Saint en Christ

TRENTIÈME JOUR
L’onction du Saint

« Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction, en sorte que vous savez toutes choses. Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, en sorte que vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne ; mais comme son onction vous instruit de toutes choses (et cela est vrai, ce n’est pas un mensonge), demeurez en lui selon qu’elle vous a instruits. » {1Jn 2.20,27}

Moïse, en nous révélant la sainteté de Dieu et de ses voies pour sanctifier son peuple, nous montre les sacrificateurs, et particulièrement les souverains sacrificateurs, comme les représentants de la sainteté de Dieu dans l’homme. Chez les sacrificateurs eux-mêmes, l’huile d’onction était le symbole de la grâce qui sanctifie. Moïse devait faire lui-même une onction d’huile. « Tu prendras de l’huile d’onction et tu en feras l’aspersion sur Aaron et sur ses fils. Ainsi seront consacrés Aaron et ses fils ». {Ex 29.21} Et après les indications données à Moïse pour la fabrication de cette huile, l’Eternel ajoute : « Pour de l’onction sainte. Ce sera pour moi l’huile de l’onction sainte. On n’en répandra point sur le corps d’un homme et vous n’en ferez point de semblable, dans les mêmes proportions; elle est sainte, vous la regarderez comme sainte ». {Ex 30.25-32} Les sacrificateurs, et spécialement les souverains sacrificateurs, devaient en être oints et consacrés. « Le prêtre qui a la supériorité sur ses frères, sur la tête duquel a été répandue l’huile d’onction, ne sortira point du sanctuaire et ne profanera point le sanctuaire de son Dieu, car l’huile de l’onction de son Dieu est une couronne sur lui ». Et il dit de même de David, {Le 21.10,12} le type du Messie : « Le Saint d’Israël, c’est notre Roi ». {Ps 89.21} « J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ».

Le mot hébreu Messie, le mot grec Christ, sont en rapport avec ce que nous venons de dire. Ainsi dans le passage que nous venons de citer, il y a en hébreu : « Je l’ai messianisé de mon huile sainte ». Et de même dans un passage semblable du livre des Actes {Ac 10.38} : « Comment Dieu a christé (oint) d’esprit et de force Jésus de Nazareth ». Ou encore, au Psaume {Ps 45} « Ton Dieu t’a oint (messianisé) d’une huile de joie, par privilège sur tes collègues ». {Ps 45.8} De sorte que, ainsi qu’un de nos catéchismes réformés, le Catéchisme de Heidelberg, s’exprime dans une réponse à la question : « Pourquoi t’appelles-tu chrétien ? »—« Nous sommes appelés chrétiens, parce que nous sommes participants de son baptême et de son onction ». (Christing). C’est là l’onction dont Jean parle, le baptême du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est la sainte onction que reçoit tout croyant : ce que Dieu a fait pour SON Fils afin de faire de lui le Christ, il le fait pour moi, afin de faire de moi un chrétien « Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction ».

Vous avez reçu l’onction de Celui qui est le Saint. C’est en sa qualité de Saint que le Père répand l’onction, et l’huile dont il oint est appelée l’huile de sainteté, le Saint-Esprit. La sainteté est, en effet, une divine onction. La sainteté est la présence invisible, et cependant manifeste, du Saint reposant sur son oint. L’onction qui nous vient directement du Saint n’est reçue, ou plutôt, n’existe que dans une communion constante avec lui, en Christ, qui, lui, est le Saint de Dieu.

Et qui la reçoit ? Seulement celui qui s’est donné entièrement afin d’être saint comme Dieu lui-même est saint. Le sacrificateur « seul mis à part pour être saint à l’Eternel » recevait l’onction : « On n’en répandra point sur le corps d’un homme ». Que de chrétiens voudraient recevoir la précieuse onction pour le parfum dont elle les envelopperait ! Mais non. Celui-là seul qui est complètement consacré au service du Saint peut la recevoir.

L’onction du saint est pour le sacrificateur, le serviteur du Dieu Très-Haut. La sainteté, devient une réalité dans une âme vraiment réveillée et qui s’est livrée pour glorifier Dieu. Les saints vêtements n’étaient préparés que pour le service des sacrificateurs. Ne l’oublions pas dans nos recherches de la sainteté. Gardons-nous de croire que le travail, pour Christ nous rendra saints ; gardons-nous également de poursuivre la sainteté en dehors du travail. C’est le sacrificateur mis à part pour le service du Dieu saint, c’est le croyant prêt à vivre et à mourir afin que la sainteté de Dieu triomphe au milieu des hommes, qui recevront l’onction.

L’onction nous enseigne, « L’homme-nouveau se renouvelle par la connaissance », aussi bien dans la justice que dans la sainteté. Christ nous est fait sagesse aussi bien que justice et sanctification. Le service de Dieu et notre sainteté sont avant tout d’un consentement libre et entier, intelligent et spontané, à la volonté divine. Et c’est pourquoi l’onction, afin de nous rendre aptes au service du sanctuaire, nous enseigne toutes choses. De même que l’huile d’onction est une essence subtile qui ne se manifeste que par son parfum, ainsi la faculté spirituelle que donne l’onction est la plus insaisissable qu’on puisse imaginer. Elle avive notre perspicacité pour craindre le Seigneur; elle nous enseigne, comme par un instinct divin, à reconnaître ce qui est céleste et ce qui est de la terre. C’est l’onction qui fait que la Parole et le nom de Jésus dans la Parole deviennent un parfum qui se répand au dehors. Le signe distinctif de ceux qui sont oints, c’est leur docilité. La grande marque de Christ, le Saint de Dieu, l’Oint, c’est qu’il écoute : « les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même. La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé ». {Jn 14.10}

Il ne saurait en être autrement. L’onction enseigne : « Son onction vous instruit de toutes choses ».—« Vous n’avez donc pas besoin que personne vous enseigne, c’est-à-dire : tous les croyants seront tous enseignés en Dieu ». Le secret d’une vraie sainteté, c’est une relation personnelle et directe avec le Saint, tous les enseignements des hommes étant subordonnés entièrement à l’enseignement personnel du Saint-Esprit.

Et cette onction que vous avez reçue de lui demeure en vous.—En vous. Dans la vie spirituelle il est de la plus haute importance de maintenir sans cesse l’harmonie entre ce qu’on appelle aujourd’hui l’objectif et le subjectif. Dieu en Christ au-dessus de moi : Dieu dans l’Esprit au dedans de moi. En nous, faisant un avec nous, entrant dans les parties les plus intimes de notre être, pénétrant tout, demeurant dans notre corps qui est son temple. L’onction demeure en devenant une partie de nous-mêmes. Et ceci dans la mesure où nous la connaissons et nous nous y livrons, où nous attendons et demeurons dans le silence, afin de laisser le parfum pénétrer tout notre être. Et ceci, encore une fois, non par intermittence, mais comme une expérience continue et permanente. L’onction demeure à travers toutes les circonstances et les sentiments. « Je suis oint d’une huile fraîche » ; voilà le côté objectif et chaque matin le croyant attend le renouvellement du don divin de la part du Père. « L’onction demeure en vous », voilà le côté subjectif ; la vie sainte, une vie de foi et de communion, l’onction se réalise d’instant en instant. L’huile sainte toujours fraîche, demeurant toujours, c’est là le secret de la sainteté.

Et comme cette onction nous instruit demeurez en lui. Nous voici encore en présence de la sainte trinité ; le Saint duquel procède l’onction ; le Saint-Esprit qui est lui-même l’onction et Christ, le Saint de Dieu, en qui l’onction nous enseigne à demeurer. En Christ la sainteté invisible de Dieu a été manifestée et rapprochée de nous; elle est devenue humaine en revêtant la nature humaine afin de pouvoir nous être communiquée. Le Saint-Esprit agit et demeure en nous, il nous sort de nous-mêmes pour nous placer en Christ, unissant notre cœur et notre volonté à Christ, nous le révélant, le formant en nous, tellement que sa ressemblance, sa pensée est comme incorporée en nous. C’est ainsi que l’onction du Saint nous enseigne à demeurer en Christ. C’est là la preuve de la vraie onction. Voilà donc la vie de sainteté telle que la donne le Dieu trois fois saint : le Père qui sanctifie, le Fils en qui nous sommes, le Saint-Esprit qui habite en nous et par qui nous demeurons en Christ, et Christ en nous.

Méditons sur la divine onction : elle nous vient du Dieu saint. Il n’y en a point de semblable. C’est la volonté de Dieu pour nous rendre participants de la sainteté de Christ. L’onction reçue de lui jour après jour, demeurant en nous, nous enseignant toutes choses, nous enseignant surtout à demeurer en Christ, doit reposer sur nous chaque jour. Son action doit pénétrer notre vie entière, le parfum de l’onction doit remplir la maison. Dieu soit béni, cela est possible. Gloire à son nom !

« Soyez saints, car je suis saint ».

O toi, qui es le Saint ! Je viens à toi pour que tu renouvelles mon onction. O Père ! accorde-moi la grâce de chanter : « Tu oins ma tête d’huile ».—« Je suis oint d’une huile fraîche ».

Je viens te confesser avec humiliation que j’ai douloureusement contristé et déshonoré ton Esprit. Que de fois l’esprit charnel a usurpé ta place dans le culte que je te dois !

Que de fois la volonté charnelle a cherché à faire son œuvre ! O mon Père ! que ta lumière paraisse, me pénètre et me convainque profondément de ces choses. Que ton jugement vienne sur tout ce qui en moi est encore volonté et actions charnelles.

Père saint ! accorde-moi la grâce, selon les richesses de ta gloire, d’être fortifié maintenant avec puissance par ton Esprit dans mon homme intérieur.

Fortifie ma foi en Christ en vue d’une pleine mesure de son onction. Oh ! enseigne-moi à attendre de toi, et fais-moi recevoir chaque jour cette grâce d’être « arrosé d’une huile fraîche ». O mon Père ! amène-moi avec tous tes enfants à voir ceci : c’est que pour demeurer en Christ nous devons avoir reçu l’onction qui demeure. Père ! nous voudrions marcher humblement dans la dépendance de la foi, comptant pour avancer sur l’onction intérieure qui demeure éternellement. Que nous soyons pour tous la parfaite odeur de Christ. Amen.

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