Le secret d'un ministère fécond

CHAPITRE XIV - FAIRE LA SOURDE OREILLE

Il nous est réclamé dans la Parole de Dieu, de ne pas faire attention à toute parole qu’on dit, de peur que nous entendions notre serviteur nous maudire. {Ec 7.21}

"Je suis un homme sourd, nous dit David, je suis comme un homme qui n’entend pas et dans la bouche duquel il n’y a pas de réplique".

Et le prophète Esaïe nous parle de son côté de celui qui "a fermé l’oreille pour ne pas entendre des propos sanguinaires". {Esa 33.15}

Faire la sourde oreille

1) A toutes les disputes qui ont pu se produire dans votre paroisse, avant votre entrée en fonction.

2) Aux questions financières concernant votre traitement. Lorsque la bourse du pasteur est vide, que sa femme est malade et qu’il a une nombreuse famille, il lui est permis d’élever la voix si l’Eglise néglige de lui donner le nécessaire, mais il est fâcheux de solliciter sans cesse de ses paroissiens une augmentation de traitement.

3) Aux commérages et aux médisances. Il y a bien peu d’Eglises qui n’aient pas le malheur de posséder dans leur sein, une de ces commères incorrigibles, dont la spécialité est de boire le thé en disant des choses qui sentent le vinaigre et leur scalpel s’exerce naturellement sur le pasteur, la femme du pasteur, les enfants du pasteur, le chapeau de la femme du pasteur, les enfants du pasteur, le chapeau de la femme du pasteur la robe de la fille du pasteur, etc.

Si toutefois ces médisances s’aggravaient, mettez un terme en invitant ces personnes médisantes, à transcrire tout au long sur une feuille de papier les faits et les accusations, vous pouvez être certain que votre commère de paroisse se gardera bien de faire ce que vous lui demandez.

Si des accusations formelles sont dirigées contre un pasteur et colportées de lieu en lieu, il est tenu d’y répondre. Se refuser à toute enquête dans un cas semblable, serait de sa part un aveu de culpabilité; il est plus d’un jeune pasteur qui, découragé à fond, a fini par renoncer à son ministère pour avoir voulu prendre trop au sérieux des bavardages de petite ville.

4) A l’esprit de méfiance qui fait de nous des malheureux sans cesse aux aguets pour espionner les autres. Il vaut mieux ignorer ou ne pas désirer connaître ce que peuvent dire de nous nos adversaires ou nos amis. Si nous avons l’approbation de Dieu, confirmée par une conscience tranquille, nous pouvons nous montrer indifférents à l’opinion des autres, qu’elle soit ou non favorable.

Il faut que vous soyez capable de supporter quelques critiques, sinon, vous n’êtes pas en état de diriger une paroisse.

5) Aux choses destinées aux autres qu’à nous. Ecouter aux portes est un acte vil, celui qui s’en rend coupable commet une lâcheté.

N’oubliez pas d’ailleurs, que ceux qui vous apportent tout ce triste bagage, ne quittent pas votre demeure sans emporter quelque chose de vous; ils bavardent aussi sur votre compte et vont colporter ici et là chaque réflexion que vous avez pu faire en leur présence, en y ajoutant un assaisonnement de leur cru.

6) A ce que l’on peut dire autour de vous des autres Eglises et de leurs pasteurs.

N’encouragez jamais les personnes qui se sont refroidies à l’égard de leur Eglise, trouvant leur pasteur en faute et venant vous apporter de mauvaises nouvelles de leur paroisse.

Quand vous avez l’occasion de rencontrer vos confrères, ne risquez pas de les froisser en se mêlant de leurs affaires. N’émettez jamais une opinion sur leur compte.

7) A l’esprit de curiosité. Un vieillard demanda à Dieu de me préserver des "bêlements des brebis," par quoi il entendait les jugements que nos paroissiens prononcent sur nous, dans le sens de l’éloge ou du blâme.

Si certain dimanche, vous avez prononcé un sermon ressemblant à de l’eau claire, ou certain autre dimanche s’il vous est arrivé de monter sur vos grands chevaux, ne soyez cependant pas curieux au point de vouloir faire le tour de vos paroissiens, pour découvrir celui qui a pu s’apercevoir de votre message manqué, ou pour connaître l’impression qu’a pu produire votre dernier message.

Ne vous abaissez jamais à mendier des éloges comme ces enfants habillés qui disent: "regardez mon joli costume".

Les éloges qu’on nous décerne ont pour effet de nous engourdir le coeur et de nous détourner du grand but de notre ministère, qui est de glorifier Notre Seigneur; l’amour-propre est un péché qui grandit assez tout seul, sans que vous ayez besoin d’aller emprunter à votre paroisse, un arrosoir pour le faire pousser plus vite.

CONCLUSION:

Un gros mensonge auquel on ne fait pas attention est comme un gros poisson hors de l’eau qui se débat jusqu’au moment où la mort arrive. Le prendre au sérieux, c’est prolonger sa vie, l’empêcher de le détruire.

S’ils réussissent à vous troubler, ils atteignent en partie leur but, tandis que si vous les dédaignez, vous découragez l’esprit de malice,

L’intégrité de votre coeur sera le meilleur argument en faveur de votre cause et ceux qui la connaissent ne toléreront pas qu’elle soit noircie.

On raconte que l’amiral NELSON, au milieu d’une bataille navale, appliqua sa lunette d’approche sur son mauvais oeil et affirmant qu’il n’avait pas vu le signal d’arrêt, continua le combat. Faîtes comme lui.

Inspirez-vous de cette devise inscrite sur la muraille d’un donjon: "on dit. Que dit-on? laissez dire".

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