Jésus guérit les malades

IIme NOTE
Le pasteur Jean Christophe Blumhardt

Le pasteur Blumhardt avait été accusé d’aller au delà des attributs de son ministère, en s’occupant de la guérison des malades. Dans sa défense, il expose que s’il l’a fait, c’est parce qu’il a vu là le devoir de répondre aux besoins de l’Eglise, et il insiste sur l’efficace de la prière persévérante pour la guérison des malades. Après avoir cité l’exemple de « la veuve qui importune le juge inique » et de « l’ami qui va frapper à la porte à minuit, » il dit : Je n’ai fait là que ce qui rentre dans les fonctions d’un pasteur, car c’est d’après l’ordre donné par le Seigneur dans l’Épître de Jacques, que je me suis mis à prier avec foi. (Jas 1.6,7) Sans compter sur moi et mes propres forces, sans me flatter d’avoir le don de guérison, plus que tout autre pasteur, je me suis mis à l’œuvre comme ministre de l’Évangile, sachant que comme tel, j’avais le droit de prier. Toutefois j’ai vu que dans bien des cas les portes du ciel ne m’étaient pas largement ouvertes, et découragé, j’ai été plus d’une fois tenté de tout abandonner ; mais la vue de tant de malades sans secours ne me laissait pas de repos, et la parole du Seigneur « Demandez et l’on vous donnera » (Lu 11.9,10) me revenait souvent à l’esprit.

En outre, je me disais que si l’Eglise et ses pasteurs avaient perdu, par incrédulité, par désobéissance et négligence, la force nécessaire pour résister à la puissance de Satan, c’était sans doute dans la prévision de ces temps de disette, que le Seigneur avait parlé de « l’ami qui va frapper à la porte à minuit pour demander trois pains. » (Lu 11.5-8) Quant à moi, je me sentais indigne d’aller dans les ténèbres de minuit me présenter à Dieu comme son ami et lui demander quelque chose pour tel ou tel membre de mon Église ; et pourtant, comment les laisser sans secours ? Je ne le pouvais pas non plus. Je continuai donc à aller frapper à sa porte selon que m’y autorisait la parabole, ou comme on me l’a reproché, avec une arrogance spirituelle qui cherche à tenter Dieu. Quoi qu’on puisse en dire, il m’était impossible de laisser « mon hôte » sans prendre soin de lui.

La parabole de la veuve et du juge inique me fut également très utile. (Lu 18.1-8) L’Eglise me paraissait être « la veuve, » et moi, ministre de l’Eglise, n’avais-je pas le droit d’élever la voix pour demander que justice lui fût faite de sa partie adverse, et de persévérer à le demander avec l’insistance de la veuve, car le Seigneur ne me répondait pas toujours tout de suite. Et pourtant que lui demandais-je ? Seulement « trois pains, » tout juste ce qu’il fallait à « mon hôte. » Le Seigneur finit par se tourner vers le mendiant intrépide. Il vint à son secours. Avais-je donc eu tort de le prier avec persévérance ? Les deux paraboles dont je viens de parler ne sont-elles pas applicables à tel ou tel cas de notre temps, et le besoin n’était-il pas pressant ?

Et comment le Seigneur répondait-il à ma demande ? Après avoir commencé par refuser, il ne me disait pas ensuite : Va-t-en. Je porterai moi-même à ton hôte le nécessaire, je n’ai pas besoin de ton entremise. — Non. C’était à moi, son ami, qu’il donnait la grâce demandée pour que je la communiquasse à mon gré. J’allais donc distribuer « les trois pains » reçus, mais la provision n’était pas grande, et bientôt elle était épuisée, car il m’arrivait toujours de nouveaux hôtes. Ils avaient compris que j’avais de la joie à prendre soin d’eux, à aller intercéder pour eux auprès de mon céleste ami, fût-ce même à minuit. De nouveau j’obtenais ainsi ce qu’il me fallait et j’en avais de reste. Voilà ce que j’ai fait; et maintenant à qui la faute si les malheureux ont pris le chemin de ma demeure ? Fallait-il les renvoyer, leur dire avec dureté : Pourquoi venir ici ? Dans la ville il y en a de plus riches que moi. Allez chez eux ! — Ne m’auraient-ils pas répondu : « C’est ce que nous avons fait ; mais aucun d’eux n’a voulu aller frapper à la porte de « l’ami » pour lui demander ce qu’il nous fallait. Vous, de grâce, faites-le, car nous sommes dans la détresse. »

Ils étaient en effet dans la détresse ; qu’avais-je à faire ? Bien que fatigué, harcelé par eux, je ne me lassais pas d’aller encore et encore chercher « les trois pains, » et souvent il m’est arrivé de les obtenir beaucoup plus vite qu’au commencement, et plus gros aussi. Cependant tous ne pouvaient pas manger de ce pain-là, ce qui fait que plus d’un s’en est retourné ayant encore faim en me quittant.

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