Jésus guérit les malades

TRENTIÈME JOUR
La prière persévérante

« Jésus leur adressa une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne point se relâcher... Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. » (Lu 18.1-8)

La nécessité de prier avec persévérance est le secret de toute vie spirituelle. Quel bonheur de pouvoir demander à Dieu telle ou telle grâce jusqu’à ce qu’il la donne, et de savoir avec certitude qu’il veut exaucer la prière ! Mais quel mystère aussi pour nous que l’appel à persévérer dans la prière, à heurter à la porte du Seigneur avec foi, à lui rappeler ses promesses, à ne pas nous lasser de le faire jusqu’à ce qu’il nous accorde notre demande. L’assurance que notre prière doit obtenir du Seigneur ce que sans elle il ne donnerait pas, n’est-elle pas la preuve évidente que l’homme a été créé à l’image de Dieu, qu’il est son ami, qu’il est ouvrier avec lui, et que les croyants qui forment ensemble le corps de Christ, participent ainsi à son œuvre d’intercession ? car c’est à cette intercession de Christ que le Père répond, qu’il accorde ses grâces divines.

Plus d’une fois la Bible nous explique la nécessité de la prière incessante. Elle a plusieurs raisons d’être, et tout d’abord elle est motivée par la justice de Dieu. Dieu a déclaré que le péché doit porter sa peine ; le péché a donc des droits sur un monde qui l’accueille et lui reste asservi. Lorsque l’enfant de Dieu veut sortir de cet ordre de choses, il faut que la justice de Dieu y consente ; il faut donc le temps voulu pour faire valoir devant le tribunal de Dieu les privilèges que Christ a acquis au croyant. En outre la prière persévérante est motivée par l’opposition de Satan qui cherche toujours à empêcher l’exaucement de la prière. (Da 10.12,13) Le seul moyen capable de vaincre cet ennemi invisible, c’est la foi. Ferme et fondée sur la promesse de Dieu, la foi refuse de céder et continue à prier, à attendre l’exaucement, lors même qu’il tarde à venir, sachant qu’elle finira par avoir la victoire. (Eph 6.12,18) Enfin c’est pour nous-mêmes que la persévérance à prier est nécessaire. Le retard apporté à l’exaucement est destiné à éprouver notre foi et à l’affermir ; il doit développer en nous la volonté inébranlable qui ne lâche plus les promesses de Dieu, mais qui renonce à ses propres appréciations pour ne compter que sur Dieu. C’est alors que Dieu, voyant ce qu’est notre foi, nous trouve prêts à recevoir ses grâces et nous les accorde. Il nous fera promptement justice lors même qu’il tarde. Oui, malgré tous les délais nécessaires, il ne nous fera pas attendre un instant de trop; si nous crions à lui jour et nuit, « il nous fera promptement justice. »

Cette persévérance à prier nous devient facile dès que nous comprenons bien ce qu’est la foi. Jésus nous l’enseigne par ces mots : « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez. » (Mt 21.22) Quand la Parole de Dieu nous autorise à demander quelque chose, nous devons croire que nous le recevons aussitôt. Dieu nous le donne ; nous le savons par la foi, et nous pouvons dire que dans le ciel nous l’avons reçu, quoique ce ne soit que plus tard seulement que nous devions en réaliser ici-bas les effets. C’est avant d’avoir vu, éprouvé quoi que ce soit, que la foi se réjouit d’avoir reçu, et qu’elle persévère à prier à attendre jusqu’à ce que la réponse soit manifeste. C’est donc précisément pour en venir à compter sur l’exaucement, qu’il est parfois utile de continuer à prier ; et qu’il sera bon, après avoir cru à l’exaucement, de persévérer encore jusqu’à ce que celui-ci devienne un fait acquis.

Tout ceci est d’une grande importance pour obtenir la guérison divine. Parfois il est vrai la guérison est immédiate et complète; mais il peut arriver aussi qu’elle se fasse attendre, même dans le cas où le malade aurait pu la demander avec foi. Parfois aussi les premiers symptômes de guérison se montrent aussitôt, mais ensuite les progrès sont lents et entravés par des moments d’arrêt ou des retours du mal. Dans l’un et l’autre cas, il importe soit pour le malade, soit pour ceux qui prient avec lui, de croire à l’efficacité de la prière persévérante, bien qu’ils ne puissent pas en expliquer le mystère. Ce que Dieu parait d’abord refuser, il l’accorde plus tard à la prière de « la cananéenne, » à celle de « la veuve, » à celle de « l’ami qui heurte à la porte à minuit ». (Mt 15.22) (Lu 18.3 ; 11.5) Sans voir ni changement, ni réponse, la foi qui se fonde sur la Parole de Dieu, et qui continue à prier avec importunité, finira par avoir la victoire.

« Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit ? Je vous le dis, il leur fera promptement justice, quand même il tarde à leur égard. » Dieu sait donc tarder tout le temps nécessaire et pourtant agir promptement sans attendre plus qu’il ne faut. Voilà les deux choses que doit aussi présenter notre foi. Avec une sainte promptitude saisissons les grâces promises comme si nous les avions déjà reçues ; avec patience attendons sans nous lasser l’exaucement qui tarde à venir. Cette foi-là s’attache à vivre en lui. C’est pour faire naître en nous cette foi-là, que la maladie nous est envoyée et qu’ensuite la guérison nous est accordée, car plus que toutes choses cette foi-là glorifie notre Dieu.

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