Le secret d'un ministère fécond

CHAPITRE XI - L’ATTITUDE, LE GESTE, L’ACTION CHEZ L’ORATEUR

1) L’attitude et l’action sont relativement sans importance. L’onction de l’Esprit sur le prédicateur et sur l’auditeur, sont infiniment plus important qu’aucun détail antérieur. Préservons néanmoins notre ministère, des moucherons qui font sentir mauvais les parfums et des petits renards qui dévastent nos vignes, car le grand public s’arrête à de menues bizarreries dans la manière et le geste, que les gens de sens s’efforcent de ne pas voir.

2) Une grande sobriété dans l’action peut accompagner une grande force dans l’éloquence. Mieux vaudrait pour vous, être à l’état de momie impassible, que de devenir des incarnations remuantes et même véhémentes du grotesque, comme cela est arrivé à quelques-uns de nos frères. Je suis étonné que leur femme ne les contrefassent en particulier pour les en délivrer.

3) Si vous ne tenez pas à arriver à la perfection dans l’action, soyez au moins assez avisés pour vous débarrasser de ce qui est grotesque ou affecté. Je ne vous conseille pas non plus d’étudier vos postures devant une glace, ni d’imiter le prédicateur à la mode, ni de singer les beaux messieurs, mais il n’est pas besoin d’autre part que vous soyez vulgaire ou baroque.

4) Quoiqu’en haillon un homme est toujours un homme. Cependant, vous n’irez pas vous affubler de haillons; vous pouvez vous offrir des vêtements convenables.

CAUSES DES GAUCHERIES:

1) Quelques-uns sont gauches de nature: cela tient à leur éducation. Il y à des gens dont la nature est faîte de massivité. Vous n’en feriez pas des élégants, quand même vous les broieriez dans un mortier avec un pilon parmi des grains de froment.

2) La faiblesse de l’organe vocal et le sentiment nerveux de cette faiblesse, peut-en être une des causes. La modestie engendre la défiance de soi, laquelle à son tour entrave l’action, donne de l’hésitation à la parole et la gêne.

3) La peur rend incontestablement gauches beaucoup d’hommes. Se présenter, parler en public, quelle torture pour quelques-uns, tous leurs nerfs sont excités, tout leur corps tremble, leurs mains surtout les gênent; ils vont, ils viennent et s’agitent d’une façon désordonnée.

Le prédicateur doit essayer de dompter le mal, plutôt que d’essayer d’en cacher les manifestations. La pratique est un grand remède, la foi en Dieu, une cure encore plus puissante. Quand le prédicateur s’est habitué au public, il se tient avec aisance; quant à ses mains et à ses jambes, il n’y pense plus.

4) La difficulté de trouver le mot qui doit suivre, provoque aussi accidentellement des bizarreries dans la posture et le geste, se gratter la tête ou claquer ses doigts.

5) L’habitude parvient aussi à façonner les orateurs des pratiques très singulières. Jouer avec le bouton de son gilet ou tortiller les doigts, etc.

6) Les chaires sont une cause essentielle de la gaucherie. C’est une horrible invention que les chaires. Si nous pouvions un jour les supprimer, nous aurions le droit d’en dire ce que disait Josué de Jéricho: "maudit soit celui qui rebâtira ce Jéricho."

"Si un homme était obligé-dit St Augustin-de parler à une assemblée derrière une étroite fenêtre où il lui serait impossible de remuer, d’étendre les bras et d’avancer la tête, il lui serait impossible de donner de l’élégance à ses gestes".

Un conseil: Lorsque nous constatons chez un frère des défauts qui paraissent inévitables, n’y prenons pas trop garde.

L’ACTION:

1) Elle ne doit jamais être exagérée. Lorsque votre sermon exige des gestes imitatifs, ayez particulièrement soin de ne pas aller trop loin dans ce sens, car vous pouvez dépasser le but avant même de vous en apercevoir.

2) Elle doit être expressive et avoir l’à-propos. Nous ne pouvons exprimer autant de choses par l’action que par le langage, mais nous pouvons en exprimer quelques-unes plus fortement par l’une que par l’autre.

3) Vous devez fixer les yeux sur vos auditeurs. Quand vous êtes à l’exhortation, il est des parties du sermon où la sublimité du sujet peut réclamer l’exaltation du regard et il en est d’autres où vous pouvez laisser le regard sans but. Mais quand vous exhortez, il ne faut pas regarder autre chose que les personnes à qui vous en avez.

Quel malheur pour les ministres lorsqu’ils ne peuvent pas regarder leur monde. C’est singulier de les entendre supplier des personnes qu’ils ne voient pas!

4) N’allez pas admirer sottement un ministre admiré, cela vous jetterait hors du bon chemin. Tout commençant est d’abord un copiste, mais l’action de chaque orateur doit s’harmoniser avec sa personne et être en rapport avec son individualité. Vous n’êtes pas envoyé pour faire des sourires, mais pour gagner des âmes, Votre Maître n’est pas le professeur de danse, mais le Saint-Esprit.

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