Les pensées de Pascal

19. Que les vrais Chrétiens et les vrais Juifs n'ont qu'une même Religion

LA Religion des Juifs semblait consister essentiellement en la paternité d'Abraham, en la circoncision, aux sacrifices, aux cérémonies, en l'Arche, au Temple de Jérusalem, et enfin en la loi, et en l'alliance de Moïse.

Je dis, qu'elle ne consistait en aucune de ces choses, mais seulement en l'amour de Dieu, et que Dieu réprouvait toutes les autres choses.

Que Dieu n'avait point d'égard au peuple charnel qui devait sortir d'Abraham.

Que les Juifs seront punis de Dieu comme les étrangers s'ils l'offensent. Si vous oubliez Dieu, et que vous suiviez des dieux étrangers, je vous prédis, que vous périrez de la même manière que les nations que Dieu a exterminées devant vous. (Deuter. 8.19.20)

Que les étrangers seront reçus de Dieu comme les Juifs, s'ils l'aiment.

Que les vrais Juifs ne considéraient leur mérite que de Dieu, et non d'Abraham. Vous êtes véritablement notre Père, et Abraham ne nous a pas connus, et Israël n'a pas eu connaissance de nous; mais c'est vous qui êtes notre Père, et notre rédempteur. (Is. 63.16)

Moïse même leur a dit, que Dieu n'accepterait pas les personnes. Dieu, dit-il, n'accepte pas les personnes, ni les sacrifices. (Deuter. 10.7)

Je dis, que la circoncision du cœur est ordonnée. Soyez circoncis du cœur; retranchez les superfluités de votre cœur, et ne vous endurcissez plus; car votre Dieu est un Dieu grand, puissant, et terrible, qui n'accepte pas les personnes. (Deut. 10.16.17; Ierem. 4.4)

Que Dieu dit, qu'il le ferait un jour. Dieu te circoncira le cœur, et à tes enfants, afin que tu l'aime de tout ton cœur. (Deut. 30.6)

♦ Je dis, que la circoncision était une figure; qui avait été établie, pour distinguer le peuple Juifs de toutes les autres nations.

Et de là vient qu'étant dans le désert, ils ne furent pas circoncis, parce qu'ils ne pouvaient se confondre avec les autres peuples; et que depuis que JÉSUS-CHRIST est venu cela n'est plus nécessaire.

Que l'amour de Dieu est recommandé en tout. Je prends à témoin le ciel et la terre que j'ai mis devant vous la mort et la vie; afin que vous choisissiez la vie, et que vous aimiez Dieu, et que vous lui obéissiez; car c'est Dieu qui est votre vie. (Deut. 30.19.20)

Il est dit, que les Juifs faute de cet amour seraient réprouvés pour leurs crimes, et les Païens élus en leur place. Je me cacherai d'eux dans la vue de leurs derniers crimes; car c'est une nation méchante et infidèle. (Deut. 32.20.21) Ils m'ont provoqué à courroux par les choses que ne sont point des Dieux; et je les provoquerai à jalousie par un peuple qui n'est pas mon peuple, et par une nation sans science et sans intelligence. (Is. 65)

Que les biens temporels sont faux, et que le vrai bien est d'être uni à Dieu. (Ps. 72)

Que leurs fêtes déplaisent à Dieu. (Amos. 5.21)

Que les sacrifices des Juifs déplaisent à Dieu, et non seulement des méchants Juifs, mais qu'il ne plaît pas même en ceux des bons, comme il paraît par le Psaume 49 où, avant que d'adresser son discours aux méchants par ces paroles, Peccatori autem dixit Deus, il dit qu'il ne veut point des sacrifices des bêtes, ni de leur sang.

Que les sacrifices des Païens seront reçus de Dieu; et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs. (Malac. 1.11; I Rois. 15.22; Ozée 6. 6)

Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie; et que l'ancienne sera rejetée. (Ierem. 31.31)

Que les anciennes choses seront oubliées. (Is. 43.18.19)

Qu'on en se souviendra plus de l'Arche. (Ierem. 3.16)

Que le temple serait rejeté. (Ierem. 7.12.13.14)

Que les sacrifices seraient rejetés, et d'autres sacrifices purs établis. (Malach. 1.10.11)

Que l'ordre de la sacrificature d'Aaron sera réprouvé, et celle de Melchisedech introduite par le Messie. (Ps. 109)

Que cette sacrificature serait éternelle. (ibid.)

Que Jérusalem serait réprouvée, et un nouveau nom donné. (Is. 65)

Que ce dernier nom serait meilleur que celui des Juifs, et éternel. (Is. 56.5)

Que les Juifs devaient être sans Prophètes, sans Rois, sans Princes, sans sacrifices, sans autel. (Ozée 3.4)

Que les Juifs subsisteraient toujours néanmoins en peuple. (Ierem. 31.36)

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant