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L’effusion de sang

Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés.

(Hébreux 9.22)

Mes chers auditeurs, voulez-vous voir trois fous ? Je vais vous les montrer.

L’un est ce soldat qui vient de tomber sur le champ de bataille. Il est blessé, grièvement blessé. Le chirurgien accourt, et le soldat l’interroge. Ecoutez-le et jugez de sa folie. Lève-t-il les yeux avec une ardente anxiété et demande-t-il si sa blessure est mortelle, si l’habileté du praticien parviendra à la guérir, ou si l’on a sous la main tous les secours, tous les remèdes nécessaires ?… Non ; aucune question semblable ne sort de ses lèvres. Chose étrange, il dit : « Pourriez-vous m’apprendre quel est le sabre qui m’a blessé, quel est le Russe qui m’a si cruellement mutilé ? Je tiens beaucoup, ajoute-t-il, à connaître jusque dans les plus minutieux détails l’origine de ma blessure. — Mais sûrement le malheureux est en délire ! vous écriez-vous ; son cerveau est malade. De telles questions, dans un tel moment, prouvent jusqu’à l’évidence qu’il est privé de l’usage de sa raison. »

Voici maintenant un second fou. — La tempête gronde ; le navire, poussé par un vent arrière, vole sur les flots avec une effrayante rapidité ; les lames inondent le pont ; les mâts craquent, les voiles sont en lambeaux et l’ouragan semble redoubler de fureur. Pendant ce temps où est le capitaine ? Est-il à donner ses ordres à l’équipage ? affronte-t-il noblement le danger, ou cherche-t-il, par des manœuvres habiles, à déjouer la rage des éléments ? Non. Il s’est retiré dans sa cabine, et là, absorbé dans une profonde rêverie, il se livre à mille conjectures sur l’endroit probable où la tempête a pris naissance. « Curieux phénomène que ce vent ! se dit-il à lui-même ; personne encore n’a pu découvrir d’où il vient. » Et sans se préoccuper du sort de son vaisseau, du salut des passagers ou de sa propre vie, cet homme étrange continue, heure après heure, à chercher à résoudre des problèmes insolubles… « Mais il est hors de sens ! vous écriez-vous encore ; qu’on retire au plus tôt le gouvernail de sa main ; il n’a plus une lueur de raison ! Et si jamais il touche terre, qu’il soit enfermé comme un aliéné incurable ! »

Quant au troisième fou, mes chers amis, il est probable que je n’aurai pas de peine à le trouver parmi vous. — Voici un homme qui est malade, blessé par le péché, exposé au terrible ouragan de la vengeance divine ; et cependant la question qu’il voudrait me proposer est celle-ci : « Quelle est l’origine du mal ? » Mais tu es fou, mon frère, spirituellement fou ! m’écrierai-je à mon tour ; sûrement si tu étais de sens rassis tu t’enquerrais de toute autre chose. Tu demanderais, non pas : « Comment le péché est-il entré dans le monde ? » mais bien plutôt : « Comment en serai-je délivré ? — non pas : « Comment se fait-il que le feu du ciel descende sur Sodome ? » mais bien plutôt : « Comment puis-je m’échapper comme Lot ? » — non pas : « D’où vient que je sois malade ? mais bien plutôt : « Y a-t-il un remède capable de me guérir ? Existe-t-il un médecin qui puisse rendre la santé à mon âme malade ? » Ah ! que de temps ne perdons-nous pas après de vaines subtilités, tandis que nous négligeons des certitudes ! Il n’est pas de sujet au monde, j’en suis convaincu, qui ait soulevé autant de questions que l’origine du mal. Les hommes ont creusé leur cerveau et mis leur esprit à la torture afin de comprendre — (ce que l’intelligence humaine ne comprendra jamais) — comment le mal est entré dans le monde, et comment son entrée peut se concilier avec la bonté divine. Mais, je le demande, à quoi bon ces discussions ? L’existence du mal est un fait, un fait patent, avéré, incontestable. Au lieu donc de nous perdre en vaines spéculations, ne serait-il pas plus rationnel que chacun de nous se dit sérieusement à lui-même : « Que dois-je faire pour échapper à la colère à venir, suite naturelle de cette grande maladie morale qui a envahi toute âme d’homme ? Or, c’est ici qu’intervient la parole de l’Écriture que j’ai prise pour mon texte. Semblable à l’ange armé d’une épée, qui jadis arrêta Balaam sur sa route vers Balak, cette déclaration solennelle : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés, vient se dresser devant la conscience du pécheur réveillé. Sentant que son iniquité doit être ou punie ou pardonnée, il se demande avec inquiétude comment il pourra obtenir le pardon ; et voilà que sa demande se rencontre face à face avec celle réponse catégorique : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés !

Et n’allez pas dire, mes chers amis, que c’est là une maxime purement juive : c’est, au contraire, une vérité vaste comme le monde et immuable comme l’éternité. Elle concerne les Gentils, non moins que les Hébreux. Jamais en aucun temps, jamais en aucun lieu, jamais pour aucune âme la rémission des péchés n’a été obtenue autrement que par l’effusion du sang. Il y a plus : j’affirme que cette grande vérité est empreinte jusque dans les entrailles de la nature humaine ; c’est une loi essentielle du gouvernement moral de Dieu, un de ces principes fondamentaux qui, en dépit de toutes les attaques, resteront toujours debout, une règle qui n’a jamais souffert et qui ne souffrira jamais d’exception. Toujours et partout la même, cette doctrine subsistera d’âge en âge : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. Sous l’économie mosaïque, il en était ainsi ; pour les Juifs, point de rémission sans effusion de sang. Il existait certains cas, il est vrai, où l’eau et le feu suffisaient pour rendre net ; mais toutes les fois qu’il s’agissait d’une violation positive de la loi, la purification ne pouvait avoir lieu que moyennant un sacrifice sanglant : Dieu ayant voulu enseigner par là à son peuple que le sang et le sang seul efface les péchés. Et, chose remarquable ! les païens eux-mêmes semblent avoir entrevu confusément cette vérité capitale. Que me disent leurs couteaux ruisselants du sang des victimes ? que me disent les lugubres histoires d’holocaustes, de sacrifices, d’immolations humaines qui, des points les plus reculés du globe, parviennent de temps à autre à mes oreilles ? que me disent toutes ces choses, je le demande, sinon qu’au fond de toute poitrine humaine, ancien comme l’existence même de l’homme, retentit comme un écho affaibli de celle loi divine : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés ? Et pour ne parler que de vous-mêmes, mes chers auditeurs, je suis assuré que dans les replis de vos cœurs et de vos consciences il y a comme un secret instinct qui vous dit à tous que pour réconcilier l’âme coupable avec un Dieu saint et juste, il faut que le sang coule, qu’une victime soit immolée. C’est là, je le répète, la grande vérité du christianisme, et c’est cette vérité que je voudrais essayer de fixer dans votre mémoire, en demandant à Dieu de la faire pénétrer lui-même dans vos âmes.

Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. Avant de développer mon texte, je dois tout d’abord répondre à une question qui se présente naturellement à l’esprit. De quelle effusion de sang est-il ici parlé ? L’apôtre n’avait-il point en vue un sacrifice particulier lorsqu’il écrivait ces paroles ? Oui, mes frères. Un sang d’un prix infini a été répandu, et c’est à l’effusion de ce sang que je voudrais vous faire assister. Il ne s’agit plus ici de meurtres ou de massacres ; il ne s’agit plus de brebis ou de boucs égorgés sur les autels. Il y eut une fois un sacrifice auprès duquel tous les autres ne sont rien : c’était un homme, c’était un Dieu qui versa alors son sang. Venez et voyez. Nous sommes dans un jardin à l’aspect triste et morne. Il est minuit. Le sol, durci par la gelée, craque sous les pas. Parmi ces oliviers, au sombre feuillage, je vois un homme ; je l’entends exhaler son âme dans la prière. Anges, écoutez ! Ecoutez, ô fils des hommes ! écoutez et soyez étonnés ! C’est le Sauveur qui offre sa vie avec de grands cris et avec larmes. Approchez. Considérez son front… O prodige ! Des grumeaux de sang découlent de son visage et de son corps tout entier ! chacun de ses pores est ouvert, et une sueur s’en échappe ; — mais ce n’est pas la sueur d’un homme qui travaille pour son pain, c’est la sueur d’un Dieu qui travaille pour le ciel : il sue une sueur sanglante ! — La voilà cette effusion de sang, sans laquelle il ne se fait point de rémission de péchés !

Mais suivons l’Homme-Dieu. Des mains sacrilèges l’ont traîné de ce jardin témoin de sa prière et de son agonie jusqu’au prétoire de Pilate. On le fait asseoir et on l’insulte ; on le revêt dérisoirement d’un manteau de pourpre, on ceint son front d’une couronne d’épines, et soudain (ô anges du ciel ! que dûtes-vous éprouver à cette vue ?… ) — soudain, deux lignes ensanglantées sillonnent sa face divine ! Ensuite on le dépouille du manteau royal, on découvre ses épaules : — elles sont teintes de sang ! Esprits infernaux, dites-moi, oh ! dites-moi qui a ainsi blessé mon Sauveur ? Les soldats se chargent de me répondre : ils reprennent leurs verges encore sanglantes ; ils le flagellent de nouveau, ils déchirent ses chairs, ils font ruisseler son sang jusqu’en terre ! La voilà encore cette effusion de sang, en dehors de laquelle il ne se fait point de rémission des péchés !

Mais ce n’est pas tout. On entraîne Jésus au lieu du supplice ; on l’étend sur le sol, on cloue ses mains et ses pieds au bois transversal ; puis on dresse la croix, on l’assujettit dans le soubassement préparé pour la recevoir : maintenant elle est debout, et sur elle est suspendu le Christ de Dieu. O déchirant spectacle ! Du sang de sa tête, du sang de ses mains, du sang de ses pieds ! Et avec son sang, sa vie s’écoule dans une inexprimable agonie ! Et son âme s’épuise en angoisses sans pareilles ! Eloï, Eloï, lamma sabachtani ! Enfin, il expire…

Mais voyez encore : on lui perce le côté avec une lance, et aussitôt il en jaillit du sang et de l’eau. — Voilà l’effusion du sang, pécheurs et saints ! Voilà cette grande, cette solennelle aspersion, ce sacrifice sanglant et expiatoire, sans lequel, ni pour vous individuellement, ni pour la race humaine en général, il ne saurait y avoir de rémission des péchés.

Oui, c’est là l’effusion de sang dont parle l’apôtre. Oh ! mon Dieu, comment se fait-il que des hommes puissent écouter une telle histoire, les yeux secs ? Je l’ai mal racontée, direz-vous. Il est vrai, mes amis, et je me blâme tout le premier. Mais sachez-le : alors même que la scène sanglante du Calvaire vous serait décrite par la langue la plus malhabile, si vos cœurs étaient ce qu’ils devraient être, ils se fondraient en larmes de sang ! Oh ! quel crime, quel meurtre que celui-là ! C’était plus qu’un régicide, plus qu’un fratricide, plus qu’un parricide : c’était… la langue humaine n’avait point de mot pour désigner un tel crime, il a fallu en inventer un, — c’était un déicide ! le meurtre d’un Dieu ! le meurtre de celui qui s’est incarné pour nous sauver ! Ah ! si nos cœurs étaient seulement aussi malléables que le fer, nous pleurerions ! s’ils étaient aussi tendres que le marbre des montagnes, nos yeux se changeraient en ruisseaux d’eau ! Mais ces cœurs sont plus durs que la pierre, même qu’une pièce de la meule de dessousa ; c’est pourquoi nous oublions les douleurs de Celui qui à cause de nous est mort d’une mort pleine d’ignominie et d’amertume ; nous ne plaignons pas ses souffrances ; nous ne considérons pas que c’est pour nous, pour nous proprement qu’il a tout enduré, tout accompli…

a – Allusion à Job 41.15.

Mais pour en revenir à notre texte, redisons que le grand principe qu’il établit est celui-ci : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. cette proposition me semble être à la fois négative et affirmative. J’y trouve d’abord une négation formelle : « Point d’effusion de sang, point de rémission » ; et ensuite une affirmation implicite qui ressort de la négation même, et qu’on peut formuler ainsi : « Par l’effusion du sang, il y a rémission des péchés. »

I

En premier lieu, ai-je dit, mon texte exprime une négation formelle. Point de rémission en dehors du sang de Jésus : voilà ce qu’il nous enseigne de la manière la plus nette. Et veuillez considérer, mes frères, que cette assertion est d’autorité divine. En la prononçant aujourd’hui devant vous, je ne fais que répéter les paroles mêmes de Dieu. Ce n’est pas une chose que vous puissiez, croire ou rejeter à votre choix ; vous devez la croire, vous devez l’admettre, sinon vous vous inscrivez en faux contre l’Écriture et vous donnez le démenti au Tout-Puissant. Peut-être m’arrive-t-il quelquefois d’émettre certaines idées qui n’ont guère d’autre base que mes propres raisonnements ou mon interprétation particulière, ce qui, j’en conviens, est bien peu de chose ; mais ici, je ne viens pas simplement étayer une opinion personnelle par des passages empruntés à l’Écriture : je cite textuellement les paroles sorties des lèvres de Dieu lui-même. Prenez et lisez : « Point de rémission ! » c’est écrit en toutes lettres dans la Parole inspirée ; donc, cette doctrine est divine. Il est possible que vous soyez disposés à regimber contre elle ; mais rappelez-vous qu’en le faisant, vous vous révoltez, non pas contre moi, mais contre Dieu. Je ne veux point perdre mon temps en vaines disputes de mots ; Dieu me garde de négliger la belle mission de proclamer l’Évangile pour contester avec les hommes ! Je me présente à vous en ce moment, le décret irrévocable de Dieu à la main, et je vous dis à tous : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. Sans doute, vous n’êtes pas tenus de recevoir comme article de foi tout ce que vous enseigne le prédicateur ; mais souvenez-vous que si vous ne croyez point ceci, c’est au péril de vos âmes ! car, encore une fois, la vérité que je vous annonce émane directement de Dieu ; or, quand Dieu parle, oseriez-vous le contredire ?Non, vous ne l’oseriez ! car ce serait le comble de l’impiété. Inclinez-vous donc devant la solennelle négation de mon texte et profitez du sérieux enseignement qu’elle vous donne.

Mais on objecte que la manière dont Dieu a sauvé les hommes, c’est-à-dire par l’effusion de sang, est cruelle, injuste, inhumaine.… que sais-je encore ! A ceux qui raisonnent ainsi, je n’ai qu’un mot à répondre. Votre opinion à cet égard me touche peu, leur dirai-je ; les faits sont là ; Dieu a jugé bon de faire reposer tout le plan du salut sur le sacrifice de son Fils. Si votre Créateur vous semble avoir eu tort, attendez de vous trouver en sa présence pour lui demander raison de sa conduite. Mais réfléchissez, je vous le conseille, avant de lui jeter le gant. Malheur au vermisseau qui voudrait lutter contre celui qui le forma, et malheur à l’homme assez audacieux pour oser se mesurer avec le très Haut ! Bien comprise et reçue avec foi, la doctrine de l’expiation est pleine de douceur, car elle est la manifestation d’un amour sans bornes, d’une bonté incommensurable et d’une justice infinie. Mais, je le sais, cette doctrine, si précieuse pour le croyant, a toujours été en scandale aux gens du dehors. Que vous dirai-je, ô incrédules ? Vous haïssez ce qui seul pourrait vous sauver ; vous méprisez la grâce qui vous est offerte ; encore une fois, je ne veux point perdre mon temps à discuter avec vous ; je me borne à répéter au nom de mon Maître : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés.

Et observez, mes chers auditeurs, combien cette déclaration est absolue. « Mais ne puis-je obtenir le pardon de mes péchés par mon repentir ? dira l’un ; si je pleure, si je gémis, si je prie, le Seigneur ne me pardonnera-t-il pas à cause de mes larmes, à cause de mes prières ? — Point de rémission sans effusion de sang ! répond mon texte. — Mais si je ne pèche plus désormais, dira un autre ; si je sers Dieu avec plus de fidélité, avec plus de zèle qu’aucun de mes semblables, le Seigneur ne me pardonnera-t-il pas à cause de mon obéissance ? — Point de rémission sans effusion de sang ! répond mon texte. — Mais si je me confie simplement en la miséricorde de Dieu, reprend un troisième, ne serai-je point pardonné sans que j’aie besoin de recourir à un sacrifice quelconque ? — Sans effusion de sana, il ne se fait point de rémission des péchés ! » telle est la réponse invariable de mon texte. Oh ! que de fatales illusions crouleraient, si on voulait se placer en présence de ces paroles si claires, si nettes, si positives ! Fils des hommes, apportez ici vos espérances de salut, et si elles ne sont pas fondées dans le sang et scellées de sang, dites-vous bien qu’elles sont aussi chimériques que des châteaux en l’air ou que les songes de la nuit. Et pourtant, malgré cette déclaration si formelle, l’on s’obstine à essayer de cinquante moyens différents pour obtenir la rémission des péchés ; tellement qu’en vérité le ministre de l’Évangile est parfois fatigué d’avoir toujours à revenir sur les mêmes doctrines, toujours à combattre les mêmes erreurs. Mes frères, je tiens à vous le redire en termes aussi clairs que possible : Faites ce que vous voudrez et dites ce qu’il vous plaira, vous ne parviendrez jamais à obtenir le pardon de vos péchés, à moins que vous ne placiez votre confiance dans le sang répandu de votre Sauveur, et uniquement dans ce sang, car hors de là, il n’y a point de rémission.

Et si mon texte est absolu dans sa nature, il est de plus universel dans son application. « Quoi ? ne puis-je point obtenir la rémission de mes péchés autrement que par l’effusion du sang ? » demande le monarque, et il s’avance le front ceint de sa couronne royale ; « ne puis-je point avec toute ma splendeur, avec toute ma puissance, avec tous mes trésors, payer par moi-même la rançon de mon âme ? » Impossible ! répond mon texte. — Vient ensuite l’homme de science, tout chargé de titres et de distinctions universitaires ; il les étale avec complaisance et demande à son tour : « Ne puis-je point obtenir la rémission de mes péchés en vertu de ces témoignages de mon grand savoir ? » Impossible ! impossible ! répète mon texte. — Puis survient le philanthrope, l’homme bienfaisant et libéral. « J’ai répandu mon argent en aumônes, dit-il ; j’ai distribué mon bien pour la nourriture des pauvres : cela ne m’assure-t-il point le pardon de Dieu ? » Non ! dit mon texte ; sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. Ah ! comme ceci passe un même niveau sur toutes les têtes ! Monseigneur, vous n’êtes pas plus que votre cocher ; maître, gentilhomme, vous marchez de pair avec le paysan qui laboure vos domaines. Ministre de l’Évangile, ton office ne te place aucunement on dehors de la loi commune ; ton plus humble auditeur est tout aussi bien partage que toi : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. Pour le meilleur, comme pour le plus mauvais des hommes, il n’y a aucun espoir de salut hors de l’effusion du sang. Oh ! que j’aime l’Évangile ! Et savez-vous, mes amis, une des raisons qui me le font aimer ? Je l’aime parce qu’il est un Évangile essentiellement égalitaire. Bien des gens ne veulent pas d’un tel Évangile, et moi non plus je n’en voudrais certes pas si j’attachais au mot d’égalitaire le sens qu’on lui a trop souvent donné. Que chacun conserve son rang, ses titres, sa fortune : rien de plus juste ; mais j’aime, je l’avoue (et je suis sûr qu’en ceci tout vrai chrétien sera d’accord avec moi), oui, j’aime à voir le riche et le pauvre s’entre-rencontrer, j’aime à les voir placés côte à côte sous le grand niveau de l’Évangile. « Arrière vos sacs d’argent ! dit l’Évangile aux riches ; ils ne peuvent rien pour votre salut. — Reployez vos diplômes, dit-il aux lettrés ; ils ne peuvent rien pour votre salut. — Oubliez votre ferme ou votre parc, dit-il à ceux qui possèdent ; ces choses ne peuvent rien pour votre salut. — Couvrez votre écusson, dit-il aux nobles ; toutes les armoiries du monde ne peuvent rien pour votre salut. Venez, vous pauvres, mendiants, déshérités du monde ; venez, vous rebut et balayures de la terre : avancez. Quoique votre esprit soit sans culture et vos manières peu policées, le salut est pour vous tout autant que pour le riche, le titré, le puissant, l’homme entouré d’hommages et d’honneur. » Mon texte s’adresse indistinctement à toutes les classes de la société ; tous nous sommes égaux sur ce terrain : Sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés.

Remarquez en outre, mes chers auditeurs, que ces paroles sont d’une application perpétuelle. Paul les a dites ; je dois répéter son témoignage, et si dans mille ans d’ici l’Évangile est encore prêché, les ministres de Dieu le répéteront à leur tour. Cette vérité ne changera jamais. Dans l’autre monde comme dans celui-ci, il sera toujours vrai que sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés. On peut chercher à vous faire accroire le contraire, mes bien-aimés ; on peut vous dire, par exemple, que vos œuvres, ou vos pénitences, ou votre argent vous assureront le pardon de Dieu ; mais repoussez de toute votre force ces fables et ces mensonges, et tenez pour certain qu’il n’y a de rémission possible que par le sang propitiatoire du Fils de Dieu. Non, quand vous passeriez sur vos deux genoux votre vie tout entière ; quand vos yeux se fondraient en torrents de larmes ; quand vous gémiriez et supplieriez jusqu’à ce que les fibres de votre cœur se rompissent au-dedans de vous ; non, jamais — jamais en ce monde, jamais dans l’éternité — vous ne pourrez obtenir le pardon de vos péchés autrement que par le sang de Christ ; jamais votre conscience ne sera purifiée que par la foi en son sacrifice ! Et aussi bien, mes chers amis, à quoi vous servirait-il de vous contenter de rien moins que ce qui a contenté Dieu le Père ? Vous vous séduiriez vous-mêmes, voilà tout. Rien n’a pu satisfaire sa justice que l’effusion du sang de son Fils, et rien ne pourra blanchir vos consciences que les mérites de ce sang, appliqués à vos âmes par la foi.

II

Mais j’ai dit que de la négation même contenue dans mon texte ressort une affirmation ; or, cette affirmation implicite est celle-ci : Il y a une rémission des péchés par l’effusion du sang. — Et observez, mes frères, que cette rémission est un fait accompli. Le sang ayant été versé, la rémission est déjà obtenue. Je vous ai conduits au jardin de Gethsémané et au mont Calvaire, pour vous faire assister à l’effusion du sang. Allons maintenant dans un autre jardin et sur un autre mont, pour contempler les grandes preuves de la rémission acquise au prix de ce sang. Allons dans un autre jardin, ai-je dit. Et en effet, c’est un jardin qui s’étend devant nous, jardin tout embaumé de doux, de triomphants souvenirs. Là, dans un rocher, loin de l’agitation et du bruit du monde, Joseph d’Arimathée s’était fait tailler un sépulcre neuf, où il pensait que son pauvre corps d’argile serait bientôt déposé ; mais le corps de Jésus y fut mis le premier.

Les scènes lugubres de la crucifixion venaient d’avoir lieu. Jésus s’était constitué répondant de son peuple, et la loi avait demandé son sang. La mort l’avait étreint de sa main de fer, et ce tombeau était comme la sombre prison où semblait devoir être détenu à jamais Celui qui avait donné sa vie pour ses brebis. Comment donc se fait-il que je voie dans ce jardin un sépulcre ouvert et inoccupé ? Mes frères, je vais vous le dire. La dette est payée, les péchés sont effacés, la rémission est acquise. Le grand Pasteur des brebis a été ramené d’entre les morts par le sang de l’alliance éternelle. Donc, le sacrifice a été accepté, et maintenant nous avons la rédemption par son sang, savoir, la rémission des péchés (Hébreux 13.20 ; Ephésiens 1.7). Voilà, mes bien-aimés, une première preuve.

En voulez-vous une autre plus concluante encore ? Venez avec moi sur le mont des Oliviers. Là, contemplez Jésus levant ses mains sur ses disciples, comme autrefois le souverain sacrificateur sur la multitude, et tandis qu’il les bénit, voyez-le montant majestueusement vers le ciel et disparaissant sur une nuée de devant leurs yeux. « Mais que signifie cette glorieuse ascension ? demandez-vous ; où donc va Jésus ? pourquoi, oh ! pourquoi quitte-t-il ainsi la terre ? L’Apôtre va vous répondre : Christ est entré, non point dans le sanctuaire fait de la main des hommes, mais dans le ciel même, pour comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu ; et il est entré avec son propre sang, nous ayant obtenu une rédemption éternelle ; c’est pourquoi nous avons, par le sang de Jésus, la liberté de nous approcher de Dieu (Hébreux 9.24, 12 ; 10.19). La rémission est donc un fait accompli : en voilà une seconde preuve.

O croyant, quelles sources abondantes de consolations n’y a-t-il pas ici pour toi ! Que pourrais-je te dire que tu ne saches pas déjà ? Aussi je te laisse à tes douces expériences, mon bien-aimé, pour essayer de convaincre ceux qui n’ont pas cru au prix infini de cette rémission des péchés, acquise par l’effusion de sang. — On raconte qu’un pasteur éminent étant allé visiter un inconverti sur son lit de mort, celui-ci lui dit : « M. le pasteur, je me confie en la miséricorde divine ; certainement, puisque Dieu est infiniment bon, il ne voudra pas vouer une âme à la condamnation éternelle. » Plus tard, le serviteur de Dieu revint auprès du malade, dont l’état s’était aggravé. « Oh ! M. le pasteur, s’écria-t-il, je n’ai plus de confiance ! Je viens de réfléchir que si Dieu est miséricordieux il est juste aussi ; et que ferais-je, oh ! que ferais-je, si au lieu de déployer sa bonté envers moi, il ne déployait que sa justice ? Non, je ne puis plus compter sur la seule miséricorde de Dieu ! Oh ! dites-moi ce qu’il faut que je fasse pour être sauvé ! » Le pasteur exposa alors au moribond le plan du salut ; il lui dit que Christ était mort à la place du pécheur qui se confie en lui, en sorte que Dieu est juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus (Rom.3.25). Le malade écoutait avec avidité. « Ah ! monsieur, s’écria-t-il enfin, voilà justement ce qu’il me fallait ; j’avais besoin d’un fondement solide sur lequel je pusse bâtir mes espérances, et vous venez de me l’indiquer ; ailleurs je ne vois qu’incertitude et que doute. » Cet homme disait vrai. Non, mes amis, il n’y a aucune paix, aucune confiance possible hors de Christ. A part les âmes qui se confient uniquement dans le sang de Jésus, pas un de nous, j’ose l’affirmer, n’a jamais rencontré une seule personne qui fût pleinement assurée de son pardon. Voyez le musulman : il ne sait rien du pardon des péchés. Voyez l’incrédule : il n’est jamais sûr s’il est pardonné ou non. Voyez le formaliste : il dira bien : « J’espère que mes péchés me seront remis, mais il n’ose affirmer qu’ils le sont. Je le répète, celui-là seul possède l’assurance de son salut qui croit fermement que Christ, et Christ seul, a expié les péchés par l’effusion de son sang. Mais quelles sont les âmes que Christ est venu sauver ? Pour répondre à cette question, permettez-moi de vous raconter un simple fait. Le grand prédicateur Whitefield avait un frère, qui avait été, comme lui, un fervent chrétien ; mais il s’était détourné des sentiers de la piété, il avait fait des chutes graves. Or, un jour, après qu’il eut reconnu ses égarements, il était fort troublé dans son âme, car il avait entendu la veille un sermon de son frère qui avait blessé sa conscience jusqu’au vif. Le soir, au souper, il s’écria, comme se parlant à lui-même : « Je suis un homme perdu ! » et il commença à gémir et à pleurer, en sorte qu’il ne pouvait prendre aucune nourriture. — « Pardon, M. Whitefield, que disiez-vous, je vous prie ? » demanda lady Huntingdon qui était assise en face de lui. « Madame, répondit-il, je disais que je suis un homme perdu. — J’en suis fort aise, monsieur, répliqua-t-elle, j’en suis fort aise. — Comment, madame !… Que voulez-vous dire ? balbutia le pauvre homme au comble de l’étonnement ; c’est bien cruel à vous de vous réjouir de ce que je suis perdu… — Je le répète, monsieur, j’en suis fort aise, en vérité, » reprit-elle. Il la regarda, de plus en plus surpris de son inhumanité. « Oui, M. Whitefield, j’en suis fort aise, continua lady Huntingdon, car il est écrit : Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. A l’ouïe de ces paroles, Whitefield fondit en larmes. « Quel précieux passage, madame ! s’écria-t-il. et d’où vient qu’il s’applique en cet instant avec tant de force à mon âme ? Oh ! je bénis Dieu de me l’avoir fait entendre ! Jésus veut donc me sauver ; je remets mon esprit entre ses mains ; je suis pardonné ! » Ayant dit cela, il sortit de la maison, se sentit pris d’un malaise soudain, tomba en arrière et expira.

[Note du Traducteur : A ceux de nos lecteurs qui ne connaîtraient point le nom de lady Huntingdon, nous dirons que cette dame, illustre par sa naissance, par ses talents, et surtout par son éminente piété, consacra au service de son divin Maître tous les dons qu’elle avait reçus de lui. Elle vécut à l’époque du grand réveil religieux qui eut lieu en Angleterre le siècle dernier, et dépensa une fortune considérable, soit à construire des lieux de culte, soit à pourvoir aux besoins temporels des fidèles serviteurs de Dieu qui passaient leur vie à annoncer l’Évangile. Le célèbre Whitefield était l’un de ses amis les plus intimes. (Voir pour plus de détails l’intéressant ouvrage intitulé : Lady Huntingdon et ses amis, etc., publié par la Société de Toulouse.)]

Oui, le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ! Y a-t-il ici une âme perdue ? Dieu le veuille ! Homme perdu ! femme perdue ! où êtes-vous ? Vous sentez-vous perdus sans ressource ? Oh ! combien j’en suis heureux, car c’est pour des créatures telles que vous qu’a été faite la rémission des péchés par l’effusion du sang. Pauvre pécheur ! tes yeux sont peut-être obscurcis par les larmes de la repentance ; mais regarde au travers de tes larmes, mon frère. Vois-tu cet homme dans le jardin de Gethsémané ? Il sue pour toi des grumeaux de sang. Vois-tu cet homme attaché sur un bois infâme ? Il a été cloué là pour toi. Oh ! mes amis, si pour vous sauver d’une mort certaine, je consentais à être cloué aujourd’hui sur une croix, je sais ce que vous feriez : vous vous jetteriez à mes pieds, vous les couvririez de baisers, vous les arroseriez de larmes d’amour et de reconnaissance. Eh bien, pécheur, pécheur perdu, pécheur qui te sens tel, Jésus est mort pour toi, pour toi proprement ; et s’il est mort pour toi, tu ne peux qu’être sauvé, car Christ n’est mort en vain pour personne. La question est donc celle-ci : Te reconnais-tu misérable et indigne ? Es-tu convaincu de péché parce que tu ne crois pas en Christ ? S’il en est ainsi, mon cher auditeur, je suis chargé par mon Maître d’un message pour toi : crois en son nom, et tu seras sauvé. Mais penses-tu qu’en définitive tu n’es pas un si grand pécheur ? Oh ! alors, je ne sache pas que Christ soit mort pour toi. Dis-tu que tu n’as pas besoin de repentance ? Alors je n’ai point de Christ, point de salut à t’annoncer. Dis-tu que tu n’as pas besoin d’un Sauveur ? Alors je n’ai absolument rien à te dire que ces trois mots : La colère à venir ! la colère à venir ! Christ n’est pas venu pour sauver les justes, les âmes satisfaites d’elles-mêmes ; il est venu pour sauver les méchants. Es-tu méchant ? le sens-tu ? Es-tu perdu ? le sais-tu ? Es-tu coupable ? serais-tu prêt à le confesser en toutes occasions ? Dans ce cas, je le répète, mon bien-aimé, ne crains rien. Si Jésus était ici en cet instant, il étendrait vers toi ses mains sanglantes et te dirait : « Pauvre pécheur, je suis mort pour toi ; veux-tu croire en moi ? » Jésus n’est pas ici en personne, mais il a envoyé son serviteur pour le dire de sa part : « Ne veux-tu pas croire en Celui qui est mort pour toi ? — Oh ! dis-tu peut-être, je suis un si grand pécheur —C’est justement à cause de cela que je suis mort, répond Jésus. — Mais je suis indigne d’un tel sacrifice, objectes-tu encore. — C’est justement à cause de ton indignité que j’ai dû me sacrifier pour toi, dit Jésus. — Mais j’ai haï Christ, ajoutes-tu. — Mais moi, je t’ai toujours aimé, reprend Jésus. — Mais, Seigneur, j’ai insulté les ministres, j’ai méprisé ta Parole… — Tout est pardonné, dit Jésus ; le sang qui a coulé de mon côté percé a effacé toutes tes transgressions. Crois seulement ; je ne te demande rien de plus ; et pour cela même je t’aiderai : je te donnerai un cœur croyant à la place de ton cœur incrédule. »

Mais quelqu’un me dira : « Prédicateur de l’Évangile, vos paroles vont sûrement au-delà de votre pensée. Quoi ? voudriez-vous dire aux hommes et aux femmes les plus dépravés qui sont dans cette enceinte, que la rémission des péchés a été faite pour eux ? » Mon cher auditeur, je veux dire précisément ce que je dis. La voilà, la pécheresse, la femme de mauvaise vie, qui a entraîné bien des âmes dans le vice et envoyé bien des âmes en enfer ! La voilà ! Tous ses amis l’ont chassée de leur maison ; son père lui-même rougit de l’appeler sa fille et lui a défendu de jamais reparaître en sa présence. Femme ! te repens-tu ? Pleures-tu sur tes péchés ? Te reconnais-tu coupable et perdue ? Détestes-tu tes égarements passés ? S’il en est ainsi, Jésus est mort pour te sauver, et quoi que puisse dire le monde, tu seras sauvée ! — Le voilà, l’intempérant, le violateur du sabbat, l’homme flétri par le vice ! Je le reconnais ! La nuit dernière, j’entendis sa voix dans les rues, comme il regagnait sa demeure, ivre, vociférant des blasphèmes, jetant le trouble sur son passage. Arrivé chez lui, il maltraita sa malheureuse femme, et quant aux imprécations qu’il a prononcées, Dieu seul en sait le nombre… Eh bien ! à toi-même, ô homme, je dis en cet instant : Sens-tu combien tu es coupable ? Haïs-tu tes transgressions et désires-tu sincèrement y renoncer ? S’il en est ainsi, que Dieu soit béni ! Christ est mort pour te sauver. Crois !

« Qu’-est-ce à dire ? s’écriera peut-être une autre personne ; faut-il donc être un pécheur scandaleux pour avoir part à la rémission des péchés acquise par l’effusion du sang de Christ ? » Assurément non, mon cher auditeur. J’ai reçu il y a quelques jours une lettre d’un jeune homme, qui, comptant m’entendre cette semaine, m’écrivait à peu près en ces termes : « Monsieur, veuillez, je vous en prie, prêcher un sermon approprié à l’état de mon âme, car je suis dans une grande perplexité. J’ai ouï dire que chacun de nous doit s’estimer le plus coupable des hommes, sans quoi il ne peut être sauvé : or, je fais tous mes efforts pour me croire tel, mais, vous l’avouerai-je, monsieur, je ne puis y parvenir. Je désire de tout mon cœur avoir part au salut, mais je ne sais pas me repentir assez profondément. » Si le jeune homme qui m’a écrit ces lignes, ou si d’autres personnes qui pensent comme lui, sont devant moi en cet instant, voici ce que je leur dirai. Dieu ne demande pas à tout homme de se croire le plus grand misérable qu’il y ait sur la terre, par la raison toute simple que dans bien des cas, ce serait croire une fausseté, car il est évident qu’il y a des hommes plus méchants les uns que les autres. Ce que Dieu demande de nous, c’est que nous disions, chacun pour son propre compte : « Je me connais mieux que je ne connais mon prochain ; je ne sais que bien imparfaitement ce qui se passe en lui, et d’après ce que je vois, non seulement dans ma vie, mais dans mon cœur, je ne pense pas qu’il puisse y avoir beaucoup de mes semblables plus mauvais que moi. Aux yeux du monde leur conduite est peut-être plus condamnable que la mienne, mais j’ai eu plus de lumières, plus de privilèges, plus d’avertissements, plus d’occasions de connaître Dieu qu’ils n’en ont eu, en sorte qu’en réalité, je suis plus inexcusable. » Voilà ce que nous devrions penser, mes chers amis. Je ne vous dis pas de faire comparaître votre frère avec vous devant le Seigneur, en disant, comme pour vous recommander à la faveur divine : « Je suis plus coupable que lui. » Non ; je voudrais bien plutôt que vous vous présentassiez seul devant Dieu, en murmurant, comme l’enfant prodigue : « Père, j’ai péché ! » Peu importe, jeune homme, que ton frère ait plus ou moins péché que toi ; peu importe, jeune fille, que ta sœur se soit plus ou moins égarée que toi ; ce qui importe, c’est que vous vous écriiez l’un et l’autre en vous frappant la poitrine : « O Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! » C’est là tout ce que vous avez à faire.

Je termine. O vous tous qui vous sentez perdus, encore une fois je vous le dis : Venez à Christ ! Venez à lui, et vous serez les bienvenus. Il n’est pas un seul pécheur contrit et humilié dans le monde qui ne puisse avoir part à la rémission des péchés que Christ a acquise au prix de son sang, et se glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu. Fût-elle noire comme l’enfer, votre âme peut devenir, dans l’espace d’un instant, aussi pure que le ciel. Je sais, hélas ! je sais que ce n’est pas sans une lutte désespérée que le pécheur parvient à saisir la promesse du salut ; mais du moment qu’il croit, toute lutte cesse ; c’est là sa première victoire : glorieuse et sainte victoire ! Oh ! mes bien-aimés, puissent les paroles de ce cantique être en cet instant même le langage de votre cœur ; retenez-les, adoptez-les, et qu’elles deviennent le cri habituel de vos âmes :

Misérable et perdu, sans force et sans défense,
      Je me jette, ô Christ, dans tes bras !
Donne-moi sainteté, pardon et délivrance :
      Tu l’as promis, tu le feras !

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