Homilétique

Textes féconds

Choisissez un texte fécond. J’appelle fécond un texte qui, sans addition étrangère, sans le secours de détails minutieux, sans digression, réduit à ses véritables termes, fournit matière à un développement intéressant dans toutes ses parties, et laisse entre nos mains un résultat important. – [Tout texte fécond sera en même temps un texte pratique ; car si le prédicateur peut aborder des matières spéculatives, c’est toujours dans un intérêt pratique, et non dans un intérêt philosophique pur.]

Il est difficile de donner des exemples. Ce qui est stérile pour les uns est productif pour les autres, et vice versa.

De bonnes études théologiques, la méditation, une habitude philosophique de l’esprit, peuvent faire voir la fécondité où elle ne paraissait pas d’abord. Celui qui saisit les rapports de l’idée avec d’autres idées, ses affinités, ses prolongements, celui qui sait généraliser, remonter aux principes, voir de loin les conséquences, féconde un terrain stérile pour beaucoup d’autres. Je suppose d’ailleurs une prédication textuelle ; car l’embarras serait petit s’il ne s’agissait de traiter les textes qu’à la manière catholique.

Mais, dira-t-on, libres comme nous le sommes de choisir nos textes, pourquoi n’irions-nous pas directement à ceux qui sont évidemment féconds ? – D’abord, ce serait écarter des textes qui ont leur mérite particulier, leur caractère propre, et réduire beaucoup la latitude du choix. Puis, il est bien probable qu’à ce compte-là très peu de textes seront féconds. Les plus riches, au bout du compte, ne sont riches que pour la méditation. [Remarquons en passant qu’il est fort utile, sous ce rapport tout particulièrement,] d’avoir à traiter pendant quelque temps dés textes imposés, et, en tout temps, de s’en laisser prescrire.

Mais il est pourtant vrai que si l’apparence de la stérilité en impose au plus grand nombre, l’apparence contraire peut en imposer à d’autres.

Toute parole frappante, belle, émouvante n’est pas féconde. Les vérités qui sont au terme où au sommet ne sont pas fécondes comme celles qui sont au point de départ ou à mi-chemin. Elles n’ont plus rien à produire que des émotions. – Exemples : Colossiens 1.16 ; Psaume 73.25.

Quelquefois une idée saillante ou piquante, rencontrée dans un texte, peut induire une jeune imagination à le traiter ; mais ce texte ne présente que celle-là, et tout le reste ne se remplit que de lieux communs.

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