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Le vrai chercheur

Mais l’ange prenant la parole, dit aux femmes : Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus, qui a été crucifié.

(Matthieu 28.5)

L’ange qui apporta la terreur, apporta aussi la consolation. Les soldats qui gardaient le tombeau étaient braves, vaillants, bien dressés à la guerre, et néanmoins ils furent saisis de crainte et de tremblement. — Les deux femmes, craintives par nature, surent toutefois se réjouir de l’événement qui consternait ces hommes forts. Eh bien, mes frères, si vous avez une conscience chargée, vous ne connaîtrez la consolation qu’après avoir vu le sang de Christ qui a été répandu pour vous, et l’homme tremblera devant l’angoisse comme il tremblera plus tard devant le tribunal de Dieu. Mais le juste ne tremblera point ; — pas même devant les armées de l’enfer, pas même devant le Prince des Ténèbres. Oh ! quelle chose excellente, que que de pouvoir être purifié par la grâce de Dieu ! Que tout homme croie et reprenne confiance ; — le juste est toujours en sûreté. Quand l’antique pilier qui soutient le globe viendrait à s’ébranler, quand les cieux même s’écrouleraient, le juste ne tremblera pas plus que le rocher autour duquel mugit la tempête. Quand la terre ne lui offrirait plus de refuge, le ciel s’ouvrirait pour le recevoir. Enfants de Dieu, chassez la crainte ! Réjouissez-vous, et ne tremblez point !

Quant à vous qui persistez à demeurer loin de Dieu, craignez ! craignez sans cesse ! — Vos meilleurs jours ne sont que des volcans, et quand vous dites : « mon rocher est solide, » dans ce moment-là même ce rocher tremble et menace de s’abîmer avec vous ! Vos plus beaux jours sont pleins d’angoisse, et quand viendra le jour du jugement, ce jour où les pécheurs crieront aux montagnes : « tombez sur nous, » et aux collines, « couvrez-nous, » — alors, alors, que ferez-vous ? Que ferez-vous, vous qui êtes sans asile et sans refuge ?

Reconnaissons premièrement que les femmes « ne craignirent point. »

Mais il faut maintenant que j’aborde le sujet dont nous voulons nous occuper ce soir. Les anges dirent : — « Ne craignez point, car vous êtes venues ici dans un but pieux et saint. » Or, je veux essayer de vous indiquer les principaux caractères de celui qui cherche sincèrement, — du vrai chercheur.

Le premier de ces caractères est celui-ci : « Chercher sans retard. » Marie-Madeleine et l’autre Marie s’étaient levées avant l’aube. Je crois les voir d’ici : une pâle lumière se montre à l’horizon, et Marie dit à sa compagne : « N’est-ce pas là la lueur grisâtre du matin ? — Non, réplique l’autre Marie, ce n’est qu’une lumière provenant de quelque habitation. — Mais enfin, le soleil se lève, et les deux faibles femmes qui ne craignent point, sortent aussitôt pour aller au tombeau de Joseph. — Or, c’est là un des caractères auxquels on reconnaît le vrai chercheur ; il s’écrie : « J’ai besoin de Christ, — j’en ai besoin aujourd’hui ! » — Nous voyons des jeunes gens qui songent à Christ quand ils sont apprentis, quand ils débutent dans une vocation ; — ils n’ont pas le temps de le chercher, et se disent : « Quand nous serons à la tête d’un négoce, nous le chercherons sans tarder. » — Mais ce moment venu, les loisirs attendus ne viennent pas, et l’on continue à se dire : « Je le chercherai plus tard, » sans jamais se mettre à l’œuvre ; — qu’arrive-t-il ? le temps passe, et les loisirs attendus continuent à ne pas venir ; — l’on va, l’on va de résolution en résolution, et l’on meurt sans avoir fait un pas ! — Vous n’êtes pas un chercheur, vous qui parlez ainsi. Le vrai chercheur crie : « Aujourd’hui ! aujourd’hui ! aujourd’hui ! J’ai besoin du Christ ! je veux le trouver aujourd’hui même ! »

Ces retardements continuels ne sont autres que les filets du démon, dans lesquels il enveloppe les âmes pour les plonger dans la perdition. — Qu’est-ce que demain ? Demain ressemble à l’île flottante du lac Lomonda, — à cette île dont on parle toujours, mais qu’on ne voit jamais ; — demain ressemble à ces changeantes couleurs de l’arc-en-ciel, qui se fanent aussitôt que nous les avons aperçues. — Saisissez les instants au vol ! Aujourd’hui est à vous, mais demain est à Dieu ! Oh ! mes chers auditeurs, si vous ne cherchez Christ aujourd’hui même, vous n’êtes pas de vrais chercheurs.

a – Lac d’Ecosse, célèbre par ses légendes superstitieuses.

Voici un second caractère : — le vrai chercheur cherche ardemment. Il n’a qu’une pensée ; — avez-vous remarqué dans l’histoire de Marie qu’elle s’informe de Jésus auprès du jardinier, sans désigner Celui qu’elle cherche ? Elle ne pense qu’à Lui seul, son âme tout entière ne contient que cette seule idée ; — et puis, écoutez ses paroles : « Afin que je l’emporte loin d’ici. » Mais, pauvre Marie, tu n’en as pas la force ! — Ah ! mais Marie se croyait assez forte : — l’amour donne de la vigueur, et nul doute qu’elle n’eût réussi à faire ce qu’elle disait. Ce petit incident témoigne de l’ardeur qu’elle mettait à ses recherches, et nous ne sommes des chercheurs, que si nous cherchons de tout notre cœur. — C’est une chose maudite, et la plus maudite de toutes, — que cette piété où le cœur n’a point de part. Oh ! n’y a-t-il pas des milliers d’hommes qui fréquentent les temples sans que leur âme s’approche jamais de Dieu, — sans qu’ils aient rien de commun avec le Tout-Puissant ? — Oh ! croyez-moi, mes chers frères, une semblable piété n’est qu’une robe brillante dont on se pare pour descendre dans l’enfer, ce n’est point une parure convenable pour figurer au banquet de l’Éternel ; — c’est un pompeux appareil qui conduit aux funérailles de l’éternité. Nulle âme ne peut être sauvée sans un ardent désir ; — nul homme ne peut trouver le Christ, s’il ne le cherche de tout son cœur !

En outre, le vrai chercheur cherche le Christ, et ne cherche que Lui.

Marie cherchait un être, un seul. En vain le soleil empourprait-il de sa lumière glorieuse les montagnes qui entourent Jérusalem ; en vain les fleurs parfumaient-elles la brise du matin, — la seule pensée de Marie, c’était Christ, — son Maître, son Seigneur.

Si l’on cherche deux choses à la fois, on est certain de ne trouver ni l’une ni l’autre ; — ne croyez pas qu’il soit possible de suivre en même temps deux routes différentes ; il n’y a que les gens ivres qui s’imaginent pouvoir marcher à la fois sur les deux trottoirs d’une même rue. Beaucoup de chrétiens possèdent tout juste assez de piété pour arriver aux portes du ciel, sans pouvoir aller au-delà ! — Il est vrai que Marc-Antoine a promené dans les rues de Rome deux lions enchaînés ensemble ; — mais le Lion du monde et le Lion de Juda ne se laissent pas accoupler de cette façon ; — notre Dieu est un Dieu jaloux ; — Christ est un Sauveur jaloux, — qui ne souffre point de partage, et qui veut que nous ne cherchions que Lui seul.

Encore une remarque. Le vrai chercheur peut être, en même temps très ignorant. Pauvre Marie ! Elle ne savait presque rien ; — elle venait chercher l’immortalité dans le tombeau, — la Divinité dans un sépulcre fait de main d’homme ! Le Maître ne t’avait-il pas dit, Marie : « Je ressusciterai le troisième jour ? » Ah ! mais Marie avait oublié cette assurance, — et néanmoins la bénédiction divine l’accompagnait, car elle cherchait sincèrement.

Quelle consolation pour les faibles de cœur, pour les pauvres en éducation, que de savoir que Dieu leur donnera cette même bénédiction, pourvu qu’ils cherchent sincèrement ! Lorsqu’un nouveau disciple demande à être admis dans le sein de l’Église, il doit répondre à des questions multipliées, et l’on s’attend à lui voir mettre dans ses définitions autant de netteté que Calvin lui-même l’aurait pu faire ; — tandis qu’en réalité, ces choses ne s’apprennent que dans un âge plus mûr. En interrogeant l’Écriture tout entière, nous voyons que la doctrine chrétienne se résume dans l’Amour. Oh ! ne tuez pas les agneaux, si vous voulez un jour posséder des brebis ! Ne tuez pas les petits enfants, si vous espérez voir des géants plus tard ! C’est une chose bonne et précieuse, pour le chrétien, que d’être capable de comprendre, — mais il n’est nullement requis de lui qu’il soit habile docteur ou savant théologien. Que l’amour habite dans votre cœur, et que l’image de Christ soit gravée dans votre âme ; — si vous avez la foi, elle suffira pour vous faire franchir les portes éblouissantes du Royaume de l’Éternelle Félicité !

Mes chers Frères, puis-je vous demander si vous êtes de vrais chercheurs ? Si quelqu’un me répond : — « Je l’étais, mais j’ai trouvé ; » — alors, réjouissez-vous avec moi, car s’il est précieux de chercher avec Marie, il est plus précieux encore de se reposer sur le sein de Christ. — J’entends dire à un autre : « J’espère que je suis un vrai chercheur ; » — s’il en est ainsi, mon cher frère, appuyez-vous sur mon texte comme sur un bâton de voyage, pendant que je m’efforcerai de dissiper quelques-uns de vos doutes craintifs.

« Ne craignez point. » Chose étrange à remarquer, pendant que l’homme est entièrement vicieux, il ne connaît pas la crainte, — c’est quand il commence à se tourner vers la Croix qu’il commence à trembler. En voici la raison. Lorsque Satan voit un homme enchaîné par le péché, — il le laisse tranquille, car sa proie lui semble assurée ; —mais quand cet homme se détourne de son péché pour chercher Christ, alors l’Esprit du mal dispute son bien ; — il appelle ses légions et les excite au combat, disant : « Esprits des ténèbres, cet homme nous appartenait ; — voyez-le, il s’est agenouillé, il prie, — il va nous échapper ! A l’œuvre, à l’œuvre ! tourmentez-le ! irritez-le de mille manières ! que vos épées soient tranchantes et que vos flèches volent, afin qu’il ne puisse arriver à la Croix de Christ ! » — De là, les doutes, les craintes, la lutte que je vais m’efforcer de calmer en partie, en arrachant les flèches de vos blessures, en versant sur vos plaies le baume de la consolation.

Parmi vous, les uns se croient trop coupables pour obtenir leur pardon. — Un homme disait un jour à un ecclésiastique : « Je suis le plus grand pécheur qui ait jamais existé. — Vous vous trompez, répondit le ministre, le plus grand pécheur du monde est mort depuis près de mille huit cents ans ; je veux parler de saint Paul qui a dit : Je suis le plus grand de tous les pécheurs. » — En Christ, toutes vos transgressions sont à jamais effacées, — à jamais condamnées à l’oubli. — Celui qui ne croit pas est perdu, — même quand ses péchés sont peu nombreux ; — le vrai croyant est rendu par la foi, plus blanc que la neige fraîchement tombée. Ainsi donc, prenez courage pour vous frayer à travers vos péchés un chemin qui vous mène à Dieu !

« Je chercherais volontiers Jésus, — objecte un autre ; mais Jésus ne me recevra jamais. » — Oh ! pauvre cœur, viens ! viens avec confiance ! Si tu avais vu Jésus sur sa croix, les bras ouverts comme pour embrasser l’humanité tout entière et recevoir tous les pécheurs, tu comprendrais l’injustice et l’étroitesse de tes doutes. Il sera plus heureux de te pardonner tes péchés que tu ne le seras de recevoir ton pardon ; car il connaît la valeur de l’absolution qui te sera donnée, tandis que tu ne peux t’en faire une idée. Venez, venez tous à Lui ! venez tels que vous êtes ; il n’est pas besoin d’un médiateur entre Christ et vous, — il n’est pas besoin de préparation pour s’approcher de Lui. — Allez à la fontaine laver vos vêtements souillés ; — allez dans votre nudité même, et vous revêtez de ses robes blanches ; — allez, et ne craignez pas qu’il vous reçoive durement, car il n’est que tendresse !

Un autre objecte que son cœur n’est pas assez tendre pour que Christ veuille le recevoir. Mais, mon cher frère, un cœur tendre est l’œuvre de Dieu ; — c’est le sang de Christ qui a le pouvoir de dissoudre votre cœur de pierre et de vous donner un cœur de chair.

Viens à Jésus, te dis-je, — pauvre trembleur découragé ; — qu’importe que ton esprit soit triste et agité ! Tel que tu es, viens à Lui ! Si tu as une foi véritable, un repentir sincère, viens à Jésus ; — Il te donnera libéralement tout ce qui te manque.

D’autres diront : « Je ne puis me reposer en Christ, car j’ai d’effrayantes pensées. » — Il y a peu de temps, je conversais avec un homme appartenant à la noblesse de mon pays, — et qui exprimait un doute de cette espèce ; — s’accusant d’avoir ces pensées blasphématoires que John Bunyan décrit si vivement dans son « Pèlerinage. » Le pèlerin poursuit sa route, et quelqu’un le suit de près, soufflant à son oreille de mauvaises pensées que le pèlerin croit nées dans son propre cœur. Mon frère, sois en paix ; — j’ai maintes fois remarqué que de telles pensées se glissent furtivement dans l’esprit des justes, comme si elles obéissaient à une influence satanique. — Traitez-les comme on traitait en Angleterre, dans ces temps reculés où la cruauté était à l’ordre du jour, — les mendiants qu’on renvoyait à coups de fouet jusque dans leur paroisse. Mais venez tels que vous êtes, lors même que ces pensées seraient vôtres ; car il a été dit que tout blasphème sera pardonné, hormis le blasphème contre le Saint-Esprit, et celui-là, vous ne vous en êtes pas rendus coupables. « Qu’en savez-vous ? » me demandera-t-on peut-être. — Mes Frères, avez-vous jamais ressenti le besoin d’être sauvé ? — Tant que vous aurez en vous des aspirations spirituelles, vous n’aurez pas commis ce péché contre la vie de votre âme. Réjouissez-vous donc de savoir que votre Maître aime individuellement chacune de ses créatures ; — qu’il a pitié des petits, et qu’Il aime à relever les méprisés pour en faire des enfants de Dieu.

Un autre dira : « Supposez que je ne sois pas élu ? » — Mais aussi, — supposez que vous le soyez ! — ou plutôt, ne supposez rien ; finissez-en avec les suppositions, — voici de solides promesses ; venez vous appuyer sur elles.

Venez tous ! — Vous êtes déjà les élus de Dieu, si vous venez à Christ !

Un autre objecte encore : — « Mais j’ai peur de prendre une mauvaise route. » — Venez toujours, c’est le Père qui vous attire à Lui, et qui vous guidera dans le vrai chemin. — Demeurez tranquilles, — prosternez-vous, — confiez-vous en Lui, et vous n’aurez aucune erreur à redouter. Mes Frères, si ce Livre dit vrai, — vous êtes forcés de devenir saints !

Jetons encore une fois le filet, de peur que ses mailles n’aient laissé échapper quelque poisson.

« Ma conscience ne me laisse aucun repos ; mais il faut reconnaître que c’est une mauvaise conscience, » — dit cet homme que je vois là-bas. Eh bien ! mon ami, je me réjouis d’avoir à vous parler ; car un médecin a plus de joie quand il est appelé pour un malade gisant sur le bord de la tombe, que lorsqu’il rencontre des maladies ordinaires. S’il réussit à sauver le mourant, oh ! combien sa réputation grandit et se répand au loin ! Il en est de même pour les grands et les petits pécheurs ; — oseriez-vous élever votre voix contre celle du grand Médecin ?

Dans un de ses ouvrages, Martin Luther s’écrie : « Je courrais à Christ, quand même il tiendrait une épée nue a la main ! » — Dites-vous : « Je suis un grand pécheur, et à cause de cela même je serai sauvé. » Mes frères, pouvez-vous croire à la voix de Christ plus que vous ne croyez à celle de vos craintes ? — Oh ! faites-lui cet honneur, je vous en conjure, et dites avec assurance : « Je m’appuierai sur sa promesse. »

« Mais si je crois, et que cependant je continue à pécher ? » — Vous ne le pouvez pas ; cela est impossible ; —ayant la foi, vous détesterez le péché, et vous vous détournerez de lui pour suivre hardiment le chemin qui mène à la gloire.

Et maintenant quelques mots à ceux qui ne cherchent pas du tout.

Vous ne cherchez donc pas le Sauveur ? — Oh ! plaignez-les, plaignez-les ! — Ne plaignez pas les morts ; — ne pleurez pas sur les fils et les filles que vous avez perdus, mais pleurez sur ceux qui restent ici-bas, cadavres vivants, ensevelis dans le sépulcre de leurs iniquités. — Ils vous diront : « Nous n’avons pas besoin de votre pitié ; nous sommes contents et heureux, — quoique nous n’ayons point de Christ. » Je vous le dis, pauvres insensés, — il n’y a pas un chrétien qui voulût changer de place avec vous, quand même vous seriez empereur ou roi, aussi longtemps que vous n’aurez point de Christ !

J’ai connu une pauvre vieille femme, qui grelottait dans un grenier pendant les plus froides journées de l’hiver dernier : — « Venez ici, bonne femme, je veux vous adresser une question. — Voici une jeune et belle personne, entourée de toutes les jouissances que la richesse procure, de tous les plaisirs que ce monde peut donner ; — mais elle n’a point de Christ ; — voulez-vous échanger votre sort contre le sien ? » —Ecoutez la réponse de la vieille femme : — « Non, je ne le voudrais pas, je ne le pourrais pas : — Allez, vous qui vantez vos trésors périssables ; allez, je ne pourrais pas changer de place avec vous. Allez ! et puisse Dieu consacrer vos richesses ! » — Vous avez besoin de notre pitié, quoique vous ne le sachiez pas. —Il est un lit sur lequel il vous faudra exhaler votre dernier soupir ; — il est un tombeau où il vous faudra dormir un jour ! — Mon frère, il me semble vous voir mourant sur ce lit de souffrance, épuisé par la maladie, et désespérant de tout. Un ami vient vous voir : c’est un chrétien, et vous lui avouez à ce moment suprême, qu’il est affreux de mourir comme vous allez mourir, sans consolation, sans espoir !

J’ai eu, pendant plusieurs années, un nombreux troupeau confié à mes soins, et j’ai eu l’occasion de voir souvent dans ses rangs des morts paisibles, que dis-je ? des morts sereines, heureuses. J’ai vu, entre autres, plusieurs jeunes femmes emportées par la consomption. Cette maladie, comme on le sait, répand sur le visage de ses victimes une beauté immatérielle de beaucoup supérieure à toute autre beauté ; — mais jamais cette beauté n’est si admirable que lorsqu’elle est sanctifiée, consacrée par une foi chrétienne. « Je voudrais bien vivre encore un peu de temps, me disait l’une de ces mourantes ; — mais je suis prête, si la volonté de Dieu est de m’appeler maintenant à Lui. »

J’ai vu les terreurs du moribond ; — les plus jeunes, les plus gais, les plus frivoles, cessent de rire sur ce lit de mort. — Oh ! que ne donneraient-ils pas à cette heure suprême pour entendre la parole d’un serviteur de Dieu ? « La nuit s’approche : — oh ! donnez-moi du temps ! une année encore ! une seule ! — quoi ! point de répit ! quoi ! pas un jour pour me repentir ! — quoi ! pas une main pour me relever ! »

Mes chers auditeurs, ne jouez pas avec la religion. Ce soir même, — dans le silence de votre chambre, tombez à genoux, pleurez sur vos péchés, et demandez grâce à l’Éternel ! Quand vous l’aurez obtenue, cette Grâce vous fera voir toute chose sous de nouvelles couleurs, — vous contemplerez une nouvelle vie avec des yeux nouveaux. Vous connaîtrez une félicité que le Ciel seul peut égaler, car elle est l’avant-coureur, le germe, et le commencement du Ciel !

Confiez-vous en Lui ! Confiez-vous, et Il vous guidera, Il vous soutiendra jusqu’au moment où, ayant traversé le torrent, vous vous écrierez, plein de reconnaissance : « Gloire, gloire à Celui qui m’a conduit à ce lieu de repos ! »

A Dieu le Père, à Dieu le Fils, et à Dieu le Saint-Esprit, soit gloire éternelle ! — Amen.

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