Jésus guérit les malades

IIIme NOTE

Le pasteur Blumhardt ne comprenait pas que la prière de la foi qui demande la guérison des malades pût paraître en désaccord avec le devoir de soumission et de patience. Cette objection qu’on a souvent faite vient de deux erreurs: D’abord on se figure qu’en usant de la prière de la foi, on impose à Dieu sa propre volonté. Mais n’est-ce pas le faire bien plus encore quand on ne prie pas ? Dieu n’est-il pas disposé à nous secourir, n’attendant pour le faire que de nous voir venir à lui avec foi, et si nous ne recourons pas à lui, ne l’empêchons-nous pas ainsi de venir à notre aide ?

Loin d’exercer aucune contrainte, la prière de la foi ne nous est-elle pas recommandée par ces mots : « C’est ici la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus. » (Ap 14.12) La foi attend tout de Dieu, tandis que la patience n’attend rien.

Voici l’autre erreur. Il y a une certaine patience pieuse qu’on cite souvent en exemple dans le monde, c’est celle qui subit la maladie sans chercher à en être délivré. Blumhardt ne s’y fiait pas, ne la trouvant pas de bon aloi. « Il est plus aisé, disait-il, de se résigner à être malade que d’user de la prière de la foi et de chercher à enlever les obstacles qui s’opposent à ce que Dieu vienne nous secourir. » On fait de nécessité vertu ; et chaque fois que la maladie parait incurable, on déclare que c’est là la volonté de Dieu. On va même jusqu’à dire que la maladie est le plus grand bonheur possible, la meilleure bénédiction à recevoir ; néanmoins tout en parlant ainsi, on accueille de toute part les remèdes qu’on suppose devoir y mettre fin.

Cette pieuse patience qui n’ose demander à Dieu la guérison de peur de lui déplaire, ne se fait aucun scrupule de recourir à tous les moyens terrestres possibles pour se délivrer de la maladie. Il vaudrait mieux se dire : Dieu ne m’appelle-t-il pas par cette maladie à user de foi ? Si je ne le fais pas, c’est un péché. La foi est un devoir ; donc manquer de foi c’est pécher, et voici pourquoi : « L’Évangile est une puissance de Dieu. » (Ro 1.16) Quand il réveille la conscience et qu’il pousse une âme à avoir foi aux promesses de Dieu, il n’y a là rien d’humain. Mais si celui qui est ainsi appelé à user de foi, néglige de le faire, et par paresse spirituelle préfère recourir à tout autre moyen plutôt que de tomber à genoux et de s’adresser à Dieu, il y a là un manque de foi volontaire qui est un péché. »

Lorsque Blumhardt reproche aux croyants leur paresse et leur négligence à fléchir les genoux devant leur Dieu, il donne là le résultat de sa propre expérience. Ce n’est qu’après avoir triomphé de toute paresse et négligence, ce n’est qu’après avoir persévéré dans le jeûne et la prière qu’il a remporté ses éclatantes victoires. Notre Dieu est « le Dieu vivant ; » celui qui est en communion avec Dieu doit être résolu à être « vivant » aussi, c’est-à-dire à rester ferme dans la foi, à aller de l’avant et à vouloir la victoire. (Ro 6.13)

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