Étude sur l’Épître aux Colossiens

La Prière
4.2-4

Persévérez dans la prière, y veillant avec actions de grâces ; priant en même temps aussi pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la parole, pour annoncer le mystère de Christ, à cause duquel aussi je suis lié, afin que je le fasse connaître comme il faut que j’en parle.

Après les exhortations de saint Paul aux Colossiens sur ce qu’ils doivent être et faire, il arrive naturellement à penser à leur faiblesse, sentiment qu’ils éprouveront aussi eux-mêmes en étant exhortés et qui les conduira à s’écrier : Qui est suffisant ? C’est pourquoi l’Apôtre leur recommande le recours à Dieu. Puis en recommandant ce recours, lui-même toujours préoccupé de son œuvre qui était la grande affaire de sa vie, et en face des difficultés particulières de cette œuvre et de sa position, il se trouve aussi rappelé au sentiment de sa propre faiblesse, ce qui l’amène tout en montrant le prix qu’il attache à la communion fraternelle, à demander qu’on prie pour lui. Saint Paul recommande donc la prière en général, et la prière en particulier des fidèles pour le pasteur. Voilà le sujet du discours.

  1. L’Apôtre recommande en premier lieu la prière en général.

    Comme acte spécial, elle se rattache au fond même et à l’ensemble de la vie chrétienne ; elle en est le moyen. En effet cette vie, considérée sous le point de vue du chrétien et de ses dispositions, consiste dans le sentiment de notre faiblesse et de nos besoins et dans la confiance que Dieu peut et veut y subvenir ; il y a donc là humilité et espérance. Trois qualités de la prière sont ici indiquées. Il faut qu’elle soit :

    1. Persévérante. Chaque jour nous sommes en face de notre faiblesse, de notre misère, de tentations, de besoins et de dangers ; chaque jour il nous faut donc incessamment les ressources que nous trouvons seulement en Dieu. On voit dans quel sens la vie du chrétien est une prière continuelle. Il faut d’ailleurs « demander, chercher, heurter » (Matthieu 7.7-8) avec persévérance, et ainsi supplier et fléchir le Seigneur.
    2. La prière doit être positive et active (formelle). Elle n’est pas une émanation involontaire, non recherchée, de l’âme, seulement une espèce de vapeur, mais c’est un exercice auquel il faut « veiller » et réserver un moment particulier, car c’est un acte saint et solennel qui a non seulement son lieu et son temps, mais même sa méthode et son art.
    3. Il faut que la prière soit reconnaissante, toujours accompagnée d’actions de grâces ; autrement on ne compte pas sur la bonté de Dieu, on ne compte pas être exaucé.

  2. L’Apôtre recommande en second lieu la prière pour le pasteur (et pour ceux qui annoncent l’Evangile).

    Commencer par dire quelque chose sur le véritable rapport d’une paroisse avec son pasteur, car on en sait bien peu de chose : le pasteur prie pour la paroisse, la paroisse prie pour le pasteur.

    Ne parlons que de la seconde prière. La paroisse ne connaît plus ses devoirs. Si la soumission au pasteur (Hébreux 13.17) y est en désuétude, la prière pour le pasteur surtout y est encore bien plus délaissée. Qu’elle est négligée partout ! Combien se plaignent souvent de la faiblesse du pasteur, de son insuffisance, et certes, s’ils n’ont pas raison de le faire, encore ne le font-ils pas sans raison. Hélas ! En tous, même dans les meilleurs, n’est-il pas facile de trouver des lacunes à signaler, des imperfections à déplorer, des défauts à reprendre, etc. ? Mais ne le fait-on pas beaucoup trop parmi les chrétiens ? A quoi cela sert-il ? Ce serait plus utile sans comparaison de prier pour le pasteur que de le critiquer, et on le fait beaucoup moins, on ne le fait pas. Et pourtant la prière pour le pasteur est la sève et la bénédiction de tout le reste. Elle a trois objets dont saint Paul n’indique ici que deux :

    1. La paroisse de Colosses demande d’abord l’accès du pasteur auprès des âmes, afin que sa prédication y soit accueillie (v. 3). L’expression « ouvrir la porte » (afin que Dieu nous ouvre la porte de la parole) est employée ici comme ailleurs (cf. Actes 14.27 ; 1 Corinthiens 16.9 ; 2 Corinthiens 2.12) dans le sens de frayer la voie, faciliter l’accès, fournir des occasions, écarter des obstacles. Paul est, à cause de l’Evangile, prisonnier : il demande donc ou que cet obstacle soit enlevé et disparaisse, c’est-à-dire que ses chaînes tombent ; ou que cet obstacle n’en soit plus ou n’en soit pas un, comme en effet il ne le fut pas. Ce dernier vœu fut par conséquent exaucé, en ce que, dans la captivité où l’apôtre était réduit, il eut des occasions favorables pour annoncer l’Evangile…
    2. La paroisse demande ensuite que le pasteur prêche la pure parole de Dieu (v. 3), parole que l’Apôtre appelle « le mystère de Christ », c’est-à-dire le décret divin de sauver les hommes par Jésus-Christ (1.26-27) ; que le pasteur soit en état de prêcher cette bonne nouvelle du salut, comme elle doit être prêchée (v. 4), convenablement, comme il faut, et qu’il y ait appropriation de sa parole ou prédication aux besoins divers des âmes.
    3. Ces deux buts de la prière du paroissien en présupposent un troisième qui n’est pas indiqué mais qui résulte des deux autres : le maintien et le progrès de la vie pastorale dans et par le pasteur : ce que la paroisse devrait encore demander pour lui.

Conclusion : Quel grand privilège que celui de la prière[f], quelle lumière et quelle force ! Quels résultats les prières ont eus pour nous et pour les autres ! O Seigneur, mets et développe en nous l’esprit de prière !

[f] « L’enfant de Dieu a de grands privilèges, mais le plus grand est celui de savoir supplier ; et sans ce don, que seraient tous les autres ? » Vinet, Nouvelles Etudes Evangéliques.

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