Homilétique

Le contexte.

On ne peut obtenir le vrai sens d’un texte, si l’on n’a pas égard au nexe (subst. masc. Rare. Ensemble complexe d’éléments, de notions, de schèmes abstraits.) ou contexte, c’est-à-dire à ce qui précède ou suit le texte quand il fait partie d’un discours suivi, au lieu du passage.

Il y a un contexte des actions comme des paroles ; la vie est un livre dont chaque jour est une page et chaque heure une ligne. [Nous ne pouvons pas juger chacune de ces pages ou de ces lignes isolément. Cette règle de morale, à laquelle nous sommes tenus de nous conformer dans notre appréciation de la conduite des autres hommes, devient ici une règle d’interprétation.]

Il y a un contexte général, un lieu de tous les textes, qui est la Bible prise dans son ensemble. [Qu’on ne néglige pas de comparer son texte avec la doctrine générale de l’Écriture sainte, dont il n’est permis en aucun cas de faire abstraction. Il importe beaucoup de se tenir en garde contre les suggestions de l’esprit de parti, qui peut aisément égarer, en pareille matière, un jugement d’ailleurs très sûr. Quand Jésus a dit, par exemple : Mon règne n’est pas de ce monde, (Jean 18.36) ne nous a-t-il pas avertis que ce serait méconnaître l’esprit de ses enseignements que de voir dans Matthieu 20.25-26, une preuve que la démocratie est préférable aux autres formes de gouvernement ?]

Il y a un contexte particulier, qui est, pour chaque passage (ce mot même porte enseignement), le lieu où il se trouve, les paroles qui le précèdent et qui le suivent.

Faute d’égard au contexte, on peut donner au texte un sens contraire à l’intention de l’auteur, ou au sens général de la Révélation. Le plus beau sens doit être rejeté quand le contexte le repousse. [Le procédé que nous combattons mènerait loin, appliqué à des passages comme Jérémie 9.4 : Gardez-vous chacun de son intime ami, et ne vous fiez à aucun de vos frères ; et comme Psaume 116.11 : Tout homme est menteur, et tant d’autres.] Il est des textes qui, isolés, présentent l’énoncé de quelque vérité intéressante, qu’il faut pourtant renoncer à en tirer, parce que le contexte ne l’autorise pas. Ainsi :

L’étude du nexe n’a pas seulement une importance négative. Il ne s’agit point simplement d’éviter un faux sens, mais de saisir tout le vrai. Les circonstances qui entourent un texte, un énoncé, l’entourent d’une lumière ou le teignent d’un reflet qu’on ne saurait négliger. Et quand cela n’ajouterait aucune nuance, cela individualiserait toujours la vérité.

Quelle est, au reste, l’idée sans nexe quelconque et sans ombre d’individualité ? Quel homme ne mêle rien de soi à son idée ?

Nous ne voulons pas dire par là qu’un énoncé, général dans sa forme, doive être resserré dans le cercle des circonstances particulières de celui qui l’a expriméj. Le nexe ne nous empêchera jamais de généraliser, d’étendre l’idée du texte, selon les principes que nous avons posés précédemment.

j – Exemple : Je puis tout en Christ qui me fortifie. (Philippiens 4.13)

Il ne faut remonter qu’assez haut pour bien déterminer le sens ou l’intention des paroles du texte. Saurin a certainement dépassé la juste mesure dans son sermon sur la Véritable liberté.

[Plaçons encore ici une observation qui n’est pas sans importance.] – Un texte n’a pas deux sens. Présentât-il, à teneur des mots dont il est composé, deux sens différents, et ces deux sens fussent-ils beaux, nous n’en devons qu’un à notre auditoire, et surtout nous ne lui devons pas la discussion qui l’établitk.

k – Voyez

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