Saint Paul

Avertissement

Il ne faut pas chercher dans ces discours une étude historique de la vie et des écrits de l’Apôtre : l’objet en est plus humble, plus pratique et plus actuel.

Jaloux que je suis de voir se former un peuple de Dieu capable de répondre à la tâche spirituelle de l’époque, je lui cherche un type réel et vivant ; et ce type, je le trouve dans saint Paul.

Apprécier le bien que saint Paul a fait à l’Église et par elle au monde, étudier les ressorts moraux de son immense action, et le proposer en exemple par ce côté accessible à tous, voilà ce que j’ai voulu.

Je parle pour ceux de mes frères en Jésus-Christ qui, « ne voulant savoir autre chose que Jésus-Christ et lui crucifié, » déplorent avec moi les langueurs de l’Église fidèle, et, comme moi, poursuivent sa réformation, appelée de toutes parts, dans le développement de sa vie spirituelle. Ces frères gémissants, mais gémissants dans l’espérance, où qu’ils soient et quelque nom qu’ils portent, ont toutes mes sympathies : ne puis-je pas compter sur leur amour et sur leurs prières ?

J’en éprouve un besoin plus qu’ordinaire. En ces jours agités et sérieux, comment parler, surtout comment écrire sur « la seule chose nécessaire, » sans un saint tremblement ? Ce tremblement m’est trop bien connu… Je supplie mes bienveillants lecteurs de ne rien accepter de moi sans y appliquer la règle de l’Écriture : « Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon. »

Pour revenir à saint Paul, je veux exprimer ici un vœu qui est gravé profondément dans mon cœur : c’est que notre littérature religieuse s’enrichisse d’une histoire du grand apôtre. Ne se trouvera-t-il pas un jeune ministre de l’Évangile qui, réalisant ce que je n’ai su pour ma part que rêver à l’entrée de la carrière théologique, prendra dès le début saint Paul pour objet de son étude favorite, et finira par donner à l’Église un travail approfondi sur la vie et les écrits de saint Paul ? Il trouverait la voie déjà ouverte par plus d’une publication, ancienne ou moderne, française ou étrangère. A ne parler que de notre époque, Neandera et les Allemands lui fourniraient des matériaux abondants et précieux. Mais l’ouvrage contemporain le plus complet qui existe sur cette matière est celui qui se publie aujourd’hui en Angleterre, par livraisons, sous ce titre : Life and Epistles of St. Paul ; comprising a complete Biography of the Apostle, and a translation of his letters inserted in chronological order. By the Rev. W. J. Conybeare M. A., and the Rev. J. S. Howson, M. Ab. Il est difficile de juger un livre qui n’est pas achevé ; mais il est permis de dire, dès à présent, que celui-ci réunit le mérite des recherches solides à celui de tous les embellissements par lesquels l’art peut seconder la science.

a – Les vues de Neander sur saint Paul ont été résumées admirablement par lui-même, sous une forme populaire, dans deux articles de l’excellente collection publiée par le Dr Piper de Berlin, auxquels je fais ici plus d’un emprunt (Evangelisches Jahrbuch, 1850 : Pauli Bekehrung ; Pauli Leben und Leiden).

b – Longman, etc., Paternoster Row, London, 1851 ; en vingt livraisons.

On remarquera que je m’écarte parfois des versions reçues dans mes citations bibliques, bien que ces différences affectent rarement le sens du texte. Quelque jaloux que je sois de restituer au langage sacré, autant que le permet notre idiome, sa simplicité et son énergie primitives, je me ferais scrupule, en général, de toucher sans nécessité pressante au texte consacré par un long usage et en possession du respect populaire. Mais aujourd’hui que l’on travaille de divers côtés à corriger la version française, il me semble que chacun doit saisir les occasions d’apporter au moins sa petite pierre à la construction du nouvel édifice. Dans ce travail je fais souvent usage de la version du Nouveau Testament qui a paru en 1839 à Lausanne, sous ce titre : « Le Nouveau Testament de notre Seigneur Jésus-Christ, traduit sur l’original par une société de ministres de la Parole de Dieu, » et qui vient d’être réimprimée, dans un format plus portatif, avec ce titre un peu singulier : « Version du Nouveau Testament, traduit en Suisse. » Cette version, trop littérale à mon gré pour être adoptée dans le culte commun, offre un précieux avantage qui tient à ce défaut même : exacte jusqu’au scrupule, elle tient lieu de l’original, autant que cela est faisable, à ceux qui n’y peuvent pas recourir. Cette classe nombreuse de lecteurs du Nouveau Testament devraient toujours avoir la version de Lausanne à leur portée, au moins pour la consulter.

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