Le secret d'un ministère fécond

CHAPITRE XII - LE FEU SACRE DE L’ENTHOUSIASME, ou L’ONCTION DU SAINT-ESPRIT

La qualité la plus essentielle chez un pasteur pour lui assurer le succès au point de vue de la conquête des âmes, c’est "le feu sacré."

1) Il y a des prédicateurs qui malgré leur popularité et les auditoires nombreux qu’ils attirent, sont cotés très bas au point de vue de la conversion des âmes, parce-qu’il leur manque le feu sacré et ils seraient mieux à leur place comme conférencier politicien.

2) Certains autres ont su mettre leurs talents et leur savoir au service de Dieu, grâce à une consécration complète de toutes leurs forces et ont été puissamment aidés par ses auxiliaires.

3) D’autres de capacité fort médiocre et très peu doués, ont été de terribles échardes dans la vie d’une église, cependant quelques-uns aussi peu doués, grâce à leur énergie indomptable et à leur zèle,sont devenus de puissants prédicateurs de l’Evangile.

LA CLEF DU VERITABLE SUCCES C’EST:

1) Le désir ardent du salut des âmes et un enthousiasme passionné pour la cause de Dieu.

2) L’enthousiasme personnel en ce qui concerne nos prédications. Notre grand souci à nous prédicateurs de l’Evangile, doit être de conserver notre puissance de parole, car il ne nous servirait de rien d’être des pasteurs actifs si nous ne sommes pas des prédicateurs vivants.

3) Il faut qu’au moment où nous prêchons, notre âme vibre toute entière, car le ton et l’attitude du prédicateur, produisent souvent plus d’impression que son texte. Monter en chaire avec l’air insouciant, c’est tout ce qu’il y a de plus funeste.

Nous ne pouvons pas nous attendre en effet, à ce que la flamme divine monte des bancs jusqu’à la chaire du prédicateur; il faut qu’elle descende de notre coeur dans celui de nos auditeurs et nos chaires doivent être autant de foyers incandescents grâce auxquels avec l’aide de Dieu, nous faisons passer sur l’Assemblée un courant de vie.

4) Cette chaleur communicative qu’il faut apporter à la prédication être contrefaite, on ne peut pas essayer de l’imiter, mais quiconque a un grain de bon sens s’aperçoit bien vite de cette supercherie. Frapper du pied, secouer son pupitre, parler fort, crier, essuyer dans ses yeux de fausses larmes, tout cela ne parviendra jamais à passer pour les effusions d’une âme en agonie et pour une tendresse véritable envers le pêcheur. Quelle prétention, quelle audace, de remplacer par d’habiles artifices les sentiments vrais inspirés par le Saint-Esprit.

Le zèle exubérant que l’on tient en réserve pour les occasions extraordinaires, est comme le gaz qui s’accumule, fait explosion et tue celui qui en fait usage. Il ne doit y avoir dans la maison de Dieu, que des choses vraies et de bon aloi; tout élément artificiel est indigne du Dieu de vérité.

Soyez plein de ferveur et l’on sentira que vous l’êtes; un coeur brûlant saura bientôt créer une langue de flamme pour l’instrument, mais ne feignez jamais une ardeur que vous n’éprouvez pas. Parlez lentement et d’une voix ferme et monotone si c’est l’expression de votre état d’âme du moment et dites-vous bien que tout vaut mieux, que de faire de votre ministère une mascarade et de votre personne un acteur qui joue son rôle.

LES CAUSES DU REFROIDISSEMENT ET D’ENTHOUSIASME:

1) L’isolement d’une paroisse de campagne.

2) Et en ville: la trop grande multiplicité de nos devoirs, les coups de sonnette incessants, les visites des gens désoeuvrés.

3) La monotonie inhérente à un travail toujours le même poursuivi pendant de longues années sans interruption.

"Je sais fort bien, dit WESLEY, que si je devais me faire entendre pendant une année entière au même endroit, je prêcherais tout endormi en face de mon auditoire". Dieu seul peut nous conserver jusqu’au bout notre entrain des premiers jours, de poursuivre notre course en avant, sans lassitude.

4) Le peu de soin que nous apportons à l’étude, de la Parole de Dieu, car si nous négligeons de nous en nourrir journellement, notre ardeur ira en diminuant de jour en jour.

N’oublions pas, toutefois, que l’étude peut avoir aussi pour effet de nous refroidir, si nous nourrissons notre esprit aux dépens de notre coeur.

Ne devenons pas des rats de bibliothèques, car c’est là le plus sûr moyen d’éteindre le feu sacré au-dedans de nous.

5) Les conversations légères auxquelles nous prenons part. Si la gaîté de bon aloi est chose permise, une liberté d’allure et de langage poussée trop loin, peut porter un grand préjudice à notre âme.

6) Le contact de la froideur spirituelle des chrétiens qui nous entourent. Combien n’est-il pas parmi eux, qui nous font l’effet d’un drap mouillé jeté sur nos épaules. Vous vous figurez naïvement que vos paroles ont remué des pierres et vous devez constater avec tristesse, que ces gens-là n’ont rien senti, alors que votre coeur brûlait en dedans de vous, le leur était comme un glaçon.

7) L’attitude de l’auditoire qui n’apprécie pas comme il le devrait les élans de votre coeur et exerce sur vous une action déprimante.

8) Les bancs vides sont pour notre foi une véritable épreuve. Il y a bien peu de pasteurs qui sont capables de faire entendre leur voix dans le désert.

9) L’agitation qui se produit souvent dans les assemblées, le bruit de sabot, une canne qui tombe, le cri des enfants, etc. Le manque de ponctualité, la moitié des assistants qui arrivent en retard.

10) Il n’est pas rare qu’un état de malaise physique nous plonge dans un marasme spirituel apparent, alors qu’en réalité, notre coeur n’a rien perdu de sa chaleur première. Une nuit sans sommeil, un brusque changement de température, ou une remarque désobligeante faite sur notre compte, suffisant à nous déprimer, mais le seul fait du chagrin que nous fait éprouver la crainte d’être devenu tiède, est une preuve que notre coeur est resté chaud. Evitez sans doute d’être trop facilement satisfait de vous-même et de votre état spirituel et soyez sévère envers vous mais n’allez pas vous calomnier, car ce serait le sûr moyen de laisser le découragement vous envahir.

11) La lassitude que nous avons, causée par un travail poursuivi pendant de longues années sans succès visible ou apparent. Si cet insuccès nous humilie, c’est fort bien mais s’il a pour résultat de nous décourager en nous faisant faire d’amères comparaisons avec la situation de frères plus favorisés que nous; il faut veiller soigneusement sur nous-mêmes.

12) En face d’un gros sujet de tristesse et de découragement on se ressaisit et on se jette dans les bras de Dieu pour être revêtu de sa force, tandis qu’en présence d’une petite contrariété, on perd pied et on se laisse abattre facilement.

QUE DEVONS-NOUS FAIRE POUR GAGNER LE FEU SACRE?

1) Ranimer ce feu au contact du foyer inextinguible de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, de la grâce divine.

Notre amour pour les âmes et pour Jésus ne s’éteindra jamais, si c’est lui-même qui nous l’inspire.

2) Avoir une foi pleine et entière dans les vérités que nous prêchons et dans la puissance du Saint-Esprit, pour les faire pénétrer dans les coeurs. Celui qui doute de la vérité de son message et le met sur le même pied qu’un enseignement humain, ne peut faire qu’un triste prédicateur.

N’enseignons jamais aux autres ce que le Seigneur n’a pas enseigné à nous-mêmes. Ce doit être un travail bien rebutant, que de réciter chaque dimanche comme autant de perroquets, l’exposé de la doctrine auquel nos âmes demeurent indifférentes et qui n’ont pas convaincu notre esprit.

3) Attiser le feu qui existe en vous en vous livrant à de maintes pensées, à des réflexions sérieuses au sujet du caractère de l’oeuvre que vous poursuivez. Méditez sur l’amour de Dieu, sur les conséquences de la mort du Seigneur, en ce qui concerne le salut des pécheurs et sur l’action de l’Esprit dans les coeurs. Cherchez à vous représenter aussi la triste condition du pécheur; jetez avec Abraham un regard sur la fumée de Sodome, qui s’élève à l’horizon.

Si l’homme n’est qu’un singe perfectionné, comme on le prétend, laissez-le périr sans avoir pitié de lui, mais si vous trouvez qu’il a été créé à l’image de Dieu et si son âme est immortelle, comment pourriez-vous ne pas être en agonie à son sujet?

4) Entreprendre des oeuvres nouvelles. Si vous ne voulez pas vous user trop vite et conserver longtemps votre puissance d’action, il n’y a rien de tel pour affranchir de la routine. Surtout ne dîtes pas: "j’en ai bien assez comme cela," mais faîtes plutôt tout ce que vous pouvez et quelque chose de plus encore.

Un jardinier est vite fatigué de son travail, s’il n’a pas la liberté d’introduire de nouvelles fleurs dans ses serres et de changer la disposition de ses plates-bandes.

5) Entretenir des relations cordiales avec ceux qui sont confiés à nos soins.

Il n’y a que trop de ministres qui ne savent rien de rien du genre de vie au milieu duquel ils vivent, ils se sentent chez eux au milieu des livres de leur bibliothèque, mais sont dépaysés dans la société de leurs paroissiens.

Approchez-vous en tout premier lieu de ceux qui ont la conscience troublée, en vous efforçant de bien comprendre les difficultés qu’ils éprouvent et de vous rendre compte de leurs tourments intérieurs; rien ne contribuera davantage à ranimer votre ardeur, que de les entendre soupirer après la paix.

6) Les lits de morts, sont aussi pour nous une précieuse école, et comme un breuvage fortifiant qui nous pousse à déployer plus d’activité. En sortant d’une chambre mortuaire, il nous semble que tout le train de ce monde est une folie, nous prenons en pitié l’ardeur fébrile avec laquelle les hommes poursuivent les biens terrestres.

CONCLUSION:

Le ministère n’est pas un métier comme les autres si vous y voyez une mission divine; demandez-vous s’il ne vaut pas la peine d’être pauvre, comme l’a dit Saint Paul, pour pouvoir enrichir plusieurs.

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