Stromates

LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE XX

Devoirs d’une femme de bonnes mœurs.

Euripide, en traçant dans les vers suivants le portrait d’une épouse qui aime son mari d’un amour grave et honnête, lui donne ces conseils :

« Quoi que dise un époux, il faut que sa compagne le trouve bon, même quand il ne dirait rien de bon. Pour elle, elle met tous ses soins à plaire à son époux. »

Le même poète dit ailleurs quelque chose de semblable :

« Il est doux, aux jours de l’adversité, que la femme s’afflige avec son mari, et prenne la moitié de ses douleurs et de ses joies. »

Puis, venant à peindre la douceur et la tendresse de la femme pour son mari quand les tribulations sont arrivées, il ajoute :

« Je m’affligerai de ton affliction ; je partagerai tes chagrins, de moitié dans tous tes maux. »

Et ailleurs :

« Rien ne m’est dur de ce que je souffre pour toi. Il faut partager la bonne et la mauvaise fortune de ceux qu’on aime. L’amitié, qu’est-ce autre chose ? »

Voilà pourquoi aussi le mariage selon le Verbe est sanctifié, pourvu que le couple conjugal se soumette à la volonté de Dieu, et se conduise

« avec un cœur sincère et une foi parfaite, l’âme purifiée des souillures de la mauvaise conscience, et le corps lavé dans l’eau pure, demeurant ferme dans la profession qu’il a faite d’espérer ce qui a été promis, puisque l’auteur de la promesse est fidèle. »

Mais le bonheur du mariage, il ne faudra le placer ni dans les richesses, ni dans la beauté. Où donc réside-t-il ? dans la vertu.

« La beauté d’une femme ne l’a jamais aidée à retenir le cœur d’un époux, dit la tragédie. Au contraire, la vertu a été utile à un grand nombre d’entre elles. »

En effet, toute femme qui est bonne, une fois attachée à un époux, demeure strictement renfermée dans les devoirs de la pudeur.

Puis le poète ajoute sous forme d’avertissement :

« Le premier point est celui-ci : Tout homme, fût-il difforme, doit paraître beau à sa femme, pour peu qu’elle ait d’intelligence. Car ce n’est pas l’œil, mais l’intelligence qui juge, etc. »

L’Écriture a dit avec beaucoup de sagesse que la femme a été donnée par Dieu à l’homme comme une aide. De là, ses devoirs et son but. Elle opposera aux tribulations qui peuvent venir de l’époux, dans l’intérieur de la communauté, le remède d’une raison, à la fois forte et persuasive. Son époux refuse-t-il de se laisser convaincre, qu’elle s’efforce, autant qu’il est donné à la nature humaine, de se tenir à l’abri du péché, soit qu’il faille mourir, soit qu’il faille vivre, toujours fidèle au Verbe ; bien persuadée que, durant sa vie, ou à l’heure de sa mort, elle aura pour aide et pour appui, le Dieu dont l’assistance, en effet, ne manque jamais, le Dieu qui sauve dans le présent comme dans l’avenir ; le prenant pour guide de toutes Ses actions, estimant que ses devoirs sont la chasteté et la justice, sa fin dernière, l’obligation de plaire à Dieu. J’ouvre l’épître que l’apôtre adresse à Tite. J’y lis ces sages conseils :

« Les femmes avancées en âge, doivent faire voir dans tout leur extérieur une sainte modestie ; ne point médire, ne point s’adonner au vin, afin qu’elles inspirent la sagesse aux jeunes femmes, leur apprenant à aimer leurs maris et leurs enfants, à être prudentes, chastes, sobres, vigilantes dans leur maison, bonnes, soumises à leurs maris, de sorte que la parole de Dieu ne soit point exposée au blasphème. »

Mais plutôt, dit encore ailleurs l’apôtre,

« tâchez d’avoir la paix avec tout le monde, et la sainteté sans laquelle personne ne verra Dieu. Prenez garde qu’il ne se trouve quelque fornicateur, ou quelque profane comme Ésaü, qui, pour se rassasier une fois, vendit son droit d’aînesse ; que quelque racine amère, poussant en haut ses rejetons, n’étouffe la bonne semence et ne souille l’âme de plusieurs. »

Puis, comme pour ajouter le dernier trait à la question du mariage, l’apôtre ajoute :

« Qu’en toutes choses le mariage soit respecté et que le lit nuptial soit sans tache ; car Dieu condamne les fornicateurs et les adultères. »

Comme il n’y a qu’un seul et même but, qu’une seule et même fin pour l’homme ainsi que pour la femme, Pierre a dit du Chrétien parfait, dans sa première épître :

« C’est ce qui doit vous transporter de joie, maintenant même que pour un temps si court, vous êtes affligés de plusieurs tentations; afin que votre foi, affermie et beaucoup plus précieuse que l’or périssable qui est éprouvé par le feu, se trouve digne de louanges, d’honneur et de gloire, au jour de la révélation de Jésus-Christ ; lui que vous aimez, quoique vous ne l’ayez point vu, et en qui vous croyez, quoique vous ne le voyiez point encore. C’est parce que vous croyez que vous serez comblés d’une joie ineffable et glorieuse, remportant le prix de votre foi, qui est le salut de vos âmes. »

Voilà pourquoi Paul aussi se glorifie d’avoir essuyé plus de travaux, reçu plus de coups que personne, et de s’être vu souvent près de la mort, tout cela à cause de Jésus-Christ.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant