser ses péchés et vouloir vivre d’une vie sanctifiée. Voilà sans doute pourquoi on a plus de peine à croire à la guérison qu’au pardon, voilà aussi pourquoi ceux qui reçoivent la guérison, reçoivent en même temps de nouvelles grâces spirituelles, se sentent plus étroitement unis au Seigneur Jésus, et apprennent mieux à l’aimer et à le servir. L’incrédulité a beau séparer ces deux grâces, toujours elles restent réunies en lui. Toujours Jésus est le même Sauveur et de l’âme et du corps, prêt à accorder également et le pardon et la guérison. Toujours donc le racheté pourra s’écrier : « Mon âme, bénis l’Éternel ! C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies. » (Ps 103.3)

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant