Stromates

LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE XXIV

De la cause et de la fin des peines infligées par Dieu.

Du moment qu’une chose et son contraire, comme, par exemple, de philosopher ou de ne pas philosopher, de croire ou de ne pas croire, sont également entre nos mains, on peut affirmer que ces choses sont en notre pouvoir. Et pareillement, de ce que nous sommes maîtres de deux choses contraires, il suit que ce qui est en notre pouvoir est possible. Par conséquent, il est en notre pouvoir d’accomplir ou de ne pas accomplir les préceptes. Il est donc juste que la louange et le blâme résultent de nos actes ; et le pécheur, puni pour les fautes qu’il a commises, est puni pour ses fautes uniquement. Les transgressions précédentes ont eu lieu ; il ne peut jamais advenir que ce qui a été n’ait jamais été. Le Seigneur remet donc les fautes commises, avant la foi, et il les remet, non pas pour qu’elles n’aient pas été commises, mais pour qu’elles soient comme non avenues. — La rémission ne porte pas sur tous les péchés, s’écrie ici Basilide ; elle ne tombe que sur les transgressions involontaires échappées à la surprise et à l’ignorance, comme si c’était un homme et non pas un Dieu qui nous ouvrit le trésor de ses dons : L’Écriture-Sainte va répondre à l’hérétique :

« Ton iniquité m’a jugé semblable à toi. »

Toutefois, quoique nous soyons punis pour des fautes volontaires, ce n’est pas afin que les prévarications puissent n’avoir pas été commises, mais précisément parce qu’elles l’ont été, que nous sommes punis. La punition ne donne pas au coupable la possibilité de n’avoir pas failli, elle l’aide à ne plus faillir désormais ; elle dit en outre au prochain : Garde-toi de tomber dans la même faute. Dieu donc, dans sa bonté, nous châtie ici-bas pour trois raisons : d’abord pour que le châtiment rende meilleur celui qui en a été l’objet ; en second lieu, pour que ceux qui peuvent être sauvés soient préparés d’avance au salut par l’exemple du prochain ; troisièmement, enfin, pour sauver du mépris la victime d’une injustice et empêcher le renouvellement de l’outrage. Nous distinguons deux modes de corrections, l’un qui emploie la doctrine, l’autre le châtiment qu’on appelle aussi mode coercitif. Il faut savoir encore qu’il n’y a de châtié que les transgressions après le baptême. Les fautes antérieures ont été remises ; les fautes postérieures ont besoin de purification. Il a été dit des incrédules

« qu’ils ont été regardés comme la poussière que le vent balaie à la surface du sol, comme une goutte d’eau qui tombe d’un vase. »

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