Les dons spirituels

3. Le don de sagesse et le don de connaissance

Ces deux dons spirituels sont en tête de la liste donnée par Paul dans I Cor. 12.8-11 ; nul doute qu'il ne faille les compter au premier rang des dans les meilleurs, qu'il désire voir recherchés par ses lecteurs.

Cependant il est difficile de les définir d'une manière précise, comme en conviendront aisément tous ceux qui ont essayé d'approfondir la question.

Sont-ils surnaturels ?

Sont-ce des dons naturels ou surnaturels ? Une solution aisée et attrayante serait de les regarder comme des dons naturels de sagesse et de connaissance, sanctifiés par le Saint Esprit, et consacrés au service de Dieu. Cette explication a le mérite de rendre à Dieu la gloire pour nos dons naturels, et elle suppose que le meilleur emploi qui puisse en être fait consiste à les livrer à l'Esprit de Dieu : et tout cela est très juste.

Mais cette explication épuise-t-elle le sujet ? Convient-elle à tout le tableau dressé dans le Nouveau Testament ? Il y a à cela une objection décisive.

Ces dons sont placés dans une liste des manifestations du Saint-Esprit. Ils sont essentiellement une partie de ce revêtement de la puissance d'En-haut, qui est donné aux croyants parce qu'ils ont reçu le Saint-Esprit. Cette note revient sans cesse dans tout le passage. (I Cor. 12.3-11) : « A l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, par le même Esprit… Un seul et même Esprit opère toutes ces choses. » D'une manière générale les dons sont « la manifestation de l'Esprit. »

Or, l'homme inconverti, qui n'a jamais reçu l'Esprit de Dieu, peut avoir de grands dons de sagesse et de connaissance. Des œuvres importantes de philosophie, des encyclopédies, ont été composées par des athées. Il est tout-à-fait certain que Paul fait ici allusion à des dons conférés spécialement aux croyants par l'opération surnaturelle de l’Esprit.

Cette manière de traiter le sujet des dons spirituels est la seule logique. Personne ne prétendra sérieusement que les dons de guérison du Nouveau Testament ont un lien quelconque avec la science médicale, ou que le don des langues était simplement l'acquisition ordinaire des idiomes étrangers. Ces dons portent à première vue l'empreinte du surnaturel. Nous sommes par là contraints logiquement de reconnaître que le don de sagesse et le dan de connaissance sont aussi surnaturels, et font partie de l'opération de Dieu dans et par l'Eglise, par le moyen de laquelle l'Esprit est rendu manifeste. (I Cor. 12.7). Bien qu'ils opèrent à travers des vases d'argile, leur source originelle est divine et non humaine. Ils révèlent la présence de Dieu.

a) LA PAROLE DE SAGESSE.

Le don spirituel de sagesse est donné par révélation. C'est ce qu'illustrent magnifiquement les chapitres premier et second de I Corinthiens. Dans ces chapitres le mot sagesse (sophia) et ses dérivés reviennent au moins vingt-quatre fois, et toujours la distinction est clairement tracée entre la sagesse des hommes et la sagesse de Dieu.

Paul explique en particulier qu'il laisse de côté la sagesse naturelle, qu'il possédait sans aucun doute et qu'il aurait pu employer (I Cor. 2.1-4), en vue de devenir le canal de la sagesse surnaturelle de l'Esprit. Il affirme ensuite que cette sagesse est donnée par révélation (v. 6-10).

De plus, il s'agit ici d'une parole de sagesse, non pas d'une sagesse abstraite ; car il dit : « une sagesse que nous prêchons... nous parlons avec des discours qu'enseigne l'Esprit. » (I Cor. 2.6, 7, 13). Il s'agit évidemment de la pratique du don spirituel qui est désigné par l'expression « une parole de sagesse. »

Dans ces passages le don sert à dévoiler la vérité en ce qui concerne la prédication de la Croix, et les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Nous n'hésitons pas à affirmer que ce passage révèle l'un des emplois les plus élevés et les plus vrais de ce don. « L'enseignement des choses profondes de Dieu ; ses voies de salut que l'Esprit seul peut explorer et révéler : cet enseignement réclame une faculté d'intuition. » (Dr J. Massie). Le don de sagesse ainsi employé portait au cœur une révélation de la vérité, qui était intuitive, mais convaincante. Dans le ministère d'un apôtre, il produisait des résultats considérables par la puissance de l'Esprit.

Un autre aspect de ce don.

Il y a probablement d'autres aspects de la parole de sagesse. Nous en parlons avec une certaine réserve car notre interprétation n'est peut-être pas tout à fait aussi sûre ici.

Le Seigneur a donné des promesses précises à ses disciples en leur disant : « Je vous donnerai une bouche et une sagesse. » (Luc 21.15). Il s'agit de paroles prononcées dans des moments d'épreuve et de crise, et mises expressément en rapport avec l'opération du Saint-Esprit (Luc 12.12). Il y a lieu, semble-t-il, de reconnaître ici un autre exemple authentique de la parole de sagesse.

Il y a deux occasions dans le ministère du Seigneur où l'on peut voir une belle illustration de cette « forme de sagesse divine. » Tout d'abord, sa question aux principaux sacrificateurs au sujet du baptême de Jean (Matth. 21.25) ; elle constituait une réponse si parfaite à ses adversaires qu'elle les désarma complètement et les remplit, de confusion en second lieu, il y a sa réponse fameuse à la question perfide concernant le tribut à payer à César (Matth. 22.21), réponse si sage qu'elle a fait l'admiration de tous les siècles depuis lors ! A notre sens le plus humble croyant peut attendre du Saint-Esprit qu'il lui donne quelque chose d'analogue en cas de besoin.

Exemples bibliques.

On peut citer Joseph (Gen. 41.38-39), Salomon (I Rois 3.28) et Daniel (Dan. 2.30). Dans le Nouveau Testament il y a le cas remarquable d'Etienne (Actes 6.10). Notons que dans chacun de ces cas, la parole de sagesse est présentée comme un don surnaturel de Dieu, et est soigneusement distinguée de toute capacité naturelle.

La parole de sagesse eut des conséquences diverses pour ses possesseurs. Elle valut des honneurs à Joseph et à Daniel, le martyre à Etienne. Nous devons la sagesse inspirée du livre des Proverbes en grande partie à cette manifestation du Saint-Esprit par le moyen de Salomon.

b) LA PAROLE DE CONNAISSANCE.

Le don spirituel de connaissance consiste dans une révélation de la vérité divine Opérant à travers les facultés intellectuelles du croyant rempli de l'Esprit. Il s'adresse à la pensée, à la partie rationnelle de l'homme. Il a pour but de révéler à l'intelligence la raison profonde de ce qui a été accepté par la foi. C'est en cela qu'il diffère de la parole de sagesse, laquelle s'adresse aux facultés intuitives du cœur et de l'esprit, mais qui peut laisser l'intelligence momentanément de côté.

Par suite il est très important que le ministère de la parole de sagesse soit toujours accompagné ou suivi du ministère de la parole de connaissance, en sorte que ce qui a été reçu par intuition soit ensuite compris par la pensée. Le don de connaissance est précieux pour fortifier les Eglises. Notez combien de fois l'apôtre Jean dit : « Nous connaissons » dans ses épîtres. C'est probablement par le moyen de ce don 'spirituel qu'Apollos arrosa la semence que Paul avait semée à Corinthe (I Cor. 3.6).

Le don de connaissance est le fondement de la charge de docteur. C'est ce don plus que tout autre que possède le vrai docteur, et qu'il exerce dans les assemblées. Notez bien que c'est un don surnaturel ; il ne consiste certainement pas en une faculté naturelle d'analyse, de raisonnement ou d’exposition. Il est la manifestation du Saint-Esprit agissant à travers le docteur ; les puissances intellectuelles qui sont à l'œuvre reçoivent la connaissance par une illumination divine.

Un tel docteur est vraiment un don du Christ (Ephés. 4.11), et l'une des plus grandes bénédictions qui puissent être accordées à une église ; il apporte un enrichissement divin partout où il enseigne dans la puissance de son onction (I Cor. 1.5). Certes la lumière divine n'abolit pas les dangers qui résultent de ce que nous portons le trésor dans des vases de terre. Il ne s'agit pas d'une vague hypothèse : celui qui reçoit par le Saint-Esprit une lumière intellectuelle au sujet de la vérité divine, est réellement tenté de s'enorgueillir (I Cor. 8.1). Sans un secours de la grâce, sans l'amour de Dieu pour inonder l'âme, le don spirituel lui-même peut manquer son but. (I Cor. 13.2).

Le docteur qui apporte une parole de connaissance sera gardé humble s'il sait se souvenir que nous connaissons seulement en partie (I Cor. 13.9), même quand nous sommes éclairés par l'Esprit de Dieu. Souvent les docteurs ont été responsables des divisions qui ont déchiré l'Eglise de Dieu, parce qu'ils n'ont pas su accompagner la révélation divine qui leur était accordée d'une mesure correspondante d'humilité et d'amour.

Le remède voulu de Dieu pour son Eglise est l'exercice simultané de tous les dons, ceux qui s'adressent à l'intuition et à l'émotion aussi bien que ceux qui s'adressent à l'intelligence. Le ministère des prophètes et celui des docteurs se complètent et s'équilibrent mutuellement ; qu'on les emploie de concert, on obtient le ministère idéal dans l'Eglise de Dieu. Il y a toujours perte spirituelle, et quelquefois danger, à donner une importance exagérée à l'un des dons au détriment des autres, qu'il s'agisse des langues, de la prophétie, des guérisons, ou de la parole de connaissance. Le plan de Dieu veut que tous les dons soient en œuvre à la fois en vue de la parfaite édification du corps de Christ.

Comment ces dons opèrent de nos jours.

Ces dons sont-ils en œuvre de nos jours ? La question est d'une importance vitale. Nous avons rencontré des personnes qui prétendaient avoir le don de sagesse, mais nous confessons franchement que, dans la plupart des cas, nous avons dû repousser leurs prétentions, qui ne trahissaient que fanatisme ou orgueil. Faire de la publicité pour les dons qu’on possèderait, voilà qui est déjà suspect. Qui a un don n'a pas besoin de le publier.

D'autre part, on entend dire souvent avec découragement que tes dons ne se trouvent plus de nos jours dans les églises, en sorte que nous devrions avant tout demander à Dieu de nous les rendre.

Nous éprouvons une grande sympathie pour de telles prières, car nous désirons fort de voir tous les dons de l'Esprit s'exercer dans les églises, s'équilibrant mutuellement, et leur donnant une puissance convaincante à fa gloire de Dieu.

Mais la vérité, en ce qui concerne la parole de sagesse et la parole de connaissance, est que ces dons existent dans les assemblées de Pentecôte plus qu'on ne le croit. Il faut reconnaître leur présence.

Il y a d'abord les cas où les plus simples et les moins instruits des croyants ont prononcé des paroles vraiment merveilleuses par leur profondeur spirituelle, leur sagesse dans telle difficulté précise, ou leur pertinence en réponse à quelque question directe. Ceci ne vient-il pas du Saint-Esprit ?

Nous ne voulons pas dire, toutefois, que ce soient là les exemples les plus remarquables de la manifestation de ces dons excellents, ou le meilleur usage qu'on en puisse faire. Il faut plutôt considérer le ministère de la Parole dans les assemblées.

Paul montre avec force que les assemblées doivent atteindre un certain degré de croissance spirituelle, ou au moins un état de vie spirituelle, pour qu'on puisse y manifester ces dons avec profit. (I Cor. 3.1). Ils ne sont pas pour les « charnels », mais pour les « spirituels ». Il aurait aimé se servir de ces dons plus librement que ne le lui permit l'état spirituel des Corinthiens.

Nous pouvons en conclure :

a) que le plein exercice de ces dons peut être empêché, non parce qu'ils font défaut dans le ministre rempli du Saint-Esprit, mais par l'état spirituel de ceux à qui il s'adresse ;

b) que ces dons peuvent être mis en œuvre sans être reconnus et appréciés comme tels par les assemblées. Par leur nature même, ces grands dons n'ont pas une apparence aussi surnaturelle, ils ne frappent pas par leur forme extérieure, au même titre que les guérisons ou les langues par exemple. Par suite, plus le niveau spirituel sera bas, moins on les reconnaîtra et moins on les appréciera tandis qu'on estimera hautement et qu'on recherchera les dons plus visibles. L'équilibre sera rétabli s'il se produit une réelle croissance dans la grâce.

Nous sommes persuadés que ces deux dons existent au milieu de nous aujourd'hui, et que, au fur et à mesure que la vie spirituelle s'enrichira et s'approfondira dans les assemblées, ils seront de plus en plus manifestés et de plus en plus reconnus.

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