La vie intérieure

10. LE BONHEUR DU PRATIQUANT

« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l'écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. Mais celui qui n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité. » (Jacques 1.22, 25)

Quelle illusion terrible de se contenter du plaisir d’entendre la parole, sans toutefois la pratiquer. Pourtant c’est terriblement commun, il y a des multitudes de chrétiens qui écoutent la Parole de Dieu très régulièrement et sérieusement, et qui ne la pratiquent pas. Si leur propre employé se contentait d’entendre sans exécuter, combien serait rapide le jugement. Et pourtant, l'illusion est si grande, qu’ils ne se rendent jamais compte qu'ils ne vivent pas une bonne vie chrétienne. Qu’est ce qui peut nous induire en erreur de la sorte ?

Il y a plus d'une chose. La première erreur que les gens font, c’est qu’ils confondent le plaisir qu'ils ont à entendre religieusement avec la véritable adoration. L'esprit se plaît de la vérité mise clairement devant lui ; l'imagination se satisfait de son illustration ; les sentiments sont remués par son application. A un esprit actif la connaissance donne du plaisir. Un homme peut étudier un domaine de la science — tel que l'électricité — simplement pour le plaisir que cette connaissance lui donne, sans avoir l'intention de l'appliquer pratiquement. Ainsi des gens vont à l'église, apprécient la prédication, et pourtant ne font pas ce que Dieu demande. L'inconverti comme et l'homme converti partagent le même fait de confesser, et de continuer de faire ce qu’ils ne devraient pas faire.

Une autre cause de cette illusion est la terrible perversion de la doctrine de notre impuissance à faire le bien. La grâce du Christ qui nous rend capables d'obéir, qui nous préserve du péché et qui vraiment nous rend saints, est si peu crue, que les hommes pensent pratiquement qu'il y a sur eux une fatalité de pécher. Dieu ne peut pas s'attendre à une obéissance de leur part, puisqu’Il sait qu'ils ne peuvent pas l’assumer. Cette erreur coupe toute véritable racine d'un objectif déterminé à faire tout ce que Dieu a dit. Elle ferme le cœur à tout désir sérieux de croire et d’expérimenter tout ce que la grâce de Dieu peut faire en nous. Elle garde les hommes auto-satisfaits dans le milieu du péché. Ecouter et ne pas faire — quelle terrible illusion !

Il y a une troisième raison pour cela, (entendre sans pratiquer), elle fait référence à la lecture personnelle de la Bible. L'écoute et la lecture étant considérées comme un devoir, l’application est alors considérée comme une pratique religieuse. Nous avons passé nos cinq ou dix minutes dans la lecture du matin ; nous avons lu de manière réfléchie et attentive, nous avons essayé de puiser dans ce qui a été lu: un devoir fidèlement rempli apaise la conscience, et donne un sentiment de satisfaction. Il n'y a presque jamais de conscience de l'inutilité d'un devoir accompli ou des connaissances acquises, pire encore de l’endurcissement, à moins que nous décidions de tout notre cœur de VRAIMENT faire et d'être ce que la Parole de Dieu dit, CE que nous avons à faire et CE QUE NOUS pouvons faire. Terrible illusion !

« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l'écouter, en vous trompant vous-mêmes. »

C’est dans la chambre, au moment du culte personnel, que cette illusion doit être combattue et vaincue.  Peut-être que cela perturbera notre lecture régulière de la lecture de la Bible, et nous fera prendre du retard dans notre programme. Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Mais il vaut beaucoup mieux avoir ce contretemps plutôt que ce point reste douteux et non-réglé. Tout en dépend. Notre Seigneur Jésus a dit : « Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu. » Seul le cœur qui prend plaisir à la loi de Dieu, et qui a pris la ferme RESOLUTION de la pratiquer, peut recevoir la lumière divine, elle révèle spirituellement l’origine et la puissance divines des enseignements du Christ.

Sans cette volonté de pratiquer, nos connaissances ne seront pas profitables : elles seront seulement intellectuelles.

Dans la vie, les sciences, l'art, dans les affaires, la seule façon de vraiment savoir, c'est de pratiquer. Ce qu'un homme ne peut-pas expérimenter n’est pas vraiment connu. La seule Manière de connaître Dieu, de goûteR à ses Bénédictions, c’est D’accompliR Sa Volonté. Ceci prouve s'il s'agit d’un Dieu que je confesse selon mon propre sentiment, et selon mon imagination, ou si c’est le vrai Dieu vivant qui règne et par qui tout fonctionne. Ce n'est qu’en faisant sa volonté que je prouve que je l'aime et accepte de me faire un avec Lui. Et il n’est pas possible sous le ciel d'être uni à Dieu sinon en étant uni à sa volonté en la pratiquant. C'est le calme de la chambre, dans l'esprit dans lequel je fais mes lectures personnelles de la Bible, dans la détermination avec laquelle je cherche à régler ce point absolument et définitivement, — Je vais faire ce que Dieu dit —, que la terrible illusion d'entendre sans mettre en pratique doit être conquise.

Cela peut nous aider de prendre une partie de la Parole de Dieu et voir comment nous voulons y faire face.

Supposons que ce soit le Sermon sur la montagne. Je commence par la première Béatitude : « Heureux les pauvres en esprit. » Je me demande : Qu'est-ce que cela signifie ?

Suis-je prêt à obéir à cette injonction ? Suis-je bien sérieux dans la recherche jour après jour pour garder cette disposition ? Comme je me sens fier, de nature confiante, à partir de cette constatation, suis-je prêt à plaider avec le Christ, attendre, et croire qu'il peut agir en moi ? Suis-je prêt à faire cela : être pauvre en esprit ? Ou vais-je être de nouveau un auditeur et non pas un homme d'action ? Ainsi que je puisse méditer sur les Béatitudes et sur le Sermon tout entier, avec son enseignement sur la douceur et la miséricorde, l'amour et la justice. Que je puisse tout faire comme pour le Père, lui faire confiance en toutes choses. Que je puisse faire sa volonté et obéir aux paroles du Christ, et verset par verset, me demander si je comprends ce que cela signifie ? Est-ce que je le vit ? Est-ce que je le pratique ? Est-ce que je suis conforme à ce qu’il dit ? Et comme toujours encore, ma réponse viendra : je ne crois pas, je ne vois pas comment il peut être possible de vivre ainsi et de faire ce qu'il dit. Je vais ressentir le besoin de réviser à la fois ma foi et ma conduite. Et je dois me demander si le vœu de faire tout ce qu'il dit a sa place soit dans ma lecture de la Bible soit dans ma vie comme Il exige que cela devrait être.

Ces questionnements, peuvent commencer à travailler en moi et me révéler une pauvreté d'esprit que j’ignorai, et ainsi me conduire à une idée entièrement nouvelle de mon besoin de Christ qui va m’inspirer sa propre vie, et produira en moi tout ce qu'il dit. Je prends courage par la foi de dire : « Je puis tout par celui qui me fortifie » Tout ce qu'Il dit dans Sa parole, je vais le faire.

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